1. Actualité et abondance du discours

Le discours médical sur ces deux figures troublées et troublantes que sont l’hermaphrodite et l’inverti frappe par son abondance et son actualité. En matière d’hermaphrodisme physique, le cas d’Alexina B. est emblématique : élevée jusqu’à vingt-et-un ans en fille, « Alexina est un homme, hermaphrodite sans doute »1547 déclare le médecin qui l’examine et obtient la « rectification [de son identité] sur les registres de l’état civil »1548. L’affaire, qui se déroule pour l’essentiel entre 1866 – date du premier « diagnostic » en réassignation de sexe d’Alexina – et 1874, rencontre une certaine publicité. Les souvenirs d’Alexina sont publiés par le docteur Tardieu1549 après le suicide de la patiente, survenu huit ans après sa réassignation de sexe1550. Mais dès le jugement qui l’assigne au sexe masculin, l’affaire est médiatisée et sort du seul cadre de la presse médicale : « les journaux se mirent de la partie »1551, lui infligeant une notoriété aux conséquences néfastes. Son cas est une référence essentielle dans la littérature médicale de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, et explique sans doute une part de l’intérêt porté par le corps médical à ce phénomène, somme toute rarissime. Quoi qu’il en soit, l’ouvrage de Tardieu a retenu l’attention de Lacassagne, qui en possède un exemplaire. Le docteur Georges Dailliez insiste : il est peu de sujets « dont l’étude présente autant d’intérêt, […] peu trouvent de nos jours des bases aussi actuelles, presque nouvelles, dans des faits importants, d’origine plus ou moins variée, et de date plus ou moins récente »1552. Statistiquement, la distorsion est très nette entre l’importance du discours sur l’hermaphrodisme et la fréquence de ce type d’ « anomalie ». À l’heure actuelle, on estime que les enfants de sexe ambigu représentent moins de 1 à 2 % des naissances1553, et à la fin du XIXe siècle, si la statistique médicale n’en est plus à ses premiers balbutiements, la question de l’hermaphrodisme n’en est pas moins particulièrement délicate à appréhender par ce biais. Il existe une multitude de malformations de l’appareil génital, qui font l’objet de classifications variées dont la diversité ne favorise guère la lisibilité, et l’appréhension même de ces malformations est subjective. Où se trouve en effet la limite entre un pénis atrophié et un clitoris hypertrophié ? Delphine Gardey et Ilana Löwy le disent avec force : le sexe biologique, comme presque tous les traits biologiques complexes, se présente en continuum avec, sur ses extrêmes, les « sexes biologiques » bien définis et, au milieu, une multitude de formes intermédiaires. De plus, « le hasard seul révèle habituellement de pareils cas »1554 et « ces vices d’organisation, difficiles à constater dans les premiers moments de la vie, sont plus tard tenus cachés par les individus qui en sont affligés »1555, parfois sur les conseils même du médecin qui les a diagnostiqués. Ainsi le premier médecin qui examine Alexina B., « épouvanté du secret qu’il avait surpris, […] préféra l’ensevelir à tout jamais ! »1556. Le phénomène donne pourtant lieu à de nombreuses publications, et qui n’émanent pas de quelques excentriques, loin s’en faut : le docteur Ambroise Tardieu (1818-1872), qui publie les souvenirs d’Alexina B., médecin légiste et médecin des hôpitaux, est membre de l’Académie de médecine et titulaire de la chaire de médecine légale à la Faculté de médecine de Paris. Pour anecdotiques qu’ils soient statistiquement parlant, les cas d’hermaphrodisme n’en retiennent pas moins l’attention des grands médecins du temps, qui s’attachent d’ailleurs tous à souligner que si ces cas « sont loin d’être communs »1557, ils sont cependant « plus fréquent[s] qu’on ne le pense. Pour ma part, j’ai eu (en 1887), six expertises, dans lesquelles j’ai reconnu que les individus inscrits au moment de leur naissance comme petites filles étaient devenus des hommes », précise ainsi le professeur Brouardel1558, médecin légiste majeur de l’époque. La relative fréquence de ces anomalies semble faire l’unanimité au sein du corps médical, traduisant à n’en pas douter une peur de l’indifférenciation sexuelle que l’on retrouve dans la presse spécialisée.

