B. Le réseau dans la correspondance

L’analyse détaillée de la correspondance et de la collection de cartes de visite conservées par Alexandre Lacassagne et versées à la Bibliothèque municipale permet de dresser un premier état des lieux. Ces sources permettent d’évaluer la taille du réseau d’Alexandre Lacassagne, et d’en détailler la composition. Dans la correspondance qui nous est parvenue, on dénombre 163 courriers, reçus par Alexandre Lacassagne entre 1877 et 1914, inégalement répartis sur l’ensemble de la période. Ces courriers sont classés dans un dossier intitulé « Correspondances personnelles », sous la cote Ms5174. Le tableau statistique suivant [Tableau 7] permet de se faire une idée de cette répartition. Il faut cependant ajouter à ce premier ensemble trois brefs courriers de Cesare Lombroso, également conservés à la Bibliothèque municipale mais non cotés, et les courriers adressés à Lacassagne par Gabriel Tarde, essentiellement réunis dans un dossier de « pièces sur Tarde »1162. La fréquentation assidue de la bibliothèque du docteur Lacassagne a également permis de découvrir quelques courriers glissés entre les pages de tel ou tel ouvrage. Le plus souvent, il s’agit de lettres qui accompagnaient les livres en question, adressées par leurs auteurs au docteur Lacassagne, et dont nous traiterons ultérieurement. Mais seul le corpus de lettres conservées sous la cote Ms5174 a pu faire l’objet d’une analyse quantitative.

Tableau 10 : Répartition annuelle des courriers reçus par Alexandre Lacassagne
s.d. 25 1896 2
1877 1 1897 2
1878 - 1898 5
1879 - 1899 2
1880 - 1900 1
1881 - 1901 3
1882 2 1902 7
1883 1 1903 2
1884 3 1904 -
1885 1 1905 5
1886 2 1906 2
1887 4 1907 2
1888 3 1908 3
1889 8 1909 2
1890 23 1910 -
1891 7 1911 1
1892 6 1912 -
1893 2 1913 11
1894 18 1914 6
1895 1  

Le nombre de courriers dont la datation est impossible, soit parce que cette indication n’est pas mentionnée sur la lettre, soit parce qu’elle est illisible, est assez important : cela concerne un peu plus de 15 % de la correspondance conservée. Aucun courrier n’est conservé pour un certain nombre d’années, qui correspondent notamment à un des séjours de Lacassagne en Algérie (1878-1880). Il est plus difficile de s’expliquer l’absence de courriers datés de 1904 ou des années 1910-1912. Au contraire, les courriers abondent en 1890. Cette surreprésentation s’explique pour une part : Alexandre Lacassagne organise une réception en mai 1890, et 8 des courriers conservés pour cette année-là sont de simples réponses à son invitation. L’année 1894 constitue un second pic significatif : 18 courriers ont été conservés pour cette année, importante pour Lacassagne puisqu’il est élu à l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts à cette date. Sept des courriers reçus par lui cette année-là sont d’ailleurs en rapport avec cette élection : il s’agit de lettres de soutien ou de félicitations. On ne peut pas tirer grand-chose de ce premier constat, si ce n’est souligner combien Lacassagne semble sélectionner pour conservation celles des missives qui participent le mieux de sa consécration, qui sont des signes tangibles de la reconnaissance, amicale et professionnelle, dont il jouit. La conservation préférentielle des courriers de telle année plutôt que de telle autre reste difficilement explicable, exception faite de la période algérienne de 1878-1880. Par la suite, Lacassagne demeure lyonnais. Parmi les courriers conservés, certains lui ont été adressés à son adresse personnelle, d’autres à la Faculté, d’autres enfin à Villerest pendant la période estivale. Ce n’est donc pas sur la base de ce critère qu’a été opérée la sélection. Du reste, Alexandre Lacassagne ne reçoit pas ses courriers professionnels exclusivement sur son lieu de travail, pas plus que les courriers personnels ne lui sont strictement adressés à son domicile. On a d’ailleurs montré qu’il n’est pas toujours pertinent, pour notre période, de distinguer les relations de travail, de voisinage ou de famille : certains courriers relèvent du formel ou de l’informel, selon qu’on en lit le premier paragraphe ou le dernier, mais de manière générale cet ensemble renvoie à la sphère professionnelle. Aucun courrier intime, pas de courrier familial. Alexandre Lacassagne n’a légué à la Bibliothèque que ce qui concerne la sphère publique et son activité professionnelle. La nature de ces courriers est également très hétérogène : quelques lignes purement informatives (« Je vous remercie mille fois de votre aimable mot. J’ai parfaitement reçu votre brochure »1163) ou plusieurs feuillets beaucoup plus denses. Là encore, impossible de déterminer sur la base de quels critères les courriers ont été sélectionnés. En fait, il semble a priori que le choix des courriers qui sont parvenus ait été fait pour une part au hasard. En tout cas, il ne vise pas à rendre compte de manière cohérente des relations épistolaires entretenues par Alexandre Lacassagne sur l’ensemble de la période considérée. Toutefois, même imparfaite, cette source permet de tirer un certain nombre de conclusions intéressantes.

D’abord, quels sont les auteurs de ces courriers ? Ils ne sont pas tous identifiables : on a pu déchiffrer les signatures de 95 d’entre eux. Sur ce premier ensemble, on peut donner davantage de précisions sur 50 individus. Au minimum, on connaît leur statut professionnel. La collection de cartes de visite du docteur Lacassagne nous a été d’un grand secours pour réaliser ce premier travail d’identification. On a également complété ces éléments grâce à la consultation des Archives d’anthropologie criminelle et de divers dictionnaires biographiques1164. Premier constat, la qualité des correspondants d’Alexandre Lacassagne est aussi hétérogène que l’est le courrier qu’il a conservé. On rencontre en effet l’illustre signature de Cesare Lombroso, mais également celle d’un certain Vollard, obscur « curé de Pérouges ». Les députés et hommes politiques côtoient pour l’essentiel des médecins : 31 correspondants sur les 50 identifiés appartiennent à la corporation médicale et, sans surprise, ce sont pour l’essentiel des médecins légistes, dont certains parmi les plus fameux de leur temps. Les docteurs Paul Brouardel et Henry Coutagne comptent ainsi parmi les correspondants de Lacassagne, et sont apparemment de ses amis, si on en croit la teneur des lettres qu’ils lui adressent. « Mon cher ami », écrit ainsi Brouardel, « je serai enchanté de vous trouver à Roanne »1165. Quant à Coutagne, le courrier qu’il adresse en 1894 à Alexandre Lacassagne pour l’assurer de son soutien lors de l’élection à l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon trahit également les relations privilégiées qui existent entre les deux hommes : « Mon cher ami, […] Ma voix vous est acquise, mon influence aussi »1166. Ils comptent parmi les rares correspondants qui s’adressent à Lacassagne en « amis ». Nous y reviendrons. Viennent ensuite les hommes de loi, mais dans des proportions bien moindres : six correspondants sur 50, dont certains écrivent à Lacassagne de fort loin. Ignace Zakrewsky, procureur général à Karkov (Russie) et sénateur, prend ainsi la plume de Saint-Pétersbourg, pour proposer un article à la publication dans les Archives car, écrit-il, « puisque les juristes font aussi partie des acteurs de l’anthropologie criminelle, il faut bien leur laisser un peu de liberté de parole »1167. Les deux articles qu’il publie dans la revue en 18941168 puis en 18971169, montrent que les débats qui opposent l’école lyonnaise de criminologie à l’école italienne sont loin d’être confidentiels. On y prend même part depuis la Russie. C’est « un peu de polémique à l’adresse de l’école dite italienne » que le procureur de Karkov adresse ainsi aux Archives. Et l’éloignement géographique ne doit pas conduire à considérer cette prise de participation comme anecdotique, même si le procureur russe reste modeste : « je crois que cette polémique, bien inoffensive, ne peut qu’animer vos débats en accélérant vos recherches » écrit-il.

