2. Lacassagne intime

Fig.13  : En famille à Villerest. Malgré le flou de la photographie, prise dans la galerie de la maison, on reconnaît sans doute, au centre, le patriarche, Alexandre Lacassagne, et auprès de lui sa fille dévouée, Jeanne. Les hommes sont plus difficilement identifiables. Notons au premier plan la présence de la petite Magdeleine Policard. S.d. (Collection particulière)

Il faut d’abord étudier la sociabilité familiale d’Alexandre Lacassagne, avant de considérer ses relations amicales et mondaines, et d’examiner, à l’instar de Catherine Pélissier, « le système complet des pratiques sociales bourgeoises en englobant tous les types de sociabilités, de l’institutionnel aux manifestations les plus ténues »736. Les relations familiales tiennent sans doute une place importante dans la vie d’Alexandre Lacassagne d’autant que, on l’a vu en étudiant son mariage, la famille est une des clés de l’intégration au monde des patriciens, c’est même la pierre angulaire de la société bourgeoise. Pour Lacassagne, l’intégration au milieu médical lyonnais passe nécessairement par la fréquentation de sa belle-famille, celle du professeur Rollet. Joseph Rollet, son beau-père, est de ceux qui ont porté la Faculté mixte de Médecine et de Pharmacie sur les fonts baptismaux. Il y occupe la chaire d’hygiène dès 1877, date la création de la Faculté, et ce jusqu’à son décès, survenu en 1894. Lors de son recrutement en 1881, Alexandre Lacassagne n’est pas encore le gendre de Rollet, mais nul doute que c’est bien dans le champ professionnel que les deux hommes se croisent d’abord, avant que le vieux professeur estime l’avenir d’Alexandre Lacassagne si prometteur qu’il décide d’en faire son gendre. Après Joseph, son fils Étienne Rollet devient également professeur à la Faculté de médecine. Alexandre Lacassagne a donc un beau-frère pour collègue et confrère. Peut-on rêver meilleur moyen pour s’attacher des fidélités que les liens du sang ? En épousant Magdeleine, Lacassagne s’est attaché un réseau au sein de l’université lyonnaise, il s’est intégré à une dynastie médicale locale. Ses neveux font aussi leur médecine, comme leurs cousins, ses fils, Antoine et Jean Lacassagne. Et les cousins se fréquentent. On se reçoit à Lyon ou à Villerest, « dans une grande maison familiale près de Roanne, […] sur les bords de la Loire », pour des « séjours champêtres dont [Jean Lacassagne a gardé] un vif souvenir […] et [qu’]il se plaisait à évoquer »737. Ce cousinage champêtre est un classique de la famille bourgeoise. « Cette pratique présente […] l’avantage de familiariser l’enfant avec toute sa parentèle et d’accroître son sens de la famille »738, ce qui est fondamental dans un milieu qui fonde une large part de son pouvoir sur la connaissance et la gestion d’un grand capital relationnel, dont la charpente reste la famille élargie. « Regrouper régulièrement l’ensemble des parents permet de reconstituer la “tribu” familiale, de créer un passé commun et de forger une complicité entre chacun de ses membres »739. Il est donc habituel, chez Lacassagne, de se retrouver régulièrement en famille [Fig.14 et 15]. À une date inconnue, « Louis Rollet, Licencié en droit, remercie [ainsi] ses cousins Lacassagne de leur très gracieuse invitation qu’il accepte avec grand plaisir »740. La sociabilité domestique, autour de la réunion dominicale de la famille élargie notamment, est importante, et l’ampleur de la salle à manger de Villerest est digne de ces repas familiaux. C’est ainsi que se forge le sentiment d’appartenance à un même monde.

Fig.14  : Les cousins Lacassagne et Rollet à Villerest. Seule Jeanne Lacassagne peut être identifiée avec certitude. C’est la grande jeune fille, au centre de la photographie. S.d. (Collection particulière)
Fig.15-1  : En famille à Villerest (1889). (Collection particulière). Les indications portées au dos de la photographie permettent d’identifier, de gauche à droite et de haut en bas : Joseph Rollet, beau-père de Lacassagne, son fils Étienne Rollet, la mère d’Alexandre Lacassagne à côté de sa petite-fille Jeanne, Alexandre Lacassagne et son épouse Magdeleine, les jeunes Antoine et Jean Lacassagne. Le groupe de quatre personnes sur la droite reste non identifié.
Fig.15-2 : La maison de Villerest aujourd’hui. (Photographie de l’auteur).

Dans un courrier qu’il adresse à son fils Jean, qui est alors sous les drapeaux, le 24 septembre 1914741, Alexandre Lacassagne donne des nouvelles de toute la famille : « Ici, rien de bien spécial place Raspail [la résidence de Lacassagne à l’époque] ou rue des Archers [résidence d’Étienne Rollet742] ». Le ton de la lettre donne la mesure de la familiarité de ces relations familiales : Lacassagne précise ainsi la situation de ses neveux Rollet : « Pierre est médecin auxiliaire à l’hôpital de Vienne. Henri va se présenter au bachot à la fin du mois. Jacques rentre au lycée le 7 octobre »743. Le soldat est heureux de recevoir des nouvelles de ses cousins, avec lesquels il entretient des relations d’affection sans doute nouées depuis l’enfance. Voilà pour les Rollet. Mais Magdeleine n’est pas seulement la fille de son père. Elle est veuve, et en l’épousant Lacassagne endosse la responsabilité de l’éducation d’un enfant, né de son premier mariage avec le pharmacien Jacques Guilliermond, le jeune Alexandre. Ce faisant, il s’attache là encore des fidélités. Et la correspondance dont on dispose montre que ces relations durent. Toujours en 1914, alors que le premier époux de Magdeleine est décédé depuis longtemps et qu’elle-même n’est plus, Lacassagne peut encore écrire à son fils que « les Guilliermond quittent St Simon744 lundi prochain »745. Et même si son beau-fils a suivi les traces de feu son père, et n’a pas fait médecine, au contraire de son beau-père et de ses demi-frères, tout ce monde semble en apparence conserver des relations harmonieuses. Dans le fonds Lacassagne on trouve ainsi, reliés avec d’autres travaux, ceux d’Alexandre Guilliermond, dédicacés « À mon cher papa, Affectueusement »746.