Si l’on s’en tient au seul fonds Lacassagne, on compte 19 ouvrages portant spécifiquement sur cette question. Ils sont recensés dans le catalogue du fonds à la rubrique « Hermaphrodisme vrai ou faux », « Sexes (Anomalies) », « Sexes douteux » ou encore « Erreurs de sexe et d’état civil ». Le dépouillement plus spécifique du dossier de pièces intitulé « Anomalies, Monstruosités, Hermaphrodisme, etc. »1559 constitué par le docteur Alexandre Lacassagne est également révélateur. Ce sont, pour l’essentiel, des articles de journaux découpés à dessein par Lacassagne, parfois quelques notes de sa main, en vue de la préparation d’un cours ou d’une communication scientifique quelconque. Or, sur cet ensemble concernant de manière générale les « Anomalies », selon le titre attribué par Lacassagne lui-même au dossier, sept articles concernent la question des sexes « douteux » et de l’hermaphrodisme ; le reste porte sur le nanisme (deux articles) ou le gigantisme, l’acromégalie1560, l’albinisme, l’infantilisme, les siamois. C’est dire que ce type d’anomalie intéresse plus particulièrement le médecin lyonnais qui, à ce titre, ne fait d’ailleurs pas exception dans le monde médical de son temps. Ainsi, dans les Archives d’Anthropologie criminelle, on relève deux articles sur l’hermaphrodisme : l’un en 1891, l’autre en 1911. Mais il faut y ajouter les recensions d’ouvrages qui, pour la période 1886-1914, relèvent tout de même une parution concernant la question tous les trois ans et demi. L’analyse des tables des Annales d’hygiène publique et de médecine légale permet de mettre à jour des pics d’intérêt pour le sujet (neuf publications, toutes entre 1866 et 1906, pour l’essentiel consécutives de l’affaire Alexina B.), qui se manifestent par la tenue d’une séance partiellement consacrée au sujet à la Société de médecine légale de France : le 8 juin 1885, puis le 10 mai 1886, le 13 juillet 1903 et enfin le 12 février 1906. En mai 1886, deux cas contemporains sont même présentés : celui de Marie X, inscrite sur les registres de l’état-civil de la commune de Balo (Mayenne) comme fille en 1861, et celui de « la nommée A., demeurant à Paris, […] née en 1865, déclarée et enregistrée à l’état civil comme enfant du sexe féminin »1561. Les deux patient-e-s, vivant-e-s, ont fait l’objet depuis peu d’une expertise médicale. C’est dire alors l’actualité des débats auxquels Lacassagne s’intéresse de près, dirigeant même une thèse sur le sujet1562 en 1899.

On peut dresser le même constat pour l’hermaphrodisme psychique. Dans le cadre d’un savoir sur la sexualité en cours de constitution entre 1850 et 1900, les médecins s’attachent principalement à la distinction des comportement normaux et des conduites déviantes et, conséquemment, on ne peut que constater le succès de la notion de « perversion » et le « formidable intérêt qu’elle va susciter au XIXe siècle, mobilisant médecins, juristes, aliénistes et experts dans le souci commun d’en répertorier les formes et d’en fonder le savoir »1563. Pourquoi un tel succès ? Comment expliquer cette focalisation des regards médicaux sur les questions sexuelles, et plus particulièrement sur les comportements sexuels « anormaux » ? Pour le docteur Chevalier, cet intérêt marqué s’explique d’une part par l’accroissement tant quantitatif que qualitatif de ces pratiques déviantes car « entre tous les désordres propres aux facultés affectives, les anomalies, perversions, aberrations sexuelles, sont de beaucoup les plus fréquentes et les plus importantes »1564 ; et d’autre part en raison du danger social majeur que constituent ces déviances, puisque « en effet du bon fonctionnement de l’instinct sexuel, le plus puissant des leviers, dépendent et la vie de l’espèce et la fondation de la famille et la constitution des sociétés. Il n’est pas exagéré d’affirmer que, dans une certaine limite, le progrès de la civilisation en dépend »1565. En un temps où le spectre de la dépopulation angoisse particulièrement les élites, on comprend les échos que rencontre un tel discours. Et de citer longuement les « graves philosophes [qui] n’ont pas cru indigne d’eux de s’occuper de l’amour et en même temps de ses erreurs »1566, depuis Platon (avec Phèdre et Le Banquet) jusqu’à Michelet (L’Amour) et Mantegazza (Physiologie de l’amour), en passant par Kant (Discours sur le sentiment du beau et du sublime, 3e partie), Schopenhauer (Le monde comme volonté et comme représentation, vol. II) ou Proudhon (De la Justice), qu’il renvoie cependant dos à dos et sans concession, considérant que ce sont là « des poètes ou des misogynes »1567. Bref, l’intérêt pour les pratiques sexuelles déviantes est considérable, et le répertoire des perversions est immense : Sylvie Chaperon en dresse un « petit catalogue »1568 et en compte tout de même une vingtaine, depuis les « classiques » (érotomanie et priapisme, ou au contraire anaphrodisie et impuissance) jusqu’aux plus exotiques, car en matière de sexualité, tous les goûts sont dans la nature (nécrophilie1569, zoophilie, et autres fétichismes). Pourtant, il en est une qui retient tout particulièrement l’attention du temps, c’est l’homosexualité. Dans le fonds Lacassagne, l’un des volumes intitulés « Perversions sexuelles »1570 contient par exemple des tirés-à-part sur la question parmi d’autres, consacrés au sadisme ou à la zoophilie par exemple. Dans la Psychopathia Sexualis du médecin allemand Richard von Krafft-Ebing, parue en 1886 et exemple paradigmatique des nouveaux manuels sur les questions de sexualité proposés notamment au corps médical1571, qui rassemblent des « observations cliniques nombreuses et [des] tentatives timides de théorisation »1572 et témoigne de « l’effervescence culturelle » suscitée par ce nouveau « continent de recherches »1573, l’homosexualité est la paresthésie1574 qui mobilise le plus l’intérêt de l’auteur. Pourquoi ? L’intérêt pour la « question homosexuelle »1575 dans les mondes germanique ou britannique est à mettre pour une part sur le compte du « grand mouvement revendicatif visant à modifier la législation frappant l’homosexualité afin de dépénaliser ce type de choix amoureux et son mode de satisfaction »1576. On peut dès lors expliquer le déficit d’intérêt des médecins français pour l’inversion sexuelle ou, plus exactement, comprendre la part peu active, et sans doute périphérique, qu’ils ont prise aux débats qui agitèrent la sphère scientifique européenne à ce sujet. En effet, la France a été partiellement épargnée par ces revendications de dépénalisation, faute de socle juridique particulièrement répressif contre lequel se mobiliser. Le Code Napoléon de 1804 est particulièrement libéral et discret en matière de sexualité, surtout après 1810, date à laquelle la sodomie et les actes homosexuels sont supprimés du code pénal français pour la seconde fois (la Révolution française avait procédé à cette suppression en 1791 avant de revenir sur cette décision). Seul le scandale public d’outrage aux bonnes mœurs ou d’attentat à la pudeur est encore poursuivi à la fin du XIXe siècle, ainsi que le précise Lacassagne :