Ce lointain correspondant est emblématique de la dimension internationale du réseau d’Alexandre Lacassagne : ici, un scripteur russe envoie au légiste français un article concernant « un récent article d’un des principaux criminalistes allemands » à propos d’une « des questions posées à l’ordre du jour de l’Union internationale du droit pénal »1170. Ailleurs, c’est un correspondant allemand, assistant à la Faculté de droit de Berlin, qui propose de donner « de temps en temps – tous les 2 ou 3 mois environ – aux Archives d’Anthropologie criminelle, un bref aperçu de la littérature [criminologique] allemande »1171, et ce à la veille de la Première Guerre mondiale, puisque le courrier est daté de septembre 1913. Parmi les autres correspondants identifiés d’Alexandre Lacassagne, on relève sans grande surprise la présence d’un certain nombre d’Italiens, parmi lesquels Cesare Lombroso bien sûr. Les courriers de Lombroso qui ont été conservés par Lacassagne sont indifféremment rédigés en français ou en italien, preuve que le lyonnais maîtrisait les deux langues. Il parle également l’anglais, comme en atteste le courrier du docteur Arthur MacDonald : « I have taken the liberty of writing in English, as you know English well »1172. Cette maîtrise de deux langues étrangères est un atout pour entretenir un réseau de relations internationales. En revanche, Alexandre Lacassagne ne connaît pas l’allemand, qu’il fait étudier à ses fils. C’est le docteur Policard, son gendre, qui traduit au crayon, en marge, les courriers que S. Hellwig envoie à Lacassagne en 1913.

Au total, le fonds conservé à la Bibliothèque municipale de Lyon compte quatre courriers de Lombroso, très difficilement lisibles malheureusement car, outre la barrière de la langue, il faut également déchiffrer la graphie particulièrement ardue du criminologue italien. C’est peu, et sans doute guère révélateur de la relation qu’entretenaient les deux hommes. On relève cependant que, en dépit de leur désaccord sur le plan scientifique, ils semblent avoir de bons rapports. En décembre 1900, Lombroso adresse ainsi à Lacassagne « un exemplaire de [s]on Crime 1173 où [il] tente de saisir les causes du crime pour le combattre ». « Je le recommande à votre critique, et comme souvenir des beaux jours passés ensemble », précise-t-il1174. Les autres courriers sont dans le même ton : qu’il l’appelle « cher ami »1175 ou « cher collègue »1176, Lombroso écrit à Lacassagne pour le tenir au courant de l’avancée de ses travaux ou pour le « féliciter de [sa] belle conférence »1177. Les deux hommes échangent régulièrement des articles : Lombroso publie dans les Archives d’Anthropologie criminelle, Lacassagne dans les Archivio di psichiatria, Scienze Penali ed Antropologia Criminale. Ils s’inspirent réciproquement des travaux l’un de l’autre. Dans L’homme criminel, Lombroso cite dès la préface l’étude de Lacassagne sur les tatouages des soldats des bataillons d’Afrique, parmi un certain nombre d’autres auteurs il est vrai :

‘« Pour compléter et consolider encore l’édifice, j’ai à ma disposition une bibliothèque entière : la Criminologie, de Garofalo ; l’Omicidio, de Ferri, et sa Sociologie criminelle ; l’étude anthropologique et juridique, Sull’aborto ed infanticidio, de Balestrini ; l’étude de Marro, Sur les caractères des criminels ; celle de Lacassagne sur Le tatouage ; la Criminalité comparée, de Tarde ; les Maladies de la volonté, de Ribot ; les Sociétés animales, d’Espinas ; les Symbolismes dans le droit, de Ferrero ; la Foule criminelle, de Sighele, et son Crime à deux ; les travaux de Flesch, de Sommer et de Knecht ; de Drill, de Roussel, de Kurella, Baer, Dotto, Ottolenghi, etc. »1178

Il fait clairement allégeance aux thèses du Lyonnais, dont il connaît tous les travaux :

‘« Qui peut nier […] que, dans certains cas, le tatouage, par l’obscénité des dessins, par la partie du corps où il a été pratiqué, révèle le crime de pédérastie bien mieux que toutes les lésions anatomiques, comme nous le démontrera ici Lacassagne ? »1179

L’étude de Lacassagne sur les tatouages des soldats d’Algérie n’a-t-elle pas été d’abord publiée dans les Archivio 1180  ? Lombroso recommande la lecture des Archives de Lacassagne, qui doivent permettre de voir « toutes les applications que l’on peut faire de [s]es recherches »1181. Et Lacassagne confesse de même :

‘« En 1878, lors de l’apparition de la seconde édition de l’Uomo delinquente, j’avais adopté avec enthousiasme les idées de Lombroso »1182. ’

Bien avant de s’opposer, Lombroso et Lacassagne travaillent donc de conserve. S’opposèrent-ils jamais d’ailleurs ? Ils se rejoignent dans certaines de leurs méthodes : Lombroso indique ainsi que son premier essai d’application de la zoologie à l’anthropologie criminelle « a été suivi immédiatement d’un autre de Lacassagne »1183, et en effet son étude consacrée à Il delitto negli animali 1184 paraît en 1881, cependant que celle de Lacassagne sur « La criminalité chez les animaux »est publiée en 1882 dans la Revue scientifique 1185. Il existe une réelle proximité de pensée entre les deux hommes : méthodes et idées circulent très rapidement entre Lyon et Turin. Ils se citent réciproquement très abondamment : dans L’Homme criminel, on trouve ainsi 30 références explicites à Lacassagne. Outre son travail sur la criminalité des animaux1186, Lombroso se réfère à ses études de tatouages1187 :

‘« Pédérastes étaient aussi sans doute les prisonniers, chez lesquels Lacassagne a relevé sur les fesses des sujets lubriques, verges ailées, verges armées de voiles, tournées vers l’anus ; un œil sur chaque fesse, un serpent rampant vers l’anus ; sur chaque fesse un zouave croisant la baïonnette et soutenant une banderole avec l’inscription : On n’entre pas ; ou avec le portrait de Bismarck et d’un Prussien, ironie facile à comprendre »1188. ’

Il cite ses statistiques :

‘« Lacassagne, sur 376 individus tatoués, en a trouvé : un qui l’était aux deux bras et au ventre seulement, 4 aux deux bras et aux cuisses, 8 à la poitrine, 4 seulement au ventre, 11 au pénis, 29 par tout le corps, 45 aux deux bras et à la poitrine, 88 seulement au bras droit, 59 au seul bras gauche, 127 aux deux bras seulement »1189.’

Il mentionne des cas observés par Alexandre Lacassagne1190. Il cite aussi L’homme criminel comparé à l’homme primitif 1191, notamment lorsqu’il étudie l’argot des criminels1192. Inversement, à Rome, en 1885, lors du premier congrès international d’anthropologie criminelle, loin de contester les théories du criminel-né développées par Lombroso, Alexandre Lacassagne affirme au contraire la priorité de la filiation française1193 sur les travaux de l’école italienne, invoquant François-Joseph Gall, « cet incomparable génie », fondateur de la phrénologie qu’il compare à Galilée, le philosophe Auguste Comte qui a « fait voir le côté social de la question »1194, et le docteur Benedict-Augustin Morel qui a « admirablement montré l’organisation et les types de dégénérés »1195:

‘« …si j’ai le plaisir de reconnaître la profonde influence de Lombroso et de l’école italienne, je dois aussi, pour être juste, dire que le mouvement a commencé en France avec les travaux de Gall, de Broussais, de Morel, de Despine »1196.’

D’ailleurs Cesare Lombroso n’est pas aussi exclusivement attaché à la stigmatisation anatomique des criminels qu’on a bien voulu le dire : ne reconnaît-il pas que le « crime de pédérastie » se diagnostique « bien mieux » par l’étude des tatouages que par celle des lésions anatomiques ? Entre les deux savants, les échanges étaient sans doute bien plus importants que ne le laisse présager la correspondance conservée, mais on n’en a malheureusement pas trouvé davantage de traces.

