D. La revue : les Archives d’Anthropologie criminelle

Au début des années 1880, « une école française d’anthropologie criminelle s’était constituée à Lyon, cas exceptionnel d’innovation culturelle en province. Nouveau réseau, concurrent du réseau italien, à la tête duquel s’était placé Alexandre Lacassagne »1290. Elle se dote d’une revue, « indispensable outil à toute lutte visant l’hégémonie dans un champ intellectuel particulier » en 1886. En effet, le pouvoir des scientifiques, parmi lesquels les médecins, se conforte à cette époque par l’existence de périodiques scientifiques. Ces revues, contrôlées directement par les savants eux-mêmes, vouées à la production, à la validation et à la diffusion des savoirs scientifiques dans la sphère spécialiste, permettent de révéler et d’imposer aux communautés désormais professionnelles les informations comme les nouvelles pratiques du travail scientifique. « Elles détermin[ent] un autre processus d’élection du savant, à l’intérieur cette fois du monde scientifique dans lequel elles organisaient la circulation et la certification des données »1291. L’anthropologie criminelle ne survit pas à la Première Guerre mondiale, peut-être parce qu’elle n’est pas parisienne. Christophe Prochasson pose cette question en soulignant que « il semble […] risqué de transgresser les déterminations imposées par la géographie intellectuelle française »1292. Mais cette explication semble un peu rapide, tant le réseau qui se déploie dans cette publication, autour de son fondateur, Alexandre Lacassagne, est ample et dynamique. Lieu d’expression incontestable pour les savants, la revue scientifique est une source très éclairante en histoire des intellectuels, comme l’a souligné Christophe Prochasson1293. Les Archives d’Anthropologie criminelle constituent une initiative de recherche doublement originale pour l’époque car elle est à la fois transdisciplinaire (droit, médecine légale, anthropologie et sciences pénales et criminelles) et internationale. C’est pour cette dernière raison qu’il apparaît intéressant de passer par l’analyse de la revue pour cerner l’ampleur du réseau de Lacassagne.

L’étude détaillée des auteurs publiés dans les Archives permet notamment de poursuivre cet état des lieux du réseau intellectuel qu’Alexandre Lacassagne parvient progressivement à installer autour de son école et de ses travaux, et d’en mesurer l’impact scientifique. On a pu recenser au total quelques 321 contributeurs des Archives de l’Anthropologie criminelle 1294. Ces contributions sont majoritairement ponctuelles [Tableau 13]: 271 auteurs ne publient qu’une seule fois dans la revue. Et l’on ne compte que quatre contributeurs très réguliers, ayant publié au moins 30 articles. Ce sont, par ordre d’importance, Edmond Locard (31 articles), Gabriel Tarde (41 articles), Étienne Martin (44 articles) et… Alexandre Lacassagne lui-même (avec un total sans équivalent aucun de 94 articles). Autant dire que c’est avec raison « qu’on appelle à l’étranger [les Archives de l’Anthropologie criminelle] les Archives de Lacassagne, pour simplifier un titre un peu long »1295. Les trois autres auteurs forment à ses côtés le cœur de la revue, véritables incarnations de l’école lyonnaise de criminologie, qui s’oppose dans une certaine mesure à la conception lombrosienne du « criminel-né », et fait du crime un fait social. C’est d’abord la détermination sociale qui s’impose à un criminel, sans doute individuellement fragile.

‘« Le criminel est un microbe qui ne pullule que dans un certain milieu. Sans doute, c’est le milieu qui fait le criminel, mais comme le bouillon qui n’a pas de microbes, il est impuissant à faire germer le crime. De sorte que microbe et bouillon, côté biologique et côté social, sont les deux aspects fondamentaux de la criminalité et ils constituent les données essentielles de l’anthropologie criminelle »1296.’
Tableau 13 : Fréquence des contributions aux Archives pour chaque auteur.
Nombre d’articles Nombre d’auteurs concernés
1 à 5 271
6 à 10 34
11 à 20 11
20 à 30 1
30 et plus 4

Qui sont ces fidèles piliers de la revue ? Edmond Locard (1877-1966) est un ancien élève d’Alexandre Lacassagne [Fig.27].

Fig.27  : Edmond Locard, directeur du Laboratoire de la police scientifique de Lyon, en 1925. (Source : Lyon médical, 30 janvier 1925)

Après des études de droit, il soutient sous sa direction , en 1902, une thèse médicale sur La médecine judiciaire en France au XVIIe siècle (1660 à 1715) 1297. Il se consacre dès lors à la recherche de preuves matérielles et fait partie des pionniers de la police scientifique, introduisant notamment la dactyloscopie à Lyon, parallèlement aux méthodes anthropométriques de Bertillon. Lacassagne et Locard entretiennent des relations privilégiées. Le courrier que l’élève adresse au maître à l’occasion d’un voyage en Italie effectué au cours de l’été 1908 en est révélateur :

‘« Mon cher maître,
Après une courte excursion en Autriche me voici à Venise, où je pense séjourner une semaine encore. C’est un voyage peu intéressant au point de vue médico-légal, mais le départ pour Rome n’a pas convenu à ma mère que j’accompagne. Elle a craint la trop grande chaleur, et peut-être avait-elle raison »1298. ’

Entre les deux hommes, c’est plus qu’un rapport maître / élève qui existe. Mais Locard est surtout un collaborateur de premier plan aux côtés de Lacassagne :

‘« La lagune portant conseil, je vais rentrer à Lyon avec des projets de travail sérieux. Outre notre intéressant argot, je compte, si vous le voulez bien, me mettre d’abord dans l’organisation du Musée de Police Scientifique. Je crois que le mieux sera de commencer par l’exécution de nombreuses empreintes de mains, de pieds, et de chaussures, et par des épreuves dactyloscopiques suivant les diverses méthodes. Je vais nous faire envoyer des fiches de tous les pays. D’autre part n’êtes-vous pas d’avis qu’il y aurait intérêt à collectionner ce qui concerne les fraudes alimentaires (nous avions parlé d’une collection de champignons vénéneux) ? »1299.’

On mesure l’importance de son rôle aux côtés du maître, dont on a dit l’intérêt qu’il accordait à ses collections. Du reste, le dépouillement des articles publiés par Locard dans les Archives confirme cette communauté de vues entre les deux hommes : comme son maître, l’élève s’intéresse particulièrement au tatouage1300, ainsi qu’à la question de l’identité et de l’identification1301. Il est l’auteur d’un livre sur le sujet, que Lacassagne se charge personnellement de présenter dans les pages de la revue1302, et avec quel enthousiasme : « voilà de la littérature scientifique ! »1303, s’exclame le maître qui conclut qu’il s’agit d’un « livre, bon et complet, auquel [il] prédi[t] un réel succès »1304, présageant qu’ « il sera bientôt classique dans tous les services d’identification » et confessant qu’il « éprouve quelque plaisir à penser qu’il a été fait dans [s]on laboratoire et à [s]es côtés »1305. Locard joue un rôle important dans l’internationalisation du réseau relationnel d’Alexandre Lacassagne : dès ses débuts, il envisage le développement de la police scientifique à cette échelle, collectant les informations dans « tous les pays », entretenant des relations suivies avec un certain nombre de scientifiques étrangers, notamment Rodolphe Archibald Reiss [Fig.28], de l’Université de Lausanne ou Salvatore Ottolenghi de Rome.

Fig.28  : Portrait de Rodolphe Archibald Reiss, fondateur de l’Institut de police scientifique de l’Université de Lausanne. (Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne)

« Aidé par ses connaissances polyglottiques peu communes »1306 – on dit qu’il maîtrisait onze langues, dont le sanskrit –, il parvient à s’inscrire dans une géographie de la recherche scientifique résolument internationale. Ses « Chroniques latines », régulièrement publiées dans les Archives, en sont emblématiques1307 : il prend la suite d’Alfred Bournet, qui se chargeait des « Chroniques italiennes » à partir de 19021308 mais entend « élargir le cadre de cette revue bibliographique et […] y introduire de nouveaux éléments d’intérêt »1309. Dans sa chronique inaugurale, il insiste sur « cette fécondation réciproque » qui fait fi de la barrière alpine, mais aussi pyrénéenne.

‘« Dans un récent voyage en Émilie et en Toscane, j’ai pu constater […] qu’à la devanture des librairies, aussi bien dans les magasins des éditeurs en renom que dans les kiosques ou les bibliothèques des gares, il y a une proportion de livres français qu’il n’est pas téméraire d’évaluer à 50 p.100 […], dans leur langue originale. Et qu’on ne croie pas qu’il s’agisse uniquement de productions littéraires […], les livres d’histoire, de philosophie, de droit, de sociologie occupent une place respectable. Presque tous les classiques médicaux français sont traduits ou exportés en Italie, et il est aussi facile de se procurer le dernier ouvrage lyonnais ou parisien de chirurgie ou de médecine légale chez un libraire de Milan ou de Florence que chez ceux des bords du Rhône ou de la Seine. L’Espagne offre un spectacle analogue »1310. ’

Gabriel Tarde (1843-1904) [Fig.29] est également un compagnon de route privilégié d’Alexandre Lacassagne, si l’on en croit son intense participation à la revue, dans laquelle il est publié à 43 reprises, et ce dès 1886 et jusqu’après sa mort, puisque la revue publie certains de ses écrits à titre posthume.

