2. Puebla

27 % des Poblanais sont restés chez eux au cours de la journée enquêtée, tandis que 18 % concentraient l’ensemble de leurs activités à proximité de leur logement.

Le lieu de résidence a un effet indéniable sur la propension des citadins à limiter géographiquement leurs mobilités (graphe 59). L’immobilité s’accroît au fil de l’augmentation de la distance entre le domicile et le centre de l’aire urbaine, bien qu’un petit infléchissement dans la proportion de citadins concernés puisse être noté dans le péricentre aisé. Les indidivus restés à proximité de leur logement sont plus nombreux parmi les résidents du centre (29 % des citadins de ce territoire), puis leur nombre est plutôt stable et ne ré-augmente que légèrement pour les individus vivant en périphérie lointaine populaire.

Les modes de vie locaux sont largement et logiquement articulés par la marche à pied, mais la pratique des transports collectifs reste élevée, malgré les faibles distances parcourues. Plus la localisation résidentielle est distante du centre, moins la place de ce dernier mode est importante. La voiture particulière est faiblement utilisée, si ce n’est pour les résidents du péricentre aisé. Ces tendances peuvent être observées sur le graphe 60.

Graphe 59 : Immobilité et relation au local selon la localisation résidentielle à Puebla
Graphe 59 : Immobilité et relation au local selon la localisation résidentielle à Puebla
Graphe 60 : Usages de modes pour les citadins poblanais aux modes de vie locaux selon leur localisation résidentielle
Graphe 60 : Usages de modes pour les citadins poblanais aux modes de vie locaux selon leur localisation résidentielle

L’immobilité et la vie locale sont largement déterminés par la variable des statuts. Les variations sont fortes surtout pour l’immobilité, puisqu’elle concerne entre 10 % et 52 % des citadins selon leur statut (graphe 61). La présence d’activités fortement contraintes pour les actifs et les étudiants est directement associée à une sortie du domicile, qui se justifie plus difficilement pour les autres citadins. La mobilité se révèle finalement contrainte pour une frange importante des citadins poblanais. La vie locale atteint près de 20 % pour les actifs et les scolaires/étudiants, alors qu’elle varie entre 10 % et 15 % pour les citadins des trois autres statuts. Les proportions très fortes d’immobilité doivent sans doute être nuancées par le risque d’une sous-estimation éventuelle des petits déplacements dans l’enquête, qui se répercuterait ici. A l’inverse, ce biais peut jouer dans le sens d’une sur-estimation des pratiques de l’espace exclusivement locales telles que nous les mesurons ici. Pour statuer sur la confiance que nous devons accorder aux mesures des deux types de comportements spatialement restreints, il convient d’étudier les variations qu’ils subissent selon divers facteurs tels que le genre, le statut, l’âge, la localisation résidentielle, etc. Tel qu’évoqué précédemment, plus les citadins résident loin du centre, plus ils sont fréquemment immobiles et moins ils se limitent à la proximité de leur logement. Ces deux premières remarques permettent déjà de relativiser les risques de biais.

Graphe 61 : Immobilité et vie locale selon les statuts à Puebla
Graphe 61 : Immobilité et vie locale selon les statuts à Puebla

Le genre, l’âge, et les niveaux de scolarité ont des effets importants sur l’immobilité. 20 % des hommes ne sont pas sortis de leur logement, contre 34 % des femmes. L’immobilité croît ensuite de 17 % pour les moins de 20 ans à 62 % pour les plus de 70 ans. 16 % des Poblanais ayant suivi des études supérieures sont restés chez eux le jour enquêté, alors qu’ils sont 39 % dans ce cas parmi ceux qui ont, au plus, suivi des études secondaires. Ces tendances s’amenuisent fortement à statut donné. Cela confirme la lecture possible de l’immobilité à Puebla comme résultante de la forte contrainte qui pèse sur la mobilité et garantissent une certaine fiabilité de l’appréhension du couple immobilité/vie locale. Si l’immobilité mesurée correspondait en grande partie à une vie exclusivement locale non recensée, les plus jeunes et les résidents des zones centrales apparaîtraient fréquemment immobiles. Ce n’est pas le cas.

L’effet conjugué de la localisation résidentielle et du statut permet de compléter notre compréhension de l’immobilité et de la vie locale (tableaux 10 et 11). Les actifs ont une faible propension à l’immobilité, qui varie peu ensuite selon le lieu du logement. Les chômeurs sont plus fréquemment concernés, et l’endroit où résident ces citadins a un effet important sur leur immobilité éventuelle (pourcentage relativement élevé de variance expliquée). Les résidents des périphéries lointaines populaires ont des comportements variables selon leur statut, avec tout de même plus de 60 % des chômeurs, des sans-activité et des retraités qui ne sont pas sortis de chez eux le jour enquêté.

Tableau 10 : Propension à l’immobilité selon la localisation résidentielle et le statut à Puebla
Tableau 10 : Propension à l’immobilité selon la localisation résidentielle et le statut à Puebla

Selon nos données, la vie locale est bien moins fréquente que l’immobilité. Elle varie fortement pour les sans-activité et les retraités selon leur lieu de résidence. Quant aux zones périphériques, elles regroupent en leur sein des populations dont le rapport au local varie beaucoup selon le statut.

Tableau 11 : Propension à la vie locale selon la localisation résidentielle et le statut à Puebla
Tableau 11 : Propension à la vie locale selon la localisation résidentielle et le statut à Puebla

Si ce n’est ceux qui vivent dans le centre, la vie locale concerne finalement peu de Poblanais,. L’immobilité varie largement quant à elle selon les statuts. Comme à Niamey, être actif ou sans-activité a des conséquences importantes in fine sur les comportement de mobilité du point de vue des espaces pratiqués. L’effet aggravant d’une localisation résidentielle périphérique apparaît dans le cas poblanais. Les sans-activité et les retraités sont les citadins dont l’immobilité et la vie locale est la plus variable vis-à-vis de la localisation résidentielle.