Outre Lombroso, Lacassagne correspond avec Luigi Bodio (1840-1920), directeur général de la statistique du Royaume d’Italie1197 et considéré comme l’un des fondateurs de la statistique italienne. Il lui adresse une brochure « La grossesse au point de vue médico-légal par le D.A. Dejonany ainsi que de [sa] leçon d’ouverture au cours de médicine [sic.] légale sur les erreurs judiciaires et les médecins experts »1198, en échange de quoi, outre ses remerciements, le Romain lui envoie « le volume des comptes rendus de [la] commission [pour la statistique judiciaire] qui vient d’être publié pour la session de 1896 »1199. Il correspond aussi avec le député Enrico Ferri1200, co-fondateur de l’école pénaliste italienne avec Cesare Lombroso et Garofalo, auteur en 1884 de La Sociologie criminelle, ou encore avec Alfredo Niceforo1201, criminologue et anthropologue de l’école lombrosienne, qui le considère d’ailleurs comme un de ses maîtres et lui adresse la plupart de ses travaux1202. Dans son courrier du 27 septembre 1911, il écrit :

‘« Cher Maître,
Merci pour l’intérêt que vous prenez à mes travaux. Je vous enverrai un exemplaire de mon mémoire et je vous enverrai aussi une étude sur la variabilité des mensurations anthropométriques qui pourra vous intéresser » 1203 . ’

L’opinion de Lacassagne quant à ses recherches lui importe particulièrement : « Je suis heureux que mon livre vous ai plu » déclare-t-il quelques temps plus tard1204.

C’est ainsi que Lacassagne enrichit sa bibliothèque et se tient au courant des débats qui ont cours hors des frontières de l’hexagone. C’est Bodio qui l’informe que « en Italie aussi la question des expertises légales est à présent l’objet d’études et de recherches »1205. C’est Arthur MacDonald, professeur à la Clark University et auteur du premier manuel états-unien de criminologie1206, connu pour avoir repris et développé les conclusions de Lombroso1207, qui lui rend régulièrement compte de ses travaux outre-Atlantique1208, et fait état auprès de lui des difficultés qu’il a à obtenir les moyens financiers et logistiques qu’il espère pour le développement de la criminologie1209.

Enfin, un étonnant courrier de Raymond de Ryckère, juge au tribunal d’instance de Bruxelles, en date du 19 novembre 1896, permet de mesurer l’influence qu’on prête à Lacassagne, et le prix qu’on accorde à ses éventuelles interventions :

‘« Cher Maître,
Permettez-moi de recourir à votre obligeance. Voici de quoi il s’agit. Je voudrais essayer de passer au service de l’Abyssinie et d’échapper ainsi à l’enfer où je me trouve actuellement. Malheureusement je ne connais personne dans ce pays : j’ignore même de quelle façon il faut correspondre avec lui, car il n’existe aucune ligne régulière. Peut-être est-ce par Obock ?
D’autre part, je sais que plusieurs français, notamment MM. Chefneu, Moudon de Vidarllet, Jean Gaiffe, sont au service de l’empereur Ménélik et résident à Abbis-Abada [sic.], la capitale. Peut-être connaissez-vous l’un ou l’autre de ces messieurs ? En tout cas vous pourriez peut-être entrer en relation avec eux grâce à l’un de vos amis ?
Je vous demande instamment d’essayer de me présenter là-bas et de m’appuyer, si vous le pouvez. Il faudra naturellement vous renseigner d’abord. Quant à moi je partirais d’ici à tout prix soit pour là-bas soit pour ailleurs »1210.’

Entre novembre 1896 et mars 1913, cinq courriers de Raymond de Ryckère à Lacassagne ont été conservés. Le juriste belge le tient régulièrement au courant de ses déboires et de ses satisfactions, tant personnels que professionnels. Lacassagne n’est pas intervenu pour lui permettre de partir pour l’Abyssinie, en dépit de l’insistance de son correspondant :

‘« Je n’ai pas de nouvelles à propos de ma demande pour l’Abyssinie. J’espère toujours, car ce serait un immense soulagement pour moi. Vous n’avez sans doute pas pu m’être utile.
M. Chefneu, un conseiller du Nigus, est à Paris : le Figaro de ce jour publie une interview de lui. Mais sans doute vous ne le connaissez pas plus que moi. Si vous pouvez arriver jusqu’à lui, faites-le pour moi, je vous en supplie »1211. ’

Le médecin ne semble pas lui répondre toujours avec assiduité. Ryckère relève ainsi que « [s]es autres lettres ont eu moins de succès », même s’il excuse bien vite le maître : « vous devez être tellement surchargé que vous n’avez guère le temps de répondre à un importun comme moi »1212. On sollicite pourtant rarement Lacassagne en vain. Le juriste s’ouvre auprès de lui de la difficile situation dans laquelle il se trouve, en janvier 1897 :

‘« Figurez-vous qu’il y a deux mois que je n’ai pas même donné une signature : c’est une sinécure. D’un autre côté, je n’ai plus de livres, plus d’argent pour en acheter, et plus de bibliothèque à ma disposition. J’ai conservé quatre études – ou plutôt les éléments de 4 articles – que je pourrais mettre sur pied : La femme en persan, La femme devant la mort, L’alcoolisme féminin, Le suicide féminin. Après cela je n’ai plus rien et je ne saurai plus rien faire, faute de documents. Mais où les envoyer ? Je ne puis constamment encombrer les Archives. Il y a la Revue des deux mondes, la Nouvelle Revue, etc., mais accepteront-elle ? »’

Son article sur « l’alcoolisme féminin » ne tarde pas à paraître dans les Archives d’Anthropologie criminelle 1213.

Ce rapide tour d’horizon des correspondants d’Alexandre Lacassagne nous permet donc d’affirmer que le médecin est à la tête d’un réseau relationnel actif de dimension internationale.

Dans cet ensemble de courriers, on relève, outre la présence de nombreux médecins, celle de juristes et d’hommes politiques. Jean Cruppi (1855-1933), membre de la gauche radicale, député de Toulouse pendant près de 25 ans puis sénateur de la Haute-Garonne et président du conseil général de ce département, fait partie des correspondants « politiques » d’Alexandre Lacassagne. Dans un courrier à en-tête de la Chambre des députés, il lui écrit de Luchon, au cours de l’été 1898 pour le remercier d’avoir bien voulu lui adresser ses publications « qui [lui] seront très utiles pour la confection des projets de loi qu’[il] compte déposer à la rentrée des Chambres »1214. Il s’agit très probablement du texte pour la réforme des expertises médico-légales dont il est rapporteur à cette même date1215. On connaît les positions de Lacassagne à ce sujet : il n’a de cesse de demander une réforme de l’organisation de « l’expertise médicale au criminel, [car] telle qu’elle est réglée par les lois et les décrets en vigueur actuellement, [elle] ne présente point les garanties désirables »1216. Et de plaider pour une intervention accrue des médecins aux côtés de juges.

‘« L’étude la plus profonde des lois, la prudence la plus consommée, l’intégrité la plus grande ne suffisent pas toujours au juge pour prononcer avec certitude ; il est des circonstances qui exigent encore des connaissances particulières. Tels sont surtout les cas dans lesquels il s’agit de maladies, de blessures, ou de la recherche des causes de la mort. Ici l’apparence peut facilement en imposer à l’homme le plus attentif, s’il n’a pas en même temps une connaissance particulière des lois de l’organisation animale, une expérience que la pratique seule peut fournir, que la raison et la réflexion ne suppléent jamais »1217.’

