L’élément fondamental du Plan directeur est le réseau prioritaire et intégrateur 379 de liaison entre les pays. Le choix des axes intégrateurs a fait l’objet d’analyses approfondies de l’environnement du transport de la sous-région, de concertation et d’accords entre les parties concernées, notamment la CEMAC380 et la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), les Etats membres et les partenaires en développement. L’approche retenue étant consensuelle, les parties se sont accordées sur quelques critères de sélection381. Ils entendent ainsi rechercher un réseau minimum en utilisant au mieux la capacité de transport existant. A cet effet, ils comptent « choisir ce qui est le plus immédiatement réalisable et moins onéreux » quand un choix se pose, dans le but d’éviter les échecs du passé, tel que celui du projet de la route transafricaine Lagos-Mombassa qui n’avait pris en compte ni les acquis de l’Afrique en matière d’infrastructures de transport, ni les critères économiques382.
Le deuxième critère de sélection du réseau prioritaire est d’utiliser la complémentarité du transport multiple (rail-route-voie d’eau), en mettant un accent particulier sur la possibilité pour les pays enclavés et les régions éloignées des pays côtiers d’accéder facilement au port maritime ;
Les Etats s’accordent en outre sur la nécessité d’adopter une politique qui permette de relier les capitales par des routes bitumées, sachant qu’elles entraîneront une augmentation du trafic.
Le quatrième critère consiste à relier la CEMAC avec les pays et les régions environnantes (Nigéria, République démocratique du Congo, Angola via la Cabinda, Libye, Soudan) ;
Le dernier critère a trait à la protection de l’environnement, notamment de la forêt équatoriale.
A ces critères, le comité mis en place pour réfléchir sur le Plan directeur (composé de la CEA, la CEEAC, la CEMAC, la BDEAC et l’Union européenne) a ajouté trois autres critères pour le choix des axes dans la zone CEMAC. Il s’agit d’accorder la priorité à une seule liaison routière entre couple de capitales ; de saisir les opportunités d’interconnexion des chemins de fer ; d’assurer les liaisons maritimes et aériennes entre capitales insulaires et les autres.
Sur la base de ces critères, le réseau prioritaire et intégrateur de la CEMAC retenu se présente comme suit383 :
CAMEROUN
Liaison Cameroun–République centrafricaine (RCA)
Axe Kribi–Ebolowa–Yaoundé – Bertoua–Yokadouma-Frontière RCA
Axe Douala–Yaoundé–Bonis–Bertoua–Garoua Boulaï-Frontière RCA
Liaison Cameroun–Tchad
Axe Douala–Garoua Boulaï–Ngaoundéré–Touboro–Frontière Tchad
Axe Douala–Garoua Boulaï–Ngaoundéré–Kousseri–Frontière Tchad
Axe Kribi–Ebolowa–Yaoundé–Bonis–Bertoua–Garoua Boulaï-Gadjibian-Mbéré (Frontière Tchad).
Liaison Cameroun-Gabon
Axe Yaoundé-Ebolowa-Ambam-Pont Eboro (Frontière Gabon)
Liaison Cameroun-Nigéria
Axe Douala-Tiko-Kumba-Mamfé (Frontière Nigéria)
Liaion Cameroun-Guinée équatoriale
Axe Yaoundé-Ebolowa-Ambam-Kyé Ossi-Frontière Guinée
Liaison Cameroun-Congo
Axe Yaoundé-Sangmélima-Djoum-Mintom-Frontière Congo
A ces axes s’ajoutent les corridors de développement suivants, qui ont pour origines, les ports de Kribi et de Limbé, et dont certaines sections font déjà parties des axes de la CEMAC
REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Liaison République centrafricaine-Cameroun
Axe Baoro-Bouar-Garoua Boulaï
Axe Bangui-Boda-Yamando-Nola-Nianti (Frontière Cameroun)
Liaison République centrafricaine-Tchad
Axe Bangui-Sibut-Kaga Bandoro-Sido (République centrafricaine)-Sarh (Tchad)
Axe Bangui-Bossembélé-Bossangoa-Bekay (République centrafricaine)
Liaison République centrafricaine-Congo
Axe Bangui-M’baïki-Enyelle-Dongou-Impfondo-Ndjoundou
Liaison République centrafricaine-RDC
Axe Bambari-Birao-Amdafock-frontière Soudan
CONGO
Liaison Congo-Cameroun
Axe Ouesso-Sembe-Souanke-Frontière Cameroun
Liaison Congo-République centrafricaine
Axe Ndjoundou vers Bangui
Liaison Congo-Gabon
Axe Brazzaville-Kinkala-Mindjuli-Dolidie-Nianga-Frontière Gabon
Axe Brazzaville-Obouya-Bounbji-Okoyo-Leketi-Frontière Gabon
GABON
Liaison Gabon-Congo