Fig.29  : Gabriel Tarde, fidèle collaborateur d’Alexandre Lacassagne aux Archives

Il décède en 1904, mais sa signature apparaît dans les Archives jusqu’en 1910. À partir de 1893, il co-dirige même la revue « pour la partie juridique » comme l’indique la couverture de cette huitième livraison des Archives. Juriste de formation, il est Substitut du Procureur de la République à Ruffec (1873), puis Juge d’Instruction au tribunal de Sarlat (1875-1894). Il doit sa promotion professionnelle au poste de Chef de la Statistique du Ministère de la Justice à une intervention du docteur Étienne Rollet, beau-frère de Lacassagne. Les archives déposées par Alexandre Lacassagne à la Bibliothèque municipale contiennent tous les éléments nécessaires au récit de cet épisode. Dans un courrier qu’il adresse à Étienne Rollet, Gabriel Tarde précise ainsi que « M. Dubost [le Ministre de la Justice] vient de [lui] faire savoir par son chef de cabinet qu’il [l]e recevrait le jour où il [lui] plairait de venir »1311. À la fin du mois de janvier 1894, il écrit à Lacassagne pour lui annoncer sa nomination :

‘« Mon cher ami,
Je ne veux pas que vous appreniez ma nomination par l’Officiel. Depuis deux jours seulement, j’avais remis mon mémoire au ministre, manuscrit de 44 pages où je citais souvent, bien entendu, les Archives […]. Or ce matin, à midi, le ministre m’a fait appeler et il vient de m’apprendre que je suis nommé Directeur de la Statistique judiciaire. J’ai été ébahi, car je ne pensais pas que le dénouement pût être si prompt »1312. ’

Preuve, s’il en fallait, que le réseau d’Alexandre Lacassagne est aussi efficace qu’étendu ! Certains de ses étudiants l’ont bien remarqué, à l’instar de Joseph-Victor Jullien qui précise à son professeur, dans la dédicace de sa thèse, l’importance de « l’appui de sa haute influence »1313. Entre Lacassagne et Tarde, la relation est bien davantage que professionnelle. À l’occasion de la cérémonie de remise de médaille au professeur Lacassagne, nouvellement décoré de la Légion d’Honneur, en 1901, Gabriel Tarde lui rend hommage :

‘« Il est l’homme qui m’a le plus aidé, […] le plus efficacement et le plus chaleureusement accueilli. […] Il est le professeur toujours bienveillant et toujours respecté. Et, dans son domaine qui n’est pas étroit, il est maître. Mais cela n’est rien encore, et je le louerais bien mal, si je ne mettais bien au-dessus de toutes ces rares qualités de cœur qui le distinguent, des qualités de cœur qui le rendent infiniment cher à quiconque l’a vu de près »1314. ’

Réciproquement, lors du décès de Tarde, survenu en 1904, le légiste lyonnais évoque avec émotion sa voix « de fausset quand il parlait un peu fort [… mais qui] quand, au contraire, il causait avec un ami, dans l’intimité […] prenait une douceur veloutée, un timbre fort émouvant et persuasif pour l’auditeur »1315. Le portrait qu’il en fait en1909, lors de l’inauguration d’un monument en son honneur à Sarlat1316 confirme la profondeur de la relation amicale qui unit les deux hommes :

‘« mon ami Tarde, […] je vois une mèche rebelle descendant sur le front, un clignement d’yeux derrière le lorgnon, deux petites moustaches comme des parenthèses, et surtout un petit tic d’épaules, se soulevant et s’abaissant pendant que la tête s’incline à droite et à gauche : voilà mon homme ». ’

Le fils de Gabriel Tarde, Guillaume, s’en ouvre auprès de Lacassagne, qui lui conserve tout son affection après le décès de son père :

‘« Vous étiez le plus aimé des amis de mon père, et si, comme vous dites, votre mutuelle affection était née à l’automne de votre vie, elle était la plus profonde parmi toutes les autres… Certainement, privés que nous sommes par ce terrible malheur de la direction paternelle, si tendre et si éclairée, c’est à vous, puisque vous voulez bien, que nous pouvons demander les précieux conseils »1317. ’

La correspondance qui est partiellement conservée à la Bibliothèque municipale1318 traduit la chaleur des relations qui existent entre les deux hommes et relèvent autant du champ de l’amical que de celui du professionnel. Dans un même courrier1319 qu’il adresse à son ami lyonnais, Tarde peut ainsi, à quelques lignes d’intervalle déplorer son absence – « Mon cher ami, on vous attend toujours, et jamais on ne vous voit » – et s’enquérir de la publication d’un de ses articles – « Si vous jugez que mon article sur l’action intermentale convienne aux Archives, je ne vois aucun inconvénient à ce qu’il soit reproduit, sans modification ».

Enfin, parmi les proches d’Alexandre Lacassagne, il faut évoquer Étienne Martin (1871- 1949), chef des travaux, puis successeur du maître à la chaire de médecine légale de Lyon à partir de 1913 et collaborateur régulier d’Alexandre Lacassagne : ils cosignent neuf fascicules entre 1897 et 1921, dont le Précis de médecine légale 1320 qui fait figure de synthèse de la pensée de Lacassagne. Étienne Martin souligne avec force le rôle joué par la revue dans l’initiation et la diffusion des recherches scientifiques sur le criminel :

‘« Grâce aux Archives d’anthropologie criminelle, à la bibliothèque de criminologie éditée à Lyon chez Storck, Lacassagne a fait naître un foyer intellectuel qui a pour centre Lyon, et qui va rayonner dans le monde entier »1321. ’

Et d’insister sur « l’activité [de leur] directeur, [sur] la façon dont il sut faire travailler, canaliser les tendances de chacun et provoquer le jaillissement de l’idée et de la production […supportant] seul le lourd fardeau de la direction et de la publication des Archives »1322.

L’implication d’Alexandre Lacassagne dans ce qui demeure jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale sa revue est essentielle. Étienne Martin le rappelle l’occasion du 25e anniversaire des Archives :

‘« Je peux dire qu’aucun numéro n’a paru sans qu’il ait été revu et corrigé par lui. Ce journal est donc une des créations à laquelle il tient le plus. Il y a consacré sans compter son temps, son argent, son intelligence, ses peines ; journaliste par tempérament, aimant à sentir l’odeur spéciale de l’encre et du placard d’imprimerie, Lacassagne se plaît à voir sur sa table une série d’épreuves, et ce travail ingrat de révision ne l’effraie pas […]. À part cette besogne matérielle qu’il ne réserve même pas au secrétaire de rédaction, Lacassagne est le correspondant de tous nos collaborateurs. De son cabinet de travail part une série de lettres qui vont porter, en un langage toujours aimable, un encouragement, une indication précieuse aux chercheurs de tous les pays »1323. ’

La véracité de cette déclaration qu’on pourrait croire hagiographique est confirmée par l’étude de la correspondance de Lacassagne. Parmi les correspondants du médecin, nombreux sont ceux qui signent au moins un article dans les Archives d’Anthropologie criminelle. C’est le cas pour 21 d’entre eux (sur 50). On peut donc bien considérer que l’ensemble des collaborateurs des Archives sont autant de membres d’un réseau d’Alexandre Lacassagne dont on commence dès lors à mesurer l’ampleur. L’implication de Lacassagne dans la publication de la revue est telle qu’il en découle nécessairement une étroite proximité entre lui et ses collaborateurs. Gabriel Tarde le souligne, en manière d’hommage : « je suis son collaborateur aux Archives, et peut-on être son collaborateur sans être son ami ? »1324. Reconstituer l’organigramme de la revue, considérée comme un espace de rencontres intellectuelles, permet d’en tracer les contours, puisque « le journal nous a permis de nouer des relations sympathiques, et même amicales, parmi nos collaborateurs »1325, ainsi que le précisent de conserve Lacassagne et Tarde.

Fig. 30  : Henry Coutagne (1846 -1895). Docteur en médecine en 1871, il devient chef des travaux de médecine légale à la Faculté de Lyon et travaille longtemps en étroite collaboration avec Alexandre Lacassagne.

Outre les collaborateurs privilégiés, du fait du nombre d’articles qu’ils ont offerts à la publication, il faut évoquer ici tous ceux qui jouent un rôle dans son comité de rédaction. Car Lacassagne n’est pas seul à la tête de l’entreprise, même s’il la domine largement. À ses côtés, dirigeant les Archives de l’anthropologie criminelle et des sciences pénales, on trouve dans un premier temps René Garraud (1849-1930), avocat au barreau de Lyon et professeur de droit criminel à la Faculté de Droit, et Henri Coutagne (1846-1895), chef des travaux de médecine légale à la Faculté de Médecine. Mais leur participation à la revue est très modeste si on l’évalue à l’aune du nombre d’articles publiés : Garraud n’est l’auteur que d’un seul mémoire original1326. Quant à Henry Coutagne [Fig.30], il signe à treize reprises dans la revue.