Cette expérience, c’est bien sûr le médecin qui la détient, même si Lacassagne déplore un certain nombre de lacunes dans la formation médico-légale des étudiants puisqu’ « il y a des médecins qui, pendant leurs études, n’ont jamais vu de pendus, d’étranglés, n’ont pas observé une petite fille victime d’attentats à la pudeur, etc. »1218. L’expertise s’impose à la fin du XIXe siècle comme une des clés du processus judiciaire, comme l’a montré Frédéric Chauvaud1219 : en 1900, à la faculté de droit de Paris, M. Genesteix soutient sa thèse de doctorat consacrée à l’expertise criminelle1220, qui est pour lui un « moyen de preuve »1221. Elle permet à un magistrat instructeur de recueillir les « traces qui lui serviront de base » et qu’il « n’a pu constater lui-même », ce qui l’oblige à recourir à un expert. Lacassagne participe très activement à une telle reconnaissance : la première édition de son Vade-mecum du médecin-expert. Guide médical ou aide-mémoire de l’expert, du juge d’instruction, des officiers de police judiciaire, de l’avocat date de 1892. Il s’agit d’un petit aide-mémoire portatif très pratique qui « s’adresse aux médecins et aux magistrats. Pour les uns ce sera un aide-mémoire, pour les autres un contrôle »1222. Constitué de fiches de protocole, modèles d’examen pensés pour diverses situations il doit permettre d’encadrer la pratique des médecins légistes auxquels le « Code d’instruction criminelle, si formaliste pour les magistrats, chargés de l’enquête ou de l’instruction d’un crime […] laiss[e] trop d’initiative ou de latitude »1223. Ce petit ouvrage est antérieur à la thèse de Genesteix que Chauvaud retient comme fondatrice, et il est d’ailleurs cité dans sa bibliographie. Le médecin souligne avec force l’importance de l’intervention d’un expert médical auprès du juge :

‘« Quand on considère la nécessité indispensable du rapport chirurgical dans les procédures criminelles ; quand on considère combien cet acte devient intéressant au juge pour la tranquillité de sa conscience, aux accusés pour la sûreté de leur vie, de leur honneur, au public pour le maintien de l’ordre social ; quand on considère combien la rédaction de cet acte demande de soins, d’attention, de qualités particulières, on est disposé à penser que ces fonctions si importantes ne sont confiées qu’à des hommes d’un mérite, d’une probité, d’une capacité reconnus ; on se persuade que sans doute la loi a fixé des règles, établi des précautions pour assure l’exactitude des rapports chirurgicaux, prévenir leur défectuosité ; ou au moins la reconnaître de bonne heure et pouvoir y remédier, on se le persuade, et la raison en fait sentir le besoin ; cependant, avouons-le, rien de tout cela n’existe »1224. ’

Peut-on rêver meilleur plaidoyer en faveur d’une réforme des expertises médico-légales ? C’est donc bien avec raison que Jean Cruppi s’adresse à Lacassagne pour défendre son projet de loi et qu’il est «  heureux de pouvoir invoquer [sa] haute autorité »1225. C’est aussi un indice des positions politiques de Lacassagne que semblent confirmer d’autres éléments. D’abord, il entretient une correspondance avec Enrico Ferri (1856-1929), député italien représentant le Parti radical puis le Parti socialiste, leader et tribun charismatique des intransigeants entre 1899 et 1906, aile gauche du parti qui s’allie un moment avec les syndicalistes révolutionnaires et directeur quotidien officiel du parti, Avanti !, de 1903 à 1908. Si on y ajoute son amitié, peut-être plus revendiquée que réelle, avec Léon Gambetta, on peut affirmer que les sympathies politiques de Lacassagne sont à gauche. Républicain, il l’est résolument. La lecture qu’il fait du rétablissement de la République en 1870 en est emblématique :

‘« Aux privilèges de l’hérédité qui donnaient à une famille des avantages, des charges, des places, nous avons substitué les droits de l’individu, de l’homme compétent et instruit faisant par les concours ou avec des diplômes la preuve de sa valeur pour remplir une fonction »1226. ’

L’usage du pronom personnel « nous », par lequel Lacassagne s’inclut naturellement dans le groupe des révolutionnaires, en dépit du fait qu’il a fait l’essentiel de ses études de médecine au sein des dragons de l’impératrice1227 et qu’on ne lui connaisse pas d’activités politiques particulières au moment du changement de régime, dit assez de quel bord il se réclame. À l’occasion de l’incarcération du Prince Pierre Kropotkine à la prison Saint-Paul de Lyon, il le rencontre de façon privilégiée. Il se dépeint ainsi « causant un dimanche matin, à Saint-Paul, de la question sociale avec Kropotkine »1228. Nous n’avons pu corroborer cette affirmation par d’autres témoignages, mais on retrouve dans la bibliothèque d’Alexandre Lacassagne quelques indices de cette relation apparemment privilégiée. Il possède ainsi un manuscrit de l’anarchiste, une analyse des conditions d’incarcération dans les prisons russes1229, dont il a très probablement suscité la rédaction. Il faut dire que le prince ne manque ni d’intelligence ni de savoir, ni même d’un certain talent littéraire […] et ce n’est pas non plus un “méchant homme”. On le sent au contraire tout rempli des meilleures intentions, généreux et désintéressé, passionnément dévoué au bonheur futur de l’humanité »1230. Dans ces dix-sept feuillets manuscrits à la plume, Kropotkine dénonce l’état des « institutions pénales [qui] sont loin d’atteindre la perfection qu’on devrait en attendre », ajoutant « que la théorie moderne du traitement des criminels est, en vérité, remplie de contradictions »1231. Et l’on ne peut s’empêcher de rapprocher son affirmation selon laquelle : « la société, en général, est responsable des vices qui croissent en elle, comme elle a une part de la gloire de ses héros »1232 de l’aphorisme de Lacassagne : « Les sociétés ont les criminels qu’elles méritent ». Lacassagne se défend de tout usage abusif de ses théories : « Le “c’est la faute à la société” est devenu la formule commode qui excuse tout »1233, se plaint-il. Mais cette communauté de vues entre le médecin et l’anarchiste laisse supposer une relation suivie entre les deux hommes, la prison Saint-Paul ayant sans doute abrité nombre de leurs conciliabules. Kropotkine y a passé trois ans, ce qui laisse effectivement le temps de bien se connaître. Or ce n’est pas un anarchiste quelconque qu’Alexandre Lacassagne fréquente là. Pour Jean Maitron, il est « un des principaux théoriciens de l’anarchie, dont l’action s’exerça à l’échelle internationale », une des « cinq ou six figures [de militants anarchistes qui] apparaissent au premier plan et [dont] il est difficile de parler sans faire l’histoire même de l’anarchie »1234. Pierre Kropotkine (1843-1921) est un militant anarchiste russe issu de la haute noblesse moscovite. D’abord officier des Cosaques en Sibérie (1857), il fait ensuite des études de mathématiques et de géographie à l’université de Saint-Pétersbourg (1867). Dès 1872, il est membre de la fédération jurassienne de la Première Internationale et mène une activité de militant clandestin à Saint-Petersbourg. Emprisonné en 1874, il s’évade deux ans plus tard, se réfugie alors en Grande-Bretagne puis revient en Suisse où il reprend son activité militante et publie plusieurs ouvrages politiques. Il fonde en 1879 le journal Le Révolté. Arrêté à nouveau en 1883 à la suite des grèves des soieries lyonnaises, il est détenu à Lyon avant d’être amnistié en 1886, grâce à l’intervention de plusieurs personnalités, dont Victor Hugo. C’est pendant ces trois années de détention que Lacassagne le rencontre.

Comme Alexandre Lacassagne, l’anarchiste adhère à la conception républicaine d’une prison supposée régénérer le criminel, mais a pleinement conscience de son caractère encore utopique : « nous admettons en théorie que lorsque nous privons un criminel de sa liberté, c’est pour l’améliorer et le purifier. Mais nous savons combien, malheureusement, l’idéal est loin de la réalité »1235. Malgré tout, les positions de Lacassagne par rapport à l’anarchie sont sévères : à l’instar d’Auguste Comte, il considère que c’est une maladie sociale. Dans son ouvrage consacré à l’assassinat du Président Carnot1236, à la suite duquel il procède à l’autopsie du chef de l’État, il se montre particulièrement clair, « mettant à nu les plaies et la rage chronique dont les enfants de notre fin de siècle [érigent] l’anarchie en principe dirigeant du mouvement de destruction, […] dont tous les différents grands États, différemment gouvernés sont très sérieusement menacés et dont les effets anéantissants éclateront tôt ou tard, un jour, pour faire détruire toute l’Humanité, pour la faire périr en entier »1237, comme le souligne un confrère positiviste turc, le docteur Mavroyeni, auquel il a envoyé cet ouvrage. Si l’anarchisme « n’est pas, comme on le répète souvent, l’état d’âme de quelques individualités, plus ou moins surexcitées ou déséquilibrées […], c’est l’indice d’un malaise social »1238.

‘«  C’est comme l’agitation démoniaque, la possession, la sorcellerie qui ont occupé tout le moyen âge. On était alors inquiet du sort de l’âme pendant cette vie, après la mort surtout, mais on acceptait les inégalités sociales. Aujourd’hui, c’est le corps, « la guenille », qu’il faut satisfaire : on a des besoins, on veut jouir. Par les relations de la vie moderne, les appétits ont augmenté, et c’est à l’heure actuelle une faim insatiable. La personnalité se montre avec ses instincts égoïstes : le bien-être pour soi, le mieux-être aux dépens des autres, la vanité, l’orgueil et dans la lutte pour réussir la mise en œuvre des moyens fournis par les instincts constructeurs et destructeurs »1239.’

