Enfin, dernier espace dans lequel il nous faut suivre Alexandre Lacassagne : la prison, qui est pour lui tant un terrain de recherche que d’enseignement. Cet espace d’enfermement est au centre des intérêts des historiens depuis le livre novateur que Michel Foucault consacre à la naissance de la prison564, et le débat qu’il a suscité565, auquel il faut ajouter l’ouvrage de Pierre Deyon566. La Révolution amorce un certain nombre de changements conséquents dans l’organisation du système pénal français. Sans doute, il faut replacer l’analyse du phénomène dans une perspective chronologique plus large, à l’instar de Michel Foucault pour lequel « la prison est moins récente qu’on ne le dit lorsqu’on la fait naître avec les nouveaux Codes »567. Dans leur Histoire des prisons en France (1789-2000), Jacques- Guy Petit, Claude Faugeron et Michel Pierre568 font ce choix et dressent un panorama synthétique qui permet de bien saisir les permanences et les changements, les évolutions et les inerties sur une période chronologique assez longue. Replacer Alexandre Lacassagne dans cette évolution, c’est constater d’emblée qu’il se situe à cheval sur deux grands moments de l’histoire du système pénal français569, entre la « révolution pénitentiaire » qui s’opère entre 1789 et 1875 et la « prison républicaine » telle que la définit Robert Badinter570. Mais le choix d’une séquence temporelle plus courte permet de souligner que c’est bien à partir du début du XIXe siècle que s’impose l’enfermement des criminels, « technique plus commode, moins moralisante que les projets réformateurs […] Dès 1791, la Constituante, qui abolit bien des usages barbares et spectaculaires, opte pour la détention et réorganise toute une gamme de prisons. Le Code pénal de 1810 perfectionne le système, mais rétablit les châtiments humiliants, comme l’exposition publique, le carcan, la marque, l’amputation du poignet… »571. Ces peines terribles sont supprimées par la monarchie de Juillet (loi du 28 avril 1832), cependant que se poursuit l’humanisation du droit pénal. L’institution pénale ne présente donc pas une évolution linéaire. Comme bien d’autres, elle peut connaître des avancées et des retours en arrière, et l’on ne saurait en faire une lecture trop simpliste. À sa naissance, la Troisième République dispose donc d’un arsenal conséquent pour lutter contre quiconque ne respecte pas la propriété privée et la paix publique. Mais, « vertueuse et digne », la République nouvelle veut faire démonstration de sa « volonté de progrès […], progrès social, certes, mais aussi progrès moral »572. Désormais, la prison doit non seulement punir le criminel, mais participer à son amendement. Il est donc supposé en sortir meilleur qu’il n’y est entré, rééduqué en quelque sorte. Il s’agit de soigner le prisonnier, qui est envisagé comme un malade. La preuve ? Il présente des symptômes, que relève à Cesare Lombroso dans L’Uomo delinquente (L’Homme criminel), qui paraît en français en 1887. Ce sont « oreilles à anse, crânes aplatis, fronts fuyants, pommettes saillantes, mâchoires proéminentes, strabisme, physionomie sénile, bouches déformées, asymétries faciales, physionomie de crétin, nez de travers »573. Inutile de continuer à marquer d’un fer infâmant des individus dont les corps sont déjà tellement frappés du sceau de la honte. Il suffit de savoir lire ces signes, ce qui est désormais possible à l’heure où se développe l’anthropologie criminelle. Très logiquement, la médicalisation du crime s’accompagne d’une médicalisation de la prison : « la prison correspond à plusieurs objectifs. Elle met hors d’état de nuire, elle punit par l’obligation d’une souffrance dont la durée et les modalités sont fonction du délit ou du crime commis, elle est un moyen de régénération du détenu »574. On y enferme des malades. Il s’agit de les guérir. De même que la France républicaine a entamé un vaste programme d’instruction publique dont la prison n’est pas exclue puisque « à la fin du siècle, il apparaît qu’un nombre important de libérés quittent les lieux de détention en sachant mieux lire, écrire et calculer qu’à leur arrivée »575 ; de même elle entend prodiguer aux détenus les soins nécessaires à leur réhabilitation morale et sociale et la prison est donc envisagée comme thérapeutique, d’où la légitimité d’un regard médical porté sur elle, comme celui d’Alexandre Lacassagne.
À l’époque, l’équipement carcéral de la ville de Lyon consiste en trois établissements différents, dévolus chacun à un type de population carcérale spécifique : la maison d’arrêt de Roanne et la maison de correction de Saint-Joseph. La prison construite par l’architecte Louis-Pierre Baltard après 1831 dans la presqu’île d’Ainay, le long du quai Perrache, est d’abord appelée prison Perrache, puis devient Prison Saint-Paul après sa réfection et son inauguration en 1865. « Dirigée avec [l]es deux autres prisons par un même directeur, celui de la 20e circonscription du Rhône, de l’Ain et de la Loire, Saint-Paul n’est pas une prison modèle, elle incarne l’ordinaire de la détention en cette fin de XIXe siècle »576. Un premier bâtiment, cerné par un chemin de ronde, est divisé en différentes cours dans lesquelles sont réparties les différentes catégories de prisonniers, « afin que des hommes entièrement perdus ne soient pas en contact avec ceux que le sentiment d’une première faute peut ramener dans la bonne voie »577. On cherche toujours à bien distinguer les différentes catégories de détenus, ainsi « la plupart des prévenus occupent des préaux distincts, selon leurs condamnations antérieures »578. Dans une première partie de la prison, dite « maison de correction de Saint-Joseph », on enferme les prisonniers pour dettes et les condamnés à de courtes peines (moins d’un an), ainsi que ceux qui attendent leur transfert dans les maisons centrales et au bagne. La maison d’arrêt et de Justice de Saint-Paul à proprement parler rassemble « à la fois les prévenus, le quartier cellulaire, le quartier correctionnel, puis certains services accessoires, tels que la lavanderie, la boulangerie »579. En 1836, un pénitencier pour enfants de moins de 16 ans580, visant à leur « éducation morale, religieuse et professionnelle »581 vient s’y ajouter, et en 1860, une seconde prison est bâtie dans un quadrilatère voisin par l’architecte en chef du département, Antonin Louvier, sur le modèle de la prison de la Santé à Paris : son plan rayonnant, en forme d’étoile, offre aux surveillants une vision panoptique. Michel Foucault donne une description saisissante du dispositif inventé par Bentham :
‘« …à la périphérie, un bâtiment en anneau ; au centre, une tour ; celle-ci est percée de larges fenêtres qui ouvrent sur la face intérieure de l’anneau ; le bâtiment périphérique est divisé en cellules, dont chacune traverse toute l’épaisseur du bâtiment ; elles ont deux fenêtres, l’une vers l’intérieur, correspondant aux fenêtres de la tour ; l’autre, donnant sur l’extérieur, permet à la lumière de traverser la cellule de part en part. Il suffit alors de placer un surveillant dans la tour centrale, et dans chaque cellule d’enfermer […] un condamné […]. Par l’effet du contre-jour, on peut saisir de la tour, se découpant exactement sur la lumière, les petites silhouettes captives dans les cellules de la périphérie. Autant de cages, autant de petits théâtres, où chaque acteur est seul, parfaitement individualisé et constamment visible. Le dispositif panoptique aménage des unités spatiales qui permettent de voir sans arrêt et de reconnaître aussitôt »582. ’Chacune de ses branches est un bâtiment de prévenus, à l’origine aménagé pour la détention en commun, bientôt remplacée par un emprisonnement cellulaire, en conformité avec la loi du 5 juin 1875 qui prévoit que « les inculpés, prévenus et accusés seront à l’avenir individuellement séparés pendant le jour et la nuit » 583. À ce titre, la prison lyonnaise est une prison moderne. En effet, en 1892, M. Artus, substitut du procureur général à la cour d’appel de Toulouse se plaint en ces termes : « depuis 1875, peu de prisons, une vingtaine environ sur 366, ont été construites ou adaptées en vue du régime cellulaire »584. La loi n’est donc que peu appliquée. Mais à Lyon, cette réforme, « que les criminalistes considèrent avec raison comme l’une des plus utiles au point de vue de l’amendement des coupables »585, est rapidement une réalité. La prison Saint-Paul fait l’objet d’importants travaux de rénovation entre 1894 et 1896, afin d’y introduire l’enfermement cellulaire conformément à la loi. Deux cent dix-neuf cellules sont ainsi aménagées au sein des sept bâtiments en étoile. Bref, l’équipement carcéral de la ville de Lyon est alors performant : l’enfermement cellulaire y est une réalité, le Panopticon n’y est pas seulement un symbole de rationalisation monumentale de la surveillance.