En 1893, ces deux premiers collaborateurs sont remplacés à la tête des Archives, devenues Archives d’anthropologie criminelle, de criminologie et de psychologie normale et pathologique pour montrer « les voies dans lesquelles il faut résolument s’engager »1327, par Gabriel Tarde. Non seulement il s’agit de « créer un trait d’union entre les hommes de loi et les hommes de science », ce qu’avait déjà passablement amorcé la précédente version de la revue, mais encore de faire une part importante « à la physiologie cérébrale et à l’aliénation mentale, en indiquant [que la revue] s’occup[e] aussi de Psychologie normale et pathologique ». Cette collaboration perdure jusqu’en 1904, date à laquelle Paul Dubuisson prend le relais de Tarde, décédé, jusqu’à son propre décès, survenu prématurément en 1908. Martine Kaluszynski souligne tout ce qui sépare les deux hommes : « un Dubuisson positiviste farouche succédant à Tarde, apôtre de la modération »1328, et conclut que ces choix ont donc plus probablement été « guidés par l’option amicale de Lacassagne envers la personnalité et l’intelligence des hommes, que par une logique rédactionnelle cohérente et établie ». Ce qui est certain, c’est qu’une fois encore la distinction des champs amical et professionnel n’est pas pertinente, et que Lacassagne conserve la haute main sur sa revue, d’autant qu’il la dirige seul à partir de 1908.

Outre ces directeurs successifs, Lacassagne s’entoure à partir de 1893 d’un certain nombre de collaborateurs dont le nom figure sur la couverture des Archives, auxquels il faut ajouter le nom d’Alfred Bournet, qui remplit les fonctions de secrétaire de rédaction, bientôt remplacé à ce poste par Étienne Martin, avant qu’il ne devienne officiellement un collaborateur de la revue à partir de 1913, puis par Albert Policard, et celui d’Antoine Lacassagne, qui se voit attribuer le titre de Secrétaire adjoint. On peut résumer sous la forme du tableau suivant [Tableau 14] leur liste et l’ampleur de leur collaboration respective.

Tableau 14 : Les collaborateurs de Lacassagne dans les Archives.
Nom Fonction dans la revue Profession Dates de la collaboration
Henri Coutagne (1846-1895) Directeur (1886-1893)
puis Collaborateur
Médecin légiste, chef des travaux de médecine légale à la Faculté de Médecine de Lyon 1886-1895
René Garraud
(1849-1930)
Directeur (1886-1893)
puis Collaborateur
Avocat, professeur de droit criminel à la Faculté de Droit de Lyon 1886-1914
Albert Bournet
(1892-1917)
Secrétaire de rédaction Médecin, de Lyon 1886-1895
Gabriel Tarde Directeur Magistrat, directeur de la Statistique criminelle au Ministère de la Justice 1893-1904
Paul Dubuisson
(1847-1908)
Collaborateur (1893-1904)
Puis Directeur
Médecin aliéniste, professeur de médecine légale à la Faculté de Médecine de Paris 1893-1908
Alphonse Bertillon
(1853-1914)
Collaborateur Criminologue, chef du service photographique de la préfecture de police de Paris 1893-1914
Paul-Louis Ladame
(1842-1914)
Collaborateur Médecin de Genève 1893-1914
Léonce Manouvrier
(1850-1927)
Collaborateur Médecin, anthropologue, professeur à l’École d’Anthropologie de Paris 1893-1914
Étienne Martin Secrétaire de rédaction (1902-1913)
puis Collaborateur
Médecin légiste 1902-1913
Alexis Bertrand Collaborateur Professeur de Lettres à la Faculté de Lettres de Lyon 1908-1914
Albert Florence
(-)
Collaborateur Médecin, professeur à la Faculté de Médecine de Lyon 1911-1914
Emmanuel Régis Collaborateur Médecin, de Bordeaux 1914
Albert Policard Secrétaire de rédaction Médecin, de Lyon 1914
Antoine Lacassagne Secrétaire adjoint Médecin, de Lyon 1909-1914

Seul René Garraud, fidèle parmi les fidèles, accompagne Lacassagne de la création de la revue à la cessation de sa parution, en 1914, soit près d’une trentaine d’années. Alphonse Bertillon, Paul-Louis Ladame et Léonce Manouvrier, qui collaborent aux côtés de Lacassagne pendant 22 ans le talonnent de près. Mais d’une manière générale, il semble bien que Lacassagne sache s’attacher les fidélités : en moyenne, ses collaborateurs le demeurent pendant près de 12 ans et demi.

La grande majorité des collaborateurs les plus proches de Lacassagne sont donc des médecins : sciences médicales et sciences juridiques ne sont pas représentées à égalité à la tête de la revue, en dépit du désir affiché de collaboration entre ces deux branches de la connaissance. Le relevé de la répartition professionnelle de l’ensemble des contributeurs des Archives est également instructif. Si l’on n’est sûr de rien à ce sujet pour 77 des auteurs sur les 321 recensés au total, les plus nombreux appartiennent, sans surprise, au monde médical (208) ou, dans une bien moindre mesure, juridique (26). Voilà qui confirme bien ce qu’affirme Laurent Mucchielli : « les Archives d’anthropologie criminelle sont restées ce qu’elles étaient à l’origine : une revue de médecins où il était question avant tout de médecine légale et de psychiatrie »1329. On note aussi que la géographie de ces collaborateurs n’est pas exclusivement lyonnaise, même si les lyonnais sont majoritaires.

Mais quittons ce cercle rapproché et restreint, pour envisager l’ensemble des auteurs publiés dans la revue. On a pu dénombrer quelque 321 contributeurs de la revue, dont 115 pour lesquels il a été impossible de déterminer leur origine géographique. Pour les autres, ils se répartissent de la manière suivante [Tableau 15] :

Tableau 15  : Origine géographique des contributeurs des Archives d’anthropologie criminelle et des auteurs qui y sont recensés
Origine géographique Nombre de contributeurs Nombre d’auteurs recensés
France 118
dont 41 Lyonnais, 19 Parisiens, 5 Toulousains, 4 Algériens, 3 Marseillais, 2 Lillois…
169
Italie 23 19
Russie 9 22
Allemagne 7 12
Belgique 7 15
Espagne 5 2
Suisse 5 6
Roumanie 4 1
Pologne 4 0
Autriche 4 5
Pays Bas 3 0
États-Unis 2 14
Brésil 2 6
Danemark 2 0
Angleterre 2 7
Argentine 1 2
Chili 1 0
Madagascar 1 0
Égypte 1 0
Turquie 1 0
Hongrie 1 0
Grèce 1 1
Norvège 1 0
Suède 1 2

Cette géographie des auteurs publiés dans les Archivessouligne la dimension internationale du réseau de Lacassagne qui, à ce titre, peut bien être qualifié de scientifique moderne, tant il est vrai que « le changement d’échelle que connaît la pratique scientifique de la fin du siècle, la nouvelle lecture des espaces dans lesquels elle s’exerce »1331 se conjuguent résolument à l’international. Dans un avant-propos signé de « la Rédaction », paru dans lors le premier numéro de la revue, cette vocation de diffusion à l’échelle internationale et en langue française est clairement affirmée :

‘« Nous pensons que, dans les pays où se parle la langue française, il est bon d’avoir un organe qui émette ces principes [selon lesquels on peut trouver les règles de l’équité naturelle, qui est sous la dépendance des lois scientifique] et expose cette doctrine. Nous faisons appel à nos collègues de France, de Belgique, de Suisse, du Canada, etc., juristes et médecins de tous pays, qui voudront, dans ces Archives, discuter les sciences pénales, les résultats théoriques et pratiques de l’anthropologie criminelle et de la médecine légale »1332. ’

Christophe Prochasson souligne combien, désormais, l’heure est à l’ouverture dans les milieux intellectuels, médicaux notamment. La diffusion des recherches et des connaissances scientifiques, la participation à des travaux résolument collectifs, et l’inscription corrélative dans un réseau, sont indispensables.

‘« Le succès d’un livre devint un critère normal de reconnaissance et n’était plus réservé aux seuls écrivains. L’estime intellectuelle d’un cercle étroit, réduit à une dizaine d’individus, ne suffisait plus »1333.’

Cela est d’autant plus vrai pour les médecins qui, désormais investis d’un véritable devoir social, se mettent « à écrire pour informer les masses encore ignorantes, mais capables d’accéder au livre »1334, passant non « plus seulement pour des hommes de l’art, par aussi pour d’authentiques intellectuels »1335, soucieux de s’exprimer et d’être entendus dans la sphère publique.