Finalement, lorsqu’il se marie en 1882, Alexandre s’intègre donc non seulement à une, mais à deux dynasties lyonnaises, l’une médicale, l’autre pharmaceutique, et ce faisant il devient un véritable lyonnais. Le baptême d’une avenue à son nom747 en est la preuve, si l’on en croit « l’axiome selon lequel il faut être Lyonnais pour [en] être honoré »748. Le mariage est un excellent moyen d’obtenir une assise sociale et professionnelle, et la recette classique du jeune homme prometteur épousant la fille bien née est toujours d’actualité au tournant du XXe siècle. « Dans les familles de la bourgeoisie, les préoccupations matrimoniales sont constantes pour les parents. Bien marier ses enfants est un gros souci »749. En 1890, Jules Coste-Labaume, conseiller général et journaliste au Lyon Républicain, publie un roman intitulé Un mariage lyonnais, « satire de la haute société, [dans laquelle] il reproche aux alliances bourgeoises de n’être fondées que sur l’intérêt »750. On en sait trop peu sur la relation qu’Alexandre Lacassagne entretenait avec son épouse pour conclure à un mariage de ce type. Du reste, mariage de convenance ne signifie pas mariage forcé. Au détour d’un courrier adressé par Adrien Storck à Gabriel Tarde, tous deux amis de la famille, on suit l’évolution de la maladie de cœur qui emporte Magdeleine Lacassagne en 1893, et en filligranne ce sont les relations du couple qui sont lisibles :

‘« Lacassagne vient de m’envoyer un mot, bien découragé. J’espère qu’il s’exagère l’état de sa femme. J’y vais d’ailleurs et je vous donnerai mon impression en détail. La situation sans être désespérée est très inquiétante.
MM. Rollet, père et fils, sont là en permanence. Ce soir il y a consultation. Mais je crois que la nature seule soit médecin en qui on puisse mettre son espoir avec une maladie comme celle dont souffre Madame Lacassagne. Les remèdes n’ont plus d’action sur un organe qui, alternativement, prend une allure folle ou semble vouloir s’arrêter. C’est bien triste et Lacassagne semble être cruellement éprouvé »751. ’

Ce qui est certain en revanche, c’est que Lacassagne a beaucoup gagné à cette union. On acquiert un réseau relationnel en se mariant bien. Il n’est ainsi sans doute pas anodin que, dans le bottin mondain de la ville, le Tout-Lyon, le nom de jeune fille des épouses soit indiqué. Au moins les alliances familiales sont-elles ainsi clairement lisibles. Le mariage bourgeois relève de la stratégie, les apparentements se revendiquent et les conjoints ne se choisissent pas au hasard. Alexandre Lacassagne épouse une fille de l’aristocratie médicale lyonnaise. Sa fille Jeanne, née en 1883, se marie avec Albert Policard (1881-1972), un des élèves de son père, reçu à l’École du service de santé militaire en 1900. Et Lacassagne fait de son gendre le secrétaire général des Archives d’Anthropologie criminelles. Quant à son fils Jean Lacassagne, qui se marie à la fin de la Première Guerre mondiale, avec Mademoiselle RenéeChicoye752, il a, semble-t-il, été plus libre de son choix : aucune trace d’une famille Chicoye dans le milieu médical lyonnais. Jean a probablement rencontré son épouse hors de ce champ, loin en tout cas du regard paternel. Alexandre Lacassagne ne connaît pas la jeune fille quand son fils lui fait part de ses projets de mariage. Il évoque cette union prochaine dans une lettre qu’il adresse à son fils mobilisé, le 19 mai 1918 :

‘« Je suis très préoccupé du grand acte que tu vas accomplir, les changements dans ta manière de vivre et des modifications plus importantes dans tes sentiments, ton activité et ton esprit. Tu vas entrer dans une vie nouvelle en installant une autre famille. La compagne, celle qui partagera avec toi le pain quotidien, selon l’étymologie, sera un autre toi-même. Vous ne serez vraiment unis que si vous mettez en commun vos goûts, vos désirs, c’est-à-dire les actes, les pensées et les sentiments. Je vois d’ailleurs, par tes lettres, que l’apprentissage de cette existence est commencé et je conçois le désir d’en finir vite avec ces prolégomènes. Mais le livre de la vie conjugale a une préface : elle est nécessaire et la loi impose des délais. Les renseignements, les impressions que m’ont communiqué Jeanne et Albert vous sont favorables »753. ’

Son fils a passé la trentaine, mais le patriarche estime toujours avoir son mot à dire. Il faut dire que la grande majorité des mariages alors se négocient grâce aux bons offices de tiers obligeants, en l’occurrence la sœur et le beau-frère de Jean Lacassagne. L’événement joue un rôle actif dans les stratégies familiales étudiées par Darya Vassigh754 : au sein de la bourgeoisie, le mariage permet d’espérer une promotion sociale, en tout cas il est impératif que cette union assure la sauvegarde du rang social et des valeurs héritées. Une loi non écrite prescrit de convoler dans le même milieu social. Et le père de famille a de toute façon les moyens d’imposer ses vues, puisque dans le droit français, depuis le Code civil de 1804, il n’existe pas de contrepoint à la puissance paternelle, même si au cours du siècle, les lois en faveur de l’enfance procèdent à une remise en cause, toujours partielle du reste, de cette toute-puissance. La famille du XIXe siècle fonctionne selon un système rigoureusement paternaliste, qui n’admet pas de contestation. Alexandre Lacassagne est le produit de cette conception des relations familiales, et c’est un patriarche soucieux de ses prérogatives.

