Section 1 Le Plan directeur consensuel des transports de l’Afrique centrale

Le Plan directeur consensuel des transports de l’Afrique centrale est le fruit d’un examen approfondi des politiques de transport de l’Afrique centrale. Il a été conçu par les ministres en charge de ce secteur qui ont souligné la nécessité d’harmoniser les programmes nationaux. Plusieurs facteurs vont dans le sens de cette harmonisation, notamment l’environnement physique contraignant de la sous-région qui a pour conséquence des coûts de construction et d’entretien des infrastructures de transport très élevés, surtout pour un seul pays ; l’insuffisance des ressources financières des Etats membres aggravée par leur dette extérieure: les pays ont beaucoup de difficultés à consacrer des ressources importantes au financement des infrastructures de transport, et à se passer de l’aide publique au développement ; l’instabilité politique de la sous-région qui se traduit par une insécurité importante pour les déplacements, tant sur la voie fluviale que sur les routes de liaisons entre les pays ; les échanges intra-communautaires qui sont très faibles, les flux de transport à l’origine et à destination des pays étant déséquilibrés, ce qui ne facilite pas la rentabilisation de l’offre de transport de tous les modes ; les engagements politiques contenus dans les règlements communautaires et les accords bilatéraux qui ne sont que rarement traduits en actions concrètes dans les pays parce qu’il n’existe pas de procédures et de mesures appropriées pour assurer leur mise en application au niveau national ; les mesures de facilitation du transit routier qui sont difficiles à appliquer sur de trop longues distances (1500 à 1800 km). Les décisions politiques ne sont pas suivies d’effet sur le terrain pour diverses raisons liées notamment à des problèmes de gouvernance et de corruption ; et enfin les systèmes structurés de collecte et de traitement des données de transport qui sont encore absents.

Les responsables en charge des politiques de transports en Afrique centrale ont par ailleurs relevé que les réformes de ce secteur visant à améliorer l’état des infrastructures, et la qualité des services de transport nationaux sous-tendent les efforts communautaires. Ces réformes doivent toucher aussi bien les politiques que les institutions de transport, et doivent viser notamment la libéralisation du secteur des transports en vue d’impliquer d’avantage le secteur privé.

Ils ont par ailleurs relevé que les structures et les textes communautaires dans le secteur des transports concourre à l’intégration des pays. Parmi ces structures, la voie trans-équatoriale reste un corridor à fortes potentialités de compétitivité pour les pays enclavés. C’est ainsi que d’importants investissements de réhabilitation ont été réalisés sur le chemin de fer entre Pointe Noire et Brazzaville. Ces efforts devraient aider à relancer le trafic de transit passant par le port de Pointe Noire. Pour ce qui est des textes, beaucoup de cadres réglementaires harmonisés ont été adoptés. Il s’agit des codes de la marine marchande, de la route, de l’aviation civile, d’exploitation du transport routier et multimodal. De même, il existe un accord relatif au transport aérien entre les Etats membres, un protocole de coopération maritime, et enfin une réglementation du transport des marchandises dangereuses ;

Un autre obstacle à la réalisation d’infrastructures de transport en Afrique centrale est aussi la faiblesse des ressources des Etats membres qui est due à l’absence de mécanismes permettant de les mobiliser. Les ministres de transport ont alors décidé de mettre en place des mécanismes de financement autonome, et de créer des Fonds de Développement pour financer des actions de préparation (collecte de données, études, etc..) des projets de transport intégrateurs.

Les ministres ont enfin identifié les instruments multilatéraux pouvant définir le cadre de leurs actions communes. Il s’agit du programme du 9ème Fonds européens de développement (FED) qui donne la priorité à l’intégration économique et au développement des infrastructures de transport par l’Union européenne ; de la stratégie pour l’assistance de la Banque mondiale à l’intégration régionale en Afrique centrale ; de la stratégie du plan de rénovation et de réhabilitation de la BDEAC qui prévoit pour l’horizon 2010, l’allocation de 40% de ses interventions aux programmes d’intégration régionale ; et enfin des programmes du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) qui devraient faciliter la mobilisation des ressources pour le financement des projets d’infrastructures de transport377.

Ces besoins identifiés, les ministres de transport de l’Afrique centrale ont souligné la nécessité d’harmoniser les réseaux de référence pour les liaisons entre les pays de la sous-région, et notamment le réseau structurant de la CEMAC. Ils ont alors adopté un plan directeur consensuel des transports de l’Afrique centrale qui, à long terme, vise à doter la sous-région d’un système de transport (tous modes confondus) fiable et à moindre coût, qui favorise la libre circulation des personnes et des biens. Ce plan doit être en mesure d’appuyer le développement des échanges entre les pays membres et l’intégration économique de la sous-région.

A moyen terme, le plan directeur consensuel des transports de l’Afrique centrale met à la disposition de la sous-région un cadre consensuel pour ses négociations, en vue de mobiliser les investissements dans le domaine des infrastructures de transports. A court terme, il devra permettre d’ici 2010 de circuler sur une route bitumée d’une capitale à une autre378. C’est dans ce cadre qu’on se propose d’indiquer les orientations stratégiques mises en œuvre dans ce plan directeur (§1) avant de présenter le réseau prioritaire et intégrateur de la CEMAC (§2).

Notes
377.

Un travail a été initié en 2002 par les Ministres en charge des Départements des Affaires Etrangères et de Planification. Il a abouti à une ébauche de portefeuille de projets intégrateurs d’infrastructures physiques dans la sous-région.

378.

Ce plan a été adopté en janvier 2004 par les chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEEAC à l’occasion de leur onzième sommet tenu à Brazzaville au Congo.