2. Le positivisme : Lacassagne versus Comte

L’évolutionnisme de Lacassagne participe de cette philosophie du progrès qui est caractéristique du XIXe siècle, dont le positivisme d’Auguste Comte est la colonne vertébrale. Si l’on a fait le choix ici, pour clarifier la démonstration, de distinguer les différents courants de réflexion, ils sont en réalité très liés. Évolutionnisme et positivisme ne sont, à certains égards, que les deux faces d’une même médaille, dont Alexandre Lacassagne est partie prenante. La notion de milieu, si fondamentale pour la compréhension de la pensée évolutionniste et de la réflexion d’Alexandre Lacassagne est également centrale dans la philosophie positiviste qui développe une « théorie du milieu » soulignant l’importance des « relations de l’organisme et du milieu »953 : il s’agit de montrer qu’existent des « lois de subordination de l’être vivant envers le milieu [… et des] lois de réaction conservatrice de l’être vivant sur le milieu […], les lois de la modificabilité »954. Le médecin lyonnais s’en tient à la définition de la vie donnée par Claude Bernard : « La vie ne saurait s’expliquer par un principe intérieur d’action ; elle est le résultat d’un conflit entre l’organisme et les conditions physico-chimiques ambiantes »955, comprenez le milieu. Il faut toutefois manipuler avec prudence le terme de « positivisme », qui est polysémique : il a pris aujourd’hui une connotation péjorative dont il faut se méfier. Il permet de désigner « d’une part, […] l’application au domaine des sciences sociales de méthodes spécifiques aux sciences de la nature »956, en vertu d’un mimétisme méthodologique que Comte critique ; et « d’autre part, […] ce qui s’oppose à toute conception métaphysique du savoir »957. Paul Dubuisson, un temps directeur des Archives d’anthropologie criminelle et « positiviste convaincu et pratiquant »958 si l’on en croit Lacassagne, définit cette philosophie en ces termes :

‘« Sous ce nom un peu rébarbatif, et qui fait pousser tant de clameurs, de Positivisme, il faut entendre quelque chose de très simple. Le nom date d’un demi-siècle, il est donc nouveau ; mais en réalité la chose est ancienne et se perd presque dans la nuit des temps. ’ ‘Le Positivisme n’est pas une de ces conceptions arbitraires sorties un jour du cerveau d’un homme, comme Minerve du cerveau de Jupiter. Ce n’est, à proprement parler – et c’est là sa force – que l’achèvement de l’œuvre séculaire de l’esprit humain dans l’ordre de ses connaissances. Il débute avec les premières spéculations des théocraties primitives sur les nombres pour aboutir en ce siècle à la fondation d’une sociologie et d’une morale scientifiques.
Philosophiquement parlant, il consiste en une élimination graduelle de la théologie et de la métaphysique de toutes nos conceptions quelconques, en une substitution de plus en plus complète de la recherche des faits et des lois à la recherche des causes et à l’application des phénomènes naturels par des volontés »959. ’

C’est bien cette deuxième acception qu’il faut retenir ici, et le positivisme peut donc être défini comme un « système de philosophie qui rejette toute conception métaphysique, toute étude du surnaturel, et fonde la science toute entière sur la considération des faits matériels palpables »960. Initialement, le positivisme consiste surtout en un effort pour unir les sciences et la politique par l’intermédiaire de la philosophie, à l’opposé du scientisme et du pragmatisme sous les traits desquels on le caricature trop souvent. Au sein de ce système, les sciences sont effectivement placées en position centrale : il s’agit, grâce à elles, d’observer les phénomènes afin de réunir des faits. Ces faits sont des matériaux, mais on ne peut se suffire de cette connaissance empirique. Il s’agit également de théoriser.

‘« Toute théorie positive doit être nécessairement fondée sur des observations, [mais] il est également sensible, d’un autre côté, que, pour se livrer à l’observation, notre esprit a besoin d’une théorie quelconque. Si, en contemplant les phénomènes, nous ne les rattachons point immédiatement à quelques principes, non seulement il nous serait impossible de combiner des observations isolées, et par conséquent, d’en tirer quelque fruit, mais nous serions même incapables de les retenir ; et, le plus souvent, les faits resteraient inaperçus sous nos yeux »961. ’

L’idée de positivité, qu’Auguste Comte emprunte à Newton, est là : elle consiste à envisager les théories, dans quelque ordre d’idées que ce soit, comme ayant pour objet la coordination des faits observés962. Donc, s’il ne faut pas faire du positivisme un scientisme aveugle, pour ses défenseurs, la foi en la science, qui consiste dans l’observation et dans l’explication des phénomènes, est la seule source d’inspiration valable pour la conduite des hommes. La connaissance scientifique permettrait d’échapper à l’ignorance dans tous les domaines et donc, selon la formule d’Ernest Renan d’« organiser scientifiquement l’humanité ». Une importance essentielle est accordée à l’éducation qui, en libérant le plus grand nombre des illusions métaphysique et théologique, rend possible une gestion supposée rationnelle de la société.

‘« Combien les hommes d’action auraient la tâche facilitée par ces connaissances […] ; malheureusement le plus grand nombre des personnes qui savent n’agissent pas, alors que celles qui agissent négligent de savoir, se croyant assez armées par leur esprit d’initiative. Que d’échecs seraient évités par un peu d’étude ; mais moins on sait, moins on sent l’utilité de la science : tout est simple pour les simples ; or cette simplicité n’existe pas plus dans l’organisation des peuples que dans l’organisme de l’homme »963.’

La création d’une Société d’Enseignement Populaire Positiviste poursuit cet objectif de diffusion des connaissances, conformément à un programme ambitieux. Dans le compte rendu annuel de l’enseignement positiviste de 1878964 Pierre Laffitte détaille le parcours accompli : « J’ai renouvelé […] en vingt leçons, dont vous avez dû recevoir le programme détaillé, le cours de Philosophie première, devant un auditoire aussi nombreux que le permet l’appartement dont nous pouvons disposer. J’ai aussi achevé le cours de Géométrie algébrique, commencé l’année précédente ». Il ajoute que « MM. Jeannolle et Monier ont repris l’enseignement des parties élémentaires de la science mathématique : le premier a fait le cours d’Arithmétique, et le second celui d’Algèbre[…]. Enfin, des conférences sur divers sujets philosophiques et scientifiques ont été faites […] dans diverses bibliothèques populaires de Paris et à différentes sociétés d’instruction libre, de manière à ne négliger aucune occasion de propager le Positivisme. » Et ce n’est qu’un exemple de l’ampleur des actions envisagées par cette Société.