Il récuse toute dimension progressiste à ces théories, à l’instar de Lombroso pour lequel on ne peut qu’estimer « indigne de toute discussion une théorie qui semble un retour à l’homme préhistorique, […] un énorme recul »1240 :

‘« Les anarchistes, ces hommes de progrès rapide, qui sont pour les solutions instantanées, affichent des principes rétrogrades. Tarde l’a bien fait voir : l’anarchie n’est guère que la vendetta antique ressuscitée »1241.’

Certes, Lacassagne s’intéresse de près à ce mouvement anarchiste, comme un certain nombre de ses confrères d’ailleurs, à l’instar du docteur Augustin Hamon (1862-1945)1242, de Jean Gouzer, auteur d’une étude de la Psychologie de l’anarchiste 1243, et bien sûr de Cesare Lombroso1244. Il faut dire que, dans le contexte de la crise anarchiste qui frappe particulièrement la France dans les années 1892-18941245, « parmi tous les sujets qui sollicitent l’attention du penseur, il n’en est pas de plus troublant et de plus poignant peut-être que le spectacle de cette manifestation, je devrais dire de cette aberration de la pensée sociale, qui s’appelle l’anarchie »1246. Dans sa bibliothèque, 21 références renvoient à ce sujet. Pour lui, le mouvement anarchiste explique un certain nombre de désordres. Il reproche ainsi à Émile Fourquet, le juge d’instruction qui a enquêté dans le cadre de l’affaire Vacher, d’avoir négligé, dans son étude sur Les vagabonds criminels « ce point de vue du vagabondage devenu l’une des manifestations de l’Anarchie » alors même que « Vacher avait des tendances anarchistes très marquées »1247. L’analyse qu’il fait de la psychologie des anarchistes – « de jeunes hommes, presque des enfants [frappés d’] un indisciplinable orgueil, [de] sentiments de haine et d’envie, [d’]un état de rage chronique »1248 – n’est guère flatteuse, elle permet de cerner certaines des opinions politiques d’Alexandre Lacassagne :

‘« Chez les jeunes gens, la haine s’affirme par l’horreur de toute autorité et particulièrement du militarisme qui en est comme l’incarnation […]. L’orgueil, ou instinct de domination, a fait des progrès, s’est hypertrophié. À force d’entendre parler d’égalité, on ne veut plus de chef ; on cherche à commander et on ne se sent plus fait pour obéir »1249.’

Si Lacassagne est républicain, et si certains éléments dans sa correspondance permettent d’affirmer qu’il avait sans doute certaines amitiés à gauche, ses conceptions positivistes le conduisent à récuser tout égalitarisme. N’est-il pas vrai que « le premier sentiment qu’éprouve un positiviste à qui l’on demande de s’occuper du problème de l’anarchie est celui de la répugnance »1250 ? :

‘« Nous ne croyons plus aux droits de l’homme tels qu’ils ont été proclamés. Nous savons, d’une façon positive, qu’il ne faut pas considérer les hommes comme des êtres isolés, des individus particuliers, mais bien comme les parties d’une collectivité, dépendant d’un groupe social, la famille, la commune, la patrie. Les hommes ont des obligations inéluctables les uns envers les autres. “Nul ne possède plus d’autre droit que celui de faire toujours son devoir” dit Auguste Comte. »1251

L’égalité est un beau principe, mais qui ne convient pas à tout le monde, car « les esprits faibles et superficiels ne voient que l’égalité dans les apparences, même habit, alimentation semblable. C’est l’uniformité qui est rêvée »1252. Avec de telles opinions politiques, Alexandre Lacassagne est tout à fait emblématique des notables de la Troisième République.

Outre ces précisions incidentes sur ses positions politiques, cette première analyse de la correspondance d’Alexandre Lacassagne permet de mesurer l’ampleur de son réseau : 95 correspondants ont pu être référencés. C’est assez modeste, mais les importantes lacunes qui caractérisent cette source permettent d’affirmer que cela ne représente qu’une partie de ses relations. Ce qui apparaît plus clairement, c’est la dimension internationale de ce réseau. Il est en revanche plus difficile d’évaluer la nature des relations qu’Alexandre Lacassagne entretient avec ses différents correspondants. L’étude des formules par lesquelles ils s’adressent à lui est cependant d’un certain secours. Sur l’ensemble des courriers qu’on a en main, que l’auteur en ait été ou non identifié, on peut dresser les statistiques suivantes [Tableau 11] :

Tableau 11 : Les formules désignant Alexandre Lacassagne dans sa correspondance
Formule Nombre d’occurrences
« Monsieur »
dont « Monsieur » seul
« cher monsieur »
« bien cher monsieur »
« Monsieur et ami »
« Monsieur le professeur »
« Monsieur Lacassagne »
« Monsieur le docteur » 
« Monsieur et cher maître »
« Monsieur et cher collègue »
« Monsieur et cher confrère »
« Monsieur le président » 1253
85
7
14
1
1
18
10
9
16
6
2
1
« Collègue »
dont « cher collègue »
« honoré collègue »
« cher collègue et ami »
28
26
2
4
« Confrère »
dont « cher confrère »
« honoré confrère »
« cher collègue et ami »
5
3
2
1
« Docteur »
dont « docteur « seul »
« cher docteur »
« cher docteur et professeur »
22
6
15
1
« Professeur »
dont « Professeur » seul
« cher professeur »
« très honoré professeur »
26
15
7
2
« Maître »
dont « cher maître »
« très cher maître »
« très honoré maître »
« vénéré maître »
« cher maître et ami »
67
42
1
14
1
9
« Président » 1
« Ami »
dont « cher ami »
« mon bien cher ami »
31
29
02
« Camarade » 2
« Compatriote » 1
« Lacassagne »
dont « Lacassagne » seul
« mon cher (Monsieur) Lacassagne »
« Docteur Lacassagne
15
4
10
1

L’étude de ces formules permet en effet de préciser à quel type de relations correspondent les courriers reçus par Lacassagne. Ses correspondants s’adressent le plus souvent à lui en l’appelant « Monsieur ». Ce ne sont donc pas des relations familières, mais au contraire très formelles, qu’il entretient avec ces scripteurs, même si dans un cas, la formule « cher monsieur et ami » signale une relation plus approfondie, en l’occurrence avec le chef de la Sûreté de la Préfecture de Police. C’est ensuite au « maître » que s’adressent les correspondants de Lacassagne (67 occurrences), un maître auquel on est attaché – « cher maître » écrivent-ils en majorité –, et que l’on révère : c’est un « très honoré » voire un « vénéré » maître. Certains des individus identifiés sont en effet des anciens étudiants de Lacassagne : il a dirigé la thèse de sept d’entre eux1254. Il apparaît au passage comme un professeur particulièrement attentif au suivi de ses étudiants. Ils le mettent en tout cas au courant des moindres détails à ce sujet, et Lacassagne veille notamment à ce que ces travaux rencontrent un certain écho dans la presse. Il introduit ses étudiants les plus brillants auprès de ses confrères, et ce à l’échelle internationale. Le 26 janvier 1886, le docteur Galliot lui écrit en ces termes :

‘« Mon cher Maître,
Je vous envoie ci-jointe une lettre par laquelle on me demande l’autorisation de traduire ma thèse en espagnol. Que dois-je répondre ? Cela vous convient-il ? Il me semble qu’il n’y a que de l’honneur à recueillir pour le laboratoire de médecine de Lyon. Toutefois j’attendrai votre réponse avant de rien faire.
Je vous serais donc très obligé de me dire ce que je vous en pensez, dans votre réponse que j’espère ne se fera pas attendre trop longtemps et avec laquelle vous me retournerez la lettre du docteur Call »1255. ’