‘« De nos jours, la législation fait entrer la pédérastie dans les attentats à la pudeur [… Ces actes] sont ceux qui, n’ayant pas été accompagnés de violence ou de contrainte, n’ont pu blesser la pudeur de la personne sur laquelle des actes déshonnêtes peuvent avoir été exercés, mais qui, par leur licence et leur publicité, ont été ou ont pu être l’occasion d’un scandale public pour l’honnêteté de ceux qui fortuitement ont pu en être témoins »1577. ’

La situation n’est pas aussi favorable dans les pays de langue germanique où les travaux médicaux naissent de la contestation du statut criminel de l’homosexualité1578. Le contexte législatif français est donc peu générateur de revendications et de publications sur le sujet : en France, point de Krafft-Ebing, d’Havelock Ellis ou d’Alfred Kingsey. La sexologie n’a pas de grand nom1579. Alexandre Lacassagne ajoute lui-même foi à ce constat :

‘« Les littératures allemande, russe, italienne ont les ouvrages de Krafft-Ebing, de Tarnowsky, de Venturi. En France, nous possédons [seulement] des mémoires intéressants, des monographies, quelques thèses »1580. ’

Il faut cependant réhabiliter ici la figure du Docteur Julien Chevalier, évoqué plus haut pour son ouvrage sur L’Inversion sexuelle, qui n’est autre que sa thèse1581, préparée sous la direction d’Alexandre Lacassagne, et soutenue en 1885. Alexandre Lacassagne, qui préface son ouvrage y voit : « le premier […] travail complet et sérieux sur un point de la science non encore exploré »1582. C’est en tout cas une tentative de synthèse qui veut reprendre les points de vue du sociologue, du moraliste, de l’anthropologiste, de l’aliéniste et du professeur de médecine légale, afin de servir de guide unique aux médecins experts et aux magistrats. « Les médecins n’auront pas, lorsqu’un cas sera soumis à leur examen, à compulser de nombreux ouvrages »1583. Il s’agit donc d’être la référence, même si Chevalier se défend de « vouloir imposer aux magistrats le dogme de l’infaillibilité médicale »1584, et de « donner des moyens d’appréciations aux juges, de défense aux avocats »1585. Si le docteur Chevalier reste assez méconnu, c’est qu’il n’a pas poursuivi dans la recherche1586. Alexandre Lacassagne s’intéresse donc de près à l’homosexualité : les travaux de certains de ses élèves le montre1587, de même que le dépouillement de la revue qu’il dirige, « la seule revue française qui traite régulièrement de l’inversion »1588 si l’on en croit Georges Saint-Paul. Pour Patrick Cardon, ce sont même les Archives qui permettent « à Marc-André Raffalovich d’introduire, pour la première fois en France, les mots “homosexualité” et “hétérosexualité” »1589. Il y écrit très régulièrement d’ailleurs1590 et caresse un temps le projet de publier « chaque année [dans la revue] un volume sérieux et nourri donné tout entier à l’unisexualité »1591. S’il ne s’est pas tenu à cette résolution, ne donnant aux Archives que deux « Chroniques de l’unisexualité », en 19071592 et en 19091593, il n’en demeure pas moins un contributeur très régulier de la revue. En 1896, c’est dans une importante série de travaux scientifiques édités par le docteur Lacassagne, la « Bibliothèque de criminologie » dont il est le directeur scientifique, que paraît Uranisme et unisexualité, l’ouvrage ambitieux signé par Raffalovich1594, « livre très remarquable »1595 dont l’auteur a d’ailleurs livré un certain nombre de passages aux lecteurs des Archives dès avant sa parution1596. Sylvie Chaperon dresse la liste de ces collaborateurs spécialistes de l’homosexualité, « pionniers des gays studies » publiés dans la revue : « Ludovic Dugas (philosophe), Paul-Louis Ladame (médecin genevois), [ou encore] le Dr Numa Praetorius (Eugène Wilhelm, juriste alsacien) »1597. L’intérêt du médecin lyonnais pour ces questions semble donc indéniable. On dénombre dans sa bibliothèque quelques 84 ouvrages sur la question1598. Il lit toutes les publications fondamentales de l’époque à ce sujet. Un certain nombre des brochures et ouvrages rassemblés par lui sur le sujet portent la mention « collection Raffalovich », manuscrite, le plus souvent au crayon, sur la couverture, laissant envisager que Lacassagne tient ces ouvrages de Marc-André Raffalovich lui-même, qui lui en aurait donc fait don1599. Il rédige l’article « Pédérastie » du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales dirigé par Dechambre et, surtout, il entretient