Dans le rapport qu’il dresse en 1886586, au nom de la Commission de surveillance des prisons qu’il préside, Alexandre Lacassagne établit un bilan globalement satisfaisant de l’état de ce dispositif d’enfermement : les cellules de la prison ont « été construites selon le type réglementaire. […] La ventilation se fait bien dans ce bâtiment et le rapporteur qui, par la nature de ses fonctions a été souvent amené à visiter les prévenus à des heures différentes de la journée peut affirmer que le chauffage est suffisant et que les hommes particulièrement interrogés sur ce point ne se sont jamais plaints d’une manière formelle »587. Chaque détenu dispose d’une « cellule individuelle peinte du jaune administratif, meublée sommairement d’une tablette et d’une couchette, et surplombée d’une petite fenêtre aux solides barreaux »588. Quant au « quartier occupé par les enfants enfermés correctionnellement, [il] est convenablement installé », et même doté d’une cour où « on a installé de petits jardins que ces enfants entretiennent et cultivent avec des soins incessants [… et] quelques appareils de gymnastique »589 grâce auxquels les jeunes détenus prennent une leçon hebdomadaire. L’ordinaire n’y est sans doute pas luxueux, mais « à Lyon, nous n’avons jamais entendu de plaintes sur l’insuffisance du régime, […] et le médecin peut toujours prescrire un supplément alimentaire, et donner ainsi satisfaction aux appétits particulièrement voraces »590. Pour obtenir des vivres supplémentaires, le détenu peut « cantiner » s’il dispose de l’argent nécessaire, mais ses achats sont limités pour éviter tout risque de trafic : « 500 grammes de viande ou de poisson, des légumes, des fruits, 75 centilitres de vin ou un litre de bière ou de cidre »591. On est donc apparemment loin de « la malnutrition généralisée aggravée par le mauvais état de l’habillement, une literie malsaine, l’excès du froid ou de la chaleur, la promiscuité et le manque d’aération [qui] multiplient les causes de maladie et de mortalité » selon Jacques-Guy Petit592. Mais l’on peut se fier au témoignage d’Alexandre Lacassagne car, pour de multiples raisons, il est sans aucun doute un observateur privilégié du milieu carcéral593. Il connaît bien les prisons lyonnaises, à la gestion594 desquelles il participe comme président de la commission administrative des Prisons, et qu’il surveille595 au titre de vice-président de la commission de surveillance des prisons596, qui reçoit le concours dévoué de la Société générale des prisons, « lieu de production des réflexions sur les pénalités à la fin du XIXe siècle, mi-société savante, mi-commission extra-parlementaire »597. Créée en 1877 à l’initiative d’Haussonville, René Bérenger, Charles Lucas et René Lefebvre, elle doit être un véritable « laboratoire de la législation pénale […] impulsant, animant les débats, […] un laboratoire d’idées permettant une réflexion approfondie hors du cadre de l’Etat, en vue d’aboutir à des propositions susceptibles de faire avancer la réforme pénitentiaire grâce à des changements législatifs »598. La Société générale des prisons s’impose comme une commission extra-parlementaire privée siégeant en permanence. Incarnation de la vigilance de la société civile quant à « l’insuffisance de notre régime pénitentiaire au point de vue répressif et moralisateur »599, elle est reconnue d’utilité publique en 1889, devenant à la fois « un lieu de conception de normes juridiques à travers l’élaboration ou l’utilisation des savoirs sur le crime et un groupe de pression politique menant une action officielle et officieuse »600. Son projet est aussi vaste que flou : il s’agit de contribuer à l’amélioration du régime pénitentiaire en France. La Société est divisée en quatre sections « correspondant aux divers branches de ses études, présidées par les Vice-Présidents et composées des membres qui demanderont à y être inscrits »601 : la première est en charge de la Législation pénitentiaire en France, la deuxième du Régime pénitentiaire et du Patronage des adultes, la troisième de l’Éducation correctionnelle, du patronage des jeunes libérés et des mesures préventives, et la dernier des Questions pénitentiaires à l’étranger, et elle a des antennes départementales et compte déjà 400 membres lors de la première réunion qui se tient le 7 juin 1877. Elle se dote même d’un organe de diffusion de ses débats et idées : le Bulletin de la Société générale des prisons, qui paraît de 1877 à 1892, date à laquelle il est rebaptisé Revue pénitentiaire et de droit pénal 602. Lacassagne en possède deux numéros, datés de mars-avril 1882603.
En premier lieu, Lacassagne est donc un théoricien de la « prison républicaine »604, celle qui doit redresser le criminel et non seulement le punir. Sa réflexion sur le monde carcéral traverse les trois temps que distingue Robert Badinter : celui de projets (1871-1879), celui des lois (1879-1899) et enfin celui de l’indifférence (1900-1914). La date des ouvrages concernant la prison conservés dans le fonds Lacassagne le confirme. Alors que la première période est marquée par la publication de nombreuses monographies et rapports605 – dont une vaste enquête parlementaire en huit volumes parus entre 1873 et 1875606 – qui tentent de dresser un bilan de la situation carcérale, la seconde voit la parution de projets de réformes607 et l’organisation de congrès internationaux608, cependant que le nombre de publication décroît nettement pour la dernière période609. « De toutes les questions sociales à l’ordre du jour, il n’en est peut-être pas une seule qui ait [alors] tenté autant d’écrivains et de penseurs que la question pénitentiaire »610. L’avènement de la République a d’importantes conséquences sur le fonctionnement de la Justice. À l’heure de la démocratisation, le système pénal doit changer : « la force coercitive du pouvoir exécutif doit s’accroître d’autant plus que la société se démocratise »611, sans quoi la société démocratique risque de se disloquer, l’ordre social n’étant plus assuré dans tous les domaines par la force même du despotisme, comme par le passé. « La liberté, quoiqu’on en ait dit, n’est pas bonne pour tous les hommes. C’est un vin qui grise et affole, provoquant toutes les spontanéités malsaines »612. Il faut donc protéger mieux cette société fragilisée par la démocratie. Il convient de « protéger surtout les classes inférieures, les moins bien armées pour se protéger elles-mêmes »613. L’accès à la justice se démocratise, tout un chacun doit pouvoir être défendu par elle. Bref, « la loi pénale constitue à la fois la sauvegarde des faibles et l’armature même de la société contemporaine »614. On s’en doute, ces changements ne sont pas sans incidence sur la prison. Dans un courrier qu’il adresse au docteur Lacassagne en 1890, M. Raux, le directeur de la 20e circonscription pénitentiaire615 évoque avec humour ce changement de peau :
‘« N’oubliez pas qu’il n’y a plus, comme autrefois, de Directeur de prisons. Nous avons changé de nom. C’est déjà quelque chose, car les mots ont une singulière puissance et ils se vident malaisément des idées et des images dont l’habitude les avait emplis. Les Directeurs des prisons sont aujourd’hui des Directeurs de circonscription pénitentiaire (20e pour Lyon). En changeant de nom, vous conviendrez que nous avons aussi changé un peu de peau et que du vieux et rustaud Directeur des prisons que nous avons connu, il ne reste aujourd’hui plus grand chose »616 . ’Alors que « sous l’ancien régime, les prisons n’étaient considérées que comme des lieux de répression et d’infamie, […] bâties dans un but d’intimidation, [… où] le corps souffrait, était fréquemment chargé de chaînes, endurait le froid et la faim », l’heure est désormais aux « peines moralisatrices, en même temps qu’inflictives ». Il s’agit de « s’adresser à l’âme du condamné, de le convertir en le punissant, de le régénérer par le travail et l’instruction morale, de le ramener au bien par le repentir et l’espérance »617. La prison doit être un lieu de peine, mais aussi d’amendement. Elle est faite pour transformer les délinquants autant que pour les punir. Une discipline ferme mais humaine, et les bienfaits de l’instruction : telles sont les mamelles de la prison républicaine. Et cela devrait tout changer ! La punition ne doit plus humilier, le châtiment ne doit pas être dégradant pour le coupable. « Le régime des détenus ne doit pas être superflu, mais il doit être suffisant »618. La peine ne doit pas être une vengeance parce que « la société ne se venge pas, elle se préserve, elle se défend, et en se défendant elle ne poursuit qu’un but : le relèvement moral de ceux qu’elle est dans la nécessité de frapper »619. Les observateurs de la prison semblent unanimes, « le sort des prisonniers a été singulièrement adouci »620, et s’il faut s’en féliciter au nom de l’humanité, il s’en trouve certains pour déplorer que « le régime actuel [a] affaibli l’idée de châtiment et perdu, au moins pour les petites peines, presque tout caractère d’intimidation »621. Pour certains historiens, il faut même analyser la seconde moitié du XIXe siècle en termes de « crise de la répression »622 : la population carcérale décroît régulièrement à partir des années 1850, à l’exception du moment de la Commune, et l’on passe d’une population carcérale en France métropolitaine estimée à quelques 50 000 personnes en 1852 à environ 40 000 entre 1866 et 1887, puis 22 000 en 1909. Si les tribunaux ne chôment pas puisque « le nombre des affaires jugées suit une progression régulière et le nombre total des individus emprisonnés sur une année oscille entre 330 000 en 1875, 360 000 en 1890 et 315 000 en 1900 »623, on assiste cependant à une diminution de la population passant devant les juges car « les effets cumulatifs du sursis, de la libération conditionnelle, de la relégation, de la transportation et d’une meilleure surveillance policière [rendent] l’incarcération moins obligatoire »624. Conséquence de la polysémie du terme de « soin », le modèle de la prison à visée thérapeutique est rapidement contesté : trop d’humanité lors de l’incarcération tuerait l’efficacité de la répression. Alexandre Lacassagne prend subtilement position dans ce débat. On ne saurait le considérer comme laxiste. C’est un ardent défenseur de la peine de mort qui considère la prison comme « une parenthèse ouverte, un pis-aller qui n’est pas la plus désagréable des aventures »625 pour beaucoup de détenus. Il prône le recours à la manière forte :
‘« Devant le danger toujours croissant : il faudra arriver à l’usage du fouet et des verges. […] Certes, il vaudrait mieux prévenir le crime qu’user de pareils moyens. Mais pour modifier la génération actuelle, imbibée d’alcool et composée de criminels précoces, il n’y a pas d’autres remèdes : ces apaches impulsifs sont surtout des craintifs et des lâches, faiblissant de suite devant une autorité qui s’affirme par des moyens vulnérants, et par conséquent persuasifs »626. ’Les châtiments corporels sont alors considérés par certains comme des « souffrances positives »627. Lacassagne, qui a lu de près la thèse à laquelle on emprunte cette expression note même en marge que ce sont « les seules efficaces pour les enfants, les jeunes gens, les non-développés intellectuellement ». Pour autant, il veille à ce que les conditions de détention ne soient pas trop défavorables, afin d’éviter la contagion criminelle car « pour la plupart des détenus, la prison est une école de perfectionnement dans le vice ».