Dans le cadre du positivisme, le seul savoir valable n’existe que par ce qui est donné positivement : la validité se limite aux propositions vérifiables. Les propositions sur les causes « premières » ou « dernières » ne l’étant pas, pas davantage que celles sur le « sens » ou l’ « essence » des choses, elles n’ont pas leur place dans les sciences. L’esprit positif se caractérise donc par l’abandon des causes, la mise à l’écart de tout absolu et la seule recherche des lois. Sans être utilitariste ni pragmatique, l’esprit positif a une visée pratique, car la découverte des lois régissant les phénomènes doit permettre de prévoir leur devenir. « Le véritable esprit philosophique consiste, en effet comme le simple bon sens, à connaître ce qui est, pour prévoir ce qui sera afin d’améliorer autant de possible »965. Le savoir est bien l’instrument de l’action, car « plus on sait et mieux l’on observe, mieux l’on comprend ce que l’on observe et plus l’on agit sagement en toutes choses »966. Par conséquent, le savant est un indispensable suppléant auprès du politique. « La politique est inséparable de la science, elle est liée étroitement à l’ensemble des opinions et des croyances d’un peuple, dont la science redresse constamment les écarts »967. Le positivisme a donc très clairement un but politique : il s’agit de travailler à la régénération sociale, laquelle est fondée sur la régénération mentale que permet la philosophie968. Auguste Comte rédige, dès 1822, un Plan des travaux nécessaires pour réorganiser la société, dans lequel il explique que la politique doit être traitée elle même comme une science positive, en rapport avec la nécessité de confier aux savants positifs le travail théorique de la réorganisation sociale. Finalement, le positivisme est donc bien une philosophie caractérisée par sa systématicité : il unit puissamment une théorie de la connaissance et une philosophie politique dans un système qui est aussi une philosophie de l’histoire. « La vraie philosophie se propose de systématiser, autant que possible, toute l’existence humaine, individuelle et collective, contemplée à la fois dans les trois ordres de phénomènes qui la caractérisaient, pensées, sentiments et actes »969.

Mais qu’est-ce donc qu’être positiviste ? C’est d’abord avoir foi en la science. Nul doute que c’est le cas de Lacassagne. Ne considère-t-il pas que « le médecin-expert [doit avoir] pour guide la raison et la science, ces deux maîtres de notre conscience »970 ? Mais cette foi n’est pas un scientisme. Pour Lacassagne, « la science ne peut satisfaire à tous les besoins »971, notamment ceux du cœur. Il professe cependant des idées utilitaristes assez radicales. « Sans vouloir cependant limiter la science, je crois qu’elle sera obligée de restreindre son domaine à un but utilitaire, d’intérêt social » écrit-t-il972. C’est aussi travailler au rassemblement de données issues de l’observation, afin de produire une réflexion scientifique. La méthodologie positiviste repose sur l’observation, qui permet d’obtenir des données objectives, donnant une légitimité institutionnelle et scientifique au savoir. Lacassagne procède ainsi, quand il recueille, à même la peau des soldats des bataillons d’Afrique, plus de 2 000 tatouages. Il s’agit de relever des signes tangibles, observables, de criminalité, puisque l’on pose l’axiome selon lequel : « le grand nombre de tatouages [donne] presque toujours la mesure de la criminalité du tatoué »973. C’est bien la méthode positiviste qu’il adopte dans le cadre de sa thèse de doctorat : « Nous voulons citer des faits, donner des observations avant de bâtir des théories ou de tirer des conclusions. C’est le précepte de Fontenelle : “avant d’expliquer les faits, il est nécessaire de les constater ; on évite ainsi le ridicule d’avoir trouvé la cause de ce qui n’est point”»974. C’est sur cette méthode qu’il fonde ses recherches. Ainsi, dans un travail sur la submersion expérimentale975, il souligne ainsi que c’est « par les observations et les expériences » qu’on a pu établir que « dans la submersion, les individus succombent le plus souvent d’asphyxie »976. La publication d’observations cliniques est d’ailleurs pratique courante dans le monde de la recherche médicale. « On a publié des observations d’individus retirés de l’eau »977, précise Lacassagne dont l’article mentionné plus haut comporte 3 pages pleines – soit près du tiers de l’étude – exclusivement consacrées aux constatations faites par le médecin sur le capitaine James, un célèbre « homme poisson ou homme amphibie »978. C’est sur cette méthode qu’il fonde sa pratique d’expert : ses conclusions d’appuient sur des données objectives, et seulement sur celles-ci. « Soyez toujours prudent, recommande-t-il, pour ne pas vous trouver en opposition avec les faits ». Le recueil même de ces données est soumis à une méthode que Lacassagne veut strictement établie. C’est à cette fin qu’il publie des « feuilles d’observations médico-légales […] traçant la marche à suivre dans les cas les plus fréquents et les plus graves de la pratique [pour aider] à la précision des constatations »979.

Être positiviste, aussi, c’est croire dans le progrès. En effet, l’autre fondement de la philosophie positiviste, avant même la classification des sciences exposée par Comte dans la deuxième leçon de son Cours, c’est la loi des trois états980, grande loi historique qui assujettit le développement de l’intelligence humaine, aussi bien chez l’individu que dans l’espèce, et qui n’est pas contingente981 mais résulte d’une nécessité invariable. Les différentes fractions de l’Humanité parcourent les mêmes étapes à des vitesses différentes mais selon le même ordre. La méthode historique qui est au cœur de la philosophie positiviste permet de souligner avec force la nécessité de la transmission. On passe en effet d’une étape à l’autre par accumulation et crise, qui n’est pas en soi dissolution et décomposition, mais passage d’un état à un autre au travers de phases de déconstruction des anciens repères et de reconstruction de nouveaux. « L’Humanité ne commence vraiment qu’avec la transmission de la pensée entre contemporains et la filiation d’une génération à l’autre. L’être humain devient alors membre d’une société morale qui s’étend dans l’espace et surtout dans le temps passé »982. C’est la raison pour laquelle Auguste Comte considère que les morts gouvernent les vivants. Cette loi permet d’appréhender l’Humanité comme un tout, uni en dépit du temps et de l’espace. Les trois états : théologique, métaphysique et positif, sont présentés comme des états de la connaissance, mais chacun d’eux correspond à un régime, c’est-à-dire à la fois un régime politique et une manière de vivre, c’est-à-dire un ordre de relations sociales (au temporel), et un développement de l’imagination et du sentiment, un système de représentations (au spirituel). C’est la totalité d’une société, considérée sous tous ses aspects, qui est déterminée par un état de l’intelligence, ce que Comte résumait en disant que les idées mènent le monde. La succession de ces trois états est pensée sur le mode métaphorique comme le passage progressif d’un état d’enfance (dans l’état théologique) à un état normal d’adulte. C’est l’âge positif. L’évolution des sociétés est pensée à l’image du développement biologique en général. Par conséquent, l’évolution de l’Humanité est marquée du sceau du progrès, lequel est défini par Comte comme « le développement de l’ordre »983. Comme dans sa devise politique et philosophique, qui proclame « Ordre et Progrès » et pense ensemble ces deux notions alors qu’on définit généralement l’ordre comme immuable et éternel, et le progrès comme une rupture avec le passé, notre philosophe considère que dynamique et statique sont complémentaires, la première se fondant sur la seconde. Alexandre Lacassagne reprend mot pour mot cette devise positiviste dans la préface du catalogue de son fonds. Pour mener à bien le plan de lecture qu’il y propose, il affirme ainsi que « Le travail méthodique s’impose : c’est l’ordre qui conduit au progrès »984.

