3. Folie partielle et folie totale

Enfin, les interrogations persistantes dont la folie fait l’objet ne portent pas seulement sur son étiologie. Plus fondamentalement peut-être, les médecins se penchent alors sur la question de la définition même de la folie qui, si elle n’est pas nouvelle, connaît alors de profondes évolutions. À la suite des travaux de Charcot sur l’hystérie, que le médecin de la Salpêtrière ne considère pas comme une forme de folie complète2251, on en vient à contester l’affirmation du ministre de l’Intérieur Montalivet pour lequel, « on est aliéné ou on ne l’est pas »2252. En 1888, le docteur Alexandre Cullerre s’y oppose même complètement en affirmant qu’il n’existe pas de « barrière définitive entre folie et raison »2253, mais plutôt une « zone intermédiaire » de « demi-fous », relevant d’un domaine spécifique de la recherche psychiatrique :

‘« La ligne de démarcation, que l’on a coutume de tracer entre l’état maladif et l’état normal de l’intelligence, m’a paru, dans une foule de cas, être tout à fait idéale, et n’avoir aucun fondement réel dans la nature »2254.’

On sait comment le psychiatre Benjamin Ball abonde en ce sens2255. Voilà donc qu’émerge la figure d’un dernier fauteur de trouble, qui est à la santé mentale ce que l’hermaphrodite est à la différence des sexes : le demi-fou, avec les problèmes de définition et de diagnostic qu’on imagine, un individu dont « l’activité intellectuelle est modifiée et jetée en dehors des voies naturelles, sans pour cela que l’état maladif s’annonce par des signes psychiques aisément constatables pour tout le monde »2256, d’où comme précédemment pour l’hermaphrodite ou le mort, la nécessité de l’intervention d’un regard d’expert... Avec l’apparition de la catégorie des « demi-fous » au tout début du XXe siècle2257, il semble de plus en plus difficile de tracer une frontière entre troubles de l’esprit et santé mentale.

‘« Il conviendrait de délimiter la folie, de circonscrire son domaine, et d’élever une barrière définitive entre elle et la raison. Ce désir est assurément légitime, mais il est en dehors des choses réalisables : il faudrait, avant de songer à lui donner satisfaction, trouver une démarcation sûre entre la santé et la maladie, ce à quoi se sont évertués en vain les médecins de tous les siècles »2258.’

Là encore, Alexandre Lacassagne est aux premières loges de la recherche scientifique et s’intéresse particulièrement à cette nouvelle catégorie de malades mentaux : il est ainsi membre du jury de la thèse de droit fondatrice sur le sujet, soutenue par Maurice Michelon2259 en 1906. Depuis le milieu du XIXe siècle de nouveaux états nerveux à la définition assez vague (surexcitation nerveuse, nervosisme, névropathie), interrogent la frontière entre raison et folie. La catégorie des « demi-fous » s’impose progressivement pour désigner ces malades en situation intermédiaire, notamment sous la plume du docteur Grasset, qui publie un article sur la question dans la Revue des Deux Mondes en 19062260. Cette parution, dans un périodique destiné à un public cultivé, certes, mais non spécialiste, explique la diffusion rapide et le succès2261 d’une notion frappée du sceau de l’ambivalence2262.

Pour le docteur Grasset, qui pose la définition de la demi-folie, il faut bien distinguer deux grandes catégories de malades, les mentaux d’une part, et les psychiques d’autre part :

‘« Les mentaux ont perdu la raison, la volonté libre et consciente, l’intellectualité supérieure : ils sont fous. Les psychiques n’ont pas perdu tout ce qui fait la raison et la pensée supérieure, mais ils sont cependant troublés dans leur psychisme qui n’est pas normal, ils sont demi-fous »2263. ’

Grâce à ces nuances subtiles, les psychiatres tentent d’élargir le champ de leurs prérogatives en faisant reconnaître ces pathologies nerveuses comme relevant de l’aliénation, et donc de leur spécialité, et non simplement des médecins généralistes.

Mais surtout cette catégorie nouvelle d’individus dits partiellement fous achève de jeter le trouble, et décrédibilise pour une part la science psychiatrique en cours d’élaboration : « …il y a un malentendu considérable entre le public et les médecins. Si l’on dit que les aliénistes ont une tendance à voir des fous un peu partout, c’est au sujet de ces malades »2264 pour lesquels il est difficile de poser un diagnostic sans risquer l’erreur médicale.