Outre le foyer européen, essentiellement français, la présence de certains ensembles régionaux peut toutefois surprendre, notamment l’ensemble qu’on qualifiera de « sud-américain » (Brésil, Argentine, Chili). Cela semble en fait correspondre à une géographie positiviste1336. On sait en effet que des temples positivistes existent en Amérique latine dès la fin du XIXe siècle1337. La devise « Ordem e progresso », « Ordre et Progrès », ne figure-t-elle pas sur le drapeau brésilien dès la proclamation de la République, en novembre 1889 ? Sans doute la présence d’un contributeur turc parmi les auteurs révèle-t-elle la même appartenance idéologique, car c’est aux positivistes que la Turquie doit d’être un État laïque et la devise des Jeunes Turcs, « Union et progrès », porte aussi témoignage de cette influence, confirmée d’ailleurs par le titre de la contribution en question1338, qui plaide pour réconciliation du barreau français, « si réfractaire aux nouvelles théories de la criminologie positive »1339, avec les positivistes, même s’il lui semble « naturel qu’un positiviste se méfie de l’art de la parole, et de ceux qui en font profession, et qu’il considère l’éloquence comme un don funeste, dont les forces dans l’arène judiciaire sont uniquement destinées à augmenter l’aveuglement du jury, à caresser les préjugés des magistrats juristes, à opposer ainsi au progrès des doctrines scientifiques une barrière d’autant plus solide qu’elle est insaisissable »1340. La forte représentation des contributeurs italiens vient appuyer la thèse développée par Laurent Mucchielli d’un « faux antagonisme franco-italien »1341. Invitant à « remettre sérieusement en question ce clivage mis en place par les acteurs français de l’époque pour se distinguer des Italiens, lors même que, sur le fond, les positions des uns et des autres étaient à peu près similaires »1342, il souligne notamment que Lacassagne, qui n’est « en rien sociologue […] a toujours soutenu que la cause principale du comportement criminel résidait dans un déterminisme héréditaire » ; que « son école appliqua les mêmes principes » en dépit de la présence de Tarde dans ses rangs ; et que « la criminologie italienne [n’est par ailleurs] pas aussi homogène et réductrice dans son déterminisme biologique que les français ont bien voulu le dire ». Le Dr Bournet, qui est un des proches de Lacassagne, le déclare sans ambiguïté : les travaux publiés par « les anthropologistes et les criminologues italiens […] sont d’un haut intérêt et mettent la pensée en mouvement »1343. Les Archives d’Anthropologie criminelle fonctionnent comme un lieu d’échange privilégié entre les deux écoles nationales. Les recensions d’ouvrages sont particulièrement éclairantes à ce titre. Ainsi, en quels termes est-il fait état de la thèse du « criminel-né » de Lombroso dans les pages de la revue lyonnaise, à l’occasion de la parution de L’Homme criminel en français1344 ?

‘« Le criminel doit-il être traité comme un être inconscient ou bien la société doit-elle toujours chercher dans les lois et dans les mesure pénales une sécurité que peut seule donner la crainte des châtiments ? Tel est le problème dont la solution occupe M. Lombroso. […] Pour [lui], le criminel-né est un malade dont la nature seule est responsable ; on doit le distinguer du criminel d’occasion que la société peut s’imputer en majeur partie. […] Sa conclusion est que si nous diminuons la responsabilité de l’individu, nous devons y substituer celle de la société. Pour se défendre, elle doit séparer le criminel né des autres hommes, par une détention perpétuelle […]. Cette solution a soulevé bien des objections, mais un point sur lequel tout le monde est d’accord, c’et que l’ouvrage de M. Lombroso contient quantité d’observations aussi ingénieuses que persévérantes »1345. ’

Voilà une recension qui, si elle invite à débattre sur ce qui est supposé être le nœud de l’antagonisme entre les deux écoles, ne vaut pas pour une condamnation qui serait, du reste, bien surprenante dans les pages d’une revue dont l’inspirateur essentiel, Alexandre Lacassagne, s’inspire étroitement du modèle scientifique de Lombroso qu’il suit pas à pas de 1878 à 1885, « publiant à deux ans de distance au maximum sur les mêmes sujets : les tatouages, la comparaison du criminel avec l’homme primitif, l’étude du criminel comme une espèce animale »1346, lui empruntant même l’idée de publier des autobiographies de criminels, comme le souligne Philippe Artières1347. Sa publication des « Souvenirs et impressions d’un condamné » dans les Archives en 1893 suit de près celle des Palimpsestes des prisons de Cesare Lombroso, qui cherche à recenser « l’ensemble des signes graphiques tracés par les criminels dans les prisons »1348, ouvrage traduit en français dès 1894.

Du reste, les français connaissent la diversité des positions théoriques qui existe au sein de l’école italienne. Outre les ouvrages de Lombroso, ceux d’Enrico Ferri, « qui reconnaître certes la réalité du type biologique criminel, mais qui d’une part distingue les criminels-nés des criminels d’occasion et d’autre part prétend qu’on ne peut expliquer l’ampleur du phénomène criminel sans recourir à d’autres séries de causes, climatiques et sociales »1349 font par exemple l’objet d’une lecture critique dans les Archives. La conférence, essentielle pour notre sujet, qu’il prononce à Naples en 1885 pour présenter La nouvelle école positive, est immédiatement rapportée dans la revue de Lacassagne1350. Le député veut renouveler, dans son berceau même, « l’école classique qui a dû son éclat, en Italie, à Beccaria, Romagnosi, Filangieri, Niciolini, Pagano, Rossi, Carmignani, Giuliani, Zuppetta, Carrara, Pessina, Ellero, Tolomei, Buccellati, Catalano, Nocita et Brusa »1351. S’il ne s’intéresse plus exclusivement au délit, mais porte désormais le regard sur le délinquant et le considère comme « un phénomène naturel »1352, il souligne que celui-ci « doit être le résultat de causes multiples ». Et quand il énumère les grands facteurs criminogènes on est surpris de le voir relever « la misère [qui]est évidemment le milieu principal qui fait germer le crime, en produisant la dégénérescence, qui d’effet devient cause, [… mais] aussi l’alcoolisme, le vagabondage, l’abandon dans l’enfance »1353. S’il accorde toujours une importance fondamentale aux facteurs anthropologiques dans l’appréhension du phénomène criminel, il n’en demeure pas moins qu’il est bien plus nuancé que Lombroso. De même, la Criminologie de Garofalo est évoquée dans le volume de 1891, et l’auteur de la recension relève que :

‘« M. Garofalo s’élève surtout contre l’accusation de fatalisme lancée contre les adeptes de l’anthropologie criminelle. Il n’admet pas que l’homme, et partant le criminel, soit incapable de transformation ; il croit au contraire possible la transformation de l’activité du coupable, lorsque le milieu a changé autour de celui-ci »1354.’

S’il affirme qu’il existe une catégorie de criminels présentant des anomalies psychiques, souvent doublées de défaillances anatomiques, non pathologiques mais caractéristiques d’un processus dégénératif, ce sont principalement les anomalies morales qui l’intéressent chez ces individus. Il reste optimiste, et passe en revue les divers facteurs qui permettraient de réduire cette anomalie criminogène, depuis l’influence de l’éducation et de l’enseignement religieux, qu’il considère comme douteuse, jusqu’à la mise en place d’un système de peines qui veut amender le coupable plutôt que le punir, et doit donc tenir compte non seulement de la gravité du crime, mais encore de la diversité des natures criminelles, des tempéraments, de l’hérédité, de l’âge, etc. Considérer l’ensemble de ces facteurs, en y ajoutant une bonne connaissance de « la vie antérieure du délinquant »1355 doit permettre d’évaluer son potentiel criminel, sa « témibilité » pour reprendre le concept forgé par Garrofalo. La notion est utilisée par les aliénistes depuis le début du XIXe siècle : en vertu de la loi de 1838, en France, le préfet peut ordonner le placement d’office en hôpital psychiatrique de tout individu dont l’état mental paraît susceptible de compromettre l’ordre public et la sécurité des personnes, et ce pour une durée indéterminée puisque la décision est révisée tous les 6 mois. La voici transposée aux criminels : il s’agit de désigner « la perversité constante et agissante du délinquant »1356, et sur cette base de déterminer pour chaque délinquant « le genre de frein adapté à la spécialité de sa nature ».

On le voit, c’est caricaturer les tenants de l’école de criminologie italienne que d’en faire les partisans d’un biologisme tout puissant. Mais la prise en compte de cette diversité par les Archives d’anthropologie criminelle tarde un peu : l’ouvrage de Ferri, I nuovi orizzonti del diritto e della procedura penale, daté de 1881, n’est traduit qu’en 1893 sous le titre de La Sociologie criminelle… et ne fait l’objet d’une recension dans la revue qu’en 19051357, ce qui est surprenant car elle se montre habituellement bien plus réactive. On a pu identifier 672 auteurs, recensés dans les Archives d’anthropologie criminelle pour un livre ou un article dans les rubriques « Revue bibliographique » ou « Revue de la presse étrangère », « Revue des journaux ou des sociétés savantes ». Au total, ce sont près de 500 ouvrages qui sont ainsi signalés aux lecteurs des Archives, le plus souvent (dans plus de 60 % des cas) l’année même de leur parution ou l’année suivante. Il faut en effet être très réactif, pour rendre justice au caractère quasi-instantané de l’information scientifique moderne. Ces recensions critiques, ainsi que le signalement systématique d’articles parus dans d’autres périodiques mais susceptibles d’intéresser les lecteurs des Archives traduisent l’insertion de la revue dans les pratiques nouvelles de la recherche scientifique qui émergent alors. La science se fixe pour objectif d’accumuler le plus rapidement possible un nombre de données toujours en augmentation, mais cette accumulation ne peut aller sans une intégration également croissante, et ces pratiques « jouent sur la forme et les contenus des périodiques, lisibles dans les inter-citations croissantes entre revues, qui suscitent un authentique “inter-texte” scientifique »1358. Entre recension à caractère cumulatif et objectif critique, la revue bibliographique permet de concilier deux fonctions majeures.

Émile Laurent se propose de prendre en charge ce travail :

‘« Tout livre qui intéresserait l’anthropologie criminelle, toute brochure un peu importante serait citée avec quelques lignes d’analyse ou simplement d’explications. Je ferais naturellement ressortir les points intéressants particulièrement le criminologue » 1359 .

Et il ne doute pas que les principaux libraires scientifiques de Paris lui fournissent gratuitement les ouvrages en question, « dans la perspectived’une notice réclame » au sein d’un organe de presse dont la fonction prescriptive paraît donc incontestable, et ce alors qu’il n’existe que depuis trois ans.

