1. Le problème du développement : analyse et perspectives

L’évolution de l’histoire des populations de la région du continent africain est jalonnée de moments où l’enthousiasme a fait rêver et de moments où l’échec a fait douter. La réflexion sur le développement de l’Afrique avec ses affres et ses non-dits, a oscillé entre deux tendances. D’un côté, on a trouvé les pessimistes et de l’autre les optimistes. De ce balancement sont nés des ouvrages dont les titres ont servi d’indicateurs à un débat qui reste d’actualité. De façon générale, la littérature pessimiste a vu paraître les titres du genre : L’Afrique noire est mal partie, Pour l’Afrique j’accuse, La longue marche de l’Afrique noire vers la liberté; L’Afrique étranglée de René Dumont6 ; Le cri de l’homme Africain du camerounais Jean Marc Ela7 ; Et si l’Afrique refusait le développement de la camerounaise Axelle Kabou8 ; L’Afrique va-t-elle mourir ? du congolais Kä Mana9. Face à cette mouvance pessimiste, une lignée de penseurs croit qu’il existe, malgré les apparences déconcertantes de la situation de l’Afrique, des perspectives de redressement et des raisons d’optimisme. Ils ont produit une autre littérature dont l’optimisme se moque de la complexité de la réalité africaine. Parmi ces titres, nous pouvons citer : L’Unité culturelle de l’Afrique noire du Sénégalais Cheikh Anta Diop10 ; Espoir pour l’Afrique noire du français Merlin11 ; La pauvreté, richesse des peuples du Béninois Albert Tevroedjre12 ; Un destin pour l’Afrique d’Abdoulaye Wade13. Le dénominateur commun de toutes ces théories est qu’elles cherchent avant tout un bouc émissaire pour charger tous les maux. Si ce n’est pas le colonisateur qui est accusé, ce sont les dirigeants auxquels on fait grief de n’être là que pour leurs intérêts égoïstes. Certes, il faut reconnaître le mérite des uns et des autres. Il demeure toutefois une voie qui n’a pas encore été explorée. C’est celle de l’éducation et de la transmission d’une mentalité de responsabilité, une mentalité fondée, non sur des critiques stériles et le refus manifeste de voir la réalité, mais sur une vision honnête et juste de la situation réelle de l’Afrique, avec ses potentialités et ses limites. Ainsi, tout le monde croyait que la multiplication des slogans sur le développement allait apporter quelque chose, même si les citoyens ne s’engageaient pas pour la promotion d’une construction fondée sur l’engagement responsable de chacun. C’est un mythe qui n’a servi à rien. Sauf par aveuglement volontaire, la réalité actuelle est le gage de l’échec des différents plans de développement conçus sans tenir compte de l’avis des acteurs locaux. Pour redynamiser l’action du développement en Afrique, une nouvelle approche est nécessaire pour soutenir un nouveau départ.

Notes
6.

Agronome et africaniste français qui a longtemps travaillé en Afrique de l’Ouest.

7.

Philosophe, sociologue et théologien camerounais. Après plusieurs années comme professeur à l’Université de Yaoundé I au Cameroun et à l’Université Catholique de Louvain La Neuve en Belgique, il est mort en 2008, alors qu’il était enseignant à l’Université de Montréal au Canada.

8.

Philosophe, femme de lettres, sociologue et intellectuelle camerounaise enseignante en France.

9.

Philosophe et théologien congolais. Après avoir enseigné au Sénégal et au Cameroun, il dirige le Centre pour la sauvegarde de la création à Bafoussam au Cameroun.

10.

Sociologue et Egyptologue sénégalais (1923-1986). Il est celui qui avait découvert le carbone 14 et ses recherches sur l’égyptologie montrent qu’en Egypte, il y avait des Pharaons noirs. Il est surtout à la base de la polémique sur l’origine africaine de la sagesse grecque.

11.

Africaniste français. Ses travaux s’intéressent plus aux questions de développement de l’Afrique.

12.

Philosophe et écrivain béninois. Il s’est illustré dans ses écrits en prônant une Afrique positive, capable de vaincre ses maux par ses propres ressources.

13.

Juriste et politologue sénégalais. Il s’est illustré comme opposant aux régimes de Léopold Sedar Senghor et celui d’Abdou Diouf au Sénégal. Après des années de lutte, il est actuellement Président de la République du Sénégal depuis avril 2000.