On l’a dit, on ne sait rien des relations qu’entretenaient Monsieur et Madame Lacassagne. Il est probable que des correspondances ont été conservées dans la maison familiale de Villerest, où j’ai eu l’opportunité de me rendre à l’été 2007, constatant à cette occasion l’abondance de papiers divers, et non classés, qui y sont entreposés. Mais j’ai rencontré les mêmes difficultés qu’Anne Martin-Fugier qui signalait ainsi en 1983 : « … il reste des correspondances dans les greniers des familles. Mais on les considère comme beaucoup trop intimes pour les prêter à un étranger »755. Au détour des courriers reçus par Alexandre Lacassagne et conservés à la Bibliothèque municipale, on constate que les époux donnent régulièrement des nouvelles de leurs compagnes. Ils apparaissent souvent très concernés par leurs problèmes de santé – déformation professionnelle oblige car les correspondants de Lacassagne sont très souvent médecins –, notamment à l’occasion des grossesses. En février 1893, le docteur Bournet écrit à Lacassagne : « Ma femme s’est bien trouvée du repos absolu auquel je l’ai condamnée à Lyon. La grossesse continue sans la moindre complication. Dans le milieu de mai j’espère vous télégraphier une bonne nouvelle, la naissance du petit Jean »756. Sans doute Alexandre et Magdeleine Lacassagne entretiennent-ils des relations de cet ordre, pleine d’affection respectueuse. Le couple n’a que trois enfants. Le décès précoce de Madame Lacassagne explique sans doute pour une part cette situation, assez rare à Lyon où le malthusianisme bourgeois sévit un peu moins qu’à Paris757. Colette Dürrleman évalue toutefois à 2,3le nombre moyen d’enfants par ménage médical, et dresse les statistiques suivantes :

Tableau 6 : La dimension des familles de médecins d’après Colette Dürrleman, op.cit., 1966, p.89.
  1891 1911
Médecin marié ou veuf 87 100 % 159 100 %
Avec enfants 68 78,1 % 110 69,1 %
1 28 41,4 % 31 28,1 %
2 14 20,5 % 37 33,6 %
3 13 19 % 22 19,9 %
4 6 8,8 % 13 11,8 %
5 5 7,3 % 7 6,3 %
6 1 2,7 % 0 0 %
7 1 2,7 % 0 0 %

Avec trois enfants, et même quatre à charge, Alexandre Lacassagne est donc à la tête d’une famille assez nombreuse. Il faut dire qu’il n’est pas un petit médecin de quartier. Son revenu annuel d’au moins 5 000 francs, montant du traitement qui lui est versé par l’université, auquel il faut ajouter les honoraires que lui rapportent notamment ses expertises médico-légales, est suffisamment confortable pour le lui permettre. On est loin, cependant, des familles nombreuses qui sont légions à Lyon, principalement dans les élites catholiques. Le député libéral Edouard Aynard est père de douze enfants. Son ami, Auguste Isaac en a onze. Lacassagne n’est pas de ce bord. C’est un médecin positiviste attaché à la laïcité. Et son mariage tardif participe de ce contrôle des naissances qui se pratique alors dans les familles bourgeoises progressistes.

On peine à dresser un portrait de Madame Lacassagne [Fig.16], à défaut de pouvoir accéder aux archives familiales.

Fig.16 : Magdeleine Lacassagne, née Rollet (1856-1893). S.d. (Collection particulière)

Elle correspond sans doute au «  modèle de la femme bourgeoise, […] épouse, mère, maîtresse de maison, éducatrice. C’est lui qui justifie la femme d’exister »758. Si épouse et mère sont davantage des titres que des rôles à proprement parler, puisque la bourgeoise est assistée par une domesticité plus ou moins nombreuse, la maîtresse de maison remplit quant à elle de véritables fonctions. Elle est chargée de la sociabilité. Le dépouillement de la correspondance conservée à la Bibliothèque municipale permet d’affirmer que Magdeleine s’investit à ce titre aux côtés de son époux, et remplit activement cette fonction. Car, pour exclue qu’elle soit de la vie professionnelle, « la bourgeoise est loin d’être étrangère à la réussite de la carrière de son conjoint. D’un bout à l’autre du siècle, les femmes sont dans l’ombre des collaboratrices fidèles »759, et Madame Lacassagne ne déroge pas à la règle. Vivre bourgeoisement, pour une femme, c’est mener une existence de loisir, ce qui ne signifie cependant ni repos ni paresse. « Le bourgeois […] doit travailler et délègue à son épouse le soin du loisir. Elle est chargée de montrer qu’elle peut gaspiller le temps. Mais […] ce loisir se présente presque invariablement sous l’espèce de quelque travail, tâche domestique ou devoir de courtoisie »760. Dans l’ensemble de la vie mondaine de son couple, Magdeleine semble jouer un rôle actif, jusqu’à son décès survenu en 1893 : « atteinte d’une affection cardiaque, [elle] mourut subitement »761. Elle a été, sans aucun doute, un des atouts majeurs d’Alexandre Lacassagne qui veut réussir son implantation à Lyon. Quoique sa collaboration s’effectue toujours en coulisses, l’épouse joue un rôle essentiel aux côtés de son mari, dont elle partage les aspirations et les soucis professionnels. Parmi les courriers que reçoit Alexandre Lacassagne, rares sont les scripteurs qui oublient d’adresser leurs « respectueux hommages à Madame »762. Le docteur Treille prie Lacassagne « d’agréer les vœux bien sincères que je forme à l’occasion de la nouvelle année, pour [lui], pour madame Lacassagne et pour [ses] enfants »763. Et l’on se congratule de couple à couple, à l’instar de Paul Brouardel qui écrit ainsi : « Merci, mon cher ami, toutes les amitiés de la doyenne et les miennes à Madame Lacassagne et à vous »764. En bonne épouse, Magdeleine sait remplir ses obligations mondaines au mieux des intérêts professionnels de son mari, adressant ainsi ses vœux à certains de ses confrères pour la nouvelle année. L’un d’eux répond, le 15 janvier 1890 : « Mon cher collègue, Vous avez eu l’obligeance de m’écrire pour nous envoyer […] les vœux de madame Lacassagne et les vôtres à l’occasion du nouvel an. À notre tour de vous adressez nos meilleurs vœux pour l’année à venir »765. La vie de société a un caractère utilitaire marqué et l’agrément n’en est pas la seule motivation : il s’agit de s’inscrire dans un système de sociabilités bien réglementées, qui a ses lieux et son calendrier. Madame Lacassagne s’y consacre sans doute activement, à l’instar de ces bourgeoises débordées dont Octave Uzanne dresse le portrait :

‘« Après avoir, le matin, consacré son temps à son ménage, à ses fournisseurs, à ses enfants, à sa toilette, il lui faut, l’après-midi, comme pour de graves affaires, passer chez sa couturière, sa lingère, prendre jour chez son coiffeur, faire une visite à quelques amies, s’arrêter chez le pâtissier à l’heure du lunch, aller bibeloter à droite et à gauche, faire des commandes chez les grand épicier, acheter des fleurs au marché du jour, aller essayer une veste chez le tailleur, un chapeau chez la modiste » 766 .’