Les œuvres majeures de Lombroso1360 apparaissent à ce titre dans la revue. Mais à y regarder de près, on a le sentiment que seuls les criminologues italiens « orthodoxes », susceptibles donc d’alimenter le discours biologisant décrié pour une part par l’école française, ont droit de cité dans la revue. Napoleone Colajanni (1847-1921), qui conteste « bien au-delà de la simple théorie du type criminel et du criminel-né, la liaison nécessaire du physique au moral, soit la légitimité même des explications biologiques en matière de criminalité »1361, ne publie qu’un seul article dans les Archives, et aucun de ses ouvrages n’y fait l’objet d’une recension, pas même son Latins et Anglo-Saxons 1362, pourtant paru en français et que Lacassagne possède. L’école française n’ignore rien de cette diversité italienne et de l’importance des écrits de Colajanni :

‘« La Sociologia criminale de Colajanni a été un coup violent pour les théories de cette école [lombrosienne] ; elle a donné lieu entre les deux champions des causes sociales et des causes naturelles du délit, à une polémique des plus vives où, si je suis bien renseigné, les applaudissements de la galerie, c’est-à-dire de la presse, n’ont pas été pour le célèbre professeur italien »1363, écrit ainsi Gabriel Tarde. ’

Mais cette diversité n’a pas droit de cité dans la revue. Tout se passe comme si, dans le sein même de son organe de diffusion, l’école lyonnaise de criminologie ne présentait qu’une école italienne, pour mieux pouvoir lui opposer ses théories, mais toujours avec une modération certaine.

Le réseau de contributeurs invités à paraître dans les pages des Archives d’anthropologie criminelle est donc résolument international : 24 nationalités sont représentées parmi les auteurs et parmi les auteurs recensés. Outre des liens évidents, et bien connus par ailleurs, entre Lacassagne et l’école italienne de criminologie, il faut souligner l’extension de ce réseau à l’échelle de l’Europe et, au-delà, au continent américain. Les travaux des médecins états-uniens sont connus du Lyonnais, de même que la littérature criminologique sud-américaine. Il s’inscrit donc dans une géographie dont on a sans doute longtemps sous-estimé l’ampleur. Si Lacassagne a le don de s’allier des collaborateurs importants, à l’instar de Gabriel Tarde notamment, leur seule présence ne suffit sans doute pas à expliquer le relief pris par sa revue, contrairement à ce qu’affirme Laurent Mucchielli1364. Animateur privilégié, pour ne pas dire presque exclusif, des Archives, Lacassagne se constitue grâce à la revue un très vaste réseau relationnel, qu’il sait exploiter avec efficacité. Davantage encore qu’une instance de débats, une revue scientifique est un espace de légitimation réciproque : y être publié, c’est s’inscrire dans une ligne éditoriale, des problématiques et des choix scientifiques définis ; en diriger une, c’est participer à l’élaboration des savoirs, mais aussi s’intégrer au monde des savants de manière privilégiée. En témoigne ce courrier adressé à Lacassagne par la librairie Baillière le 23 décembre 1886 :

‘« […] nous venons solliciter de vous l’échange de votre honorable Journal avec les Annales d’Hygiène publique et de Médecine légale. Nous espérons qu’il y aura avantage réciproque : en ce qui nous concerne nous pouvons vous donner l’assurance que nous serons heureux de citer votre précieux et intéressant recueil. Vous voudrez bien adresser votre Journal à notre libraire… »1365.’

La demande en question est un formulaire pré-imprimé. La pratique est donc courante : on échange de revue à revue. Le monde des savants dans lequel évolue Alexandre Lacassagne doit être envisagé à l’échelle internationale. La publication lyonnaise initie la création d’organes de presse nationaux, qui en relaient les idées, à l’instar de la Revista de antropologia criminal y ciencas medico-legales publiée à Madrid, sous la direction du Dr Angel Alvarez Talandrios, qui veut « vulgariser de l’autre côté des Pyrénées les principes et doctrines défendus par l’école lyonnaise »1366. On relève la présence dans les Archives, outre la « Chronique latine » précédemment évoquée, qui fait suite à une « Chronique italienne », une « Chronique russe » tenue par Likaceff à 3 reprises1367, et d’une « Chronique allemande » régulièrement prise en charge par Paul-Louis Ladame1368 même s’il note en 1893 « que les Allemands sont restés bien longtemps indifférents, sinon hostiles, à ces recherches »1369, ce que le nombre relativement faible de contributeurs (sept sur 321, soit moins de 2,2 %) et d’auteurs recensés (douze sur 672, soit à peine 1,8 %) par la revue lyonnaise semble bien confirmer. Le Royaume-Uni ne semble pas non plus prendre une part active dans le réseau d’Alexandre Lacassagne. Henry Coutagne, qui prend en charge la chronique anglaise et anglo-américaine dans les Archives ne dissimule d’ailleurs pas son embarras, soulignant que « tout centre moteur semble [y] faire défaut pour l’étude scientifique de la criminalité »1370. La Hollande et la Belgique offrent un tout autre tableau. Le professeur de droit Van Hamel s’exprime dans les Archives « Sur le mouvement actuel des sciences pénales »1371, faisant allégeance à « l’école positive italienne et [à] Lombroso, son fondateur », dont « c’est la gloire […] d’avoir commencé le mouvement »1372. En Belgique, le principal relais d’Alexandre Lacassagne est Raymond de Ryckère, juge au tribunal d’instance de Bruxelles, correspondant personnel d’Alexandre Lacassagne contributeur régulier des Archives 1373jusqu’à ce qu’il fonde lui-même sa propre revue, la Revue de droit pénal et de criminologie en 1907.

On n’a pu analyser que les contributeurs des Archives. Nous ne disposons d’aucun élément concernant leurs abonnés, sinon ce qu’en dit Vervæck, dans l’hommage qu’il rend à Lacassagne en 1924 :

‘« Ces Archives, mieux connues à l’étranger où elles comptaient de nombreux lecteurs, sous le nom de celui qui en résumait, peut-on dire, les tendances et l’activité, constituent une mine inépuisable de documents criminologiques et de suggestions fécondes pour les recherches anthropologiques de l’avenir »1374.’

Il est du reste difficile de se faire une idée de la diffusion réelle de la revue. Cette première affirmation vient en effet contredire les propos de Lacassagne qui affirme que « le public [des Archives] trop restreint »1375 pour que la revue puisse se permettre de payer ses auteurs. On sait que certains médecins sont abonnés en leur nom propre. En janvier 1910 le docteur Chevalier indique ainsi à Lacassagne qu’il n’est «  plus abonné aux Archives depuis quelques années, depuis [s]on séjour au Tonkin »1376. Il l’était donc jusque-là. Hélas, il se contente d’expliquer cette désertion par le prix important de la publication, sans donner davantage de précisions. Or les historiens du livre s’accordent aujourd’hui à penser « qu’il n’est pas de texte hors le support qui le donne à lire, pas de compréhension d’un écrit qui ne dépende des formes dans lesquelles il atteint son lecteur »1377. En conséquence, il apparaît nécessaire de souligner un certain nombre d’aspects matériels de ces Archives d’anthropologie criminelle, notamment leur prix et leur périodicité. On peut dresser le tableau récapitulatif suivant à ce sujet [Tableau 16]:

Tableau 16  : Tarif d’abonnement aux Archives de l’anthropologie criminelle
Années Prix pour la France et l’Algérie Étranger Prix du numéro Prix à l’année
1886-1887 15 fr. 18 fr. 3 fr. -
1888-1896 20 fr. 23 fr. 4 fr. 40 fr.
1907 24 fr. 27 fr.50 2 fr. 40 fr.

Ce tarif varie en fonction de l’évolution formelle de la revue. Entre 1886 et 1890, c’est une publication bimestrielle, sous forme d’un fascicule de 96 pages. À partir de 1891, quoique toujours bimestrielle, la revue épaissit considérablement, pour compter au moins 112 pages, et ce jusqu’en 1901-1902. À partir de 1902, les Archives paraissent une fois par mois, sous forme d’un fascicule d’au moins 64 pages. C’est un désir ancien qui se trouve ainsi réalisé. En 1893, on lit ainsi :

‘« Nos lecteurs voudront bien remarquer que nous finissons la 8e année des Archives par un numéro plus volumineux que les précédents. Nous continuerons ainsi l’année prochaine, afin de faire paraître le plus grand nombre de mémoires ou documents qui nous sont adressés, car malgré toute notre bonne volonté il nous est impossible d’adopter une publication mensuelle »1378. ’

La publication est donc régulière et importante, et manifeste un réel souci de fidélisation des lecteurs :

‘« Depuis seize ans, ce journal a paru tous les deux mois par fascicule d’environ six à sept feuilles, constituant par année un volume de plus de sept cent pages. Nos occupations variées limitant les moments à donner nous avaient fait adopter ce mode de publication qui paraissait ne solliciter des efforts que six fois par an et nous laissait dans l’intervalle quelques semaines de repos.
Nous nous aperçûmes bientôt par les lettres des abonnés ou par les observations de nos amis que les Archives, lues et étudiées dès leur réception, étaient mises de côté, à la suite de la collection, pour être consultées au moment utile. Il s’écoulait donc des semaines pendant lesquelles nous perdions contact avec nos lecteurs. Nous avons senti la nécessité d’une publication plus fréquente et, après de longues, de trop longues hésitations, nous nous sommes décidés à publier les Archives tous les mois par fascicule de quatre feuilles, pour atteindre annuellement le même nombre de pages »1379.’