Il participe ainsi au débat sur l’enfermement cellulaire qui agite la fin des années 1870 : on redoute que l’enfermement collectif ne génère des phénomènes de contamination. « La vie carcérale commune est un enfer. Les mauvaises natures s’y gangrènent davantage et y empoisonnent les moins perverses »628. C’est faire une toute autre lecture du modèle du prisonnier-malade. Il est non seulement un patient qu’il faut traiter, mais un infectieux qu’il faut isoler. « Enfermés sous le même toit, entre les mêmes murailles, entassés pêle-mêle dans le même air contaminé, vivant dans une promiscuité ininterrompue de jour et de nuit, [les détenus] ne peuvent que se pervertir entre eux »629, alors que la cellule individuelle paraît réunir « les trois conditions essentielles d’une bonne répression : le châtiment, l’intimidation, l’amendement »630. La loi du 5 juin 1875 consacre l’enfermement cellulaire, au moins dans les textes. Mais l’activité législative de la Troisième République en matière pénale et pénitentiaire ne s’arrête pas là : la loi du 27 mai 1885 sur la relégation, qui frappe plus particulièrement les redoutés « criminels d’habitude », les récidivistes, consacre leur expulsion hors du territoire français. Tout cet arsenal législatif est censé poursuivre un même but : amender le criminel. Car la mise en cellule doit l’isoler de ses comparses, cependant qu’on ouvre les lieux « aux influences bienfaisantes et moralisatrices, au personnel de la prison, aux membres des commissions de surveillance et des sociétés de patronage, […] à tous ceux qui, par leurs conseils, leurs enseignements, leurs exemples, peuvent favoriser le redressement moral du condamné »631. La prison n’est pas encore l’institution hermétique qu’elle devient à partir des années 1910-1920632. Quant à la relégation, elle concerne les « irréconciliables », les « incorrigibles », de ceux qui ne voient « dans la société qu’une ennemie à laquelle il est légitime de livrer bataille », mais ne doit pas se traduire par un abandon outre-mer de ces criminels : il faut « les astreindre à un régime sévère, vaincre leur paresse incurable »633. Enfin, on épargne la prison aux « délinquants primaires » en vertu de la loi du 26 mars 1891, dite « loi du Pardon » qui « donne au juge le pouvoir, non seulement d’atténuer la peine, mais encore de décider, lorsque le prévenu n’a pas subi de condamnation antérieure à la prison, pour crime ou délit de droit commun, que si dans un délai de cinq ans à dater du jugement ou de l’arrêt, il ne se rend pas coupable d’une nouvelle faute grave, le voile d’oubli sera jeté sur le passé et la condamnation considérée comme non avenue »634. On estime en effet qu’une fois prévenu, ce primo-délinquant « s’éloignera avec terreur de l’abîme où il a failli tomber [et] conservera au fond du cœur un sentiment de reconnaissance envers la société qui l’a relevé »635. Cet arsenal législatif poursuit bien de manière cohérente une finalité unique de réhabilitation du criminel, malade certes, mais pas incurable.
Toutefois, en même temps que l’on élabore le modèle de la prison thérapeutique, on met en doute son efficacité. Lacassagne s’intéresse ainsi de près aux séquelles consécutives à l’enfermement, des jeunes détenus notamment, car rien ne « paraît plus digne d’attirer l’attention du législateur ou du philanthrope que l’enfance malheureuse ou coupable »636. À ce titre, il partage tout à fait les préoccupations des hommes de son temps et du « gouvernement de la République [qui] a toujours placé au premier rang de ses préoccupations les questions relatives à la protection de l’enfant637, à son développement intellectuel et moral »638. À l’heure où les médecins entendent relayer un pouvoir judiciaire accusé plus ou moins explicitement de laxisme et d’irréalisme639, Lacassagne n’est pas en reste. « L’examen des dispositions pénales et législatives concernant les mineurs de seize ans […] a surtout pour but de faire ressortir que notre législation, sur l’éducation des jeunes détenus, n’est plus en rapport avec les progrès de la science pénitentiaire »640. Les difficultés de la condition carcérale ne lui sont pas étrangères, y compris les viols commis sur les détenus novices, dont on trouve ce récit terrible, au détour d’une archive :
‘« Voici un gamin, écroué de la veille et pour la première fois. Classé, comme un colis, dans un atelier, sans argent, sans soutien, inexpérimenté, au milieu de gens de sac et de corde, étrangers pour la plupart à tout sentiment de pitié, il est forcément une proie facile. Ceux qui ont le plus d’autorité, comme intelligence ou comme force brutale, essaient de l’accaparer. Le petit est choyé, caressé ; la cantine lui est gracieusement octroyée. On lui offre du tabac, du linge, etc. Intrigué, il se demande à quoi rime tout cela. Bientôt des allusions libertines, des sous-entendus libidineux lui font entrevoir une partie de la vérité, mais il se rassure en se voyant, le soir, enfermé dans une petite cellule. Quelle n’est pas sa stupéfaction de sentir, une belle nuit, un de ses admirateurs se glisser dans son lit ! Il veut protester, crier. La persuasion, la menace, la reconnaissance des services rendus amollissent sa résistance ; il cède et se tait. Désormais il est perdu. […] Tous les soirs, les amateurs se succèdent. L’odeur du coït met en rut la vile tourbe des pédérastes, et l’infortuné jeune homme est obligé, sous peine d’être maltraité, de subir les volontés et les brutalités de ses codétenus. »641 ’Le médecin qui décrit cette chute dramatique ne donne aucune précision quant à ses sources d’information : le « gamin » n’a pas de nom, c’est l’Innocence bafouée, une figure emblématique que l’on brandit pour montrer que, mal organisée, la prison corrompt plus qu’elle ne redresse. Lacassagne en est convaincu. L’exemple du jeune détenu violé appuie cette affirmation.
‘« Qu’arrive-t-il ? Peu à peu, il accepte son rôle de “femme”, il devient même provocateur. Et c’est ainsi que cet imberbe – presque un enfant – que la prison devait corriger, se transforme, sous les assauts réitérés de ces mâles assoiffés de luxure, en une infecte catin qui n’a de l’homme que le nom »642. ’La fréquentation régulière des prisons a des conséquences sur l’opinion de Lacassagne à ce sujet : s’il a dans un premier temps adhéré à l’idée républicaine selon laquelle l’enfermement peut amender le criminel, Alexandre Lacassagne ne tarde donc pas changer d’avis sur la question, au regard des conditions de la vie carcérale et à douter de l’efficacité des mesures d’enfermement. Si « la cellule est un sédatif puissant »643, elle ne produit pas les mêmes effets sur l’ensemble de la population carcérale. Elle « n’est utile qu’à ceux que corrige l’idée seule du châtiment, et qu’elle est sans action sur les vrais criminels. Elle n’isole momentanément ces êtres dangereux que pour les rendre à la société plus mauvais et plus rebelles »644. Pour Lacassagne, ces incurables sont « comme atteints d’une ankylose de la volonté. Rien ne pourra redresser ces individualités pliées par le mal »645 qui n’ont donc rien à faire en prison mais qu’il faut reléguer loin de métropole. En revanche elle doit mieux accueillir les « gens incapables de se diriger tout seuls, […] ces timorés, ces hésitants, ces apeurés des heurs de la vie collective [qui] trouvaient [autrefois] le calme et le repos à l’ombre des grands monastères »646. Asile plutôt qu’espace d’enfermement, la prison doit être « convenable et mieux approprié[e] à notre civilisation »647. À cette fin, Alexandre Lacassagne fait preuve d’une vigilance sans faille au sein de la commission de surveillance des prisons. Le courrier qu’il adresse au Procureur de la République de Lyon le 22 janvier 1911 est emblématique de son action :
‘« J’ai l’honneur, en ma qualité de président de la commission de surveillance des Prisons de Lyon et au nom de cette commission qui m’a chargé à l’unanimité de vous transmettre notre plainte, de vous signaler les faits suivants :Les statistiques réunies par le docteur Charles Perrier à propos du régime alimentaire des détenus montre bien cette importance du pain [Tableau 5], car « la nourriture carcérale est une version très appauvrie de celle de la caserne, se composant essentiellement de pain et de soupe, comme pour les paysans les plus démunis »649.
L’institution carcérale française en cette seconde moitié de XIXe siècle est donc placée sous le feu croisé de réflexions multiples et sous les regards de nombreux observateurs, parmi lesquels les médecins jouent un rôle fondamental. Lacassagne est un de ces théoriciens vigilants. Mais il ne se contente pas de fréquenter la prison, il rencontre les criminels à diverses fins.
On a insisté sur la dimension pratique de l’enseignement qu’il dispense. La morgue et l’autopsie ne sont pas les seuls outils à sa disposition. Pour enseigner le phénomène criminel, on ne saurait trouver meilleur terrain que la prison. Il s’y rend donc pour enseigner, et ce dès 1885650, notamment pour exposer à ses étudiants le fonctionnement du bertillonnage, méthode d’identification anthropométrique et anthroposcopique des criminels reposant sur 15 mensurations et des observations sur la couleur de l’iris de l’œil gauche, de la peau et des cheveux. Au cours de l’année 1888, il échange ainsi plusieurs courriers avec le Préfet du Rhône, afin d’obtenir l’autorisation de visiter le local affecté au service des signalements anthropométriques en compagnie de ses élèves : « … je suis obligé de montrer ce qu’était autrefois le signalement du registre d’écrou et ce qu’il devient aujourd’hui grâce à l’Identification par les signalements anthropométriques »651. Il s’agit « de faire voir aux élèves le côté pratique des idées théoriques que j’ai exposées »652. En 1907, Lacassagne appuie la demande du docteur Étienne Martin, alors chef de travaux de médecine légale, qui entend organiser à la prison des conférences, sur le modèle de celles qui « ont été instituées à Paris à l’infirmerie spéciale de la Préfecture de Police ». Il veut « examiner devant les étudiants de quatrième année quelques condamnés. On apprendrait ainsi au futur médecin, d’une façon objective, comment ont doit pratiquer l’examen biologique et psychologique d’un détenu »653. Ses étudiants tirent bénéfice de ces « instructives leçons de “clinique carcérale” instituées par M. le professeur Lacassagne à la Prison Saint-Paul, et professées par M. le Dr Étienne Martin »654. La prison est donc véritablement envisagée comme un terrain d’observation et d’expérimentation, même si l’on a soin que « les sujets […] présentés à ces conférences [soient] les condamnés qui consent[ent] à se prêter à [l’] examen »655. Cela dit, il n’est pas si facile d’obtenir les autorisations nécessaires à l’organisation de telles conférences : les courriers échangés entre Lacassagne et le Préfet du Rhône avec régularité montrent que l’autorisation de pénétrer dans la prison n’est pas acquise une fois pour toute. Il faut renouveler sa demande régulièrement, et pour des sessions d’enseignement précisément définies : « le mercredi 27 Juin, à quatre heures du soir »656, « le lundi 3 mars, à 2 heures. La séance de démonstration serait terminée de 3 h à 3 h ½ »657, « les 2 et 4 mars de deux à trois heures de l’après-midi »658. La requête doit être motivée, l’intitulé du cours précisé, et un certain nombre de recommandations sont parfois nécessaires : pour obtenir le droit d’organiser ses conférences dans la prison Saint-Paul en 1907, Étienne Martin sollicite le soutien écrit de Lacassagne qui précise : « J’assisterai à chaque leçon et je donne l’assurance que tout se passera au mieux »659. Hugounenq, le doyen de la Faculté de médecine, joint sa voix à celle du professeur de médecine légale et n’hésite pas à affirmer qu’il s’agit là d’une « mesure d’intérêt public »660.