La distinction entre formel et informel n’est pas véritablement pertinente pour appréhender les sociabilités des notables lyonnais767, et la collaboration des épouses n’opère aucune distinction entre ces domaines. Jules Cambon, préfet du Rhône, invite ainsi le couple Lacassagne en ces termes presque cavaliers : « j’ai demain quelques personnes à dîner. Me permettez-vous de vous demander de vous joindre à elles ainsi que Madame Lacassagne ? Madame Cambon se joint à moi et nous serions l’un et l’autre très heureux que vous voulussiez bien excuser l’impromptu de notre invitation »768. En dépit de ce ton badin, et de l’apparente familiarité qu’il pourrait indiquer, les deux hommes entretiennent une relation professionnelle. Le même courrier en rend compte, puisque le préfet poursuit : « Je vous serais reconnaissant de venir me voir soit aujourd’hui vers 9h1/2, soit demain matin vers 11 h pour causer d’Oullins », en l’occurrence de l’assassinat du sous-brigadier Méjean par un « apache » en juin 1891 [Fig.17].

Fig.17  : Le Drame d’Oullins. Le Progrès illustré (21 juin 1891)

Parmi les nombreux courriers reçus par Lacassagne, nombreux sont ceux où se mêlent ainsi considérations professionnelles et notes plus personnelles. C’est le docteur Bournet qui donne des nouvelles de la grossesse de son épouse en même temps qu’il précise à Alexandre Lacassagne que « l’éditeur de la France Judiciaire sollicite l’échange des sept années de la France Judiciaire contre les sept années des Archives »769. C’est Paul Cazeneuve qui affirme que « la chaire d’hygiène ne peut devenir ainsi une chaire de bactériologie [car] il faut être médecin et très chimiste pour bien faire ce cours sans risque de lui enlever son caractère », quelques lignes après avoir adressé « mille caresses aux enfants » et avoir donné des nouvelles de « Gabi [qui] sera heureux de folichonner avec ses petits amis »770.

De même, la limite entre le familial et le professionnel est parfois ténue. Les mariages sont emblématiques de ce mélange des genres : l’événement ne relève pas exclusivement de la vie privée, loin de là. Le Docteur Saint-Paul adresse à son ancien maître un faire-part à l’occasion du sien en mars 1907, et Lacassagne le glisse dans la thèse consacrée au langage intérieur que le fiancé a rédigée sous sa direction771. Et quand le médecin adresse ses vœux de bonheur à la fille de son ami Dujardin-Beaumetz par l’entremise de ce dernier, directeur du Service de Santé au ministère de la Guerre, celui-ci lui répond très officiellement sur papier à en-tête du ministère « 7e Direction. Cabinet du Directeur » :

‘« Merci, mon cher ami, de vos souhaits pour les jeunes époux. Ils leur ont été extrêmement agréables, et je me suis bien volontiers chargé de vous exprimer leur gratitude, en vous priant d’en faire agréer l’hommage à Madame Lacassagne, ainsi que celui de mes sentiments les plus respectueux.
Bien cordialement à vous. Dujardin Beaumetz » 772 .

Ce correspondant n’est pas exceptionnel : le moindre courrier adressé à Lacassagne l’est sur carte de visite ou papier à lettre avec en-tête officiel. Lui-même n’écrit d’ailleurs presque toujours que sur du papier estampillé « Faculté de médecine de Lyon. Institut de médecine légale », même pour ses courriers à caractère personnel.

S’il est difficile de cerner l’intimité de Lacassagne, le hasard d’une notice nécrologique de Jean, son fils cadet, permet de reconstituer un peu de cette vie de famille sur laquelle les sources manquent, l’accès à des archives privées concernant la famille Lacassagne étant difficile. On sait ainsi qu’après le décès de son épouse, survenu en 1893 « alors que [le cadet de la famille, le petit Jean] n’avait que sept ans […] »773, Lacassagne ne se remarie pas. Jean « fut [donc] élevé par sa sœur Jeanne »774, qui n’est pourtant âgée que d’une dizaine d’années à l’époque. « Elle l’entoura de tendresse, tout en s’occupant avec soin de ses études que surveillait attentivement son père dont il redoutait la sévérité »775. C’est tout ce que l’on sait des relations qu’Alexandre Lacassagne entretient avec ses enfants, et sans doute cette sévérité que Jean Lacassagne se remémore doit-elle être évaluée à l’aune des relations père/fils de l’époque776. Indépendamment même de la configuration sociale, mais a fortiori dans un milieu bourgeois, « les parents imposent une conduite disciplinée et une vie programmée : la discipline tient une place importante dans le programme éducatif, la pédagogie est stricte, le contrôle parental de tous les instants »777. Certes, il existe des « pères modernes », ainsi que le souligne Catherine Rollet778. Dans Fécondité, Émile Zola met ainsi en scène Mathieu, l’heureux père d’un cinquième enfant, qui donne le bain à son bébé nouveau-né : « [il] s’obstina, baigna l’enfant, le lava pendant trois minutes, à l’aide d’une éponge fine »779. Idéal né dans l’imagination de Zola ? Peut-être. Expérience de certains ménages particulièrement novateurs sans doute. Catherine Pellissier affirme que « sans retard, les bourgeois lyonnais découvrent les joies de la paternité et dissertent longuement sur des problèmes “féminins” : nourrissage, distractions enfantines… »780. Mais chez les Lacassagne, on n’en est probablement pas là. Le médecin est un homme sérieux. On ne l’imagine guère pouponnant. Toutefois, le décès prématuré de sa femme l’oblige à prendre une part sans doute plus active dans l’éducation de ses enfants qu’il n’est d’usage pour les pères dans ce milieu social. Dans un courrier adressé par Adrien Storck, l’éditeur et ami proche d’Alexandre Lacassagne, à Gabriel Tarde, on lit ainsi :

‘« Lacassagne a un enfant malade. Sans femme chez lui, c’est plus cruel encore. Notre ami est décidément éprouvé sans mesure depuis quelques années. Vous qui avez des malades aussi autour de vous, savez quelle anxiété ce doit être pour un père obligé de s’absenter fréquemment, de confier les soins à des mercenaires et qui pour combler la mesure, n’a personne près de lui avec qui parler, en qui s’épancher. Je sens que pour Lacassagne, si chaudement affectueux et démonstratif, cette dernière épreuve n’est pas la plus pénible »781.’