Le progrès tel que l’envisage Auguste Comte n’entraîne donc pas de dépréciation du passé. L’ordre humain, c’est la nature humaine, le progrès, c’est l’histoire qui fait advenir cette nature. « L’ordre devient alors la condition permanente du progrès, tandis que le progrès constitue le but de l’ordre »985. D’emblée, Comte replace les démarches de l’esprit humain dans une perspective historique qui en constitue la justification, et les place sous le signe du progrès, qui est entendu comme une « marche en avant, […] la marche du genre humain vers sa perfection, vers son bonheur, [car] l’humanité est perfectible et elle va incessamment du moins bien au mieux »986. Or Lacassagne est bien de ces hommes de son temps qui professent alors un « dévouement absolu à toute idée de progrès »987. « Si le progrès dans l’ordre politique est manifeste, le progrès fait par les sciences est éclatant » affirme au même moment le Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle. « Nous n’avons pas à énumérer ces innombrables découvertes, ces applications merveilleuses qui permettent à l’homme de substituer à ses propres efforts le service gratuit des éléments et des forces qui résident en eux et d’accroître indéfiniment son bien-être »988. « L’augmentation progressive du bien-être matériel, intellectuel et moral de toutes les sociétés humaines », voilà justement l’objet du positivisme si on en croit E. Bombard989. L’influence des conceptions positivistes est très nettement lisible dans la thèse d’agrégation que rédige Alexandre Lacassagne. Dans ce traité intitulé De la putridité morbide et de la septicémie 990 il distingue en effet trois moments : la période théologique, la période métaphysique et la période positive. « L’étude historique qui nous est demandée apportera quelques lumières dans la question et légitimera, par la sanction des témoignages de tous les temps, les théories qui, aujourd’hui, encore sont invoquées comme promettant la pathogénie complète et définitive de la putridité »991. Et plus loin : « …que l’on veuille se rappeler que l’histoire d’une théorie médicale quelconque, et surtout celle de la putridité, est l’histoire de l’humanité elle-même, de son évolution lente et régulière, mais successive et toujours ascendante ; que la pensée associe en même temps la connaissance des lieux où les scènes morbides se passaient, des hommes de l’époque, du milieu social qui les régissait et des idées mystiques ou théologiques auxquelles ils obéissaient »992. On retrouve ces mêmes influences dans les propos d’Alexandre Lacassagne concernant l’évolution humaine. Il affirme : « L’homme est un être sociable, modifiable et perfectible. Les changements produits par la civilisation proviennent surtout du langage, de l’écriture, de l’imprimerie, puis des chemins de fer, du télégraphe, du téléphone, tous moyens ou procédés qui facilitent les communications, multiplient les contacts, engendrent des modes d’imitation, favorisent l’échange des idées entre un plus grand nombre d’individus »993. Pour Alexandre Lacassagne, c’est donc bien les progrès de la science et les avancées technologiques consécutives qui conduisent au perfectionnement de l’homme, et à un bien-être accru pour lui. Sur le même rythme ternaire qu’Auguste Comte, il distingue trois états de l’intelligence : « fictif, abstrait et positif ». L’activité a également trois âges : d’abord conquérante, elle devenait défensive avant de se muer en activité industrielle. Quant au sentiment (ou sociabilité), il est domestique, civique, puis universel. Cette marche vers l’universel de la nature humaine, qui devient au fil de l’évolution « à la fois plus synthétique, plus synergique et plus sympathique » s’accompagne d’une « systématisation résultée de l’ascendant croissance de l’altruisme sur l’égoïsme ». Presque tous les principes de la philosophie positiviste sont là, dans ces quelques notes manuscrites rédigées par Alexandre Lacassagne à propos de l’évolution.

Le corps médical joue un rôle particulièrement actif dans la diffusion du positivisme. Les médecins sont des propagandistes militants de la pensée d’Auguste Comte. Parmi les personnages emblématiques du mouvement, on relève notamment la présence d’Émile Littré qui a fait des études de médecine, même s’il n’exerce pas son art ; de Charles Robin, ami du précédent et personnage de premier plan dans le monde médical ; puis de Jean-François Eugène Robinet ; L.-A. Segond ; Georges Audiffrent ; Paul Dubuisson ; Eugène Delbet ; E. Sémerie ; E. Bourdet ; A. Jabely ; Constant Hillemand ; A. Cancalon ; Clavel ou Clément qui, en dehors de leur travail médical proprement dit, s’engagent dans la publication de la propagande positiviste. Le dépouillement de la correspondance d’Alexandre Lacassagne permet d’affirmer qu’il entretient des relations épistolaires avec la plupart de ces médecins. Le docteur Lacassagne a en effet conservé un certain nombre de ces courriers, même si aucune série de lettres attestant d’un lien suivi entre lui et l’un de ses correspondants ne nous est parvenue. Au total ce sont 163 courriers qui ont été conservés pour la période 1877-1914, classés dans un dossier intitulé « Correspondances personnelles » sous la cote Ms5174. Leur analyse statistique détaillée sera développée à l’occasion de l’analyse des réseaux d’Alexandre Lacassagne (chapitre III). Et ceux qui n’apparaissent pas dans sa correspondance sont présents, par le biais de leurs publications, dans le catalogue de sa bibliothèque.Lacassagne n’est donc pas exceptionnel. Il s’inscrit dans une constellation médicale positiviste particulièrement active en cette seconde moitié de XIXe siècle. Mais l’engouement de ce groupe professionnel pour la philosophie positiviste peut sembler surprenant, et même paradoxal. Auguste Comte accorde en effet à la médecine une place ambivalente dans son système des sciences994. Pour lui , la biologie – « l’étude des lois générales des phénomènes vitaux »995 – est une science pivot dans ce système, mais la médecine en est très clairement distinguée, et elle est renvoyée plutôt parmi les sciences concrètes, secondaires et techniques. Cette distinction entre biologie et médecine confine presque à la distinction entre science et technique. Dans un tel cadre conceptuel, le médecin est un praticien davantage encore qu’un savant. En effet le système comtien ne reconnaît pas la médecine comme une science fondamentale. Dans la deuxième leçon du Cours de Philosophie positive, Auguste Comte propose une classification des sciences qui se fonde sur leurs objets, les phénomènes, et n’en retient que six : la mathématique, l’astronomie, la physique, la chimie, la physiologie (devenue biologie) et la physique sociale (devenue sociologie). De manière générale, sa classification procède constamment par dichotomie : il distingue la théorie – « conception générale qui vise non point à la modification directe des êtres, mais qui cherche à découvrir leurs propriétés fondamentales »996, de la pratique – « opérations spéciales ou professionnelles auxquelles se livrent les divers individus […] en vue de modifier des êtres : personnes et animaux, ou des corps bruts »997 ; la science concrète de la science abstraite ; la spéculation et l’action. On peut résumer cette classification plus clairement sous forme d’un organigramme998 :