Lacassagne a donc fréquenté la prison comme enseignant, mais jamais au titre de praticien : il n’est pas le médecin des prisons lyonnaises en titre661. C’est son fils, Jean, qui est chargé du service antivénérien de la prison de Lyon par le ministère de l’Hygiène, de l’Assistance et de la Prévoyance sociale en février 1923. Des indemnités lui sont versées à ce titre662, et les statistiques qu’il dresse pour le deuxième semestre 1922663 (les seules qui aient été conservées à notre connaissance) précisent qu’il a examiné 96 patients en six mois. Cela dit, si Lacassagne père ne consulte pas en prison, il n’en fréquente pas moins étroitement certains prisonniers, avec lesquels il entretient d’étranges relations qui ne sont pas de l’ordre de celles qu’entretient un médecin avec ses patients. Il s’agit d’observer les criminels dans leur milieu, cet environnement sur l’importance duquel il n’a de cesse d’insister. Afin de mieux comprendre les criminels, Lacassagne recueille l’autobiographie d’un certain nombre d’entre eux. Peut-être cette entreprise lui a-t-elle été inspirée par la lecture de l’autobiographie d’un malfaiteur en argot moderne que publie Georges Delessalle au début de son dictionnaire d’argot664. Quoi qu’il en soit, c’est à des fins de recherche qu’il sollicite ces écrits. Les prisonniers qui s’y soumettent le reconnaissent volontiers, et espèrent en lui :
‘« J’écris ces lignes pour satisfaire aux nobles convoitises scientifiques du plus éminent médecin légiste de cette brillante époque dans l’espoir qu’une providentielle découverte aide sa science à mettre en lumière les mystérieux moyens de réaliser ma réhabilitation » écrit Luigi Richetto de sa cellule de Saint-Paul en juillet 1901665.’Lacassagne n’est en tout cas pas le premier à recueillir d’authentiques témoignages de prisonniers. H. Raynal et P. Joigneaux en ont publié respectivement dès 1836666 et 1846667. Philippe Artières a édité les plus remarquables de ces autobiographies réunies par Alexandre Lacassagne dans Le livre des vie coupables 668. Le médecin obtient ainsi d’Émile Nouguier, jeune « apache »669 – c’est-à-dire voyou dans l’argot du temps, pendant urbain du vagabond des campagnes, « plus hideux encore, […] le rôdeur, “l’homme au couteau, celui qui vit dans les faubourgs, peuple les bouges et les assommoirs” »670 – la rédaction de « confidences » ainsi qu’il les intitule lui-même. Accusé d’un assassinat particulièrement sauvage perpétré en décembre 1898, Nouguier est incarcéré à la prison Saint-Paul, où Lacassagne a l’habitude de se rendre régulièrement, allant à la rencontre des détenus. Le médecin ne tarde pas à s’intéresser à ce détenu graphomane, qui tient très régulièrement un journal et, après avoir demandé à lire ses écrits, il lui demande explicitement de rédiger son autobiographie, lui fournissant au besoin cahiers et crayons :
‘« Vendredi 3 février 1899, 10 h.Nouguier a bien raison, « on » s’intéresse à ce qu’il peut écrire. S’il ne désigne pas nommément Lacassagne, c’est bien lui le commanditaire de l’entreprise, cet observateur discret qui, au travers de l’œilleton, scrute le criminel [Fig.10] comme un entomologiste un insecte.
Ce n’est pas la manifestation d’une curiosité malsaine qui guide ses pas jusqu’à la prison. Certes, il admet avoir le goût des sensations fortes : « Nous aimons les histoires de brigands, les récits qui agissent à la fois sur les sens et les cœurs » écrit-il672, même s’il a alors largement dépassé l’âge des sensations, qu’il situe entre 22 et 28 ans dans la brève autobiographie intellectuelle qui préface le catalogue de son fonds. À ce titre, il ne fait pas exception : « Nous avons tous, peu ou prou, un incoercible goût pour l’horrible, l’anormal et le monstrueux » renchérit Émile Gautier673. Mais si Lacassagne fréquente les prisons, c’est parce qu’il considère le crime comme une question sociale majeure. « Le grand criminel, par l’absurdité de ses meurtres, le nombre de ses victimes, ses mouvements passionnels, ses combinaisons compliquées, paraît sortir du vulgaire »674. Et ces individus, ces monstres au sens premier du terme, le fascinent, comme ils fascinent le XIXe siècle, qui s’est pris de passion pour les problèmes du crime et l’expiation des délits675. Il faut dire qu’il eut l’opportunité d’en examiner de particulièrement sanguinaires. Une sorte de contrat s’établit donc parfois entre le médecin et le criminel : en échange de ses écrits, Nouguier reçoit une rémunération en nature (tabac, gâteau, fromage) ou pécuniaire. Et une relation surprenante s’instaure entre le médecin et ce « patient » peu ordinaire. Le médecin veut sonder le tréfonds de son âme. Nouguier se prête au jeu, et lui livre un véritable autoportrait clinique. Il a bien compris qu’il est dans son intérêt de continuer à susciter celui de Lacassagne, qu’il considère comme son bienfaiteur. C’est en ces termes qu’il lui dédicace d’ailleurs sa photographie [Fig.11] : « Émile Nouguier, à son très généreux bienfaiteur Monsieur le Docteur Lacassagne, Providence des Malheureux Prisonniers ». Cette relation particulière que Lacassagne entretient avec Nouguier n’est pas unique en son genre.
En témoigne ce poème [Fig.12] que lui adresse Henri Vidal, le « tueur de femmes »676, qui en 1901, après deux tentatives infructueuses commises sur des prostituées, tue à l’aide d’un couteau de cuisine une troisième fille publique puis une jeune employée de magasin. Il dit, je crois, mieux qu’un long discours, la nature privilégiée de la relation qu’entretenait Lacassagne avec ces « hommes infâmes »677 :
‘« Monsieur,De telles relations ne se nouent pas rapidement : il a sans doute fallu du temps à Lacassagne pour gagner la confiance de ces hommes avec lesquels il n’a rien de commun. Il lui a fallu « coudoyer quotidiennement la malfaisante engeance “emmurée” » et s’armer « d’une subtilité, d’une patience et d’une largeur d’esprit supérieures »678. À n’en pas douter, il a donc fréquenté assidûment la prison et les prisonniers. À la manière d’un ethnologue qui s’immerge dans la peuplade qu’il étudie, le médecin lyonnais qui, comme ses confrères, pense le monde du crime comme celui d’une « ethnie particulière »679, tente d’en comprendre les rituels, les croyances, le calendrier et les coutumes, car c’est « un monde absolument original, absolument distinct du commun des mortels, […] une nation dans la nation, aussi différente du milieu social qui l’a engendré et dont il constitue, pour ainsi dire, le déchet, les scories, les produits de désassimilation, que pourrait l’être une tribu de gitanos, […] un monde à part, qui a son histoire, ses traditions, ses mœurs, ses coutumes, ses conceptions, ses besoins, sa morale, sa vanité, ses héros, ses gloires, son langage, sa littérature même, son art et sa poésie »680. Or « la méthode d’observation – la seule qui ait encore, en notre siècle décidément positiviste, droit de cité – a ses exigences, qu’on ne saurait impunément éluder. C’est que, pour traiter d’une question quelconque, il faut “y être allé voir” […] pour connaître à fond les prisons, il faudrait y avoir vécu, non pas comme spectateur ou metteur en œuvre, mais comme patient ; il faudrait en avoir personnellement souffert dans sa chair et dans son âme ; il faudrait avoir joué un rôle effectif dans la sombre tragi-comédie pénitentiaire, être entré, pour de vrai, dans “la peau du bonhomme” »681. Ayant la chance de n’avoir pas à goûter personnellement de cette vie recluse, Alexandre Lacassagne doit se trouver des informateurs de premier choix, se méfier des « sources suspectes », qui n’ont jamais « la précision, la netteté, la rigueur qui coupent court d’avance aux interprétations subjectives »682. Émile Gautier est de ceux-là, qui a eu « le peu enviable privilège [d’avoir été] retenu pendant trente-cinq mois sous les verrous, [….] à travers cinq ou six prisons diverses »683. Et Lacassagne possède l’ouvrage qu’il rédige pour relater son expérience. Il fournit à François Desbordes le cahier dans lequel le détenu recopie l’ensemble des imprimés présents dans sa cellule, depuis l’inventaire des objets et du mobilier qui la garnissent jusqu’au règlement de la maison cellulaire d’arrêt et de justice de Lyon en passant par les tarifs des vivres et des objets supplémentaires, note sa cantine du mois, et les paroles de plusieurs chansons. Jean Grobel constitue quant à lui un répertoire de chansons à l’intention du docteur Lacassagne, qui collecte ainsi un certain nombre de documents originaux, à la manière des folkloristes dont il est contemporain.