Le professeur se renseigne, et annote le courrier : on lit ainsi en marge, en face du nom du docteur Call, cettemention de sa main : « Directeur de la Revista medico-social » et une adresse à Madrid. On peut donc affirmer que ce réseau dont nous avons tout à l’heure tracé les contours est dynamique : Alexandre Lacassagne sait le solliciter au besoin. Le courrier que lui adresse le docteur Kocher en février 18841256 en est symptomatique :

‘« Monsieur et Cher Professeur,
Vous devez singulièrement juger ma conduite à votre égard, et me juger bien sévèrement pour avoir ainsi tardé à vous écrire, mais figurez-vous que je n’ai pas encore vu un exemplaire de ma thèse 1257 . M. Pitrat a dû envoyer à Baillière les exemplaires qui me sont destinés, je suis allé chez ce dernier les réclamer il y a quelques jours mais il n’avait encore rien reçu. Demain j’y retournerai et aussitôt j’irai en porter un exemplaire à MM. Brouardel et Lebon.
Je n’ai vu encore aucun article me concernant dans les journaux et je suis bien certain que si quelque chose paraît à Alger mon père s’empressera de me le faire savoir.
Dès que j’aurai les exemplaires, j’en enverrai à certains journaux et je pense qu’ils voudront bien en dire quelques mots. J’aurai voulu également en donner quelques-uns aux Professeurs du Val-de-Grâce et je ne serais pas fâché de connaître leur impression.
Tout cela je l’espère se fera bientôt et je suis furieux contre Pitrat des longs retards qu’il a fait subir à cet envoi.
Je ne sais comment vous remercier de tous les envois que vous avez fait aux différents professeurs étrangers, et je serai bien curieux de connaître leur avis.
Veuillez je vous prie présenter mes respects à Mme Lacassagne et ne pas m’oublier auprès de Monsieur Coutagne.
A. Kocher ».’

On le voit, Kocher n’épargne à son maître aucun détail au sujet de ses déboires avec l’éditeur de sa thèse et le tient très rigoureusement au courant des démarches qu’il entreprend pour susciter l’intérêt de la presse et de ses anciens professeurs.

La correspondance qui nous est parvenue révèle également quelques-unes des relations amicales qu’entretenait Alexandre Lacassagne. Sans doute, il ne faut pas conclure trop vite sur la base de la simple formule « mon cher ami », à l’existence d’une vieille amitié. L’historien Émile Bourgeois (1857-1934) lui écrit cependant à plusieurs reprises en ces termes, de même que le docteur Saturnin Arloing (1846-1911), professeur d’anatomie et de physiologie à l’École vétérinaire de Lyon, que le docteur Paul Brouardel (1837-1906), le célèbre médecin légiste, ou qu’un certain Rémy Deviers, directeur de La Science Expérimentale. Recueil international hebdomadaire, qui semble paraître à partir de 1877 et auquel Lacassagne aurait collaboré1258. Ce dernier l’appelle aussi « mon cher Lacassagne », ce qui trahit une certaine familiarité entre les deux hommes. Quant au docteur Louis Hugounenq (1860-1942), il s’adresse même à lui en l’appelant « mon bien cher ami », on peut donc conclure à une relation élective entre les deux hommes, d’autant qu’ils sont collègues un temps à la Faculté mixte de Médecine et de Pharmacie de Lyon, où Hugounenq occupe la chaire de chimie médicale à partir de 18981 et devient même doyen de 1906 à 1920. Mais l’essentiel de la correspondance d’Alexandre Lacassagne est, on l’a dit, de nature professionnelle : « collègue », « professeur » ou « docteur », c’est par ses titres que nombre de ses correspondants s’adressent à lui, souvent avec déférence : c’est un « honoré collègue » sous la plume du professeur Deperet (1854-1929), professeur de géologie à la Faculté des Sciences de Lyon, qui doit pourtant décliner son invitation : « je suis engagé pour une ascension de 2 ou 3 jours dans l’Ardèche avec plusieurs de mes confrères en géologie et il m’est impossible à mon grand regret de me rendre à votre invitation » mais se déclare « néanmoins très touché de la pensée aimable que vous avez eue pour un ancien camarade de l’armée et pour votre collègue actuel »1259. Mais, quoique professionnelles, les relations dont nous conservons la trace ne sont cependant pas d’un formalisme outrancier. Sous la plume de Jean Lépine (1867-1976), professeur de clinique médicale à la Faculté de médecine de Lyon, Alexandre Lacassagne est même non seulement un collègue, mais encore un « collègue et ami ». Le docteur Pierre Budin, pédiatre et obstétricien de renom, le remercie pour l’envoi d’un de ses ouvrages, avec la même simplicité1260. Professeur, il est souvent cher au cœur de ses anciens étudiants. Bref, la limite entre formel et informel est parfois ténue, sans doute pour une part parce qu’au sein du cercle bourgeois en cette fin de siècle cette distinction n’est pas totalement pertinente1261. Mais cette simplicité de ton dans les courriers conservés indique aussi à quel homme ils s’adressent. Les notices nécrologiques d’Alexandre Lacassagne louent unanimement sa bienveillance. On connaît les limites de ce type de document, volontiers hagiographique. Mais le ton des courriers qui lui sont adressés semblent bien corroborer ce trait de caractère.

Notes
1162.

« Pièces sur Tarde » [BML FA M5225-5226]

1163.

Courrier de Loray, chef de la sûreté à la Préfecture de Police, s.d. [BML FA Ms5174]

1164.

On a notamment consulté :

Dominique Bonnet Saint-Georges, Joëlle Etévenaux et Christine Bigot, 112 médecins dans les rues de Lyon, Lyon, Éditions de la fondation Marcel Mérieux / Institut Pasteur, 1990, 138 p.

René Bargeton, Dictionnaire biographique des préfets : septembre 1870-mai 1982, Paris, Archives nationales, 1994, 555 p.

Christophe Charle, Dictionnaire biographique des universitaires aux XIXe et XXe siècles, Vol.2 : Dictionnaire biographique, Paris, Institut national de recherche pédagogique / Éd. du CNRS, 1986, 215 p.

Christophe Charle, Les Professeurs de la Faculté des sciences de Paris. Dictionnaire biographique (1901-1939), Paris, Institut national de recherche pédagogique / Éd. du CNRS, 1989, 270 p.

Pierre Morel, Dictionnaire biographique de la psychiatrie, Le Plessis-Robinson, Synthélabo, 1995, 254 p.

Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, Paris, Hachette, 1893, 1629 p.

1165.

Courrier de Paul Brouardel à Alexandre Lacassagne, 26 juillet 1885. [BML FA Ms5174]

1166.

Courrier de Henry Coutagne à ALexandre Lacassagne, 12 juin 1894. [BML FA Ms5174]

1167.

Courrier d’Ignace Zakrewsky à Alexandre Lacassagne, le 9 janvier 1896. [BML FA Ms5174]

1168.

Ignace Zakrewsky, « La théorie et la pratique du droit criminel », in Archives d’Anthropologie criminelle, 1894, p.27-32.

1169.

Ignace Zakrewsky, « Quelques considérations sur le Congrès de Genève », in Archives d’Anthropologie criminelle, 1894, p.136-147. Il s’agit de rendre compte du IVe congrès d’anthropologie criminelle qui s’est tenu à Genève en 1896.

1170.

Ignace Zakrewsky, op.cit., 1894, p.27.

1171.

Courrier de S. Hellwig à Alexandre Lacassagne, le 29 septembre 1913, en allemand [BML FA Ms5174]

1172.

« J’ai pris la liberté d’écrire en anglais, puisque vous connaissez bien cette langue ». Courrier d’Arthur MacDonald à Alexandre Lacassagne, Turin, septembre 1892. [BML FA Ms5174]

1173.

Il s’agit de son ouvrage intitulé Le crime : sescauses et remèdes. Progrès de l’anthropologie criminelle, Paris, Schleicher, 1899, VII-581 p. [BML FA 247626]

1174.

Courrier de Cesare Lombroso à Lacassagne, Turin, le 25 décembre 1900. [BML FA n.c.]

1175.

Courrier de Cesare Lombroso à Lacassagne, Turin, 1900. [BML FA n.c.]

1176.

Carte postale de Cesare Lombroso à Lacassagne, Turin, s.d. [BML FA n.c.]

1177.

« Congratulavo con voi delle vostre belle conferenza ». Carte postale de Cesare Lombroso à Lacassagne, Turin, s.d. [BML FA n.c.]