Auguste Comte affirme un intérêt nettement prioritaire pour les premières par rapport aux secondes : les sciences fondamentales, générales, abstraites ont donc sa faveur, préférentiellement aux sciences secondaires, particulières, concrètes. La médecine, concrètement soucieuse du particulier, ne peut être que dans la seconde catégorie. C’est même un art, ce qui la place au plus bas échelon des catégories hiérarchiques comtiennes. Elle n’est pas évoquée dans les exemples donnés par Comte dans son Cours. Quand il évoque la physiologie, il parle de zoologie et de botanique, mais pas un mot concernant la médecine. C’est particulièrement clair dans les leçons de biologie (quarantième leçon du Cours). Cette leçon présente la biologie en général (domaine, objet), et Comte revient alors sur la médecine qu’il assimile à l’art médical, et indique que la biologie doit s’isoler de la médecine pour devenir vraiment scientifique. Il convient en effet d’« écarter constamment, avec une scrupuleuse rigueur, de la science biologique proprement dite, toute recherche relative à des applications immédiates, dans l’intérêt commun des études théoriques (la biologie) et des études pratiques (la médecine), dont les unes seraient dénaturées et les autres entravées par ce mélange irrationnel »999. Par conséquent, « la biologie [est] radicalement indépendante de la thérapeutique, qui, au contraire, est nécessairement fondée sur elle »1000. Dans la mesure où la biologie « doit toujours se borner à l’étude essentielle de l’état normal »1001, elle ne peut rien avoir de commun avec la médecine, qu’intéresse justement le pathologique. Comte reconnaît cependant la précession historique de la médecine sur la science physiologique, mais pour devenir scientifique, cette science doit s’en détacher. La médecine est son état d’enfance. La science biologique peut faire des emprunts intéressants aux observations médicales des effets thérapeutiques et des études pathologiques, mais c’est de l’empiricité, pas de la rationalité positive. Comte explique que confier l’étude de la biologie aux médecins est absurde : ce serait comme confier aux navigateurs l’étude de l’astronomie. Les médecins, « grossiers penseurs à l’irrationnelle négligence »1002, sont de simples applicateurs de la médecine. Le philosophe leur reproche de ne pas comprendre la complexité de la nature humaine. Car il faut une science vraiment rationnelle pour la comprendre. Or ces praticiens « n’étudient en nous que l’animal et non l’homme […] Nos prétendus médecins ne constituent en fait que des vétérinaires, mais plus mal élevés que ceux-ci ne le sont maintenant […] et dès lors aussi peu capables ordinairement de guérir les animaux que les hommes »1003. La critique est dure.

Malgré cette place assez secondaire et ce peu d’estime d’abord accordé à la médecine dans la classification comtienne des sciences, cette dernière intéresse pourtant particulièrement le philosophe. Il y distingue « deux grands sujets : 1° L’éducation des êtres vivants […], c’est-à-dire la direction systématique de l’ensemble de leur développement pour un but déterminé ; 2° Leur médication, c’est-à-dire l’action rationnelle exercée par l’homme pour les ramener à l’état normal »1004. Cette éducation consiste notamment dans l’apprentissage des règles d’hygiène et dans la prise de mesures préventives : « pour nous, l’hygiène doit être de la prophylaxie : elle apprend à savoir pour prévoir »1005. Il prône l’exercice conjoint d’une médecine privée, passant par l’automédication et le respect strict d’un régime et d’un mode de vie sain, et d’une médecine publique. Lacassagne reprend cette distinction entre le domaine public et le privé dans son Précis d’hygiène, et lie étroitement le devenir individuel au devenir social. « L’hygiène est ordinairement définie comme l’art de conserver la santé », souligne Lacassagne qui ajoute que « rendre l’homme plus sain, c’est le rendre meilleur ; c’est lui permettre d’employer son intelligence et son activité, de jouer son rôle dans la société humaine »1006. L’attention qu’un Comte ou qu’un Lacassagne portent donc à leur santé n’a donc rien d’égoïste. Il s’agit de rien moins que de prendre soin de soi pour mieux remplir les fonctions sociales que l’on est amené à remplir. Du reste, cette branche des sciences médicale est une discipline positiviste par excellence, ne serait-ce que parce qu’elle « présente dans son histoire les phases successives et les progrès de l’humanité »1007. Elle est passée par « une première période, ou période fictive, [pendant laquelle] les mesures hygiéniques adoptées par les différents peuples sont des coutumes empiriques », puis par une deuxième période qui court depuis Hippocrate et Gallien jusqu’à Bichat, avant d’atteindre enfin « la période positive », qu’ouvre Hallé. Le vocabulaire et les métaphores médicales sont très présentes dans l’œuvre du philosophe. À partir de la 48e leçon du Cours de Philosophie positive, on peut même parler, avec Annie Petit, d’une véritable « invasion de ce modèle de l’organisme social. Considérant la société comme un vaste organisme, auquel on peut donc appliquer les métaphores des âges de la vie ou des comparaisons pathologiques1008, les positivistes se sentent investis d’une mission médicale envers le collectif. Auguste Comte défend donc l’idée d’une médecine publique, à laquelle tous doivent participer, ce qui ravit évidemment les médecins. On trouve des métaphores construites sur le même modèle dans l’œuvre d’Alexandre Lacassagne. Le célèbre aphorisme dans lequel il déclare que le criminel est un « microbe […], un élément qui n’a d’importance que le jour où il trouve le bouillon qui le fait fermenter »1009 en est emblématique. Il file d’ailleurs la métaphore :

‘« Comme la plupart des corps vivants la société a ses parasites et ses microbes. Ce sont les criminels. Sur ce terrain, les comparaisons sont faciles. Vous avez entendu parler de microbes aérobies ou vivant en présence de l’air, de microbes anaérobies ou se multipliant dans les milieux privés d’oxygène. N’avez-vous pas de même les criminels exerçant leur profession au grand jour et ceux qui ne la pratiquent que nuitamment, vivant dans l’ombre épaisse et grouillante des bouges ?
Il y a les microbes pathogènes qui agissent sur l’organisme par les troubles fonctionnels qu’ils provoquent et par les détritus qu’ils laissent. Ces détritus sont des poisons violents que l’on appelle des ptomaïnes. Croyez-vous que la spéculation effrénée, les entreprises financières bizarres, la passion pour les jeux de course ou de hasard puissent se produire sans laisser des ferments de désorganisation morale. Voilà, il me semble, des ptomaïnes sociales »1010. ’

Mais ce registre métaphorique commun1011 n’est sans doute pas la seule raison de l’intérêt majeur que le corps médical en général, et Alexandre Lacassagne plus particulièrement, porte à la philosophie positiviste. Si celle-ci retient son attention, c’est sans doute aussi parce que c’est une philosophie de l’action. Par foi dans la science et dans la perfectibilité de l’homme, Alexandre Lacassagne rejette avec force le fatalisme des idées lombrosiennes. Il leur oppose « l’initiative sociale [car] si le milieu social est tout, et s’il est assez défectueux pour favoriser l’essor des natures vicieuses ou criminelles, c’est sur ce milieu et ses conditions de fonctionnement que doivent porter les réformes »1012. En quête d’une légitimité professionnelle accrue, le corps médical trouve dans la philosophie positiviste une consécration des théories scientifiques qui lui est tout à fait favorable.

Alexandre Lacassagne, comme nombre de ses confrères, se fait donc positiviste. Il adhère aux idées développées par Auguste Comte. La Revue occidentale, revue du positivisme, fait mention de ses publications en le présentant comme « l’un de nos coreligionnaires »1013. La bibliothèque de la maison d’Auguste Comte conserve d’ailleurs des cartes de visite du docteur Lacassagne, adressée à Pierre Laffitte qui lui adresse son Cours philosophique sur l’histoire générale de l’humanité 1014, dont une libellée en ces termes [Fig.25]:

‘« Je vous remercie, cher maître, de votre discours d’ouverture, et je vous prie de recevoir l’assurance de mon respectueux dévouement »1015.’
Fig.25  : Carte de visite d’Alexandre Lacassagne, adressée au docteur Pierre Laffitte. S.d. [Maison d’Auguste Comte]