Le médecin lyonnais veut comprendre le langage du « milieu ». Il se passionne, à l’instar de Lombroso684, pour les « palimpsestes » : « il faut lire sur les murailles et les boiseries des prisons, patiemment gravées à la pointe d’une aiguille ou d’un éclat de vitre, ces devises panachées de sentimentalisme et d’obscénité »685. Pour déchiffrer les murs des postes de police, des préaux, des cellules, des ateliers et des corridors, qui jouent « pour les détenus le rôle protéiforme de théâtre, de tribune, de journal, de bureau de poste et d’agence de renseignements […], bureau permanent d’informations, merveilleux instrument de correspondance »686, Lacassagne tente de percer les mystères de l’argot687 en dressant un dictionnaire sur fiches, avec la collaboration d’Édouard Herriot et du Docteur Edmond Locard. Ce fichier a été conservé, et rassemble quelque 1739 fiches rédigées au moins à trois mains688, rigoureusement renseignées et classées par ordre alphabétique, à l’instar de la première d’entre elle :
‘« Abafointer. v.a. Étonner, extasier. Si vous voulez abafointer votre trèpe et faire une bonne manne, il faut maquiller du beau turbin. (argot des voyageurs). Si vous voulez étonner votre public et faire une bonne quête, il faut faire du beau travail (ici le mot travail s’applique à l’acrobatie) » 689 ’Lacassagne fait ainsi mentir Jean Richepin, qui affirmait en 1896 que « un lexique d’argot, un bon et parfait lexique, n’a jamais été et ne sera jamais fait »690. Des « abatis »691 aux « zéphirs »692 et d’« aganter »693 à « zieuter », le langage des criminels n’a pas de secret pour Lacassagne qui relève cette phrase de Victor Hugo, qui résonne comme une profession de foi :
‘« Qu’on y consente ou non, l’argot a sa syntaxe et sa poésie. C’est une langue. Si, à la difformité de certains vocables, on reconnaît qu’elle a été mâchée par Mandrin, à la splendeur de certaines métonymies, on reconnaît que Villon l’a parlée. C’est toute une langue dans la langue, une sorte d’excroissance maladive, une greffe malsaine qui a produit une végétation, un parasite qui a ses racines dans le vieux tronc gaulois, et dont le feuillage sinistre rampe sur tout un côté de la langue. Formation profonde et bizarre, édifice souterrain bâti en commun par tous les misérables, chaque race maudite a déposé sa couche, chaque souffrance a laissé tomber sa pierre, chaque cœur a donné son caillou »694.’Lacassagne cherche donc à apprendre ce langage étranger, pour mieux communiquer avec ceux qui le parlent, les criminels. Et à cette fin, il a besoin d’un professeur, car « pour le sens actuel des mots employés en argot, il faudrait un observateur consumant sa vie dans les milieux étranges, et souvent peu accessibles, et pareil homme ne saurait se rencontrer »695… si ce n’est en prison. « L’auteur du dictionnaire d’argot devrait être à la fois le plus consciencieux des rats de bibliothèque et le plus audacieux des batteurs de pavé »696. Lacassagne réussit ce tour de force en s’adjoignant les services d’Émile Nouguier, jeune détenu qui a un peu d’éducation697 pour étudier cette « langue changeante et mobile »698. Le médecin lyonnais le charge de réaliser une petite étude critique du Dictionnaire d’argot de Delessalle. Nouguier se prête volontiers au jeu :
‘« Ce que nous voulons, c’est connaître la traduction et la définition des mots d’argot employés actuellement. Or, c’est ce que n’ont pas fait MM. Delessalle et X. En voyant ce volume, on est tout d’abord surpris de l’importance de son format, mais en le consultant cette surprise change de forme, et c’est le contraire qui se produit. Comment pourrait-il en être autrement, lorsqu’on y voit des mots passés depuis longtemps en langue française et qui figurent sur les ouvrages de Larousse, Bécherel, etc. […] Présenté dans de telles conditions, cet ouvrage est donc absolument incomplet. […] La plupart des mots y figurant sont inconnus de ceux qui parlent couramment l’Argot, ont une autre signification, ou ne signifient rien »699.’Il précise, à l’adresse de « Monsieur le Professeur » Lacassagne : « Je vous signale les erreurs […] en indiquant à l’encre rouge les corrections à faire » et dresse la liste des « mots d’argot recueillis dans le dictionnaire de M. Delesalle indiqués avec leur véritable signification et qui doivent être ajoutés aux fiches [en l’occurrence le dictionnaire d’argot sur fiches présenté ci-dessus, à l’élaboration duquel on a donc la certitude qu’il a pris une part active]. Ceux figurant sur les feuilles intercalées et marqués d’un astérisque doivent être supprimés ». Suit une critique presque mot par mot du dictionnaire de Delesalle, critique qui ne manque d’ailleurs pas d’humour700. Ainsi lit-on701 :
‘« Acacias : Faire ses acacias, être habitué de l’Avenue des Acacias au Bois de Boulogne ! Pas possible ! Alors : les habitués du Boulevard des Italiens à Paris font leurs italiens, ceux de la place Bellecour à Lyon font leurs marronniers, ceux de la Promenade du Prado à Marseille font leurs platanes ou leur prado, ceux de la Promenade des Anglais à Nice font leurs palmiers, ceux de la Wilhemstrass à Berlin font leurs tilleuls, etc., etc., etc. »’ou encore :
‘« Droiter : Député qui siège à droite. Tiens ! et ceux qui siègent à Gauche, ce sont des Gauchés [sic.] ? probablement. Et dire qu’il y a des gens qui prétendent que La Palisse est mort ». ’Plus sérieusement, Nouguier théorise véritablement sur le sujet :
‘« Il n’y a pas d’argot lyonnais proprement dit. L’argot français est le même partout et vient de Paris. Il n’y a seulement que quelques mots employés dans le langage populaire ou familier qui soient propres à la ville de Lyon, et qui sont sinon inconnus dans les autres villes de France, du moins ne s’y parlent pas, tels que : Noyau, Anchois, Sardine (élèves de 1e, 2e et 3e année de l’École la Martinière), Canezard, Gône, Équevilles, etc.Où l’on voit la nécessité, même en argot, de s’entendre sur ce que les mots veulent dire… Car « si l’auteur [de ce dictionnaire] allait parler pareil charabia aux abattoirs de la Villette, il se ferait assommer à coups d’épaule de mouton » promet Nouguier702, qui tente de présenter les règles générales de l’argot :
‘« Dans tous les mots commençant par une consonne on supprime cette consonne que l’on remplace par la lettre L, et on l’ajoute à la fin du mot en la faisant suivre des différents suffixes “ê” (et) pour l’argot lyonnais, “em” pour l’argot boucher. J’ajoute : lorsque deux consonnes se suivent en commençant un mot, on les reportent [sic.] toutes deux à la fin de ce mot et on y ajoute les suffixes “et” ou “em” en commençant par le préfixe L.Il adjoint même à ces règles générales quelques exemples de conversations :
‘« D’où viens-tu ? Loudé liensvé luté ?C’est une longue collaboration qui s’établit donc, au cœur de la prison Saint-Paul, entre le médecin criminologue et le détenu graphomane, pour saisir « l’idiome de la corruption […qui], comme il cherche à se dérober, sitôt qu’il se sent compris, se transforme, […] va se décomposant et se recomposant sans cesse. Cartouche parlerait hébreu pour Lacenaire : tous les mots de cette langue sont perpétuellement en fuite, comme les hommes qui les prononcent »703. La principale difficulté, c’est justement ce caractère mouvant de la langue argotique, « organisme vivant, en perpétuelle décomposition et recomposition, […] essentiellement instable [… qui] passe, court, roule, goule, se déforme, se reforme, meurt, renaît, flotte, flue, file, fuit, échappe à la notation, L’instantané qu’on en prend aujourd’hui n’est plus ressemblant demain. Aucun fixatif n’en assure l’exactitude »704. Les mises à jour sont donc incessantes, et la collaboration entre le médecin et le criminel ne s’interrompt qu’avec l’exécution de Nouguier, qui survient en février 1900. Un certain Jacques René, également détenu à Saint-Paul, tente de prendre le relais et écrit à Lacassagne le 8 octobre 1900 alors qu’il attend son pourvoi en cassation, pour lui proposer également sa collaboration en ces termes : « je désirerais voir les dictionnaires que vous possédez, je vous indiquerai sur une feuille à part les mots tombés en désuétude ou inexacts qu’ils renferment et commencerai mon classement aussitôt que je les aurai reçu. J’ai trouvé jusqu’à présent 1147 mots […] »705. Il espère obtenir pour prix de collaboration l’intercession de Lacassagne en sa faveur, afin de « ne partir de Saint-Paul qu’au convoi de décembre ou de janvier […] pour mener à bien le travail »706 qui lui a été confié.