Sans doute se conforme-t-il plutôt à l’idée que l’enfant ne devient véritablement intéressant pour un père qu’à partir de trois ou quatre ans, et même de sept, une fois l’âge de raison venu, car il est communément admis que la prime éducation est féminine. En revanche, on sait qu’il s’intéresse tout particulièrement aux études de ses enfants, garçons et filles, et ce même alors que son épouse, toujours en vie, pourrait s’en charger. Il sollicite des leçons particulières pour sa fille Jeanne. Le 23 mars 1890, une certaine Nicole Sicard lui adresse le courrier suivant : « Cher Monsieur, Je regrette […] Je n’ai qu’un cours par semaine pour jeunes filles et en dehors de ces leçons je ne puis pour le moment prendre aucune élève »782. Magdeleine s’est sans doute chargée des apprentissages de la petite enfance. En effet, « depuis Fénelon, l’éducation maternelle est un modèle célébré par tous les pédagogues et mis en pratique dans les foyers bourgeois »783. Mais cet enseignement parental est souvent complété par l’intervention d’institutrices. C’est le cas pour la petite Jeanne Lacassagne, qui reçoit donc une éducation parfaitement conforme à son statut de jeune patricienne784. Quant à ses frères, ils poursuivent leurs études secondaires au lycée Ampère, établissement public et laïc qui « attire tout le patriciat lyonnais »785. Le médecin suit de près la scolarité de ses fils. À l’occasion de la nouvelle année, Marius Roustan, professeur de rhétorique au Lycée Ampère, lui écrit ainsi pour l’informer que « Jean est bien parti. Qu’il fasse encore des efforts plus vigoureux et nous doublerons le cap de juillet »786. Alexandre Lacassagne s’emploie à donner à ses enfants une éducation bourgeoise. On sait ainsi qu’il envoie son fils Jean effectuer « quelques séjours en Bavière pour apprendre la langue allemande »787 avant que le jeune homme ne passe son baccalauréat, or « un séjour à l’étranger constitue le voyage type de la jeunesse bourgeoise »788. À Villerest, un curieux graphique retrace à des fins sans doute humoristique l’« évolution en hauteur du Dr Antoine Lacassagne, de l’Institut Pasteur, Lauréat de l’Institut) » [Fig.18], mettant en rapport son âge, sa taille et ses progrès au plan personnel comme intellectuel. On y apprend notamment qu’après être passé par un « phénomène évolutif encore mystérieux » entre 5 et 6 ans, alors qu’il grandit de presque 10 centimètres dans l’année, il fait sa première communion à l’âge de 11 ans, ce qui joue un « rôle accélérateur des études théologiques », commence l’étude du Grec vers 12 ans et demi, et effectue entre 14 et 15 ans un séjour à Munich dont l’ « action accélérante » sur la consommation de bière est notée. Il passe son baccalauréat à l’âge de 17 ans.

Fig.18 : Une étonnante manière de tracer un parcours de vie. Graphique de l’ « évolution en hauteur du Dr Antoine Lacassagne. S.d. (Collection particulière)

En bon père de famille, Lacassagne a le culte du travail, même s’il n’a lui-même, et de son propre aveu, guère été assidu pendant ses études secondaires. Il exige donc des résultats irréprochables de la part de ses enfants et loue l’autorité, déplorant ainsi en 1914 : « Il y a si peu de gens qui savent commander, et très probablement parce qu’autrefois dans leur jeune temps, ils n’ont pas su obéir »789. Nul doute que la discipline qui règne chez lui est à la mesure de cette conviction. En cela, Alexandre Lacassagne n’est rien moins que conforme au modèle paternel de son temps. À la maison, « la discipline est sévère, l’atmosphère peut être lourde, pesante : il est interdit de parler à table »790. La tendresse, c’est donc plus probablement le domaine de Jeanne, la fille aînée, qui se retrouve toute jeune maîtresse de maison. Certains courriers permettent toutefois d’affirmer qu’elle n’en a pas l’exclusivité. Paul Cazeneuve, qui fait partie des intimes de la famille, écrit en septembre 1894 : « Mes enfants envoient aux vôtres leurs petits câlins. Gabi sera heureux de folichonner avec ses petits amis »791. Mais les courriers de Lacassagne à ses enfants qui nous sont parvenus sont tardifs. Il s’agit principalement de lettres qu’il adresse à ses fils pendant la Première Guerre mondiale. On n’y trouve donc pas ces marques de tendresse qu’on réserve aux petits. Même si « au XIXe siècle, la transformation des rapports familiaux dans le sens d’une plus grande intimité est réelle »792, l’heure n’est pas aux épanchements du cœur. La dignité des relations parents/enfants donne ainsi parfois une certaine impression de froideur.

Père de trois enfants âgés de 7 à 10 ans, en charge de quatre, on peut supposer qu’Alexandre Lacassagne est assisté dans ses fonctions de chef de famille par quelques domestiques, peut-être une gouvernante qui assure le fonctionnement du foyer. En 1891, Catherine Pellissier estime à 7 % la proportion de médecins non servis793, sur la base des statistiques dressées par Colette Dürrleman, que l’on peut résumer sous la forme du tableau suivant :

Tableau 7  : La domesticité des médecins du IIe arrondissement (1891 et en 1911,
  1891 1911
Nombre total des médecins 129 215
Médecins ayant des domestiques 120
soit 93 %
194
soit 90 %
1 domestique 47 % 40 %
2 domestiques 27 % 36 %
3 domestiques 22 % 17 %
4 ou 5 domestique 2 % 6 %

d’après Colette Dürrleman, op.cit., 1966, p.82.

