Partie 1 Les enjeux des politiques de transport routier dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale.

Les Etats membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) considèrent leurs politiques économiques comme une question d’intérêt régional. C’est ainsi qu’ils ont fixé des objectifs communs à atteindre dans les domaines essentiels comme la fiscalité, l’enseignement, la recherche, la formation professionnelle, la santé publique, l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’énergie, la protection de l’environnement et des ressources naturelles, l’industrie, le tourisme, la bonne gouvernance, les transports, l’aménagement du territoire communautaire, les télécommunications, les infrastructures de transport56.

Chacune de ces politiques contribue au développement économique et social de la sous-région Afrique centrale. Mais, les transports peuvent être considérés comme le secteur le plus important des activités à développer car ils conditionnent l’efficacité des autres domaines57.

Les infrastructures de transports sont par exemple essentielles pour le développement des échanges. Or, dans la CEMAC, ceux-ci sont peu développés entre les pays, et irréguliers avec l’extérieur. Presque toutes les économies des pays de la sous-région dépendent de l’exportation de produits primaires, d’origine agricole58, forestière ou minière59.Il en résulte une faible complémentarité des économies, avec pour résultat, de faibles échanges entre les pays60.

Les infrastructures de transport contribuent par ailleurs à la création d’emplois et à la réduction de la pauvreté. Dans la sous-région, le secteur des transports participe à hauteur de 5 à 10% de la formation du PIB, et absorbe une part assez importante des investissements publics (25% à 40% suivant les pays)61. Ces investissements permettent de faire travailler de nombreux ouvriers non qualifiés, et contribuent à la création d’emplois pour les populations pauvres.

Les infrastructures de transport sont également vitales pour les pays enclavés comme le RCA et le Tchad où la situation en matière de transports est préoccupante (leurs coûts pouvant atteindre 40%, voire 70% des prix à la consommation). Cette situation est due au mauvais état des infrastructures, mais aussi aux problèmes de facilitation du transport de transit.

En effet, le transit routier en direction des pays enclavés reste complexe et coûteux en temps et en argent. Il faut encore 7 à 10 jours pour faire un aller-retour entre Bangui en RCA et Douala au Cameroun (1450 km). La procédure de Transit Inter-Etats des Pays de l’Afrique centrale (TIPAC) qui avait été conçue dans les années 90 par la CEMAC pour simplifier les formalités et accélérer le transit a été appliquée. Mais les palliatifs introduits62 dans les conventions bilatérales signées entre le Cameroun, la République centrafricaine et le Tchad, ne sont pas respectés. Entre Douala et Bangui, on compte encore près d’une vingtaine de points de contrôle de divers services administratifs (police, gendarmerie, eaux et forêts, douanes, municipalités) et les coûts induits vont de 250000 FCFA à 300000 FCFA par voyage.

En vue de régler ces problèmes communs, les Etats membres de la CEMAC ont décidé d’harmoniser leurs politiques de transports. Ils œuvrent pour la mise en place d’un système de transport efficace, sécurisé, fiable et à moindre coût qui permette d’élargir et d’intégrer les marchés ; d’accroître les investissements étrangers directs ; de faciliter le mouvement des personnes et des biens ; de favoriser l’intégration régionale ; de contribuer à la paix et d’encourager la participation du secteur privé au développement économique de la sous-région.

Ces objectifs sont affichés dans la Convention régissant l’Union économique de l’Afrique centrale (UEAC) où les Etats s’engagent d’une part à améliorer les infrastructures de transport et à renforcer leur interconnexion (Chapitre 2) ; d’autre part à libéraliser les prestations de services (chapitre 1) conformément aux principes définis dans ladite Convention.

Notes
56.

Articles 29 à 48 de la Convention régissant l’Union économique de l’Afrique centrale (annexe 2).

57.

Il ne sert à rien de concevoir une politique industrielle régionale, d’harmoniser les codes des investissements, et de rendre fiscalement attractifs les Etats, si les unités industrielles ne disposent pas d’infrastructures routières nécessaires à la production des biens et à leur écoulement.

58.

Cacao, café, coton, thé

59.

La part des exportations de l’or noir dans les recettes publiques totales est très importante dans cinq des six pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique (Cameroun, Gabon, Guinée équatoriales, Congo et Tchad).

60.

Ces échanges ne représentent que moins de 3% des importations et 5% des exportations totales de la sous-région.

61.

Les investissements publics sont encore prédominants puisque le partenariat public/privé dans le secteur des transports est encore à l’état embryonnaire.

62.

Vignette spéciale, sauf conduit international, limitation des points de contrôle routier à 3 dans chaque pays.