1178.

Cesare Lombroso, L’homme criminel, Vol.1, Préface, Paris, Alcan, 1887, p.XLIII-XLIV. [BML FA 434607]

1179.

Cesare Lombroso, op.cit., Vol.1, 1887, p.XLI. [BML FA 434607]

1180.

Alexandre Lacassagne, « Ricerche su 1333 tatuaggi di delinquenti »,inArchivio di psichiatria, Scienze Penali ed Antropologia Criminale, vol.I, 1880, 8 p. [BML FA 135327]

Ce n’est qu’un aperçu de l’étude qui paraît en français l’année suivante sous le titre : Les tatouages. Étude anthropologique et médicco-légale, 1881, 115 p.[BML FA 135321]. Il n’en est pas moins intéressant de constater que ce travail de Lacassagne est d’abord diffusé en Italie.

1181.

Cesare Lombroso, op.cit., Vol.1, 1887, p.XLIII. [BML FA 434607]

1182.

Alexandre Lacassagne, « Gabriel Tarde. Discours prononcé à l’inauguration de son monument à Sarlat, le 12 septembre 1909 », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1909, p.895.

1183.

Cesare Lombroso, op.cit., Vol.1, 1887, p.1-2. [BML FA 434607]

1184.

Cesare Lombroso, « Il delitto negli animali », in Archivio di psichiatria, Vol. II, fasc.4, Torino, 1881, 125-157.

1185.

Alexandre Lacassagne, « De la criminalité chez les animaux », in Revue scientifique, 14 janvier 1882, 22 p. [BML FA 135390]

1186.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 14 janvier 1882, 22 p. [BML FA 135390]

1187.

Alexandre Lacassagne, op.cit.,  115 p. [BML FA 135321]

Cesare Lombroso y fait notamment référence dans op.cit., Vol.1, 1887, p.279-294. [BML FA 434607]

1188.

Cesare Lombroso op.cit., Vol.1, 1887, p.279. [BML FA 434607]

1189.

Cesare Lombroso op.cit., Vol.1, 1887, p.280. [BML FA 434607]

1190.

« M. Lacassagne cite un individu qui, pour se faire tracer sur le dos un dessin compliqué, resta couché sur le ventre 3 à 4 heures par jour, et cela pendant trois semaines ». Cesare Lombroso op.cit., Vol.1, 1887, p.310. [BML FA 434607]

1191.

Alexandre Lacassagne, L’Homme criminel comparé à l’homme primitif, Lyon, Assoc. typographique Giraud, 1882, 24 p. [BML FA 135391]

1192.

Cesare Lombroso op.cit., Vol.1, 1887, p.473. [BML FA 434607]

1193.

« Le Professeur de Turin, par ses travaux, se présentait comme l’initiateur d’une science nouvelle. Cependant, avant lui, les éléments de la psychologie moderne se trouvaient dans les œuvres de Gall, cet incomparable génie, dans les livres d’Auguste Comte, l’immortel auteur de la Philosophie et de la la Politique positives, dans le Traité des dégénérescences de l’espèce humaine de Morel, dans les ouvrages de Lauvergne et de Prosper Despine ». (Alexandre Lacassagne, « Gabriel Tarde… », in op.cit., 1909, p.896.

1194.

Alexandre Lacassagne, « Congrès d’anthropologie criminelle de Rome », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1886, p.170.

1195.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1886, p.169.

1196.

Idem.

1197.

Il est notamment le signataire d’un article consacré à « la statistique criminelle en Italie », publié dans les Archives de l’anthropologie Criminelle en 1886.

1198.

Courrier de Luigi Boddio à Alexandre Lacassagne, Rome, 4 février 1897. [BML FA Ms5174]

1199.

Idem.

1200.

Carte postale d’Enrico Ferri à Alexandre Lacassagne, août 1882, en italien. [BML FA Ms5174]

1201.

Courrier d’Alfredo Niceforo à Alexandre Lacassagne, Rome, 27 septembre 1911. [BML FA Ms5174]

1202.

Dans le fonds Lacassagne, on relève la présence de 10 ouvrages d’Alfredo Niceforo :

Criminali e degenerati dell’Inferno Dantesco, Torino, Bocca, 1898, 142 p. [BML FA 140107]

L’Italie barbara contemporanea, Milano, Saudron, 1898, 322 p. [BML FA 428264]

La Mala vita a Roma, Torino, Roux-Frassati, 1898, 217 p. [BML FA 428242]

Italiani del Nord et Italiani del Sud, Torino, Bocca, 1901, VIII-619 p. [BML FA 428293]

Anthropologie de 3147 enfants des Écoles de Lausanne étudiés en rapport à leur condition sociale, Roma, 1903, 70 p. [BML FA 137980]

La Police et l’Enquête judiciaire scientifiques, Paris, Librairie univers., 1907, VIII-445 p. [BML FA 135116]

Variabilità di alcuni caratteri antropologici, Roma, 1911, 20 p. [BML FA 137625]

Metodo nelle ricerche di Antropologia criminale, Roma, 1911, 35 p. [BML FA 136821]

Per la revisione di alcuni punti dell’antropologia criminale, Roma, 1912, 32 p. [BML FA 136822]

O romance policial e a investigaçao judiciaria scientifica, Rio de Janeiro, 1914, 31 p. [BML FA 136723]

1203.

Courrier d’Alfredo Niceforo à Alexandre Lacassagne, Rome, 27 septembre 1911. [BML FA Ms5174]

1204.

Courrier glissé par Lacassagne dans Alfredo Niceforo, op.cit.,1907. [BML FA 135116]. 

1205.

Idem.

1206.

Christian Debuystet alii (dir.), op.cit., Vol.1 : Des savoirs diffus à la notion de criminel-né, Bruxelles, Larcier, 1995, p.52.

1207.

À son sujet, voir notamment David G. Horn, The Criminal Body : Lombroso and the Anatomy of Deviance, New York, Routledge, 2003, p.42-sq.

1208.

Dans le courrier qu’il adresse au médecin lyonnais en septembre 1892 il indique « Je vous envoie un manuscrit sur la criminologie sexuelle pathologique, qui a été lu et approuvé par le Professeur Von Kraft-Ebing. […] Ces cas sont originaux, et présentés ici pour la première fois ». Courrier d’Arthur Mac-Donald à Alexandre Lacassagne, septembre 1892. [BML FA Ms5174]

1209.

Dans un article des Archives de l’anthropologie criminelle paru en 1911 et consacré à « la création d’un laboratoire de criminologie aux États-Unis » il indique ainsi qu’il « s’efforce d’obtenir, tant des villes et des États de l’Union que du Pouvoir fédéral, l’établissement d’un laboratoire central pour les études criminologiques » et fait état des obstacles et difficultés qu’il lui faut surmonter.

1210.

Courrier de Raymond de Ryckère à Alexandre Lacassagne, Anvers, le 19 novembre 1896. [AML 31ii87]

1211.

Courrier de Raymond de Ryckère à Alexandre Lacassagne, Anvers, le 28 janvier 1897. [AML 31ii87]

1212.

Idem.

1213.

Raymond de Ryckère, « L’alcoolisme féminin », in Archives d’anthropologie criminelle, 1899, p.70-92.

1214.

Courrier de Jean Cruppi à Alexandre Lacassagne, Luchon, le 15 août 1898. [BML FA Ms5174]

1215.

Jean Cruppi, Proposition de loi pour la réforme des expertises médico-légales. Chambre des députés, 7e législature, session de 1898, Paris, Impr. de Motteroz, s. d., 4 p.

Jean Cruppi, Rapport concernant le projet de loi pour la réforme des expertises médico-légales. Chambre des députés, 7e législature, session de 1898, Paris, Impr. de Motteroz, s.d., 13 p.

Jean Cruppi, Rapport supplémentaire concernant le projet de loi pour la réforme des expertises médico-légales. Chambre des députés, 7e législature, session de 1898, Paris, Impr. de Motteroz, s.d., 4 p.

1216.

Alexandre Lacassagne et Thoinot, L’expertise médicale criminelle en France à l’époque actuelle, Lyon, Rey, 1908, p.1. [BML FA 135694]

1217.