La revue a donc bien un public : Louis Vervæck insiste sur « ses nombreux amis de l’étranger, ses abonnés fidèles »1380, mais on ne peut pas donner davantage de précisions à ce sujet. Sans doute les bibliothèques universitaires sont-elles également abonnées. Mais là encore, il est difficile d’en apporter la preuve.

Enfin, on trouve dans les Archives quelques autres indices permettant de cerner les contours du réseau relationnel d’Alexandre Lacassagne : ce sont les notices nécrologiques et les lettres ouvertes. Au fil des pages et des années, ce sont les décès suivants qui sont annoncés : Henri Coutagne1381 (1896) ; Edouard von Hofmann1382, professeur de médecine légale à Vienne (1897) ; Georges Masson1383, éditeur, Gabriel Tourdes1384 et Henri Chartier1385, tous deux médecins (1900) ; le docteur Joseph Gouzer1386 (1901) ; Ferdinand Crolas1387, pharmacien et professeur de chimie et de pharmacie à l’École de médecine de Lyon et Krafft-Ebing1388 (1903) ; les docteurs Armand Corre1389, Paul Dubuisson1390 et de l’éditeur Adrien Storck1391 (1908) ; le docteur Motet1392 et Cesare Lombroso1393 (1909) ; Jules le Jeune1394, ancien Ministre de la Justice, des docteurs Émile Laurent1395 et Alfred Binet1396 , et Pauline Tarnowsky1397 (1911). Même si ces articles nécrologiques sont le plus souvent brefs, leur dépouillement permet de préciser un certain nombre de choses quant au réseau relationnel de Lacassagne. Certains sont de la main du médecin lyonnais ou de celle de ses proches collaborateurs, d’autres sont tirés de grands journaux et simplement reproduits dans les Archives 1398 .

Grâce à la notice nécrologique consacrée par Lacassagne à Coutagne, on peut confirmer ce que la correspondance laissait deviner : les deux hommes sont amis. Pour Lacassagne, Coutagne est un « excellent ami [et un] consciencieux collaborateur, […] un cœur et une intelligence »1399. L’annonce du décès d’Edouard von Hofmann1400 est l’occasion pour le médecin lyonnais de rappeler que « il y a dix ans, [il a] passé à Vienne quelque jours auprès de [lui]», voyage initiateur s’il en est puisque ça a été pour lui l’occasion d’ « assister à ses autopsies et […d’]étudier de près son musée dans lequel il avait réuni deux collections remarquables d’hymens et de corps étrangers »1401. La qualité de la relation qui unit les deux hommes se précise : « une grande sympathie et la communauté d’idées scientifiques avait établi entre [eux] de biens agréables relations »1402. Hommage est également rendu aux éditeurs sans lesquels l’aventure des Archives n’aurait pu être menée. C’est d’abord Georges Masson, libraire-éditeur de la revue de 1886 à 1893 et qui « contribua puissamment à [la] lancer dans le monde scientifique »1403. « Masson, qui éditait environ 60 revues médicales, tirait en grande partie sa force de ses contact publicitaires, qu’il savait arracher »1404, et avec efficacité comme on le constate en mesurant l’ampleur de la diffusion des Archives. C’est ensuite Adrien Storck [Fig.31] qui prend le relais, de 1896 à 1906.

Fig.31  : Adrien Storck (1851-1908). Imprimeur-éditeur, il publie notamment les Archives d’Anthropologie criminelle.

C’est un proche d’Alexandre Lacassagne.
[Source : À Adrien Storck : 25 avril 1851-13février 1908, BML FA 140557]

Non seulement il prend en charge la publication de la revue, mais il assiste aussi régulièrement Lacassagne dans la publication de ses livres. Quand son Vademecum du médecin expert paraît, Lacassagne écrit ainsi :

‘« Mon éditeur et ami, […] dont j’ai mis à l’épreuve l’habileté et la patience […] s’est vraiment surpassé en enrobant ce livre et en lui donnant ce cachet de bon goût qui marque ses publications » 1405.’

Rappelant à l’occasion du décès de l’imprimeur que leur collaboration pour « la prospérité des Archives et la Bibliothèque de Criminologie1406 » a duré 21 ans, il souligne aussi que s’est développée entre eux « une amitié que les circonstances ou la mort ne pouvaient détruire »1407.

Bien sûr, la rédaction d’une notice nécrologique est un exercice de style. Mais la franchise du ton de certaines de celles rédigées par Lacassagne surprend parfois, en même temps qu’elle crédite cette source d’une valeur certaine. Au moment du décès du docteur Chartier, qui a effectué sa thèse de médecine sous sa direction1408, il confesse ainsi :

‘« Je n’avais pas, au début de nos relations, à son entrée au laboratoire de médecine légale, reconnu les qualités de cœur et d’esprit dont il a donné plus tard, et en quelques années, des preuves si nombreuses »1409. ’

Mais il conclut avec émotion avoir « fini par l’aimer comme un fils intellectuel ». Au demeurant, si les nécrologies sont pour Lacassagne l’occasion de rendre hommage à certains de ses élèves, parmi les plus méritants, qui ont l’infortune de décéder prématurément, elles lui permettent également de préciser sa propre filiation scientifique et intellectuelle, faisant notamment du « professeur Gabriel Tourdes », dont le décès est « une grande perte pour la Science française, un deuil pour la médecine légale » son « véritable père intellectuel »1410. De même, c’est la notice nécrologique qu’il rédige pour le docteur Paul Dubuisson qui dit, sans ambiguïté, l’adhésion de Lacassagne au positivisme : « des idées politiques et philosophiques communes [aux deux hommes] firent naître une sympathie réciproque et bientôt une amitié qui ne s’est pas démentie un moment »1411.

La revue est un cadre essentiel de la vie scientifique. Elle permet la publication d’informations indispensables à cette dernière. On s’y tient notamment au courant des nominations à tel ou tel poste. En 1903, « le docteur Ernesto do Nascimento Silva, professeur suppléant [est] nommé professeur de médecine légale et de toxicologie en remplacement de M. Agostin José de Souza Lima, démissionnaire »1412, signale-t-on. Et plus loin, c’est la promotion de « M. le docteur Georg Puppe, privatdocent à la Faculté de médecine de Berlin, [qui] est nommé professeur extraordinaire de médecine légale1413 » que l’on apprend. Des informations de cette nature sont encore une fois révélatrices de l’ampleur du réseau relationnel d’un Lacassagne. Les savants jugent bon de l’informer des évolutions de leur carrière. Ils souhaitent qu’il en soit fait état dans les Archives. C’est dire le crédit de la revue auprès d’une communauté scientifique résolument internationale.

Les Archives d’anthropologie criminelle sont également un espace de débat et de mobilisation. Les lettres ouvertes qui y paraissent parfois, dans la rubrique « Correspondance », sont le lieu privilégié de l’expression des désaccords et des adhésions. Le Dr Binet-Sanglé fait ainsi publier, sous forme d’un courrier, sa réponse aux objections émises par le Dr Laupts sur son livre La Folie de Jésus 1414 . À travers ces lettres, c’est le réseau Lacassagne dans sa dynamique que l’on peut analyser. En 1909, le docteur Laupts (pseudonyme du docteur Saint-Paul) écrit ainsi à Lacassagne1415. C’est un ancien étudiant du maître : il a soutenu sa thèse consacrée aux fonctions cérébrales chez les écrivains et les artistes sous sa direction en 18921416 et publié dans les Archives le Roman d’un inverti-né, qui lui a été confié par Émile Zola1417. Si, dans ce courrier de 1909 publié par la revue, le docteur Laupts continue de considérer Lacassagne comme son « cher Maître »1418, et termine sa lettre « affectueusement et respectueusement »1419, il lui adresse cependant un argumentaire très ferme, en quinze points, pour défendre son point de vue sur l’homosexualité, suite à une « affirmation quelque peu blessante » à son encontre, émise par Marc-André Raffalovich dans un précédent numéro des Archives 1420. Lacassagne n’est pas en cause dans l’affaire : ce n’est pas à lui que l’on reproche les propos en question. Mais le courrier de contestation lui est cependant adressé, ce qui confirme le rôle d’arbitre qu’il semble jouer au sein de la revue comme de l’école dite « lyonnaise » de criminologie.

Il faut ajouter à ces notices nécrologiques et à ces lettres ouvertes, les hommages et autres souscriptions, événements mondains qui sont l’occasion d’activer le réseau, d’évaluer sa puissance en en faisant la démonstration, le plus souvent autour d’un personnage mobilisateur dont il est opportun de se réclamer. Hommage est ainsi rendu au Professeur P. Brouardel « le 18 janvier 1903, dans le grand amphithéâtre de la Faculté de médecine », et le professeur de médecine se voit alors offrir « une plaquette gravée par Roty, en souvenir de sa promotion à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur ».

‘« Cette plaquette représente le portrait du maître, au-dessous, la colonnade de la Faculté de médecine près de laquelle est assise, méditant, la déesse Hygie. Au revers, une composition allégorique : “La Science découvre la Vérité”. C’est une femme qui soulève le voile dont une autre femme est recouverte1421 et illumine son visage des clartés d’une lampe qu’elle tient à la main. Au dernier plan, un cadavre recouvert d’un linceul, sur une table d’amphithéâtre. C’est la médecine légale qui éclaire la justice »1422. ’
Fig.32  : La Nature se dévoilant devant la Science (1899). Marbre et onyx polychrome d’Algérie. Paris, Musée d’Orsay.