Enfin, Lacassagne intervient au titre de philanthrope auprès des anciens détenus. Membre de la Société de patronage des libérés du Rhône707, qui prend en charge les anciens prisonniers à la fin de leur peine pour favoriser leur réinsertion, il adhère pleinement à sa mission qui est « d’assister et d’encourager les condamnés, au moment de leur rentrée dans la vie libre, de les prémunir contre les entraînements et les périls de toute nature qui les menacent, à l’heure inéluctable de l’humiliation du passé et de l’inquiétude pour l’avenir »708. La Société de patronage des libérés du Rhône, qui se substitue à l’Œuvre de la Miséricorde en charge de la surveillance et des soins matériels à donner aux prisonniers709, intervient auprès d’eux pendant et après leur peine : « elle leur rend la détention moins pénible et la vie monotone de la prison plus supportable »710, « elle place les pupilles qui se trouvent dans une malheureuse situation de famille et se montrent dignes de sa protection. Elle leur cherche un emploi, puis sollicite leur libération provisoire »711 , « elle accorde […] des secours en bons de vivre et de logement »712. Cette philanthropie n’est pas gratuite, car « le patronage des détenus libérés doit répondre à la fois aux intérêts de la sécurité publique et à la mission d’humanité que la société doit remplir à l’égard des détenus »713 : « les meilleures institutions pénitentiaires risquent de demeurer inefficaces si, à l’heure de la libération, le détenu qu’elles ont eu pour but de moraliser est livré, sans transition et sans appui, à toutes les difficultés de l’existence, à tous les dangers de la liberté »714. Difficile de trouver un travail quand on est flétri par une condamnation. Le courrier qu’adresse Lucien Morelle à Alexandre Lacassagne, sous couvert du directeur715 de l’asile des hommes aliénés de Saint-Georges, dans l’Ain, en août 1894, est symptomatique de cette fonction d’assistance qui est alors assumée par des personnes privées, et de la renommée dont jouit Alexandre Lacassagne parmi les détenus :
‘« Monsieur, en votre qualité de Président du prochain congrès du Patronage des libérés, j’ai l’honneur d’attirer votre attention et votre bienveillance sur moi, Lucien Morelle, ex-libéré abandonné à lui-même après une condamnation qui fut la fin d’une comédie politico-anarchiste qui se termina par une tragédie. […]Bien sûr, l’intervention de la Société de patronage est souvent beaucoup plus modeste717. Le compte rendu de l’année 1882 nous apprend ainsi que « cette année-là : 556 libérés ont reçu des vêtements à leur sortir de prison, 51 ont reçu des bons de logement et de vivres, 97 on reçu des secours en argent, 53 ont été placés chez divers bienfaiteurs, 484 se sont placés eux-mêmes, 3 jeunes détenus se sont engagés, 2 ont été placés en apprentissage, 11 ont été réconciliés avec leurs familles, 29 ont été renvoyés à leurs familles. [Par ailleurs], 8 femmes ont reçu des soins et trouvé du travail dans l’asile de la Solitude, qui les ont préservées des éventualités dangereuses auxquelles la difficulté de gagner leur vie les auraient exposé ». Au total en 1882, « la dépense totale s’est élevée à 3.903 fr.65 »718. Les Sociétés de patronage des libérés voient leur importance accrue719 consécutivement à la loi du 14 août 1885, en vertu de laquelle, « tout condamné à l’emprisonnement peut, après avoir accompli trois mois de détention, si la peine est inférieure à six mois, ou dans le cas contraire la moitié de sa peine, être mis conditionnellement en liberté, s’il a satisfait aux dispositions réglementaires fixées par l’administration »720.
La Société de patronage des libérés et la Commission de surveillance des prisons travaillent main dans la main, car « il appartient à la Commission de surveillance des prisons de préparer par le travail le relèvement moral des détenus, et à la Société de patronage de l’assurer en offrant aux détenus libérés, sous conditions ou définitivement, un asile où ils trouvent le logement, la nourriture et le travail, jusqu’à ce qu’ils puissent se placer chez des particuliers ou chez des patrons »721, et Lacassagne intervient là encore en prison, sur ces deux fronts.
Du Quercy à Lyon en passant par Strasbourg assiégé et l’Algérie coloniale, voilà quel a été le parcours d’Alexandre Lacassagne. Ce panorama des lieux qu’il fréquenta nous a permis, déjà, d’évoquer bien des aspects de cette personnalité complexe, et d’une pensée scientifique qu’on a trop longtemps réduite à quelques aphorismes. C’est désormais à l’étude des milieux dans lesquels Lacassagne a évolué qu’il nous faut nous intéresser.
Michel Foucault, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, 1975, 360 p.
Publié par Michelle Perrot sous le titre L’impossible prison. Recherches sur le système pénitentiaire au XIXe siècle, Paris, Seuil, 1980, 317 p.
Pierre Deyon, Le Temps des prisons. Essai sur l’histoire de la délinquance et les origines du système pénitentiaire, Paris, Éditions Universitaires, 1975, 190 p.
Michel Foucault, op.cit., 1975, p.267.
Jacques-Guy Petit, Claude Faugeron et Michel Pierre, Histoire des prisons en France (1789-2000), Toulouse, Privat, 2002, 254 p.
On reprend ici les deux grandes scansions chronologiques retenues par Jacques-Guy Petit, Claude Faugeron et Michel Pierre, op.cit., 2002, p.7-9.
Robert Badinter, La prison républicaine : 1871-1914, Paris, Fayard, 1992, 429 p.
Jacques Léonard, « L’historien et le philosophe. À propos de Surveiller et punir. Naissance de la prison », in Michelle Perrot (éd.), op.cit., 1980, p.11.
Jacques-Guy Petit, Claude Faugeron et Michel Pierre, op.cit., 2002, p.136.
Jacques-Guy Petit, Claude Faugeron et Michel Pierre, op.cit., 2002, p.140.
Jacques-Guy Petit, Claude Faugeron et Michel Pierre, op.cit., 2002, p.156.
Jacques-Guy Petit, Claude Faugeron et Michel Pierre, op.cit., 2002, p.159.
Philippe Artières, Le livre des vies coupables. Autobiographies de criminels (1896-1909), Paris, Albin Michel, 2000, p.12.
A. Combe et G. Charavay, Guide de l’étranger à Lyoncontenant la description des monuments, des curiosités et des lieux publics remarquables, Lyon, Librairie de Charavay Frères, 1847, p.36. [BML FA 805137]
Alexandre Lacassagne, « Rapport fait le 1er avril 1886, à la Commission de surveillance des prisons de Lyon », f.5. Dossier de notes diverses, la plupart autographes. [BML FA Ms5172]
Alexandre Lacassagne, « Rapport… », op.cit., f.4. [BML FA Ms5172]
M. Raux, directeur de la 20e circonscription pénitentiaire, en livre une description exhaustive dans son ouvrage : Nos jeunes détenus. Étude sur l’enfance coupable avant, pendant et après son séjour au quartier correctionnel, Lyon, Storck, 1890, p.53-55. BML FA 135195
A. Combe et G. Charavay, op.cit., 1847, p.37. [BML FA 805137]
Michel Foucault, op.cit., 1975, p.233.
Article premier de la loi du 5 juin 1875 sur le régime des prisons départementales.
M. Artus, L’Œuvre législative de la troisième république dans le domaine des questions pénales et pénitentiaires. Discours prononcé à l’audience solennelle de rentrée de la cour d’appel de Toulouse, Toulouse, 1892, p.13. [BML FA 136779]
M. Artus, op.cit., 1892, p.13.
À cette date, la Commission de Surveillance des prisons de Lyon nomme « une sous-commission à l’effet de lui faire un rapport sur l’installation générale des prisons de la Ville de Lyon, sur leur état actuel, les améliorations d’ordre divers qui pourraient ête apportés ». Ses membres sont : MM. Fayard, Claret, Fluret, Marc Guyaz et Lacassagne, ce dernier en étant le rapporteur. La commission s’est retrouvée le 15 mars 1886 pour procéder à la viste successive de « la maison de correction, la maison d’arrêt, soit des hommes, soit des femmes, le quartier correctionnel, le bâtiment cellulaire. Le 20 mars le dépôt, dit « prison de Roanne », a été visité. Alexandre Lacassagne, « Rapport fait le 1er avril 1886, à la Commission de surveillance des prisons de Lyon », 9 f. Pièce n°576 dans Dossier de notes diverses, la plupart autographes. [BML FA Ms5172].
Alexandre Lacassagne, « Rapport fait le 1er avril 1886, à la Commission de surveillance des prisons de Lyon ». Dossier de notes diverses, la plupart autographes. [BML FA Ms5172].
Philippe Artières, op.cit., 2000, p.13.
Alexandre Lacassagne, « Rapport… », op.cit., f.7. [BML FA Ms5172]
Alexandre Lacassagne, « Rapport… », op.cit., f.13. [BML FA Ms5172]
Philippe Artières, op.cit., 2000, p.13.
Jacques-Guy Petit, Claude Faugeron et Michel Pierre, op.cit., 2002, p.84.
Sur le sujet, voir Jacques Léonard, « Les médecins des prisons en France au XIXe siècle », in La Prison, le bagne, l’histoire, Paris, Librairie des Méridiens, 1984, p.141-151.
Nombreux sont alors les médecins qui s’intéressent à la prison : Émile Laurent notamment, interne à l’infirmerie centrale des prisons de Paris, puis le docteur Perrier, multiplient les études sur tous les aspects de la vie carcérale.
Citons, à titre d’exemple :
Henry Joly, « Les lectures dans les prisons de la Seine », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1886, p.305-317.
Émile Laurent, « Les dégénérés dans les prisons de la Seine », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1888, p.564-588.
Émile Laurent, « Régime hygiénique et alimentaire des détenus dans les prisons de la Seine », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1891, p.520-528.
Charles Perrier, Emprisonnement et criminalité. La maison centrale de Nîmes, ses organes, ses fonctions, sa vie, Paris, Masson, 1896, 223 p.
Statistique des prisons et Etablissements pénitentiaires, et Comptes rendus par J. Jaillant pour 1871 et 1872, et par Choppin pour 1873, 1874, 1875, 1876, Paris, Société d’imprimerie et de librairie administratives et des chemins de fer, 1874-1876, 3 vol., 370 p.+ 539 p.+ 482 p. [BML FA 135281]
Cet ensemble documentaire considérable aborde tous les aspects de la vie des détenus, depuis leur âge et leur état civil, jusqu’au coût de chacune des institutions de réclusion (maisons centrales, pénitenciers agricoles, maisons de détention et maisons de correction), en passant par leur état disciplinaire et sanitaire, et ce à l’échelle nationale.
Conformément au règlement de 1893 de la Maison cellulaire d’arrêt de justice de Lyon (20e circonscription pénitentiaire, département du Rhône), article 4 : « Les membres de la Commission de Surveillance et les membres de la Société de patronage sont priés de visiter les détenus. (Instruction du 3 Juin 1878, art.33. Décret du 11 novembre 1885, Art.5). » [ADR 1Y285]
E. Fayard, Commission de surveillance des Prisons de Lyon. Rapports 1885 et 1886, Lyon, Pitrat, 1886, 14 p. [BML FA 137091]
Martine Kaluszynski, « Construire la loi. La Société générale des prisons (1877-1900) », in Martine Kaluszynski, & Sophie Wahnich (dir.), L’État contre la politique. Les expressions historiques de l’étatisation, Paris, L’Harmattan, 1998, p. 206.
Martine Kaluszynski, « La Société générale des prisons et la Revue pénitentiaire (1877-1900) ». Article en ligne :
http://www.criminocorpus.cnrs.fr/article.php3?id_article=145 [Article consulté le 30 juin 2008]
Voir aussi Robert Badinter, « La Société générale des prisons », La prison républicaine : 1871-1914, Paris, Fayard, 1992, p.88-93.