Axe Libreville-Lambaréné-Fougasse-Mouila-Ndendé-Doussala vers Dolisie
Axe Libreville-Ndjolé-Alémbé-Lastoursville-Franceville-Léconi-Kabala (vers Lékéti)
Axe Mitzic-Lalara-Ovan-Mékambo-Ekata (frontière Congo)
Axe Ndendé-Tchibanga-Mayumba en direction de Pointe Noire (Congo)
Axe Moanda-Bakoumba-Lékoko-Frontière Congo
Liaison Gabon-Cameroun
Axe Libreville-Eboro-Yaoundé
Liaison Gabon-Guinée équatoriale
Axe Libreville-Medouneu-Bata
Axe Libreville-Ntoum-Cocobeach en direction de Bata en Guinée équatoriale
GUINEE EQUATORIALE
Liaison Guinée équatorale-Cameroun
Axe Bata-Ebebiyin-Kyé Ossi
Liaison Guinée équatorale-Gabon
Axe Bata-Akurename
TCHAD
Liaison Tchad-Cameroun
Axe Moundou-Balaroboa-frontière Cameroun
Liaison Tchad-République centrafricaine
Axe Moundou-Doba-Goré (Frontière République centrafricaine)
Liaison Tchad-République centrafricaine
Axe Sarh-Sido-frontière République centrafricaine (suite en République centrafricaine à programmer).
Liaison Tchad-Soudan
Axe Ndjaména-Abéché-Adré-Frontière Soudan
Le Plan directeur consensuel des transports de l’Afrique centrale prévoit, par ailleurs, des voies additionnelles, afin de tenir compte de l’absence d’accès direct à la mer de certains pays. Il s’agit de :
REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Bangui-Belabo (Cameroun)
Bangui-Ouesso-Brazzaville (Congo)
Bangui-Sarh-Ndjaména
TCHAD
Ndjaména-Ngaoundéré (Cameroun)
Ndjaména-Sarh-Moundou-Ngaoundéré (Cameroun)
Ndjaména-Sarh-Bangui (République centrafricaine)
Un plan d’action pour la mise en œuvre des orientations stratégiques du Plan directeur consensuel des transports de l’Afrique centrale a été mis en place. Pour chacune de ces orientations, des actions sont identifiées, les acteurs précisés et des indications sont fournies sur les sources potentielles de financement. Ainsi, on distingue trois catégories d’actions : les actions d’ordre politique, les actions organisationnelles et institutionnelles et les actions d’investissement.
Les actions touchant les politiques de développement des infrastructures en Afrique centrale portent, entre autres, sur :
Il existe, à côté des actions qui touchent les politiques de développement des infrastructures en Afrique centrale, d’autres actions de type institutionnel et organisationnel, notamment :
Enfin, d’autres actions d’investissement ont été prévues dans le cadre de la poursuite du programme routier régional initié avec le Fonds européen de développement. Il s’agit notamment de la réhabilitation et la construction des infrastructures, la modernisation des systèmes de télécommunications, des installations ou encore des moyens de communication, pour appuyer la mise en œuvre des mesures de facilitation dans les corridors de développement. A cet égard, la revue des sources de financement de ces projets communs s’impose.
Voir la carte du réseau prioritaire et intégrateur de la CEMAC en annexe 8.
La configuration du réseau prioritaire et intégrateur de la CEMAC est donnée dans le règlement n°9/00/CEMAC-067-CM-04 du 20 juillet 2000.
Les critères incluent ceux définis dans la Déclaration de Yaoundé d’octobre 2002 sur l’intégration régionale centrale et les infrastructures de transport et ceux adoptés par la réunion des ministres de transport de l’Afrique centrale. Ces critères sont les mêmes pour la CEMAC et la CEEAC, hormis le fait que la dernières a pris en compte la dimension des routes transafricaines et le développement des couloirs de transport et de transit existants à promouvoir.
La réunion ministérielle a introduit en lieu et place de « corridor de transit » le concept de « corridor de développement » qui exprime la priorité à accorder au corridor générant un développement économique optimal entre un couple de pays. Il a aussi retenu un autre critère qui lie le développement des infrastructures et la lutte contre la pauvreté.
Pour une présentation complète des réseaux intégrateurs de l’Afrique centrale dont fait partie le réseau prioritaire et intégrateur de la CEMAC, lire Commission économique pour l’Afrique, Les infrastructures de transport et l’intégration régionale en Afrique centrale, Paris, éditions Maisonneuve & Larose, année 2005, 92 pages.