Alexandre Lacassagne est professeur à la Faculté de médecine, statut suffisamment considérable pour l’autoriser à avoir du personnel de maison, d’autant que « la présence du domestique […] signe l’entrée en bourgeoisie »794. On sait que le docteur Léopold Ollier, qui a cinq enfants et dont l’épouse est à ses côtés, dispose de cinq domestiques795. Le professeur Lacassagne n’est sans doute pas moins bien servi, d’autant qu’il ne peut rapidement plus se reposer sur sa femme d’un certain nombre de tâches liées à la gestion du foyer. Alors que ses enfants sont élevés, en 1915, il évoque ainsi « les deux bonnes »796 qui l’accompagnent en villégiature à Villerest, et remettent en ordre la maison où « les souris, les araignées surtout, s’en sont donné à leur aise, au milieu d’un cumul extraordinaire de poussière »797. Certainement, c’est d’une domesticité798 plus nombreuse qu’il s’est entouré pour élever ses enfants, même si Jeanne a semble-t-il assumé très tôt les fonctions de mère pour ses jeunes frères, et plus généralement de maîtresse de maison. Elle joue sans aucun doute longtemps ce rôle, alors même qu’elle est mariée et qu’elle a fondé sa propre famille. En juin 1915, Lacassagne loue ainsi sa fille en ces termes éloquents :

‘« Je ne crois pas que Jeanne aille à St Simon avant le début d’août, et encore ! tu connais l’altruisme de ta sœur. Elle a le plus grand besoin d’aller à la campagne pour ses enfants, mais elle ne voudrait pas quitter son papa et propose de venir déjeuner le matin Place Raspail afin de ne pas me laisser seul » 799 .

La même année, il précise encore : « Jeanne se donne beaucoup de mal pour pourvoir à tout »800, remplissant donc toujours avec le même zèle son rôle auprès de son père [Fig.19]. Elle semble conserver à son jeune frère la tendresse de l’enfance, et lui écrit en ces termes en septembre 1914 :

‘« Je viens de finir mon petit Jean ton chandail et il partira demain avec une seconde pile électrique. […] Dis-moi donc, puisque tu couches dans un sac, en quoi consiste ce sac et s’il est un peu chaud. On vend actuellement des tissus de laine avec lesquels je pourrais t’en confectionner un qui serait, je crois, chaud, léger et peu encombrant. Réponds-moi vite et dis si le chandail te va bien »801. ’
Fig.19  : La tendresse paternelle. Alexandre Lacassagne et sa fille Jeanne. Février 1900, chez Storck, d’après la légende manuscrite au dos. (Collection particulière)

Les archives nous manquent pour savoir si elle portait la même affection à son frère Antoine, à peine plus âgé que Jean, mais on peut sans grand risque le supposer. En revanche, il est un dernier rôle dans lequel la correspondance familiale permet de cerner Alexandre Lacassagne, c’est celui de grand-père802. Il évoque ainsi notamment ses petits-enfants Policard, André qui « fait des progrès sensibles en lecture » mais dont la santé donne des soucis à sa mère et à son grand-père, « abonné [qu’il est] le soir à la temp. de 38°, [mais] qui, malgré cela, dort et mange bien, s’amuse avec vigueur »803 et Magdeleine qui « se porte admirablement, sourit avec grâce, et parlotte tant bien que mal »804. Le grand-père est même suffisamment attentionné pour qu’on lui confie exclusivement la garde des petits, en 1916 : « Jeanne est partie vendredi matin pour passer quatre jours à Neufchateau près d’Albert [son époux, qui est alors en permission] : elle a fait bon voyage. Ici les enfants vont bien et je donne à leur mère des nouvelles quotidiennes par télégramme pour la rassurer »805. Il faut dire que les grands-parents de la fin du XIXe siècle ne sont plus « les patriarches vénérables et un peu lointains d’une lignée, mais plutôt des personnes disponibles, sages, capables d’empathie avec les enfants »806. Alexandre Lacassagne est bien conforme au nouveau modèle d’origine bourgeoise qui se met alors en place, et dont Victor Hugo807 est la figure la plus éminente, un modèle qui « marque la victoire d’un lien familial conçu en priorité à travers sa dimension affective et non hiérarchique »808.

Pour le reste de la vie de la famille Lacassagne, on ne peut qu’imaginer qu’elle est conforme à celle de la bourgeoisie lyonnaise du temps. On devine, grâce à la correspondance soigneusement conservée, que le couple Lacassagne organise, en mai 1890, une réception, et travaille alors à quatre mains pour assurer son succès. Les réponses809 de « Maurice Holleaux, Chargé de Cours à la Faculté des Lettres de Lyon [… qui] présente ses respectueux hommages à Monsieur et à Madame Lacassagne et les remercie de leur gracieuse invitation qu’il aura l’honneur d’accepter » en date du 1er mai 1890 ; de Bérard, procureur de la République ou de « Monsieur Benoist [qui] a l’honneur de remercier monsieur et madame Lacassagne de leur aimable invitation » en date du 30 avril ; de Mignon, Birot, Loretz, Brousse (qui nous indique au passage que l’invitation  vaut pour le 5 mai 1890), etc., signalent une réception d’assez grande ampleur. Les archives le confirment d’ailleurs. Alexandre Lacassagne est très conservateur et l’on retrouve la liste des invités, près d’une vingtaine810, ainsi que le courrier que lui adresse en date du 1er mai 1890 un certain « R. Dubois » lui recommandant la bière de « chez Pretz […] celle de la “Méditerranée” » qu’il doit faire livrer en quantité, « de 20 à 25 litres ». L’on saisit ainsi, au détour des archives, l’une de ces manifestations ténues de la sociabilité bourgeoise lyonnaise. Entretenir des relations avec ses pairs : voilà un des devoirs du notable, et Lacassagne s’y conforme. Il prend apparemment une part active à la vie mondaine de son foyer, partageant avec son épouse les soucis du service et des négociations avec les fournisseurs. « Dans le cadre lyonnais, maris et femmes partagent également les devoirs et les soucis de la vie familiale et mondaine »811. Mais appréhender l’intimité patricienne reste difficile. Les quelques photographies glanées à Villerest n’en sont qu’un vestige ténu [Fig.20].