Une édition originale du Cours de Philosophie positive 1016 se trouve dans sa bibliothèque. Le médecin lyonnais possède chacune des œuvres essentielles du philosophe, notamment son Système de Politique positive 1017 et son Catéchisme 1018 dans une édition originale. Au total, son catalogue dénombre dix ouvrages dont Auguste Comte est l’auteur, et plus d’une quinzaine de références à cet auteur. Et ce n’est pas le seul auteur positiviste dont il possède les œuvres. Le 20 juillet 1889, la Revue occidentale lui adresse l’attestation suivante : « Reçu de Monsieur le Docteur Lacassagne la Somme de Six francs, pour prix du premier volume de la Philosophie première »1019 de Pierre Laffitte, successeur direct d’Auguste Comte, dont il possède par ailleurs la carte de visite personnelle1020. En août 1887, il écrit à Charles Jeannolle afin « de [le] prier, une fois pour toutes, de [l]’inscrire d’office pour un exemplaire de toutes les publications positivistes »1021. Bibliophile, Lacassagne fait collection des catalogues de libraires proposant des ouvrages rares à la vente. Parmi ces instruments de recherche, on trouve le catalogue des livres composant « la Bibliothèque de feu le Docteur Robinet (1825-1899), Maire du VIe arrondissement en 1870, Sous-Conservateur au Musée Carnavalet, L’un des treize exécuteurs testamentaires d’Aug. Comte »1022. L’analyse croisée de cet inventaire et de celui de la bibliothèque personnelle d’Alexandre Lacassagne permet d’affirmer qu’il a acquis un nombre important de ces ouvrages, notamment des œuvres du Dr Robinet lui-même1023. Les ouvrages du médecin lyonnais apparaissent d’ailleurs dans une brochure publicitaire pour les « principales publications de l’école positiviste, en vente aux Bureaux de la Revue Occidentale ou chez les éditeurs dont les noms sont marquées entre parenthèses » :

‘« Dr. A. Lacassagne. – Précis d’Hygiène privée et sociale, 4e édit. Paris, 1895 (Masson), 1 vol. in-8 de 667 p. Prix : 7 fr.50 » et « Dr A. Lacassagne. – Précis de Médecine judiciaire, 2 e édit., Paris (Masson), 1 vol. in-18, cartonné, 7 fr.50. – Le Vade-Mecum du Médecin expert, 1 vol. in-18, 5 fr. – Les actes de l’État-civil : étude médico-légale sur la naissance, le mariage et la mort, 1 vol. in-18, 3 fr.50. – De la submersion expérimentale. Rôle de l’estomac comme réservoir d’air chez les plongeur, 1 fr. – Les Tatouages, Etude anthropologie et médico-légale, 1 vol. in-8°, de 115 pages, 1881 »1024.’

Alexandre Lacassagne s’intéresse de près à la personne du fondateur du positivisme. Dans la préface au catalogue de son fonds documentaire il professe son admiration à son égard : « Tout homme donne sa note personnelle de trente-cinq à cinquante ans, aux âges de la virilité, de la maturité, mais les hommes supérieurs, les Grands Types, se signalent plutôt aux environs de trente ans. Auguste Comte, âgé de 24 ans, commença le travail d’étude et de rédaction de la loi des trois états en janvier 1822 et la termina quatre mois après, le 6 mai »1025. C’est dire combien le philosophe fait partie de ces hommes supérieurs dont les lumières doivent guider l’Humanité. Soulignons au passage la connaissance particulièrement fine de la biographie d’Auguste Comte que révèle ce commentaire de Lacassagne. Au début du premier volume de son exemplaire du Système de Politique positive, le médecin a recopié un « extrait des registres de l’état civil de la ville de Montpellier [concernant la] naissance d’Auguste Comte, 30 nivôse an VI, 17 janvier 1798 » avec cette précision : « J’ai fait faire cette copie par l’archiviste Achille Morel, à Montpellier en août 1896. L’original est à la rue Mr le Prince »1026. Dans le premier tome de son Cours, il glisse les feuillets d’un article paru dans la Revue philosophique, signé J.-M. Guardia, portant sur « les sentiments intimes d’Auguste Comte »1027. Le numéro de la Revue occidentale 1028 qu’il possède contient pour l’essentiel des « Matériaux pour servir à la biographie d’Auguste Comte », notamment des lettres qu’il adressa à son père, sa sœur, Mme de Montfort, etc. Auguste Comte est favorable à la pratique d’une médecine privée, et donne l’exemple lui-même en pratiquant une sorte d’auto-médication particulièrement sévère. Alexandre Lacassagne, qui fait sans doute de même, défend des préceptes d’hygiène de vie particulièrement stricts. Son Précis d’hygiène privée et sociale 1029 compte parmi les publications dont l’école positiviste se réclame. « Ce sage veillait sur sa vie comme sur la flamme sacrée. Depuis plus de cinquante ans, il préparait sa longévité comme un chef-d’œuvre. Ordonné, méticuleux, persévérant, il se tenait strictement aux règles d’hygiène dont une expérience sagace lui avait enseigné la valeur »1030. Il n’est sans doute pas anodin de relever qu’il dédie son ouvrage La Verte vieillesse 1031, véritable traité du bien vieillir, à la mémoire de ses amis, parmi lesquels les positivistes « Paul Dubuisson et Cancalon », le 13 mars 1920. Avoir soin de soi semble donc bien être une valeur positiviste. À défaut d’automédication, il détaille dans ce livre le régime indiqué pour les vieillards, « ces hommes qui, au déclin de la vie, âgés ou usés ou nécessairement des difficultés à maintenir l’équilibre de leur nutrition »1032. Or l’équilibre, condition nécessaire au maintien de l’harmonie entre l’organisme et les conditions extérieures, est une clé de la santé. Il insiste pour que le vieillard se rappelle « afin de maintenir l’équilibre de son système nerveux, qu’il est nécessaire de cultiver à la fois la raison et le cœur [puisque] d’après Auguste Comte : “On ne peut pas toujours penser et agir, mais on peut toujours aimer” »1033. L’Amour, qu’il faut entendre comme l’ensemble des penchants bienveillants, est un principe, si l’on en croit certains adages positivistes1034. La sympathie est une condition sine qua non de l’altruisme, sentiment vers lequel doivent tendre l’homme et la société. Lacassagne y insiste. Selon sa conception de l’évolution humaine, « cette marche vers l’universel de la nature humaine, qui devient au fil de l’évolution à la fois plus synthétique, plus synergique et plus sympathique s’accompagne d’une systématisation résultant de l’ascendant croissance de l’altruisme sur l’égoïsme »1035. C’est la raison pour laquelle les ambitions anarchistes sont « rétrogrades »1036, parce qu’ « égoïstes »1037 : « l’anarchie est […] la lutte des droits de l’individu, de l’individu en révolte contre la société, en rébellion contre l’espèce »1038, parce qu’en opposition avec son évolution supposée.