avec un patient homosexuel une correspondance suivie : trente-et-une lettres ou cartes postales entre le 22 janvier 1903 et le 18 juin 1908, soit une tous les deux mois environ. Entre les deux hommes, tout commence donc par une prise de rendez-vous pour une « consultation privée », dont Georges Apitzsch précise le motif : « Unisexualité »1600. Et les courriers qu’ils échangent alors sont d’abord les lettres d’un patient à son médecin : prises de rendez-vous, récit de ses « inévitables souffrances »1601, demandes de conseils… Alexandre Lacassagne entreprend de soigner Georges Apitzsch en luiprescrivant purges et lavements et en le pressant de se faire circoncire, préconisant donc, sans plus, les thérapeutiques de son temps. Mais bientôt, c’est une relation d’un autre genre qui se noue entre les deux épistoliers. Lacassagne demande à l’inverti de lui livrer son expérience personnelle, de lui dire ce qu’il voit et ce qu’il ressent, afin de pouvoir dresser un tableau aussi exhaustif que possible de sa pathologie. On retrouve ici le goût de Lacassagne pour les « écrits ordinaires », ces « archives mineures »1602 chères à Philippe Artières qui publie cette correspondance1603. Cet homosexuel qui prend la plume ne le fait d’abord pas parce qu’il est pris dans les filets de la formidable machine d’écriture du pouvoir qu’analysait Michel Foucault. Il le fait de son propre chef, devenant un acteur « comme les autres »1604, simple présence, différente certes, mais dans le registre de l’ordinaire « de tous les jours si je peux m’exprimer comme cela »1605. Il n’y a « ni cris ni hauts faits »1606, ni prison ni caserne, ni guerre ni héros dans cette correspondance. Le « patient » livre simplement son expérience personnelle, qui vient compléter heureusement les « confessions »1607 et autres « observations sur l’inversion »1608 publiées par Marc-André Raffalovich dans les Archives d’Anthropologie criminelle. Certes, un pan de la correspondance nous manque : les lettres du docteur Lacassagne n’ont pas été conservées. On ne peut donc affirmer qu’Apitzsch rédige sa « biographie sexuelle »1609 sans y avoir été expressément invité. Mais il semble répondre de bonne grâce et avec force détails aux questions que lui adresse Lacassagne. En revanche, il ne se contente pas d’être un simple « cas »1610 soumis au regard médical. Si son « âme tout entière est disséquée et mise à nue dans ces pages : ses vices et ses qualités, ses manies, ses tourments »1611, il se fait aussi informateur, tient Lacassagne au courant des travaux de ses contemporains sur l’homosexualité, et reprend le contrôle de l’objet du savoir en adressant au médecin lyonnais des publications1612 parfois assorties de ses propres commentaires, ou des photographies1613, et en contribuant à l’élaboration de son savoir sur l’inversion sexuelle non seulement en lui faisant part de ses pensées et ses actes les plus intimes, mais encore en traduisant pour lui certains textes1614. Ce faisant, il mène un travail sur lui-même : il est probable qu’il ait tenu un journal, au vu de la précision des détails qu’il donne sur ses moindres faits et gestes, essentiellement sexuels1615. Il lit avec attention la littérature contemporaine où apparaissent des invertis de Rachilde à Oscar Wilde, se passionne pour les publications scientifiques traitant du sujet, pour lesquelles il est prêt à engager d’importantes dépenses, et va au-devant des principaux acteurs de ce savoir sur l’homosexualité, ne se privant pas de souligner, le cas échéant, leur manque de disponibilité1616 : Albert Moll ou Magnus Hirschfeld « intrépide […] défenseur des invertis »1617 en Allemagne, Friedriche S. Krauss « qui veut s’intéresser à [s]es projets littéraires »1618 en Autriche, Paolo Mantegazza en Italie… dressant ainsi et par ses voyages un vaste tableau européen de l’inversion. En creux, c’est aussi un portrait d’Alexandre Lacassagne qui se fait jour. Il reçoit Georges Apitzsch à l’occasion de consultations médicales, mais leur relation ne se limite pas à ces rencontres tarifées1619 pour le règlement desquelles Alexandre Lacassagne est d’ailleurs assez bienveillant, acceptant les paiements fractionnés et différés. Il est compréhensif1620, disponible puisqu’il reçoit un patient qui ne vient pas l’entretenir de son état de santé mais « seulement [… lui] demander ici et là quelques conseils »1621, et discret au contraire des médecins allemands.

