I ère partie
le problème du développement solidaire face à la question éducative en Afrique

Introduction

Pour tout toute personne intéressée par la question de l’éducation et de la formation en vue de la participation à la construction sociale, il est nécessaire de bien comprendre ce qu’est l’éducation, l’esprit dans lequel elle est conduite et les relations qu’elle exige entre l’éducateur et l’éduqué. Il est aussi nécessaire de comprendre que le bien être social passe par une éducation soucieuse de l’amélioration des conditions de vies des populations. Or, l’accès de la population au bien être, passe par la promotion de la liberté individuelle et collective, base de tout développement social. Dès que le sujet prend conscience de la nécessité de participer à la construction sociale, là commence le processus de remise en cause personnelle et collective susceptible de mener vers un véritable changement des mentalités. Plutôt que de subir les décisions des autres, il pourra s’appuyer sur la liberté que lui confère la loi pour s’engager réellement. Car, les bonnes intentions ont besoin d’action et d’engagement pour qu’elles deviennent réalité. Une étape qui nécessite une pratique éducative fondée sur la problématisation des pratiques considérées comme normales. A son tour, pour que la problématisation ne reste pas une simple spéculation, elle se donnera les moyens de déboucher sur une action éducative qui réponde aux besoins réels de la société. C’est ce que nous examinerons dans cette première partie consacrée à l’Afrique. Il est question de poser la problématique du développement, en revenant sur l’échec d’une pratique pédagogique hérité du système colonial. Un système qui, au lieu de participer à l’émancipation des peuples pour leur réalisation personnelle et collective, a contribué à les aliéner. Or, une société des personnes incapables de problématiser la réalité pour poser les bases d’un développement fondé sur la participation de chaque citoyen, est une société qui a peu de chances de contribuer au développement de ses propres sujets, et au delà, de l’humanité toute entière. Le mal scolaire en Afrique se résume ainsi, à cette pratique éducative qui consiste à répéter des notions empruntées, sans qu’elles ne contribuent à un profond changement des mentalités pour le développement.

Pour brouiller les cartes, les institutions internationales ont essayé de proposer ce qu’elles appellent, « l’éducation interculturelle ». Une pratique qui dans le fond, présente des aspects constructifs. Mais le doute de son efficacité pour faciliter l’accès des populations pauvres au développement, repose dans la mauvaise foi de ses instigateurs. Ils la présentent comme un emballage qui cache la volonté manifeste de maintenir la domination sur les populations faibles du Sud. Ce qui a justifié le questionnement sur le bien fondé de cette pratique pourtant soutenue par l’Unesco et la Banque Mondiale. Notre critique se fonde sur le fonctionnement de ces mêmes institutions qui ne permettent pas aux ressortissants des pays dans lesquels se pratiquent leurs projets, d’accéder aux cercles des décisions. Pourtant, il est difficile de concevoir le développement d’un peuple sans l’associer à l’élaboration et à la prise des décisions qui concernent son histoire réelle. S’il est nécessaire de questionner la pratique des institutions qui imposent un système éducatif qui n’est rien d’autre que le prolongement du système scolaire colonial, il reste aussi important d’interroger la mentalité africaine qui contient des éléments qui ne peuvent pas contribuer à son développement. Tel est le cas de la gestion du temps qui représente l’un des principaux freins au développement. Une mentalité qui soutient qu’il y aura toujours du temps pour agir, jusqu’au moment où l’on se trouve face à l’impossibilité d’agir concrètement. D’où la nécessité de réfléchir sur la conception du temps en Afrique, si l’on veut analyser les principales causes du sous-développement. Entreprendre, réaliser, réussir, évoluer, négocier des changements, tout cela exige du temps. Il est utile de se demander pourquoi certaines actions parviennent aux objectifs fixés, malgré d’inévitables difficultés, pendant que d’autres échouent. Alors que l’on parle des nouveaux pays émergents, de nouveaux dragons etc. Aucun pays d’Afrique n’arrive à sortir la tête de l’eau, excepté l’Afrique du Sud. Seule une rigoureuse problématisation de la réalité africaine permettrait de dégager les éléments susceptibles de poser les bases d’une nouvelle philosophie de l’éducation pour le développement de l’homme et des peuples. L’histoire de l’éducation montre que tout développement authentique a pour fondement : l’éducation et la formation. Pour ce faire, nous osons croire que si les pays Africains acceptent le principe de la mise en place d’un système éducatif fondé sur l’objectivité, le questionnement et la prise en compte des réalités locales, il sera possible de donner aux populations les moyens humains, intellectuels et politiques, leur permettant d’assumer entièrement leur place au sein d’une dynamique de la mondialisation fondée sur la loi du plus fort. Ce qui nous a conduit à orienter cette première partie vers une analyse de la question du développement en Afrique, les limites du système éducatif en cours actuellement et la nécessité d’un recours aux expériences qui ont fait leurs preuves ailleurs.