Enfin, dans sa pratique professionnelle même, en dehors de cette médecine privée à laquelle il semble volontiers s’adonner pour lui-même, Alexandre Lacassagne applique strictement les préceptes comtiens. Le philosophe souligne ainsi que « l’étude concrète de chaque organisme comprend deux branches principales : 1° son histoire naturelle proprement dite, c’est-à-dire le tableau rationnel et direct de l’ensemble de son existence réelle ; 2° sa pathologie, c’est-à-dire l’examen systématique des diverses altérations dont il est susceptible, ce qui constitue une sorte d’appendice et de complément de son histoire »1039. Pour étudier un organisme, un patient par exemple, il faut donc procéder en deux temps, en commençant par rassembler un certain nombre de données biographiques à son sujet, afin de dresser « le tableau rationnel et direct de l’ensemble de son existence ». Cet entretien préliminaire est un préalable indispensable à l’appréhension de sa pathologie, et à son éventuelle prise en charge. Or, Alexandre Lacassagne applique strictement cette recommandation. S’il recueille les écrits de déviants et de criminels, s’il les sollicite même, c’est non seulement parce qu’il professe, comme nombre de ses confrères d’alors, « une foi illimitée en l’écriture »1040, mais surtout parce qu’il applique le principe positiviste sus-cité. Le recueil d’un récit de vie doit être le préalable à toute étude de la pathologie d’un patient. Si Lacassagne sollicite ainsi les prisonniers de la prison Saint-Paul, dont il veut comprendre non seulement les motivations, mais encore la pathologie criminelle, et leur demande de rédiger leur autobiographie, ce n’est donc pas seulement par goût du marginal. Leur pathologie, criminelle, n’est effectivement qu’ « une sorte d’appendice et de complément » de leur histoire, laquelle doit permettre de comprendre les raisons de leurs errements. Cette conception positiviste de la pratique médicale, qui repose sur le recueil des antécédents biographiques du patient est sans doute également une clé de compréhension de l’étrange relation épistolaire qui se noue entre le Docteur Alexandre Lacassagne et Georges Apitzsch, un inverti allemand1041. On y reviendra1042. Dans le cadre de la relation thérapeutique qu’il noue avec ce patient peu ordinaire, Lacassagne lui demande de rédiger sa « biographie sexuelle »1043 : l’inverti doit lui livrer son expérience personnelle afin que le médecin puisse dresser un tableau aussi exhaustif que possible de sa pathologie. Le recueil de récits de vie fait donc partie intégrante de la conception positiviste de « l’étude concrète de chaque organisme ».

Hors la pratique professionnelle d’Alexandre Lacassagne, son adhésion à la philosophie comtienne est également lisible dans sa bibliothèque. À l’entrée « Positivisme » du catalogue du fonds Lacassagne, outre un dossier de pièces manuscrites, près de 50 ouvrages sont référencés. Alexandre Lacassagne connaît la construction philosophique d’Auguste Comte. Il possède un certain nombre de petits fascicules prétendant en faire un « exposé populaire »1044 qui veut « montrer que la méthode positive peut s’appliquer à tous les sujets quelconques »1045, ou encore le présenter « en dix pages »1046. Lacassagne possède également un certain nombre d’exemplaires de la Circulaire exceptionnelle adressée aux vrais disciples d’Auguste Comte 1047 et de la Circulaire adressée à chaque coopérateur du Libre Subside institué par Auguste Comte pour l’organisation de la religion de l’humanité 1048. Il est membre de nombreuses associations positivistes. Disciple, coopérateur, il était donc l’un et l’autre au sein du positivisme, et ce dès le début de sa carrière médicale puisqu’il déclare avoir « connu Dubuisson en 1874 à la Société positiviste de la rue Monsieur-le-Prince »1049. Son engagement au sein de cette Société est donc particulièrement précoce. Et il ajoute : « Des idées politiques et philosophiques communes firent naître une sympathie réciproque et bientôt une amitié qui ne s’est pas démentie un moment »1050. Les deux hommes ont coutume de s’adresser leurs ouvrages respectifs. Le fonds Lacassagne conserve la trace durable de cette amitié. Un exemplaire dédicacé par Lacassagne à Dubuisson de L’Homme vers la fin de sa vie 1051 se trouve à la Maison d’Auguste Comte. Sans doute Lacassagne est-il donc, à l’instar de Dubuisson, « son ami le plus intime, [… un] positiviste convaincu et pratiquant, réglant sa conduite privée et civique d’après les principes du maître »1052. Dès 1878, en date du « 22 Descartes 90 (29 octobre 1878) »1053, alors qu’il est stationné à Aumale, en Algérie un courrier atteste ainsi de son implication dans la Société d’enseignement populaire positiviste : il s’agit du compte rendu annuel de l’enseignement positiviste « adressé à chaque coopérateur ». Et un autre courrier, daté de 19041054, l’informe du désir de son président Émile Corra, en accord avec M. Jeannolle et les membres du comité d’organisation les « Dr Dubuisson, Grimanelli, Dr Hillemand, Auguste Keufer, Monier, Vaillant » de « donner à la Société positiviste d’enseignement populaire, une organisation et une activités propres, et, simultanément, d’élargir sa porte d’entrée », sollicitant sa participation « comme membre correspondant ou comme membre adhérent ». Lacassagne persévère apparemment jusqu’à la fin de sa vie dans sa participation à cette société. En 1919, il est encore prié « de bien vouloir assister à la Réunion mensuelle de la Société d’Enseignement populaire positiviste, qui aura lieu le Dimanche 18 Mai prochain, 54 rue de Seine, à 4 heures très précises du soir »1055. Le professeur lyonnais est également régulièrement sollicité pour des souscriptions positivistes. En 1882, pour « la 25e année du Sacerdoce de M. P. Laffitte, second grand prêtre de l’Humanité », la Société positiviste décide de « l’exécution de son portrait peint par un élève de l’école des Beaux-Arts, son compatriote, et destiné à être placé 10, rue Monsieur-le-Prince »1056. Lacassagne est invité à participer aux frais. En date du « 5 Homère 96 (2 Février 1884) »1057, la Société positiviste sollicite une aide financière à l’occasion de la publication, conformément aux prescriptions laissées par Auguste Comte à ses exécuteurs testamentaires d’« un volume contenant son testament, sa correspondance avec Mme Clotilde de Vaux, ses confessions annuelles, ses prières quotidiennes, et des pièces justificatives se rapportant à ces divers documents ». En 1899, c’est pour l’érection de la statue d’Auguste Comte que la Société se mobilise. Lacassagne reçoit également une invitation personnelle à un banquet organisé par la Société « à l’occasion de l’inauguration du Monument d’Auguste Comte »1058. Plusieurs programmes de soirées familiales lui parviennent également dans les années 1890. Un certain nombre de courriers et de dédicaces attestent qu’Alexandre Lacassagne entretient des relations étroites avec les milieux positivistes. Outre son amitié avec le Dr Paul Dubuisson, son collaborateur au sein des Archives de l’anthropologie criminelle, évoquée plus haut, signalons que Georges Audiffrent, l’un des représentants du positivisme orthodoxe, lui adresse ses œuvres en signant : «  À mon ami Lacassagne »1059, ou encore « Un bon souvenir, à mon ami Lacassagne »1060. Il lui adresse également des courriers personnels, comme celui-ci, daté de janvier 18841061 :

‘« Mon cher ami,
Un malencontreux furoncle m’a empêché de répondre plus tôt à vos souhaits affectueux, de vous assurer de grand cœur de la réciproque de notre part pour Madame Lacassagne et pour vous, et de vous remercier des renseignements que vous avez eu l’obligeance de me transmettre avec tant de bonne grâce et d’empressement.
Veuillez présenter à Madame Lacassagne nos respectueux hommages et me voir votre bien tout dévoué.
Dr Audiffrent »’

Dans la préface qu’il rédige pour le catalogue de sa bibliothèque, au moment de sa donation à la Ville de Lyon, l’adhésion d’Alexandre Lacassagne à la philosophie positiviste est particulièrement claire. Les auteurs dont il recommande la lecture une fois la maturité venue, à l’âge des idées, entre 26 et 42 ans, sont essentiellement des positivistes : Auguste Comte, Pierre Laffitte1062, Robinet1063, Cancalon1064, Paul Dubuisson1065. Plus largement, ses références littéraires sont également caractéristiques d’un intellectuel positiviste : Plutarque, Bacon, Montaigne, Molière, Vauvenargues, et Walter Scott sont inscrits au calendrier nouveau qui veut être un « système général de commémoration publique ».