‘« Je n’ai pas voulu qu’on me pose tant de question en consultant un médecin allemand, puisque chez nous dans des cas comme cela, les médecins ne peuvent jamais retenir leur curiosité et il y en a peu qui sont vraiment discrets »1622, précise ainsi le patient.’

Ne se contentant pas de soigner Georges Apitzsch, il rédige pour lui des lettres de recommandation afin qu’il puisse suivre des études à l’Université. Si le travail est supposé avoir des vertus thérapeutiques1623 et permettre au « malade » d’opérer un « changement total de [s]on existence »1624, Lacassagne n’en sort pas moins de la stricte relation médecin / patient, trouvant en Georges Apitzsch un fournisseur de choix pour alimenter son « museum unisexuel »1625, qu’il rassemble dans le cadre de l’Institut médico-légal de Lyon. Et c’est finalement une relation d’amitié qui se noue entre les deux hommes, Georges Apitzsch en appelant régulièrement à la bienveillance du Docteur Lacassagne.

Notes
1547.

Chesnet, « Question d’identité. Vice de conformation des organes génitaux. Hypospadias. Erreur sur le sexe », Annales d’hygiène publique et de médecine légale, série n°2, n°14, 1860, p.209. Cet article se trouve dans le dossier de pièces imprimées constitué par Alexandre Lacassagne sur la question des « Anomalies, Monstruosités, Hermaphrodisme, etc. » BML FA 140744

1548.

Michel Foucault, Herculine Barbin dite Alexina B., Paris, Gallimard, 1978, p.101.

1549.

Ambroise Tardieu, Question médico-légale de l’identité dans ses rapports avec les vices de conformation des organes sexuels contenant les souvenirs et impressions d'un individu dont le sexe avait été méconnu, Paris, Baillière 1874, 174 p. BML FA 139322

1550.

Ce document exceptionnel a été réédité par Michel Foucault en 1978 dans une éphémère collection intitulée : « Les vies parallèles », chez Gallimard. Entre ces deux publications, il y a un peu plus d’un siècle, et tout un monde. Quand Tardieu présente le « cas » Herculine Barbin, c’est pour poser la Question médico-légale de l’identité dans ses rapports avec les vices de conformation des organes sexuels. Son étude se divise en deux parties : la première est une étude médico-légale générale sur les vices de conformation des organes sexuels (55 pages) ; l’histoire d’Alexina B. est publiée dans la seconde (110 pages). Quoi que les souvenirs de la patiente soient donc deux fois plus importants que les tentatives de réflexion théorique du médecin, celle-ci s’efface derrière les vices de conformation des organes sexuels dont elle n’est qu’un avatar. Dans une toute autre démarche, Michel Foucault lui rend simplement son nom, réunissant « quelques-uns des documents principaux qui concernent Adélaïde Herculine Barbin », les rapports des docteurs Chesnet et Goujon, qui ont successivement examiné la patiente, quelques lettres, des certificats de bonne vie et mœurs délivrés à Alexina par le maire de La Rochelle et le curé de sa paroisse, des articles de presse rendant compte de sa « singulière métamorphose » (Michel Foucault, op.cit., 1978, p.155).

1551.

Michel Foucault, op.cit., 1978, p.102.

1552.

G. Dailliez, Les sujets de sexe douteux. Leur état psychique. Leur condition relativement au mariage, Paris, Baillière, 1893, p.7. BML FA 139520

1553.

Catherine Marry et Ilana Löwy, « Hermaphrodites », Pour en finir avec la domination masculine. De A à Z, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond,  2007, p.150.

1554.

Dr Loir, op.cit., 1854, p.7. BML FA 139510

1555.

Il y a cependant des exceptions, comme dans le cas de Marie-Madeleine L. qui se présente « sur la place publique, s’annonçant comme un hermaphrodite véritable » et qui, « depuis 1815 … avait couru les foires, par toute l’Europe, exploitant la curiosité publique » (selon le Dr Loir, op.cit., 1854, p. 14) ; ou encore « Marie D., …, une sorte de célébrité européenne » (idem, p.17).