Programme de la Société générale des prisons, Revue pénitentiaire, n°1, août 1877, p.4.
Idem.
Fernand Desportes, « La Société générale des prisons », Bulletin de la Société Générale des prisons, 1877, p.8.
À ce sujet, voir Martine Kaluszynski, « La Revue pénitentiaire 1877-1900. Un réseau de réformateurs sociaux », in Frédéric Chauvaud & Jacques-Guy Petit (dir.), L’histoire contemporaine et les usages des archives judiciaires (1800-1939), Paris, Honoré Champion Editeur, 1998, p.269-287.
Bulletin de la Société générale des prisons, n°3 (mars 1882) et n°4 (avril 1882), Paris, Impr. Chaix, 1882, 115 p.+ 111 p. BML FA 135282
Robert Badinter, op.cit., 1992, 429 p.
Notons au passage que cette évolution ne concerne pas seulement la France. Certains documents conservés dans le fonds Lacassagne nous apprennent ainsi que ces réflexions sont partagées, notamment en Belgique ou aux Etats-Unis et que Lacassagne s’y intéresse :
F. Heger-Gilbert et L. Verwæck, « Considérations sur le régime pénitentiaire. Les annexes psychiatriques et l’amendement par le travail », in Bulletin de l’Académie de Médecine de Belgique, 1919, p.487-518. BML FA 137099
Frederick Howard Wines, The Restoration of the Criminal. A Sermon preached on Prison Sunday, October 21, 1888, at Springfield, Illinois, Springfield, Rokker Printer and Binder, 1888, 22 p. BML FA137100
À titre d’exemple : Vicomte d’Haussonville, Rapport sur le régime des prisons de France, Paris, Impr.Nationale, 1874, 536 p. [BML FA 135310]
Félix Voisin, Rapport sur le projet de loi concernant les jeunes détenus, Paris, Impr. nationale, 1874, 107 p. [BML FA 135310]
Enquête parlementaire sur le régime des établissements pénitentiaires, Paris, Impr. nationale, 1873-1875, 8 vol. [BML FA 135310]
M. Beltrani Scalia, La riforma penitenziaria in Italia studi e proposte, Roma, Artero, 1879, 368 p. [BML FA 429273]
G.-Fr. Almquist, La Réforme pénitentiaire en Suède, Stockholm, 1885, 70 p. [BML FA 137078]
Statistique des prisons…, op.cit., 1874-1876, 3 vol. [BML FA 135281]
Congrès pénitentiaire international, Paris 1895, Melun, 1895, 31 fascicules. [BML FA 135301]
Sur les 79 publications référencées à l’entrée « prisons, prisonniers, établissements et systèmes pénitentiaires (législation, mœurs, hygiène, régime, statistique, etc.), sont antérieures à 1870. On en dénombre six pour la période 1871-1879 (dont les vastes rapports et statistiques présentés ci-dessus, qui doivent permettre d’étayer la réflexion du législateur) ; 23 pour la période 1879-1899, et seulement 14 pour la période 1900-1914. Signalons toutefois que le mouvement de réflexion sur les prisons s’inscrit dans une perspective chronologique plus large, tant il est vrai que « le XIXe siècle français est le grand siècle de la prison pénale » selon Jacques-Guy Petit (Introduction, op.cit., 1984, p.3) : 26 publications conservées dans le fonds Lacassagne sont antérieures à 1870, révélant un intérêt pour le sujet plus âgé de la République, et six ouvrages datent d’après 1914. Signalons notamment l’importante étude en trois volumes que signe C. Lucas, De la réforme des prisons ou de la théorie de l’emprisonnement, de ses principes, de ses moyens et de ses conditions pratiques, Paris, Legrand & Bergounioux, 1836-1838 , 3 vol.
Émile Gautier, Le monde des prisons, Lyon, Storck, 1888, p.1. BML FA 137082
Raphaël Simons, « Le Crime et la Défense Sociale », in Revue de Droit Pénal et de Criminologie, n°8-11, 1908, p.5. BML FA 136777
Alexandre Lacassagne, « Discours d’ouverture au IIe Congrès du patronage des libérés, Lyon, 1894 », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1894, p.409.
Raphaël Simons, op.cit., 1908, p.6.
Idem.
Depuis 1888, la France pénitentiaire est divisée en 32 circonscriptions dont le siège administratif est une maison centrale. Sur ce point voir : « Châtiment et expiation », dans Jacques-Guy Petit, Claude Faugeron et Michel Pierre, op.cit., 2002, p.138-sq.
Voir également les travaux de Christian Carlier sur l’administration pénitentiaire et son personnel notamment Les surveillants au parloir, Paris, Les Éditions de l’Atelier, 1996, 191 p. et son Histoire du personnel des prisons françaises du XVIIIe siècle à nos jours, Paris, Les Éditions de l’Atelier, 1997, 261 p.
Courrier de M. Raux au docteur Lacassagne, Lyon, 24 février 1890. BML Ms5174 C’est M. Raux qui souligne.
Bulletin de la Société générale des prisons, 1898. Cité par M. Artus, op.cit., 1892, p.6-7.
Alexandre Lacassagne, « Rapport… », op.cit., f.13.
M. Artus, op.cit., 1892, p.8.
M. Artus, op.cit., 1892, p.9.
Discours de Bérenger au Sénat. Cité par M. Artus, op.cit., 1892, p.9.
On emprunte l’expression à Jacques-Guy Petit, Claude Faugeron et Michel Pierre, op.cit., 2002, p.147-sq.
Jacques-Guy Petit, Claude Faugeron et Michel Pierre, op.cit., 2002, p.147.
Idem.
Alexandre Lacassagne, « Discours d’ouverture …», in Archives de l’anthropologie criminelle, 1894, p.408.
Alexandre Lacassagne, « Les châtiments corporels en Angleterre », in Revue critique, 1911, p.35. BML FA 135729
La diversité des peines qui y sont décrites n’est pas sans rappeler Le jardin de supplices d’Octave Mirbeau : écartèlement, peine du feu à vif, peine de la roue, potence, tête tranchée, peine d’être traîné sous une claie, fouet, flétrissure ou marque avec un fer chaud, pendaison sous les aisselles, poing coupé ou brûlé, langue coupée ou percée, lèvre coupée ou fendue, carcan et pilori, etc.
Hippolyte Laurent, Les châtiments corporels, Lyon, Phily, 1912, p.5. BML FA 135768
Idem.
M. Artus, op.cit., 1892, p.10-11.
Idem.
M. Artus, op.cit., 1892, p.12.
« Un arrêté du 29 février 1912 supprim[e] les emplois d’instituteurs externes dans les établissements de jeunes détenus. Une circulaire du 26 mars 1921 supprim[e] également la pratique de recruter des surveillants auxiliaires chargés de remplacer les titulaires pendant leurs jours de repos […] Comme le note Christian Carlier […], c’est tout un faisceau de regards extérieurs qui disparaît. […] La prison se replie sur elle-même […devenant un] système opaque et sclérosé », Jacques-Guy Petit, Claude Faugeron et Michel Pierre, op.cit., 2002, p.166.
M. Artus, op.cit., 1892, p.17.
M. Artus, op.cit., 1892, p.26-27.
M. Artus, op.cit., 1892, p.29.
M. Raux, op.cit., 1890, p.II. BML FA 135195
Sur le sujet, voir notamment Y. Roumajon, Enfants perdus, enfants punis. Histoire de la jeunesse délinquante en France, huit siècles de controverses, Paris, Robert Laffont, 1989, 351 p.
M. Artus, op.cit., 1892, p.39.
On songe ici notamment aux lois scolaires du 16 juin 1881 et du 18 mars 1882, établissant la gratuité de l’enseignement primaire dans les écoles publiques. Citons encore la loi du 23 janvier 1873 protégeant la santé et la moralité des enfants en interdisant la vente de boissons alcooliques aux mineurs de moins de 16 ans ; la loi du 19 mai 1874 qui réglemente le travail des enfants employés dans l’industrie ; celle du 7 décembre 1874 prohibant les tours de forces périlleux, les exercices qui dépriment les corps et les exhibitions sur les tréteaux afin de sauvegarder dans le même temps leur santé et leur moralité ; et la loi du 29 juillet 1889 sur la déchéance de la puissance paternelle.
Sur ce sujet, voir Laurent Mucchielli, « Criminologie, hygiénisme et eugénisme en France (1870-1914) : débats médicaux sur l’élimination des criminels réputés “incorrigibles” », in Revue d’Histoire des Sciences Humaines, n°3, 2000, p.57-89.
M. Raux, op.cit., 1890, p.II. BML FA 135195
Charles Perrier, « La pédérastie en prison », in Annales d’hygiène et de médecine légale, Lyon, Storck, 1900, p.17. [BML FA 136050] C’est l’auteur qui souligne.
Charles Perrier, op.cit., 1900, p.17.
Alexandre Lacassagne, « Discours d’ouverture… », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1894, p.408.
Idem.
Alexandre Lacassagne, « Discours d’ouverture… », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1894, p.409.
Idem.
Idem.
« Courrier d’Alexandre Lacassagne au Procureur de la République, 22 janvier 1911 », Dossier sur la Répression des Fraudes. Plainte la Commission de surveillance des prisons au sujet de la mauvaise qualité de la farine et du pain. Prélèvements à effectuer. [ADR 1Y36]
Guy Petit, Claude Faugeron et Michel Pierre, op.cit., 2002, p.82.
« Depuis 1885, Monsieur le Professeur Lacassagne, grâce à la bienveillance de l’administration préfectorale, a obtenu l’autorisation de montrer aux étudiants en médecine, à la prison St Paul, le fonctionnement du Bertillonnage », selon un courrier du docteur Étienne Martin au Directeur des Prisons de Lyon, le 18 juillet 1907. [ADR 1Y285]
« Courrier d’Alexandre Lacassagne au Préfet du Rhône, 28 mai 1888 ». [ADR 1Y22]
« Courrier d’Alexandre Lacassagne au Préfet du Rhône, 21 février 1890 ». [ADR 1Y22]
« Courrier du docteur Étienne Martin au Directeur des Prisons de Lyon, le 18 juillet 1907 ». [ADR 1Y285]
G. Ludovic Beaufort, Du tempérament criminel, Lyon, Storck, 1906, p.9. BML FA 135705
Courrier du docteur Étienne Martin au Directeur des Prisons de Lyon, le 18 juillet 1907 ». [ADR 1Y285].