Alexandre Lacassagne, « Chaussier et les antécédents parlementaires de la loi Cruppi sur la réforme des expertises médico-légales », in Archives de l’anthropologie Criminelle, 1899, p.569.

1218.

Avertissement à la première édition du Vade-mecum, op.cit., 1892, p.III. BML FA 395160

1219.

Frédéric Chauvaud, Les experts du crime. La médecine légale en France au XIXe siècle, Paris, Aubier, 2000, p.9.

1220.

M. Genesteix, L’Expertise criminelle en France, Paris, A. Pédone, 1900, p.9-13. Cité par Frédéric Chauvaud, op.cit., 2000, p.10.

1221.

Frédéric Chauvaud, op.cit, 2000, p.9. 

1222.

Avertissement à la première édition du Vade-mecum, op.cit., 1892, p.I. BML FA 395160

1223.

Idem

1224.

Alexandre Lacassagne, « Chaussier… », op.cit, 1899, p.574.

1225.

Courrier de Jean Cruppi à Alexandre Lacassagne, Luchon, le 15 août 1898. [BML FA Ms5174]

1226.

Alexandre Lacassagne, « Les médecins sont-ils fils de bourgeois ? », in Bulletin du Lyon médical, Dimanche 15 juin 1890, n°24, XXIIe année, Tome LXIV, p.244.

1227.

« Il avait été promu aide-major aux dragons de l’impératrice » précise ainsi Le Progrès dans son édition du jeudi 25 septembre 1924. [AML 3CP363]

1228.

Alexandre Lacassagne, « Les médecins sont-ils fils de bourgeois ? », Bulletin du Lyon médical, Dimanche 15 juin 1890, n°24, XXIIe année, Tome LXIV, p.245. BML FA 135467

1229.

Pierre Kropotkine, Les prisons russes : analyse sur les conditions d’incarcération, s.d, 17 f. [BML FA Ms6130]

1230.

Théodore de Wyzewa, Excentriques et aventuriers de divers pays : essais biographiques d’après des documents nouveaux, Paris, Perrin, 1910p.338. [BML FA 378527]

1231.

Pierre Kropotkine, op.cit, s.d, f.1 [BML FA  Ms6130]

1232.

Idem.

1233.

Alexandre Lacassagne, L’assassinat du Président Carnot, Lyon, Storck, 1894, p.434. [BML FA 135201]

1234.

Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, vol.I : Des origines à 1914, Paris, François Maspéro, 1975, p.131.

1235.

Idem.

1236.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1894, 111 p. [BML FA 135201]

1237.

Courrier du Dr P.H. Sacha Mavroyeni à Alexandre Lacassagne, du Palais général de Yildis, Constantinople, le 18 janvier 1895. [BML FA Ms5229]

1238.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1894, p.4. [BML FA 135201]

1239.

Idem.

1240.

Cesare Lombroso, « L’anarchie et ses héros », in Revue des revues, 15 février 1894, p.265. BML FA 136915

1241.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1894, p.7. [BML FA 135201]

1242.

Augustin Hamon, Psychologie de l’anarchiste-socialiste, Paris, Storck, 1895, 322 p. [BML FA 428814]

Augustin Hamon, Les Hommes et les Théories de l’anarchie, Paris, Éd.nouvelle, 1893, 31 p. [BML FA 136909]

Augustin Hamon, Le socialisme et le congrès de Londres. Étude historique, Paris, Storck, 1897, 280 p. [BML FA 429059]

1243.

Jean Gouzer, Psychologie de l’Anarchiste, Lyon, Storck, 1893, 35 p. BML FA 136912. Sur la page de garde, on trouve cette note manuscrite critique qui n’est pas de Lacassagne, mais dont l’auteur reste non identifié : « Je reproche à cette étude d’avoir développé une psychologie qui n’appartient point à un groupe de militants contre-social, mais très banalement à l’ensemble des criminels, antisociaux … . De fait, … le plus grand nombre des anarchistes militants ne sont qu’une catégorie des criminels vulgaires… » .

1244.

Cesare Lombroso, op.cit., 15 février 1894, p.265-275. BML FA 136915

1245.

Rappelons que cette crise, liée à un climat d’instabilité économique, sociale et puis politique, s’ouvre avec les attentats perpétrés par Ravachol. Le 11 juillet 1892, cet activiste anarchiste fait exploser les domiciles de deux juristes parisiens ainsi qu’une caserne (mars 1892). Le 9 décembre 1893, Auguste Vaillant, lance une bombe chargée de clous sur les députés. Il n’y a pas de mort, seulement un blessé. Lors de son procès il justifie cet acte par la volonté de venger Ravachol. Il est exécuté le 4 février 1894. Suit les procès d’Emile Henry, poursuivi pour l’attentat du 12 février 1894 au café Terminus, et l’explosion d’un commissariat (8 novembre 1892). Emile Henry revendique ses actions, et lit même une déclaration dans laquelle il analyse la société corrompue et plaide la révolte. La série s’achève avec l’assassinat du Président de la République Sadi Carnot (24 juin 1894) à Lyon, par l’anarchiste italien Caserio.

1246.

M. Le Gall, La doctrine individualiste et l’anarchie devant la Science et la Justice. Discours prononcé à l’Audience solennelle de rentrée de la Cour d’appel de Toulouse, le 16 octobre 1894, Toulouse, Impr. Lagarde & Sébille, 1894, p.4 BML FA 136914

1247.

Préface d’Alexandre Lacassagne à Émile Fourquet, Les vagabonds criminels, Belley, Fabry, 1899, p.7. [BML FA 136948]

1248.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1894, p.4. [BML FA 135201]

1249.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1894, p.7. [BML FA 135201]

1250.

Cesare Lombroso, op.cit., 15 février 1894, p.265. BML FA 136915

1251.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1894, p.6. [BML FA 135201]

1252.

Idem.

1253.

En 1902, Alexandre Lacassagne remplit les fonctions de Président de la Société amicale des Anciens Médecins et Pharmaciens des armées de terre et de mer.

1254.

Henry Coutagne, Note sur un cas d’empoisonnement par les fruits de taminier, Lyon, Assoc. typogr., 1884, 12 p. [BML FA 135411]

H.F.Galliot, L’Avortement criminel, Lyon, Impr. nouv., 1884, 130 p. [BML FA 135417]

A. Kocher, De la Criminalité chez les Arabes au point de vue médico-judiciaire en Algérie, Paris, Baillière, 1884, 244 p. [BML FA 135405]

Edmond Locard, La Médecine judiciaire en France au XVIIe siècle (1660 à 1715), Lyon, Storck, 1902, 495 p. [BML FA 135612]

A. Mayrac, op .cit, 1900, 88 p. [BML FA 135590]

Maurice Merciolle, Examen médico-légal de la dentition dans les questions d’identité, Lyon, Storck, 1891, 91 p. [BML FA 135481]

Joseph Penot, Évolution du mariage et consanguinité, Lyon, Storck, 1902, 88 p. [BML FA 135610]

1255.

Courrier du docteur Galliot Alexandre Lacassagne, le 26 janvier 1886, glissé dans H.F.Galliot, op.cit., 1884, 130 p. [BML FA 135417]

1256.

Courrier du docteur Kocher à Alexandre Lacassagne, le 19 février 1884. [BML FA Ms5174]

1257.

Il s’agit d’un travail réalisé sous la direction d’Alexandre Lacassagne en 1884 : op.cit., 1884, 193 p. [BML FA 135405]

1258.

Dans son courrier du 27 mars 1877 [BML FA Ms5174], Rémy Deviers écrit ainsi : « Inutile de vous dire mon cher ami, que je considère comme un honneur votre collaboration à mon recueil, indépendamment du grand profit scientifique qu’il en retirera ».

1259.

Courrier du docteur Deperet à Alexandre Lacassagne, le 29 avril 1890. [BML FA Ms5174]

1260.

« Tous mes remerciements, mon cher Lacassagne, pour votre intéressant travail que je vais lire avec toute l’attention qu’il mérite. Mes meilleurs souvenirs. » Courrier de Pierre Budin à Alexandre Lacassagne, 13 décembre 1889. [BML FA ms5174]

1261.

C’est ce qu’affirme notamment Catherine Pellissier, op.cit., 1996a, p.22.