Notes
953.

Sur ce point, voir notamment Pierre Laffitte, « Plan d’un cours de biologie d’après Auguste Comte », in Revue occidentale, 1883, p.43-45. BML FA 427927

954.

Pierre Laffitte, op.cit., 1883, p.21. BML FA 427927

955.

Alexandre Lacassagne, L’Homme vers la fin de savie, Lyon, Rey, 1919, p.2. [BML FA 139733]

956.

Johann Heilbron, Naissance de la sociologie, Paris, Agone, 2006, p.273.

957.

Idem.

958.

Alexandre Lacassagne, « Nécrologie du Dr Paul Dubuisson », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1908, p.831.

959.

Paul Dubuisson, « Le positivisme et la question sociale », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1898, p.541.

960.

« Positivisme », in Pierre Larousse, Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle, Tome 12, 1874, p.1490, 4e colonne.

961.

Auguste Comte, Cours de Philosophie positive, Paris, Bachelier, Tome 1, 1830, Première leçon, p.8-9. BML FA 427690 t.1

962.

Sur ce point, voir Pierre Macherey, Comte. La philosophie et les sciences, Paris, PUF,1989, p.8.

963.

Henri Thulié, « L’École d’Anthropologie depuis sa fondation », in 1876-1906. L’École d’Anthropologie de Paris, Paris, Félix Alcan, 1907, p.23.

964.

Courrier à Alexandre Lacassagne. Pièce n°1 dans le dossier de pièces imprimées sur le positivisme [BML FA 140804]

965.

Auguste Comte, Catéchisme positiviste, Paris, Carilian-Gœury, 1852, 2e entretien, p.25. BML FA 427695

966.

Léonce Manouvrier, « L’anthropologie et le droit », in Revue internationale de Sociologie, 2e année, 1894, p.370.

967.

Léon Donnat, La politique expérimentale, Paris, C. Reinwalt, 1885, p.7.

968.

Auguste Comte, Cours…, Tome 6, 1842, Préface personnelle, p.V-XXXVIII. BML FA 427690 t.2

969.

Auguste Comte, Système de Politique positive, Paris, Carilian-Goeury, 1851, p.8. BML FA 429463

970.

Alexandre Lacassagne, « Discours d’ouverture du IIe Congrès de Médecine légale », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1912, p.666.

971.

Alexandre Lacassagne, op.cit., in Revue occidentale, 1894, p.251.

972.

Notes manuscrites d’Alexandre Lacassagne. Pièce n°5 dans le dossier de pièces manuscrites sur le positivisme [BML FA Ms5229]

973.

Cité par Ph. Artières et G. Corneloup, op.cit., 2004, p.85.

974.

Alexandre Lacassagne, Effets physiologiques du Chloroforme, Strasbourg, Silbermann, 1867, p.4. BML 427615 C’est moi qui souligne.

975.

Alexandre Lacassagne, « De la submersion expérimentale. Rôle de l’estomac comme réservoir d’air chez les plongeurs », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1887, p.226-236.

976.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1887, p.227. C’est moi qui souligne.

977.

Idem.

978.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1887, p.229.

979.

Alexandre Lacassagne, Vade-mecum du médecin-expert. Guide médical ou aide-mémoire de l’expert, du juge d’instruction, des officiers de police judiciaire, de l’avocat, Lyon, Storck, 1892, p.V. BML FA 395160

980.

Elle fait l’objet d’une présentation dans Eugène Sémérie, La loi des trois états : réponse à M. Renouvier, Paris, E. Leroux, 1875, Paris, 51 p. [BML FA 135936]

981.

C’est la grande différence entre la pensée d’Auguste Comte et celle développée par Condorcet dans son Esquisse d’un tableau des progrès de l’esprit humain (1794), qui ramène l’ensemble de l’histoire humaine à la succession empirique, et donc contingente, de dix époques.

982.

Patrick Tort, op.cit., 1992, p.45-46.

983.

Auguste Comte, Discours sur l’esprit positif, Paris, Schleicher, 1909, § 40. BML FA 378428

984.

Alexandre Lacassagne, Préface au Catalogue du fonds Lacassagne, p.IV. BML FA 141946

985.

Auguste Comte, Système…, p.105. BML FA 429463

986.

« Progrès », in Pierre Larousse, Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle, Tome 13, 1874, p.224, 4e colonne.

987.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1881, p.2. BML FA 135385

988.

« Progrès », in Pierre Larousse, Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle, Tome 13, 1874, p.226, 2e colonne.

989.

E. Bombard, Le positivisme. Résumé populaire en dix pages, Paris, Impr. E. Marcilly, 1900, p.I. BML FA 135916

990.

Alexandre Lacassagne, De la putridité morbide et de la septicémie. Histoire des théories anciennes et modernes, Paris, Delahaye, 1872, p.VI. [BML FA 427533]

991.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1872, p.VII. [BML FA 427533]

992.

Idem. C’est moi qui souligne.

993.

Dossier de notes diverses, la plupart autographes. BML FA Ms5172 pièce 313

994.

Sur ce point, voir notamment Annie Petit, « Médecine et positivisme : une troublante fascination », Conférence prononcée dans le cadre du séminaire de recherche « Positivisme, scientisme, darwinisme dans la littérature et les sciences sociales depuis la seconde moitié du XIXe siècle : triomphe et contestation » le 24 janvier 2008. À paraître en 2009.

995.

Pierre Laffitte, op.cit., 1883, p. 11. BML FA 427927

996.

Camille Monier, Exposé populaire du positivisme, Paris, Société positiviste d’enseignement populaire supérieur, 1888, p.5. BML FA 135898

997.

Idem.

998.

D’après Florence Khodoss, Cours de philosophie positive. Première et Deuxième Leçons, Paris, Hatier, Coll. Profil Formation, 1982, p.38.

999.

Auguste Comte, Cours…, Tome 3, 1838, p.469. BML FA 427690 t.3

1000.

Idem.

1001.

Auguste Comte, op.cit., 1838, p.471. BML FA 427690 t.3

1002.

Auguste Comte, op.cit., 1851-1854, p.436. BML FA 429463

1003.

 Idem.

1004.

Auguste Comte, op.cit., 1838, p.469. BML FA 427690 t.3

1005.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1876, p.II. [BML FA 427889]

1006.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1876, p.1. [BML FA 427889]

1007.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1876, p.2. [BML FA 427889]

1008.

C’est ainsi que, pour Auguste Comte, la Révolution française est une sorte de crise d’adolescence, l’anarchie, la croyance en l’individualisme et le libre-examen des symptômes de maladie sociale.

1009.

Alexandre Lacassagne, Discours prononcé à la séance d’ouverture du IIe Congrès de patronage des libérés. Session de Lyon. Juin 1894, Lyon, Storck, 1894, p.5. [BML FA 427576]

1010.

Idem.

1011.