Fig.20-1  : Villégiature estivale. Août 1894. De gauche à droite, la tante Joséphine, Antoine, Alexandre Lacassagne, Jean et Jeanne.
Fig.20-2  : Détente estivale. Le docteur Lacassagne en costume d’été.
Fig.20-3  : Le goûter. Villerest. Probablement août 1894. De gauche à droite : Jeanne, Jean, Alexandre Lacassagne, un voisin debout et Antoine. (Collection particulière)

Sans doute le professeur recevait-il ses élèves à domicile, comme il était d’usage. C’est probablement de cette façon que sa fille Jeanne rencontre Albert Policard, son futur époux. On sait que Léopold Ollier (1830-1900), père fondateur de la chirurgie osseuse et articulaire, « invitait chaque semestre tous ses élèves, chefs de clinique, internes et externes à un grand dîner dans son appartement de la rue de la Charité, et […que] la tenue de soirée était de rigueur »812. Lacassagne vit certainement sur un même pied que son confrère, professeur de clinique chirurgicale à la Faculté. Si les sources, incomplètes, et l’absence de modèle que souligne Catherine Pellissier813 interdisent toute extrapolation, « domesticité, […] simplicité et régularité de la vie, primauté des alliances endogamiques sont des éléments du mode de vie ou des traits de comportement »814 caractéristiques de la vie familiale bourgeoise. Et l’intimité d’Alexandre Lacassagne semble bien correspondre à ce modèle domestique.

Notes
736.

Catherine Pellissier, op.cit., 1996a, p.5.

737.

« Evocation de la mort de Jean Lacassagne (1886-1960) », in Le Crocodile. Bulletin de l’Association générale de l’Internat des Hospices Civils de Lyon,  septembre-octobre 1961 (29e année), p.7.

738.

Vincent Gourdon, Histoire des grands-parents en France du XVIIe au début du XXe siècle, Paris, Perrin, 2001, p.154.

739.

Vincent Gourdon, op.cit., 2001, p.155.

740.

Carte de visite de Louis Rollet, s.d.[BML FA Ms5174]

741.

Courrier d’Alexandre à Jean Lacassagne, 24 octobre 1914. ADR Fonds Jean Lacassagne 30J1.

742.

Étienne Rollet, le beau-fère d’Alexandre Lacassagne, réside au 10 rue des Archers Tout Lyon. Annuaire, consulté pour les années 1911, 1914, 1916 et 1917 aux Archives municipales de Lyon.

743.

Courrier d’Alexandre à Jean Lacassagne, 24 octobre 1914. ADR Fonds Jean Lacassagne 30J1.

744.

Il s’agit de la résidence secondaire des Guilliermond, ex-beaux-parents de Mme Lacassagne, Veuve Guilliermond : Saint-Simon, au numéro 114 de la rue de la Pyramide, Écully.

745.

Courrier d’Alexandre à Jean Lacassagne, 24 octobre 1914. ADR Fonds Jean Lacassagne 30J1.

746.

Dédicace de Alexandre Guilliermond, Cytologie et Sexualité des Levures, s.l., 1901-1903. [BML FA 140560]

747.

À l’occasion du cinquantenaire de la mort du médecin, l’Avenue des Pins, chemin vicinal n°17, devient « Avenue Lacassagne ».

748.

Pierre-Yves SaunierL’Esprit lyonnais, XIXe-XXe siècle, Paris, CNRS Éditions, 1995, p.160.

749.

Catherine Pellissier, op.cit.,1996b, p.124.

750.

Catherine Pellissier, op.cit.,1996b, p.121.

751.

Lettre d’Adrien Storck à Gabriel Tarde, s.d. [CHEVS Fonds Gabriel Tarde GTA 27]

752.

Dans le Tout-Lyon. Annuaire de 1920, on trouve mention du Dr Jean Lacassagne et de Madame, née Chicoye, installés au 104 rue de l’Hôtel-de-Ville.

753.

Courrier d’Alexandre Lacassagne à son fils Jean, le 19 mai 1918. ADR 30J1 : Fonds Jean Lacassagne. Correspondance avec sa famille (1914-1918)

754.

Darya Vassigh, Les Relations adultes-enfants dans la seconde moitié du XIXe siècle (1850-1914), Étude discursive d’écrits autobiographiques, éducatifs, juridiques et médico-légaux, relatifs à cette question, Thèse de doctorat en histoire sous la direction de Michelle Perrot, Université Paris VII, 1996, p.34-116.

755.

Anne Martin-Fugier, La bourgeoise : femme au temps de Paul Bourget, Paris, Grasset, 1983, p.11.

756.

Courrier du docteur Alfred Bournet à Lacassagne, Amplepuis, 14 février 1894. [BML FA Ms5174]

757.

Sur ce point, voir les cartes de la fécondité dressées par Jean-Pierre Bardet et Hervé Le bras, « La chute de la fécondité », dans Jacques Dupâquier (dir.), Histoire de la population française. Tome 3. de 1789 à 1914, Paris, PUF, 1988, p.385.

758.

Anne Martin-Fugier, op.cit., 1983, p.14.

759.

Catherine Pellissier, op.cit.,1996b, p.156.

760.

Anne Martin-Fugier, op.cit., 1983, p.11.

761.

« Évocation de la mort de Jean Lacassagne (1886-1960) », in Le Crocodile. Bulletin de l’Association générale de l’Internat des Hospices civils de Lyon, septembre-octobre 1961, 29e année, p.17. [AHCL HA97]

762.

Carte de visite de Paul Arcis, avocat, s.d. [BML FA Ms5174]

763.

Carte de visite du docteur Alcide Treille, janvier 1890. [BML FA Ms5174]

764.

Carte de visite de Paul Brouardel, s.d. [BML FA Ms5174]

765.