La reproduction des discours prononcés en certaines occasions dans les Archives relève des même stratégies de mobilisation du réseau : il s’agit de souligner son implication dans ces moments de légitimation collective d’un collaborateur, d’un confrère, ou de quelque personnage de l’aura, morale ou scientifique, duquel il est intéressant de jouir. C’est ainsi que le discours prononcé par Lacassagne à l’occasion de l’inauguration du monument élevé pour Gabriel Tarde est reproduit dans la revue1423, et l’événement fait l’objet d’un récit très circonstancié1424.

La revue qu’Alexandre Lacassagne dirige de bout en bout, sa revue, est donc une source essentielle pour l’évaluation de son réseau relationnel. Elle permet d’en confirmer la dimension internationale et l’ouverture disciplinaire, d’en montrer l’efficacité. Cette publication joue à plein ce rôle de légitimation scientifique dont Christophe Prochasson souligne l’importance1425, et qui ne saurait exister sans un puissant réseau sous-jacent.

Notes
1290.

Christophe Prochasson, op.cit., 1991, p.227.

1291.

Vincent Duclert et Anne Rasmussen, « Les revues scientifiques et la dynamique de la recherche », in Jacqueline Pluet-Despatin, Michel Leymarie et Jean-Yves Mollier (dir.), La belle époque des revues (1880-1914), Paris, Éditions de l’IMEC, 2002, p.237.

1292.

Christophe Prochasson, op.cit.,1991, p.227.

1293.

Christophe Prochasson, op.cit., 1993, p.43.

1294.

Il faut signaler ici l’aide considérable que nous a apportée la consultation du site internet Criminocorpus, portail sur l’histoire de la Justice, des crimes et des peines [http://www.criminocorpus.cnrs.fr/] sur lequel se trouve numérisée l’intégralité des Archives de l’anthropologie criminelle, ce qui autorise une consultation à distance particulièrement pratique.

1295.

Étienne Martin, « Préface à la 25e année », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1910, p.5.

1296.

Alexandre Lacassagne cité par Martine Kaluszynski, « Les Congrès internationaux d’anthropologie criminelle », in Mil neuf cent. Revue d’histoire intellectuelle, 7, 1989, p.65.

1297.

Edmond Locard, op.cit., 1902, 495 p. [BML FA 135612]

1298.

Courrier d’Edmond Locard à Alexandre Lacassagne, le 10 mai 1908. [BML FA Ms5174]

1299.

Idem.

1300.

Edmond Locard, « Le tatouage chez les Hébreux », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1909, p.56-62.

1301.

Edmond Locard, « Les services actuels d’identification et la fiche inter-nationale », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1906, p.145-192.

1302.

Alexandre Lacassagne, « Compte-rendu de lecture de Edmond Locard, “L’identification des récidivistes” », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1908, p.670-672.

1303.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1908, p.670.

1304.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1908, p.672.

1305.

Idem.

1306.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1908, p.671.

1307.

Elles paraissent en 1902, 1904, 1905, 1907, 1912, 1913, et 1914.

1308.

Edmond Locard, « Chronique italienne », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1902, p.717-739.

1309.

Edmond Locard, op.cit., 1902, p.718.

1310.

Edmond Locard, op.cit., 1902, p.719.

1311.

Lettre de Gabriel Tarde à Étienne Rollet, s.d. [BML FA Ms5225-5226]

1312.

Lettre de Gabriel Tarde à Alexandre Lacassagne, s.d. [BML FA Ms5226]

1313.

Dédicace de Joseph-Victor Jullien, L’industrie des gants. Étude d’hygiène professionnelle et de Médecine légale, Lyon, Storck, 1902, 112 p. BML FA 135609

1314.

Gabriel Tarde, in Souvenir du Professeur Lacassagne à ses amis et à ses élèves, Lyon, Storck, 1901, p.18. [BML FA 454246]

1315.

Alexandre Lacassagne, « Gabriel Tarde (1843-1904) », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1904, p.529.

1316.

Alexandre Lacassagne, « Gabriel Tarde. Discours prononcé à l’inauguration de son monument à Sarlat, le 12 septembre 1909 », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1909, p.895-903.

1317.

Lettre de Guillaume Tarde à Alexandre Lacassagne, le 7 août 1904. [BML FA Ms5225-5226]

1318.

Dossier de pièces sur Tarde [BML FA Ms5225-5226]

1319.

Lettre de Gabriel Tarde à Alexandre Lacassagne, le 8 décembre 1900. [BML FA Ms5225-5226]

1320.

Alexandre Lacassagne et Étienne Martin,Précis de Médecine légale, Paris, Masson, 1921 (3e édition), XX-752 p. BML FA 427610

1321.

Étienne Martin, « Le Professeur Lacassagne », in Journal de médecine de Lyon, 1924, p.660. [AML 3CP363]

1322.

Idem.

1323.

Étienne Martin, op.cit., 1910, p.5-6.

1324.

Gabriel Tarde, op.cit., p.18.

1325.

Alexandre Lacassagne et Gabriel Tarde, « Les Archives, revue mensuelle », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1901, p.678.

1326.

René Garraud, « Rapport du droit et de la sociologie criminelle », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1886, p.9-23.

Précisons à l’occasion que les Archives comptent principalement deux grandes rubriques : les « mémoires originaux » d’une part, et la « revue critique » d’autre part. Les premiers sont des publications de recherches nouvelles, encore inédites, des articles de fond qui forment le cœur de la revue.

1327.

Alexandre Lacassagne et Gabriel Tarde, « Une nouvelle série des Archives », in Archives d’anthropologie criminelle, 1893, p.5.

1328.

Martine Kaluszynski, op.cit., 1988, p.217.

1329.

Laurent Mucchielli, Chapitre IX : « Hérédité et Milieu social : le faux antagonisme franco-italien », in Histoire de la criminologie française, Paris, L’Harmattan, 1995, p.199.

1330.

On distingue bien les auteurs d’articles publiés dans la revue, et les auteurs dont un ouvrage ou un article a fait l’objet d’une recension critique.

1331.

Vincent Duclert et Anne Rasmussen, in Jacqueline Pluet-Despatin, Michel Leymarie et Jean-Yves Mollier (dir.), op.cit., 2002, p.246.

1332.

« Avant-propos », in Archives d’Anthropologie criminelle, 1886, p.7.

1333.

Christophe Prochasson, op.cit., 1991, p.60.

1334.

Christophe Prochasson, op.cit., 1991, p.63.

1335.

Idem.

1336.

Sur ce sujet, on renvoie aux travaux de Michel Bourdeau, « La réception du positivisme il y a un siècle : pour un état des lieux », in Bulletin de la SABIX (Société des amis de la bibliothèque de l’X), n°30, 2002, p.12-19.

Michel Bourdeau, « La réception du positivisme (1843-1928) », in Revue d’Histoire des Sciences Humaines, n°8, 2003, p.3-8.

W.M. Simon, European Positivism in the Nineteenth Century, Ithaca, Cornell University Press, 1963, XII-384 p.

1337.

Sur ce point, voir notamment les travaux de Raquel Capurro, Le positivisme est un culte des morts : Auguste Comte, Paris, EPEL, 2001, 156 p.

Charles Hale, The Transformation of Liberalism in Late 19th Century Mexico, Princeton, Princeton University Press,1989, XI-291 p.

1338.

Il s’agit d’un article d’un certain A. Abadane, avocat à Constantinople, qui publie un article sur « le barreau français et la criminologie positive », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1888, p.113-137.

1339.

A. Abadane, op.cit., 1888, p.121.

1340.

A. Abadane, op.cit., 1888, p.121-122.

1341.

Laurent Mucchielli, Chapitre IX : « Hérédité et Milieu social : le faux antagonisme franco-italien », Histoire de la criminologie française, Paris, L’Harmattan, 1995, p.189-214.

1342.

Laurent Mucchielli, op.cit., 1995, p.189.

1343.

A. Bournet, « L’anthropologie criminelle en Italie. Lombroso et l’ Archivio di Psichiatria, in Lyon médical, 1884, p.3. BML FA 135414

1344.

Cesare Lombroso, L’Homme criminel (criminel né, fou moral, épileptique). Étude anthropologique et médico-légale, Paris, 1887, 2 vol. (XXIV-682 p., 13 p.-XXXII pl.). Recensé dans les Archives d’anthropologie criminelle en 1887, p.185-186.

1345.

Recension de L’Homme criminel de Cesare Lombroso, in Archives d’anthropologie criminelle, 1887, p.185-186.

1346.

Laurent Mucchielli, op.cit., 1995, p.192.

1347.

Philippe Artières, Chapitre VIII : « L’écriture des criminels vue par les anthropologues », in Histoire de la criminologie française, Paris, L’Harmattan, 1995, p.169-214.

1348.

Philippe Artières, op.cit., 1995, p.170.

1349.

Laurent Mucchielli, op.cit., 1995, p.200.

1350.

Enrico Ferri, « La nouvelle école pénale positive. Discours prononcé à l’Université de Naples en 1885 », in Archives d’anthropologie criminelle, 1887, p.584-sq.

1351.

Enrico Ferri, op.cit., 1887, p.589.