Pour Alain Corbin, il convient de rapprocher « le mouvement d’individuation qui anime le siècle » du « néokantisme qui inspire les dirigeants » et de « Pasteur qui impose l’existence du microbe, perturbateur de l’organisme ; modèle biologique qui, appliqué au champ social, pose le contrôle de l’individu comme essentiel à la survie du groupe » (Alain Corbin, op.cit., 1987, p.401).

1012.

Alexandre Lacassagne, « Intervention… », Archives de l’anthropologie criminelle, 1886, p.183.

1013.

Note sur « L’assassinat du Président Carnot, par Alexandre Lacassagne », in Revue Occidentale, n°6, 1894, p.427-434.

1014.

Pierre Laffitte, « Cours philosophique sur l’histoire générale des sciences : discours d’ouverture », in Revue occidentale, 1892, 40 p. [BML FA 372706] Cet exemplaire porte la dédicace suivante : « À M. le Dr A. Lacassagne, offert par l’auteur. Paris, 29 juillet 1892 ».

1015.

Carte de visite du Docteur A. Lacassagne. [Maison d’Auguste Comte. Dossier d’Alexandre Lacassagne, s.c.]

1016.

Auguste Comte, Cours de Philosophie positive, Paris, Bachelier, 6 volumes, 1830-1842. BML FA 427690

1017.

Auguste Comte, Système de Politique positive ou Traité de Sociologie, Paris, Carilian-Goeury,4 tomes : 1851-1854. BML FA 429463

1018.

Auguste Comte, Catéchisme positiviste ou Sommaire exposé de la religion universelle, Paris, Carilian-Goeury, 1852, 388 p. BML FA 427695

1019.

Pièce n°21 dans le dossier de pièces imprimées sur le positivisme [BML FA 140804]

1020.

Pièce n°7 dans le dossier de pièces imprimées sur le positivisme [BML FA 140804]

1021.

Courrier d’Alexandre Lacassagne à Charles Jeannolle, le 15 août 1887. [Maison d’Auguste Comte. Dossier d’Alexandre Lacassagne, s.c.]

1022.

Pièce n°14 dans le dossier de pièces imprimées sur le positivisme [BML FA 140804]

1023.

Sur 19 ouvrages du docteur Robinet dans la bibliothèque d’Alexandre Lacassagne, 15 viennent de la bibliothèque du positiviste.

1024.

Pièce n°14 dans le dossier de pièces imprimées sur le positivisme [BML FA 140804]

1025.

Alexandre Lacassagne, Préface au Catalogue du fonds Lacassagne, p.III. BML FA 141946

1026.

Note manuscrite de Lacassagne, dans Auguste Comte, Système…, Tome 1, 1851-1854, n.p. BML FA 429463 T.1

1027.

J.-M. Guardia, « Les sentiments intimes d’Auguste Comte », in Revue philosophique, s.d. Glissé dans Auguste Comte, op.cit., 1830. BML FA 427690 t.1

1028.

Revue occidentale. Organe du positivisme, 1909, 42 p. [BML FA 135915]

1029.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1876, 560 p. [BML FA 427889]

1030.

Nécrologie d’Alexandre Lacassagne dans Le Progrès, jeudi 25 septembre 1924. [AML 3CP63]

1031.

Alexandre Lacassagne, La Verte Vieillesse, Lyon, Rey, 1921, 463 p. BML FA 423335

1032.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1921, p.377. BML FA 423335

1033.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1921, p.378-379. BML FA 423335

1034.

« L’Amour pour principe, l’ordre pour base, le progrès pour but ».

1035.

Dossier de notes diverses, la plupart autographes. BML FA Ms5172 pièce 313

1036.

Note sur « L’assassinat du Président Carnot…», in Revue Occidentale, n°6, 1894, p.431.

1037.

Note sur « L’assassinat du Président Carnot…», in Revue Occidentale, n°6, 1894, p.429.

1038.

Note sur « L’assassinat du Président Carnot…», in Revue Occidentale, n°6, 1894, p.430. C’est moi qui souligne.

1039.

Auguste Comte, op.cit., 1838, p.471. BML FA 427690 t.3

1040.

Philippe Artières, op.cit., 2000, p.32. À ce sujet, voir Philippe Artières, Clinique de l’écriture. Une histoire du regard médical sur l’écriture, Paris, Éd. Synthélabo, 1998, 270 p.

1041.

Ces courriers ont fait l’objet d’une publication. Voir Georges Apitzsch,op.cit., 123 p.

1042.

Sur ce point, voir le chapitre IV de la présente thèse.

1043.

Lettre n°5, Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.29-41.

1044.

Camille Monier, op.cit., 1888, 90 p. BML FA 135898

1045.

Camille Monier, op.cit., 1888, p.4. BML FA 135898

1046.

E. Bombard, 1900, 10 p. BML FA 135916

1047.

Georges Audiffrent, Circulaire exceptionnelle adressée aux vrais disciples d’Auguste Comte, Paris, 1886, 53 p. [BML FA 135911]

1048.

Il possède cette circulaire pour la 33e, la 34e, la 35e, la 53e, la 54e, la 56e, la 59e, la 60e, la 61e , la 65e, la 67e, la 68e, la 69e, la 70e année. [BML FA 135944 ]

1049.

Nécrologie de Paul Dubuisson, médecin en chef de l’Asile Sainte-Anne, et gendre du Docteur Robinet, par Alexandre Lacassagne, in Archives d’Anthropologie Criminelle. Alexandre Lacassagne, op.cit., 1908, p.830-831.

1050.

Idem.

1051.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1919, 60 p. [BML FA 139733]

1052.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1908, p.830.

1053.

Courrier à Alexandre Lacassagne, Pièce n°1 dans le dossier de pièces manuscrites sur le positivisme [BML FA 140804]

1054.

Courrier à Alexandre Lacassagne, Pièce n°2 dans le dossier de pièces manuscrites sur le positivisme [BML FA 140804]

1055.

Courrier à Alexandre Lacassagne, Pièce n°4 dans le dossier de pièces manuscrites sur le positivisme [BML FA 140804]

1056.

Courrier à Alexandre Lacassagne, Pièce n°8 dans le dossier de pièces manuscrites sur le positivisme [BML FA 140804]

1057.

Appel pour une souscription, 2 février 1884. Pièce n°9 dans le dossier de pièces manuscrites sur le positivisme [BML FA 140804]

1058.

Courrier à Alexandre Lacassagne, le 9 César 114 (1er Mai 1902). Pièce n°16 dans le dossier de pièces manuscrites sur le positivisme [BML FA 140804]

1059.

Dédicace de Georges Audiffrent, Le Positivisme et la Revue des Deux-Mondes. Lettre à M. Faguet, Paris, s.l., 1895, 14 p. [BML FA 135905]

1060.

Dédicace de Georges Audiffrent, Aux vrais catholiques : lettre adressée à S.Em. le Cardinal Di Rende pendant sa nonciature auprès de la République française, Marseille, Cayer, 1892, 26 p. [BML FA 135912]

1061.

Courrier du Docteur Audiffrent au Docteur Lacassagne, 6 janvier 1884. Pièce n°14 dans le dossier de pièces manuscrites sur le positivisme [BML FA 140804]

1062.

14 ouvrages de cet auteur dans le fonds Lacassagne.

1063.

19 ouvrages de cet auteur dans le fonds Lacassagne.

1064.

19 ouvrages de cet auteur dans le fonds Lacassagne.

1065.

6 ouvrages de cet auteur dans le fonds Lacassagne.