Correspondant non identifié à Alexandre Lacassagne, 15 janvier 1890. [BML FA Ms5174]

766.

Octave Uzanne, Parisiennes de ce temps, 2e partie, chap.14, Paris, 1910. Cité par Anne Martin-Fugier, op.cit., 1983, p.182.

767.

Catherine Pellissier, op.cit., 1996a, p.22.

768.

Courrier du préfet Jules Cambon à Alexandre Lacassagne, 25 juin 1891. [BML FA Ms5174]

769.

Courrier du docteur Alfred Bournet à Lacassagne, Amplepuis, 14 février 1894. [BML FA Ms5174]

770.

Courrier de Paul Cazeneuve à Alexandre Lacassagne, 15 septembre 1894. [BML FA Ms5174]

771.

Dr Georges Saint-Paul, Essais sur le langage intérieur, Lyon, Storck, 1892, 145 p. BML FA 135506

772.

Courrier de Dujardin-Beaumetz à Lacassagne, 20 mars 1890. [BML FA Ms5174]

773.

Idem.

774.

Idem.

775.

Idem.

776.

Sur le sujet, voir notamment la thèse de Darya Vassigh, op.cit., 1996, 2 vol., 484 p.

On peut citer également Egle Becchi et Dominique Julia, Histoire de l’enfance en Occident. Tome 2 : du XVIII e siècle à nos jours, Paris, Seuil, 1998, 548 p. Voir notamment le chapitre consacré par Carlo A. Corsini à « Enfance et famille XIXe siècle », p.289-320.

777.

Catherine Rollet, Les enfants au XIXe siècle, Paris, Hachette, 2001, p.73.

778.

Catherine Rollet, op.cit., 2001, p.39.

779.

Émile Zola, Fécondité, dans Œuvres complètes, tome 8, Paris, Cercle du Livre précieux, 1968, p.227.

780.

Catherine Pellissier, op.cit.,1996b, p.155.

781.

Lettre d’Adrien Storck à Gabriel Tarde, s.d. [CHEVS Fonds Gabriel Tarde GTA 27]

782.

Courrier de N. Sicard à Alexandre Lacassagne, 23 mars 1890. [BML FA Ms5174]

783.

Catherine Pellissier, op.cit., 1996b, p.81.

784.

Sur l’éducation des filles au XIXe siècle, on peut voir les travaux de Françoise Mayeur, notamment : L’enseignement secondaire des jeunes filles sous la Troisième République, Paris, Presses de la fondation nationale de sciences politiques,1977, 488 p.

785.

Catherine Pellissier, op.cit., 1996b, p.58.

786.

Carte du professeur Marius Roustan à Alexandre Lacassagne, s.d. [BML FA s.c.]

787.

« Évocation de la mort de Jean Lacassagne (1886-1960) », in op.cit., septembre-octobre 1961, 29e année, p.17. [AHCL HA97]

788.

Catherine Pellissier, op.cit., 1996b, p.74.

789.

Courrier d’Alexandre à Jean Lacassagne, 29 décembre 1914. ADR Fonds Jean Lacassagne 30J1.

790.

Catherine Rollet, op.cit., 2001, p.73.

791.

Courrier de Paul Cazeneuve à Alexandre Lacassagne, 15 septembre 1894. [BML FA Ms5174]

792.

Catherine Pellissier, op.cit., 1996b, p.182.

793.

Catherine Pellissier, op.cit., 1996b, p.41.

794.

Idem.

795.

Colette Dürrleman, op.cit., 1966, p.82.

796.

Courrier d’Alexandre à Jean Lacassagne, 18 juin 1915. ADR Fonds Jean Lacassagne 30J1.

797.

Idem.

798.

Anne Martin-Fugier, La place des bonnes. La domesticité à Paris en 1900, Paris, Perrin, 2004, 377 p.

799.

Courrier d’Alexandre à Jean Lacassagne, 18 juin 1915. ADR Fonds Jean Lacassagne 30J1.

800.

Courrier d’Alexandre à Jean Lacassagne, 19 août 1915. ADR Fonds Jean Lacassagne 30J1.

801.

Courrier de Jeanne à Jean Lacassagne, le 31 octobre 1914. ADR 30J1 : Fonds Jean Lacassagne. Correspondance avec sa famille (1914-1918)

802.

Sur le sujet, voir notamment les travaux de Vincent Gourdon, Histoire des grands-parents en France du XVIIe au début du XXe siècle, Paris, Perrin, 2001, 459 p.

Vincent Gourdon, « Les grands-parents dans la littérature française au XIXe siècle », in Annales de démographie historique, 1991, p.77-89.

803.

Courrier d’Alexandre à Jean Lacassagne, 19 août 1915. ADR Fonds Jean Lacassagne 30J1.

804.

Idem.

805.

Courrier d’Alexandre à Jean Lacassagne, 24 décembre 1916. ADR Fonds Jean Lacassagne 30J1.

806.

Catherine Rollet, op.cit., 2001, p.85.

807.

Victor Hugo publie en 1877 L’Art d’être grand-père. Suite à la mort de Charles Hugo, un de ses fils, et de sa femme, il prend en effet en charge ses deux petits enfants Georges et Jeanne Hugo.

808.

Vincent Gourdon, « Les grands-parents en France du XVIIe au début du XXe siècle », in Histoire Économie & Société, 1999, Volume 18, p.521.

809.

Toutes les citations sont tirées des documents rassemblés dans le fonds Lacassagne sous la cote Ms 5174.

810.

« Cahier, Coutagne, Benoist, Lannois, Birot, Offret, Albertin, Loret, Legouis, Icard, St Cyr, Brousse, Rollet, Holleaux, Vuy, Mignon, Arcis… ». Cette liste n’est pas complète, un petit nombre de noms s’avérant illisibles.

811.

Catherine Pellissier, op.cit., 1996b, p.155.

812.

J. Glatard, « Léopold Ollier », in LeCrocodile. Bulletin de l’Association générale de l’Internat des Hospices Civils de Lyon, n°4, 1959, p.9. BML FA 950522

813.

Catherine Pellissier, op.cit., 1996b, p.220.

814.

Idem.