1. Niamey

22,4 % des Niaméens se sont dirigés vers le centre pendant la journée enquêtée, tandis que 29,9 % réalisaient une de leurs activités au sein d’un des pôles d’attraction qui leur sont associés. Ces moyennes cachent d’importantes disparités.

A l’exception du péricentre aisé, plus les citadins résident loin du centre, moins ils s’y rendent dans le cadre de leurs activités quotidiennes. La tendance est la même pour les pôles d’attraction, mais les différences sont moins marquées. La spécificité des résidents du péricentre aisé ressort clairement sur le graphe 68.

Graphe 68 : Fréquence de citadins niaméens ayant réalisé au moins une activité dans le centre ou les pôles d’attraction selon leur localisation résidentielle
Graphe 68 : Fréquence de citadins niaméens ayant réalisé au moins une activité dans le centre ou les pôles d’attraction selon leur localisation résidentielle

Au-delà de la localisation résidentielle, d’autres facteurs, parmi lesquels le statut (graphe 69), influent sur la pratique de ces deux types de territoires urbains. Ce sont surtout les actifs salariés qui se rendent fréquemment dans le centre, puis dans de moindres proportions les actifs non-salariés puis les sans-activité. Les scolaires/étudiants s’y rendent rarement, mais pratiquent régulièrement pour une bonne part d’entre eux les pôles d’attraction (principalement dans leur cas les pôles d’enseignement secondaire). Nous remarquerons finalement que 11 % seulement des sans-activité ont exercé au moins une activité dans un des pôles d’attraction associés.

Graphe 69 : Fréquence de citadins niaméens ayant réalisé au moins une activité dans le centre ou les pôles d’attraction selon leur statut
Graphe 69 : Fréquence de citadins niaméens ayant réalisé au moins une activité dans le centre ou les pôles d’attraction selon leur statut

Pour compléter notre compréhension de l’accès au centre et aux pôles d’attraction, d’autres facteurs ont été pris en compte. Le genre tout d’abord nous permet de souligner la propension légèrement plus importante des hommes à accéder à ces territoires (ils sont 28 % à se rendre dans le centre et 34 % dans un des pôles d’attraction, contre respectivement 16 % et 26 %). Les variations associées aux niveaux de revenus et de scolarité sont très marquées. Les citadins sans éducation ne sont que 19 % à avoir foulé le centre de Niamey et 20 % un des pôles d’attraction associé à une de leurs activités, ces pourcentages atteignent 39 % et 42 % pour ceux qui ont suivi un cursus universitaire. Ces mêmes écarts importants se retrouvent avec les niveaux de revenus. Comme dans le cas de l’immobilité et du rapport exclusif à la proximité, les statuts sont prioritaires ici, tant statistiquement que vis-à-vis de l’interprétation qui y est associée. Il ressort néanmoins que l’accès à ces espaces est révélateur en général d’une situation socio-économique favorable.

En étudiant les effets conjugués des statuts et de la localisation résidentielle (tableaux 16 et 17), nous remarquons la variabilité plus importante de la pratique du centre parmi les scolaires/étudiants et les sans-activité, qui renvoie assez directement à leur repli sur la proximité de leur logement (d’où les différences importantes entre les résidents du centre et des périphéries). Parmi les résidents du péricentre populaire et de la périphérie lotie, les écarts interindividuels importants s’expliquent par les différences de comportements entre les actifs et les autres citadins. Les Niaméens qui vivent dans le centre ou le péricentre aisé se déplacent plus fréquemment vers le centre (quel que soit leur statut) tandis que tous ceux qui vivent dans les zones non-loties récentes et périphériques lointaines ne s’y rendent que rarement.

Tableau 16 : Pratique du centre par les Niaméens selon leur localisation résidentielle et leur statut
Tableau 16 : Pratique du centre par les Niaméens selon leur localisation résidentielle et leur statut

Pour tous les statuts, la pratique des pôles d’attraction par les citadins qui vivent dans le péricentre aisé est maximale. Cela provient assez directement de leurs meilleures capacités de mobilité (accès à la voiture particulière et aux transports collectifs).

Tableau 17 : Pratique des pôles d’attraction par les Niaméens selon leur localisation résidentielle et leur statut
Tableau 17 : Pratique des pôles d’attraction par les Niaméens selon leur localisation résidentielle et leur statut

La spécificité des résidents du centre et du péricentre aisé s’est confirmé par ces quelques résultats. Ces citadins se dirigent plus souvent que les autres vers le centre et les pôles d’attraction associés aux activités réalisées. La proximité des services et activités dans le premier cas, et les meilleurs moyens dont disposent les seconds pour leur mobilité (équipement individuel, moyens économiques et bon état du réseau viaire) expliquent ces tendances. On peut alors parler pour les zones les plus aisées d’un affaiblissement de la distance physique aux zones attractives, qui serait lié à la situation sociale favorable de ses résidents. Quoi qu’il en soit, les effets du statut et de la localisation résidentielle se conjuguent, les accès mesurés aux espaces les plus attractifs des aires urbaines par les sans-activité résidant dans les zones périphériques sont particulièrement rares. Cela revient à dire que certaines localisations résidentielles participent d’une accentuation de la faible pratique des territoires attractifs par certains citadins (particulièrement les sans-activité).