1556.

Michel Foucault, op.cit., 1978, p.8.

1557.

Dr Loir, op.cit., 1854, p.6.BML FA 139510

1558.

Cité par Dr G. Dailliez, op.cit., 1893, p.11. BML FA 139520

1559.

« Anomalies, Monstruosités, Hermaphrodisme, etc. – Dossier de pièces imprimées sur » BML FA 140744

1560.

Acromégalie = Syndrome caractérisé par des troubles de la croissance imputables à une altération de l’hypophyse : hypertrophie des extrémités (tête, mains, pieds) et diverses déformations morphologiques (gibbosités dites « en bosse de polichinelle ») (in Le Grand Robert de la langue française).

1561.

Dr Descoust, « Sur un cas d’hermaphrodisme », in Annales d’hygiène publique et de médecine légale, série n°3, n°16, 1886, p.87.

1562.

R. Guéricolas, De l’hermaphrodisme vrai chez l’homme et les animaux supérieurs, Lyon, Storck, 1899, 99 p. [BML FA 135580]

1563.

Jean-Pierre Kamieniak, « La construction d’un objet psychopathologique : la perversion sexuelle au XIXe siècle », in Revue française de psychanalyse, Volume 67, 2003/1, p.249.

1564.

Julien Chevalier, op.cit., 1893, p.I. BML FA 427893

1565.

Julien Chevalier, op.cit., 1893, p.II. BML FA 427893

1566.

Idem.

1567.

Dr Julien Chevalier, op.cit., 1893, p.IV. BML FA 427893

1568.

Sylvie Chaperon, op.cit., 2007, chapitre 5 : « Petit catalogue des aberrations et autres perversions sexuelles », p.89-121.

1569.

Le premier cas de nécrophilie faisant l’objet d’une étude médicale date de 1849. Le terme « nécrophile » lui-même apparaît en 1852. La première thèse de médecine sur le sujet, sous la direction d’Alexandre Lacassagne, est soutenue par Alexis Épaulard en 1901 : Alexis Épaulard, Vampirisme, nécrophilie, nécrosadisme, nécrophagie, Lyon, Storck, 1901, 102 p. [BML FA 135604]

À ce sujet, on renvoie aux travaux de recherche en cours d’Amandine Malivin, qui prépare actuellement sa thèse intitulée : « La nécrophilie au XIXe siècle : réalités et fantasmes » sous la direction de Gabrielle Houbre à l’Université Paris VII. Je voudrais ici la remercier pour les échanges féconds amorcés lors du Post Graduate Day 2008 organisé par la Société des Dix-Neuviémistes (SDN) à Université de Londres, sur le thème : « Sickness and health » (20-21 septembre 2008). Actes à paraître.

1570.

Volume « Perversions sexuelles » BML FA 136055-136071

1571.

Lacassagne possède une recension de cet ouvrage majeur pour l’histoire de la sexologie dans la langue originale : Richard von Krafft-Ebing, « Zur Psychopathia sexualis », in Jahrbücher für Psychiatrie, vol.XIII, 1894, 11 p. [BML FA 136046]

Ce tiré-à-part est accompagné d’une traduction française anonyme manuscrite. La publication française du Psychopathia sexualis de Krafft-Ebing ne date que de 1895, mais Lacassagne a donc lu sans attendre la presse qui paraît à ce sujet. On note qu’il possède, de même, sa brochure intitulée Der Conträrsexuale vor dem Strafrichter. De Sodomia ratione sexus punienda. De lege lata et de lege ferenda, Leipzig, Deuticke, 1894, 39 p. [BML FA 136063] Et là encore, la brochure est accompagnée d’une traduction manuscrite anonyme datée de l’année même de la publication. De toute évidence Alexandre Lacassagne se donne donc les moyens d’être au courant de l’actualité de la recherche la plus récente, fût-elle étrangère.

1572.

Jean-Pierre Kamieniak, op.cit., 2003, p.254. Notons ici que l’ouvrage de Julien Chevalier est construit très strictement sur le même modèle.

1573.

Jean-Pierre Kamieniak, op.cit., 2003, p.254.

1574.

Richard von Krafft-Ebing préfère le terme de « paresthésie » à celui de « perversion », dans un souci fort légitime de neutralisation de la connotation dépréciative. Notons que cette tendance à la neutralisation des termes en usage dans le vocabulaire médical est une constante : dans sa troisième version datée de 1981, le Diagnostic and Statistical Manual, outil de classification des troubles mentaux publié aux États-Unis par l’Association américaine de psychiatrie, parle de « paraphilie ». Il n’en demeure pas moins que la pratique homosexuelle elle-même reste négativement connotée, puisqu’il faut attendre le 17 mai 1993 pour voir l’Organisation Mondiale de la Santé supprimer l’homosexualité de la liste des maladies mentales.