1352.

Idem.

1353.

Enrico Ferri, « Rapport au Congrès international », in Archives d’anthropologie criminelle, 1901, p.441.

1354.

Recension de la Criminologie : Étude sur la nature du crime et la théorie de la pénalité de M. Garofalo (2e édition française, 1891), in Archives d’anthropologie criminelle, 1891, p.218.

1355.

Raffaele Garofalo, La Criminologie. Étude sur la nature du Crime et la théorie de la pénalité, Paris, Alcan, 1890, p.329. BML FA 429267

1356.

Martine Kalusszynski, op.cit., 1988, p.100. On rencontre aussi parfois les autres termes suivants : « périculosité », « redoutabilité », « dangerosité », « état dangereux ».

1357.

Recension de La Sociologie criminelle d’Enrico Ferri, in Archives d’anthropologie criminelle, 1905, p.709.

1358.

Vincent Duclert et Anne Rasmussen, in Jacqueline Pluet-Despatin, Michel Leymarie et Jean-Yves Mollier (dir.), op.cit., 2002, p.244.

1359.

Courrier d’Émile Laurent à Alexandre Lacassagne, le 5 novembre 1889. [AML 31ii87]

1360.

L’Homme criminel paraît en français en1887. Il est recensé dans les Archives la même année (p.185-186). La femme criminelle et la prostituée, qui date, pour sa version française, de 1896, est longuement recensé en 1897 (p.301-321).

1361.

Laurent Mucchielli, op.cit., 1995, p.202.

1362.

Napoleone Colajanni, Latins et Anglo-Saxons : races inférieures et races supérieures, Paris, Alcan, 1905, XX-432 p.[BML FA 390707]

1363.

Gabriel Tarde, « Études criminelles et pénales », in Revue philosophique, 1891, p.484. [BML FA 136183]

1364.

Laurent Mucchielli, op.cit., 1995, p.197.

1365.

Courrier de la libraire Baillière à Alexandre Lacassagne, 23 décembre 1886. [BML FA M5174]

1366.

Martine Kaluszynski, op.cit., 1988, p.266.

1367.

Ses « Chroniques russes » paraissent dans les Archives de l’anthropologie criminelle en 1889, 1890 et 1892.

1368.

Ses « Chroniques allemandes» paraissent dans les Archives de l’anthropologie criminelle en 1892, 1893, 1894, 1896, 1898, 1902, 1903, 1904, et 1906.

1369.

Paul-Louis Ladame, « Chronique allemande », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1893, p.526.

1370.

Henry Coutagne, « Chronique anglaise et anglo-américaine », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1888, p.666.

1371.

B.A. Van Hamel, « Sur le mouvement actuel des sciences pénales. Chronique hollandaise », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1891, p.405.

1372.

Idem.

1373.

On lui doit onze articles au total, sur la période 1899-1914 .

1374.

Louis Vervæck, « Le Professeur Lacassagne », in Revue de Droit pénal et de Criminologie, 1924, p.917. [AML 3CP363]

1375.

Courrier d’Alexandre Lacassagne à S. Hellwig, le 11 octobre 1913. [BML FA Ms5174]

1376.

Courrier manuscrit de la main du docteur Chevalier adressé à Lacassagne et agrafé dans le volume de L’inversion sexuelle de sa bibliothèque BML FA 427 893].

1377.

Roger Chartier, « Textes, imprimés, lectures », in Martine Poulain (dir.), Pour une sociologie de la lecture. Lectures et lecteurs dans la France contemporaine, Paris, Éd. du Cercle de la Librairie, 1988, p.16.

1378.

Archives de l’anthropologie criminelle, 1893, p.696.

1379.

Alexandre Lacassagne et Gabriel Tarde, « Les Archives, revue mensuelle », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1901, p.678.

1380.

Louis Vervæck, op.cit., 1924, p.917.

1381.

Alexandre Lacassagne, « Nécrologie d’Henry Coutagne », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1896, p.7.

1382.

Alexandre Lacassagne, « Nécrologie d’Edouard Von Hofmann », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1897, p.595-596.

1383.

Alexandre Lacassagne, « M. Georges Masson », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1900, p.445-448.

1384.

Alexandre Lacassagne, « Nécrologie de Gabriel Tourdes », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1900, p.228.

1385.

Alexandre Lacassagne, « Nécrologie : le Dr Henri Chartier (de Dijon) », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1908, p.565-566.

1386.

Alexandre Lacassagne, « Nécrologie du Dr Joseph Gouzer », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1901, p.674.-675.

1387.

Alexandre Lacassagne, « Obsèques de M. le Professeur Crolas (15 février 1903) », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1903, p.191-192.

1388.

Une mention laconique : « Nécrologie : M. le Dr R. von Krafft-Ebing, ancien professeur de psychiatrie et de neurologie à la Faculté de médecine de Vienne », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1903, p.59.

1389.

Alexandre Lacassagne, « Le Dr Corre », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1908, p.828-829.

1390.

Alexandre Lacassagne, « Le Dr Paul Dubuisson », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1908, p.830-831.

1391.

Alexandre Lacassagne, « Nécrologie : Adrien Storck », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1909, p.881-894.

1392.

L. Lereboullet, « Nécrologie : le Dr Motet », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1909, p.314. Cette nécrologie est d’abord publiée dans Le Temps.

1393.

Alexandre Lacassagne, « Cesare Lombroso (1836-1909) », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1908, p.881.

1394.

A. Rey, « M.Jules le Jeune », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1911, p.238-240.

1395.

Alexandre Lacassagne, « Nécrologie : Émile Laurent », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1911, p.248.

1396.

Alexandre Lacassagne, « Nécrologie : Alfred Binet », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1911, p.954.

1397.

Alexandre Lacassagne, « Nécrologie : Pauline Tarnowsky », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1911, p.316.

1398.

C’est par exemple le cas de la notice nécrologique du Dr Motet, tirée du journal Le Temps, et simplement complétée par quelques lignes de Lacassagne.

1399.

Alexandre Lacassagne, « Henry Coutagne », op.cit., 1896, p.7.

1400.

Alexandre Lacassagne, «  Edouard Von Hofmann », op.cit., 1897, p.595-596.

1401.

Alexandre Lacassagne, «  Edouard Von Hofmann », op.cit., 1897, p.596.

1402.

Idem.

1403.

Alexandre Lacassagne, « Georges Masson », op.cit., 1900, p.445.

1404.

Théodore Zeldin, Histoire des passions françaises (1848-1945), vol.3 : Goût et corruption, Paris, Seuil, 1981, p.237.

1405.

Alexandre Lacassagne, op.cit.,  1892, p.VIII. BML FA 395160

1406.

Cette collection en rappelle étrangement une autre : la Bibliothèque de Philosophie scientifique, dirigée par Gustave Le Bon (1841-1931), éditée chez Flammarion, qui connaît un très vif succès.

1407.

Alexandre Lacassagne, «  Adrien Storck », op.cit., 1908, p.250.

1408.

Henri Chartier, Examen médico-légal et autopsie des enfants nouveaux-nés, Lyon, Storck, 1890, 97 p. [BML FA 135480]

1409.

Alexandre Lacassagne, «  Dr Henri Chartier (de Dijon) », op.cit., 1908, p.565.

1410.

Alexandre Lacassagne, «  Gabriel Tourdes », op.cit., 1900, p.228.

1411.

Alexandre Lacassagne, «  Paul Dubuisson », op.cit., 1908, p.830.

1412.

Archives de l’anthropologie criminelle, 1903, p.124.

1413.

Archives de l’anthropologie criminelle, 1903, p.256.

1414.

Courrier du Dr Binet-Sanglé au Dr Laupts, in Archives de l’anthropologie criminelle,1909, p.295-297.

On pourrait multiplier les exemples de lettres ouvertes ainsi publiées pour engager le débat scientifique.

1415.

Dr Laupts, « Lettre au professeur Lacassagne », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1909, p.693-696.

1416.

Dr Georges Saint-Paul, op.cit., 1892, n.p. BML FA 135506

1417.

À ce sujet, voir notamment Philippe Artières, « Lacassagne : le professeur et l’inverti ». Article en ligne sur Criminocorpus : http://www.criminocorpus.cnrs.fr/article38.html [Article consulté le 4 novembre 2008]

1418.

Dr Laupts, « Lettre au professeur Lacassagne », op.cit., 1909, p.693.

1419.

Dr Laupts, « Lettre au professeur Lacassagne », op.cit., 1909, p.696.

1420.

Marc-André Raffalovitch, « Chronique de l’unisexualité », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1909, p.353-391.

1421.

Relever le classicisme de l’iconographie, qui rappelle la Nature se dévoilant devant la science d’Ernest Barrias, statue commandée en 1889 pour orner la nouvelle Faculté de médecine de Bordeaux, dont une réplique de marbre blanc orne les couloirs de la Faculté de médecine de Paris menant à la bibliothèque [Fig.29].

1422.

Alexandre Lacassagne, « Hommage au Professeur P. Brouardel », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1903, p.125.

1423.

Alexandre Lacassagne, « Gabriel Tarde… », in op.cit., 1909, p.895-903.

1424.

« Inauguration du monument de Gabriel Tarde », in Archives de l’anthropologie criminelle, 1909, p.903-903.

1425.

Christophe Prochasson, op.cit., 1993, p.43.