« Courrier d’Alexandre Lacassagne au Préfet du Rhône, 28 mai 1888 ». [ADR 1Y22]
« Courrier d’Alexandre Lacassagne au Préfet du Rhône, 21 février 1890 ». [ADR 1Y22]
« Courrier d’Alexandre Lacassagne au Préfet du Rhône, 28 février 1890 ». [ADR 1Y22]
« Courrier d’Alexandre Lacassagne à l’appui du courrier d’Étienne Martin au Directeur des Prisons de Lyon, le 18 juillet 1907 ». [ADR 1Y285]
« Courrier de Hugounencq à l’appui du courrier d’Étienne Martin au Directeur des Prisons de Lyon, le 18 juillet 1907 ». [ADR 1Y285]
Conformément au règlement de 1893 de la Maison cellulaire d’arrêt de justice de Lyon (20e circonscription pénitentiaire, département du Rhône), article 3 : « Le médecin passe dans les cellules occupées une fois par semaine au moins. (Instruction du 3 Juin 1878, art.33. Décret du 11 novembre 1885, art.41 et 64) ». [ADR 1Y285]
Les rapports annuels des médecins sur la situation sanitaire des prisons de Lyon, conservés aux ADR pour les années 1885 à 1898, 1900, 1911 à 1919 permettent de connaître le nom de ces médecins, spécifiquement chargés de la population carcérale lyonnaise. Même si des lacunes demeurent, on peut dresser la chronologie suivante : 1897-1899 : Dr Blanc ; 1908-1909 : Dr Carry ; 1917-1918 : Dr Lamberger ; 1920 : Dr Morin.
« Le Ministre de l’ l’Hygiène, de l’Assistance et de la Prévoyance sociales à Monsieur le Préfet du Rhône.
J’ai l’honneur de vous faire connaître que, par arrêté du 27 février 1923 j’ai mis à votre disposition une somme de deux cent cinquante francs imputables sur le Chapitre 34 Exercice 1922 pour indemnité allouée à M. le Docteur Lacassagne chargé du service antivénérien à la prison de Lyon ». [ADR 1Y247]
[ADR 1Y247]
Georges Delessalle, « Autobiographie d’un malfaiteur en argot moderne », in Dictionnaire Argot-Français & Français-Argot de Georges Delessalle, Paris, Olendorff, 1896, p.XIX-XX. BML FA Ms5296
Philippe Artières, op.cit., 2000, p.166. Le manuscrit publié par Philippe Artières est conservé à la Bibliothèque municipale de Lyon [BML FA Ms5370]
Hippolyte Raynal, Sous les verrous, Paris, A. Dupont, 1836, 361 p.
P. Joigneaux, L’Intérieur des prisons. Réforme pénitentiaire, système cellulaire, emprisonnement en commun, suivis d'un dictionnaire renfermant les mots les plus usités dans le langage des prisons. Par un détenu, Paris, J. Labitte,1846, 249 p.
Philippe Artières, op.cit., 2000, 425 p.
Sur ce point, voir notamment :
Michelle Perrot, « Dans la France de la Belle Époque, les “Apaches”, premières bandes de jeunes », in Les marginaux et les exclus dans l’histoire. Cahiers Jussieu n°5, Paris, Union générale d’éditions, 1979, p.387-407.
« Archéologie de l’“apachisme” : barbares et Peaux-Rouges au XIXe siècle », in Dominique Kalifa, Crime et culture au XIXe siècle, Paris, Perrin, 2005, p.44-66.
« L’invention de l’apache », in Dominique Kalifa, L’encre et le sang. Récits de crimes et société à la Belle Époque, Paris, Fayard, 1995, p.152-161.
Dominique Kalifa, op.cit., 1995, p.152.
Journal d’Émile Nouguier, Distractions d’un prisonnier, prison Saint-Paul, février 1899-février 1900. [BML FA Ms5369]
Cité par Philippe Artières, op.cit., 2000, p.27.
E. Gautier, Le Monde des prisons, Lyon, Storck, 1888, p.1. [BML FA 137082]
Alexandre Lacassagne, Préface au livre d’Émile Laurent, Le Criminel aux points de vue anthropologique, psychologique et social, Paris, 1908, p.VI.
L’organisation des expositions universelles internationales à Turin (1884), Rome (1885), puis Paris (1889) est emblématique : on peut y visiter des salles consacrées à l’anthropologie criminelle. « Les murs étaient couverts de cartes et de diagrammes relatifs à la criminalité, de photographies de brigands, de fous meurtriers et d’assassins, de caricatures d’aliénés exécutées par un épileptique, de peaux tannées d’assassins tatoués et de fraphiques résumant des observations anthropométriques », Jacques-Guy Petit, Claude Faugeron et Michel Pierre, op.cit., 2002, p.139.
À ce sujet, voir Philippe Artières et Dominique Kalifa, Vidal, le tueur de femmes : une biographie sociale, Paris, Perrin, 2001, 270 p.
On emprunte l’expression à Philippe Artières.
E. Gautier, op.cit., 1888, p.2.
Cité par Philippe Artières et Gérard Corneloup, op.cit., 2004, p.96.
E. Gautier, op.cit., 1888, p.5.
E. Gautier, op.cit., 1888, p.2-3.
Idem.
Idem.
Cesare Lombroso, Les palimpsestes des prisons, Lyon, Storck, 1894, 404 p. [BML FA 135200]
E. Gautier, op.cit., 1888, p.9.
E. Gautier, op.cit., 1888, p.10.
Le fonds Lacassagne recèle 25 références sur le sujet, outre le dictionnaire sur fiches, manuscrit, élaboré par Lacassagne, les 35 feuillets de notes diverses, manuscrites, de l’assassin Nouguier sur le sujet [BML FA Ms 5301], et le dossier de pièces imprimées réunies par Alexandre Lacassagne lyonnais [BML FA 140746].
Certaines fiches sont simplement signées d’une initiale : « N. », en l’occurrence le condamné à mort Nouguier. Sur d’autres, on reconnaît l’écriture d’Alexandre Lacassagne. Le dernier rédacteur, enfin, reste non identifié.
Première fiche du Dictionnaire d’argot sur fiches d’Alexandre Lacassagne, Edouard Herriot et Edmond Locard [BML FA Ms 5298-5299]
Préface de Jean Richepin au Dictionnaire Argot-Français & Français-Argot de Georges Delessalle, Paris, Olendorff, 1896, p.VI. BML FA Ms5296
« Abatis : Grands bras », Notes sur l’argot BML FA Ms5301
« Zéphir : même signification que Joyeux c’est-à-dire soldat des bataillons disciplinaires », Notes sur l’argot BML FA Ms5301
« Aganter : arrêter. Il s’est fait aganter : il a été mis en état d’arrestation », Notes sur l’argot BML FA Ms5301
Notes manuscrites de Lacassagne sur l’argot. BML FA Ms5296
Préface de Richepin, op.cit., 1896, p.V. BML FA Ms5296
Idem.
Sur ce point, voir son autobiographie dans Philippe Artières, op.cit., 2000, p.87-sq. : « … mes aptitudes me firent bientôt laisser en arrière tout le reste de la classe. les maîtres s’extasiaient de la facilité avec laquelle j’apprenais. […] Mon père à ce moment prenait un grand soin à mon instruction et chaque soir vérifiait mes devoirs et me faisait réciter mes leçons. […] Tout alla bien pendant un an ou deux. Je faisais partie des quelques élèves qui devaient être présentés au certificat d’études et qui recevaient un cours d’instruction spécial ».
Notes manuscrites de Lacassagne sur l’argot. BML FA Ms5296
Notes sur l’argot BML FA Ms5301
Chacune des 426 pages du dictionnaire est accompagnée d’une page manuscrite de corrections, proposées par Nouguier.
On a mis en italique les commentaires de Nouguier.
Notes manuscrites sur l’argot. BML FA Ms5296
Charles Nodier, cité dans les notes manuscrites de Lacassagne sur l’argot. BML FA Ms5296
Préface de Richepin, op.cit., 1896, p.VII. BML FA Ms5296
Lettre de Jacques René au Professeur Alexandre Lacassagne, 8 octobre 1900. Dossier de pièces imprimées sur l’argot BML FA 140746
Idem.
Cette société, créée en 1835 à l’initiative de Charles Lucas, inspecteur général des prisons, entend notamment « surveiller les jeunes libérés et … pourvoir à leur placement, afin de leur assurer une protection matérielle et morale à leur libération ». M. Raux, op.cit., 1890, p.149. BML FA 135195
M. Artus, op.cit., 1892, p.24. [BML FA 136779]
M. Raux, op.cit., 1890, p.150. BML FA 135195
M. Raux, op.cit., 1890, p.151. BML FA 135195
M. Raux, op.cit., 1890, p.152. BML FA 135195
M. Raux, op.cit., 1890, p.154. BML FA 135195
E. Fayard, op.cit., 1886, p.2. [BML FA 137091]
M. Artus, op.cit., 1892, p.23. [BML FA 136779]
Le directeur écrit à Lacassagne en ces termes : « J’ai l’honneur de vous transmettre la requête ci-jointe d’un nommé Morelle, dont vous avez fait la connaissance à Lyon » BML Ms5174
Courrier adressé par Lucien Morelle au docteur Lacassagne, 10 avril 1894. BML Ms5174
À notre connaissance, il n’existe pas d’étude de synthèse sur ces institutions de secours.
E. Fayard, op.cit., 1885, p.6-7. [BML FA 137091]
Une étude des dépenses de ces sociétés, notamment grâce aux compte-rendus annuels qu’elles dressent, permettrait sans doute d’en prendre la mesure.
E. Fayard, op.cit., 1885, p.4. [BML FA 137091]
E. Fayard, op.cit., 1886, p.7. [BML FA 137091]