1575.

Signalons ici simplement qu’il s’agit le plus souvent de l’homosexualité masculine. Son pendant féminin, l’amor lesbicus, occupe les médecins dans une bien moindre proportion, comme le souligne Sylvie Chaperon (« Le genre et l’histoire contemporaine des sexualités », in Hypothèses, Volume 1, 2004, p.333-341). Ces discours sur les lesbiennes font l’objet d’études spécifiques récentes (on ne distingue auparavant pas l’homosexualité féminine de l’homosexualité masculine), parmi lesquelles :

Nicole G. Albert, Saphisme et décadence dans Paris fin-de-siècle, Paris, Éd. de la Martinière, 2005, 361 p.

Heike Bauer, « Theorizing Female Inversion: Sexology, Discipline, and Gender at the Fin de Siècle », in Journal of the History of Sexuality, Volume 18, Number 1, January 2009, p.84-102.

Chiara Beccalossi, « The Origin of Italian Sexological Studies: Female Sexual Inversion, ca. 1870–1900 », in Journal of the History of Sexuality, Volume 18, Number 1, January 2009, p.103-120.

1576.

Jean-Pierre Kamieniak, op.cit., 2003, p.254.

1577.

Alexandre Lacassagne, Article « Pédérastie », in Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales Dechambre, 1886. Cité par Philippe Artières (ed.), Georges Apitzsch, op.cit., 2006, p.94.

1578.

Selon Jean-Pierre Kamieniak, ce sont plus de 1 000 publications sur le sujet qui paraissent dans ces pays entre 1898 et 1908.

1579.

C’est sans doute ce qui explique que l’histoire de la discipline soit encore peu explorée, selon Sylvie Chaperon, op.cit., 2007, p.11.

1580.

Préface d’Alexandre Lacassagne au livre du docteur Chevalier, op.cit., 1893, p.II. BML FA 427893

1581.

Julien Chevalier, De l’inversion de l’instinct sexuel au point de vue médico-légal, Paris, O.Doin, 1885, 168 p. [BML FA 135425]

1582.

Préface d’Alexandre Lacassagne au livre du docteur Chevalier, op.cit., 1893, p.I.

1583.

Julien Chevalier, op.cit., 1893, p.XIX. BML FA 427893

1584.

Julien Chevalier, op.cit., 1893, p.XX. BML FA 427893

1585.

Idem.

1586.

À l’exclusion de sa thèse précédemment citée, qui date de 1885, il n’a publié qu’un seul ouvrage, portant strictement sur la même question et précédemment cité, en 1893.

Dans un courrier qu’il adresse à son « très honoré Maître » depuis Constantine en janvier 1910 il l’éclaire en ces termes sur le fait « qu’[il] paraisse avoir oublié les Archives [d’Anthropologie criminelle] et que [il] n’envoie plus rien touchant les questions qu’[il] y [a] abordées autrefois » : « c’est que les tracas du métier, les déplacements incessants, les soucis de carrière m’ont détourné des question un peu spéculatives qu’elles [les Archvives] traitent d’ordinaire ». (Courrier du Docteur Chevalier au docteur Lacassagne, de Constantine, le 20 janvier 1910. Glissé dans le volume de Chevalier, op.cit., 1893, de la bibliothèque du docteur Lacassagne. [BML FA 427893])

1587.

Il a dirigé plusieurs thèses sur le sujet, outre celle de Julien Chevalier qui date de 1885 :

Jean Arrufat, Essaisur un mode d’évolution de l’instinct sexuel : pédérastie, Lyon, Storck, 1892, 35 p. [BML FA 135494]

1588.

George Saint-Paul, Préface à la 3e édition de Thèmes psychologiques, vol.IV : Invertis et homosexuels, Paris, Bigot Frères, 1930, p. 5. [BML FA SJ ZOV 00132 ]

1589.

Patrick Cardon, Discours littéraires et scientifiques fin-de-siècle. Autour de Marc-André Raffalovich, Paris, Orizons, 2008, p.13.

1590.

Au total, Marc-André Raffalovich publie à 19 reprises dans les Archives d’anthropologie criminelle entre 1894 et 1910.

1591.

Marc-André Raffalovich, « Chronique de l’unisexualité », in Archives d’anthropologie criminelle, 1907, p.606.

1592.

Marc-André Raffalovich, op.cit., 1907, p.606-632.

1593.

Marc-André Raffalovich, « Chronique de l’unisexualité », in Archives d’anthropologie criminelle, 1909, p.353-391.

1594.

Marc-André Raffalovich, Uranisme et unisexualité. Etude sur les différentes manifestations de l’instinct sexuel, Lyon, Storck, 1896, 363 p. [BML FA 135206]

Cet ouvrage, publié dans la collection « Bibliothèque de criminologie » que dirige Alexandre Lacassagne, fait l’objet d’une recension détaillée dans les Archives d’anthropologie criminelle en 1897 : C. Tournier, « Le livre de M. Raffalovich sur l’uranisme et l’unisexualité », in Archives d’anthropologie criminelle, 1897, p.326-332.

1595.

C. Tournier, op.cit., 1897, p.326.

1596.

« À mesure que l’ouvrage prenait corps dans son cerveau, M. Raffalovich en édifiait quelques façades pour les lecteurs des Archives » précise l’auteur de la recension de l’ouvrage dans la revue (p.326).

1597.

Sylvie Chaperon, op.cit., 2007 p.62-63.

1598.

On a décompté l’ensemble des ouvrages catalogues aux rubriques « homosexualité », « pédérastie » et « sexualité morbide ».

1599.

C’est notamment le cas des brochures et tirés-à-part reliés ensemble dans le volume « Perversions sexuelles » BML FA 136055-136071: 7 des 17 fascicules en question portent cette mention en couverture. De même, dans le volume « Psychologie sexuelle » BML FA 136012-136033

1600.

Lettre n°1, Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.23.

1601.

Lettre n°8, Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.46.

1602.

Philippe Artières, « A. Lacassagne : de l’archive mineure aux Archives d’anthropologie criminelle » 

En ligne : http://www.criminocorpus.cnrs.fr/article37.html [Consulté le 10 décembre 2008]

1603.

Georges Apitzsch, op.cit., 2006, 123 pages.

1604.

Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.10.

1605.

Lettre n°27, Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.85.

1606.

Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.10.

1607.

Marc-André Raffalovich, « Homosexualité et hétérosexualité. Trois confessions : Paul Verlaine, Otto de Joux et Adolf Wilbrandt », in Archives d’Anthropologie criminelle, 1895, p.748-758.

1608.

Marc-André Raffalovich, « Quelques observations sur l’inversion », in Archives d’Anthropologie criminelle, 1894, p.216-218.

1609.

Lettre n°5, Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.29-41.

1610.

Sur ce point, on renvoie à la lecture de Frédéric Chauvaud, « L’invention du perverti. Les hommes de l’art et le “beau cas” dans la France du second XIXe siècle », in Jean-Claude Bourdin, Frédéric Chauvaud & Vincent Estellon (ed.), Michel Foucault. Savoirs, domination et sujet, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2008, p.51-65

1611.

Émile Laurent, « Compte-rendu sur Les Perversions de l’instinct génital du Docteur Albert Moll », in Archives d’anthropologie criminelle, 1896, p.678.

1612.

« Je vous ai envoyé deux volumes, à savoir : 1 Wilde Dorian Gray ; 1 Rachilde Les Hors Nature » (Lettres n° 19, Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.65).

1613.

Notamment celles du Comité de Berlin (Lettres n°22, Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.75) ou la sienne (Lettres n° 23, Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.78)

1614.

Lettre n°19, Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.66.

1615.

En témoigne avec clarté le relevé des « pollutions » et « masturbation » inclut dans la lettre n°13. (Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.58-59).

1616.

C’est le cas d’Albert Moll, évoqué dans la lettre n°9 (Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.50) : « Le 15 déc.03 je fus à Berlin chez le Dr Moll, mais j’ai dû interrompre les consultations en voyant que ce Monsieur, peut-être trop occupé, ne s’intéressait pas beaucoup à mon cas ».

1617.

Lettre n°27, Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.87.

1618.

Lettre n°26, Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.83.

1619.

Georges Apitzsch mentionne la « note » qu’il doit à Lacassagne, don il « voudrai[t] bien achever le payement » (Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.45) et donne une idée de son montant – « 300 frs » – dans la lettre n°10 (Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.51).

1620.

« Je crois que vous pouvez comprendre assez bien mes pensées » lui écrit Georges Apitzsch (Lettre n°3, Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.25).

1621.

Lettre n°9, Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.50.

1622.

Lettre n°12, Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.54.

1623.

Parmi les remèdes à l’homosexualité alors envisagés, certains sont « naturels (séjour à la campagne , éloignement des centres urbains, bains froids ou chauds pour calmer les ardeurs […], gymnastique, isolement, diète, port de vêtements larges…) », d’autres sont « médicamenteux (suppositoires à la cocaïne pour insensibiliser l’anus, bromure de potassium) », d’autres encore sont « chirurgicaux (circoncision, infibulation, ablation des testicules, castration, trépanation…). Et parmi les « kyrielles de solutions » thérapeutiques en tous genres qui sont parfois recommandées, le travail est en bonne place, « l’ennui créant les désirs homosexuels, d’où une homosexualité qui serait, selon de nombreuses théories savantes, très répandue dans les classes aisées ». Sur ce point on renvoie à Régis Révenin, op.cit, 2007, p.26-27.

1624.

Lettre n°12, Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.54.

1625.

Lettre n°18, Georges Apitzsch,op.cit., 2006, p.63.