‘« La ligne de démarcation peut parfois être indécise entre deux groupes contigus, le diagnostic différentiel est parfois difficile ; il y a des sujets qu’on est tenté de jucher sur la muraille de séparation de deux domaines contigus ou pour lesquels on voudrait jeter un pont sur le fossé qui les délimite »2265. ’

D’autant plus que la folie partielle est elle-même protéiforme : « entre l’homme en parfaite santé physique et morale et le dément que l’on enferme dans les asiles, il y a une gamme infinie d’états intermédiaires »2266. On en distingue principalement deux formes. Certains malades peuvent présenter des folies temporaires, qu’on qualifie également de « périodiques » quand elles se manifestent avec récurrence, à l’instar des troubles maniaco-dépressifs. Leur existence fait l’unanimité chez les aliénistes, qui s’accordent à leur réserver une place à part dans la nosographie des troubles mentaux. Mais « où l’accord cesse d’exister, c’est quand il s’agit de procéder à l’exacte délimitation de ce groupe psychopathique »2267. D’autres malades sont frappés de « folies raisonnantes », ce qui implique qu’ils « appartiennent tout à la fois, et sous des rapports tranchés et bien distincts, aux individus dont la raison n’a souffert aucune atteinte, et à ceux chez qui elle est altérée »2268. Dans le même temps, « ils sont affectés d’anomalies mentales réprouvées par la raison universelle » mais « ils jugent sainement ces anomalies, les condamnent »2269 et y résistent autant que possible, même s’ils ne parviennent pas toujours à se soustraire à leur influence. Comme pour la différence des sexes ou la distinction du mort et du vivant, la deuxième moitié du XIXe siècle invente donc une catégorie intermédiaire potentiellement inquiétante, dans laquelle sont regroupés « les malades [qui] quoi qu’ayant les apparences de la raison sont atteints d’aliénation ; leurs discours sont sensés, leurs actes sont fous »2270. Qu’elles soient intermittentes ou raisonnantes, ces nouvelles formes de folie introduisent le trouble dans la taxinomie des maladies mentales que la psychiatrie naissante tente alors de finaliser [Fig.40].

Fig.40  : Une tentative de classification des maladies mentales, par le docteur Jules Baillarger (Annales médico-psychologiques, 1889, p.207).

De nouveau, c’est d’apparences trompeuses qu’il s’agit. La question des limites se pose douloureusement aux médecins : limites entre folie et raison d’une part, limites entre les différents types de folie d’autre part.

Plus grave sans doute, ces nouvelles pathologies présentent d’importantes difficultés de diagnostic : les fous dits temporaires « à cause des fréquentes variations d’état chez le même individu d’un moment à l’autre, à cause des intervalles lucides plus ou moins complets ou plus ou moins prolongés, à cause de la difficulté de distinguer l’intervalle lucide vrai de la simple rémission et surtout à cause du séjour habituel de ces malades dans le monde et dans la famille et non dans les asiles d’aliénés »2271, ce qui ne permet pas de les suivre correctement ; les fous dits raisonnants parce qu’on ne parvient pas à s’accorder sur les signes physiques qui les caractérisent alors même qu’ « il est nécessaire de sortir de la psychologie, de dépouiller de plus en plus la médecine mentale de l’idéologie abstraite et rêveuse et de faire ressortir bien davantage l’importance de l’examen physique et la valeur des indications spéciales qu’il est possible de retirer de l’observation médicale pure »2272. Certes, on en dresse alors une liste :

‘« la face asymétrique […] les tics grimaciers, les contractions choréiformes partielles d’un des muscles ou d’un des groupes musculaires de la face ou des paupières, le strabisme, le nystagmus, la grandeur de la bouche, l’épaisseur de la lèvre inférieure, les irrégularités dentaires, la décadence rapide et précoce de toute la dentition, l’asymétrie ou l’étroitesse de la voûte palatine, l’absence de sensations gustatives, l’asymétrie des deux pavillons de l’oreille ou leur vicieuse implantation, l’amincissement et le déplissement de l’oreille, certains phénomènes d’hyperesthésie ou d’anesthésie temporaires ou périodiques, des migraines, des névralgies, des gastralgies, etc., etc. »2273.

Mais la longueur même de cette énumération, et la manière dont elle s’achève sans se conclure suffit à trahir l’insatisfaction des médecins qui l’ont dressée : elle n’a rien d’exhaustif et semble bien peu méthodique. Voilà qui pose un sérieux problème au médecin-expert, qui tente alors d’imposer la légitimité de son intervention aux côtés du juge. C’est la question de la responsabilité, ou de l’irresponsabilité, des aliénés qui se pose avec acuité aux hommes de l’art car « l’existence, scientifiquement démontrée, des demi-fous entraîne l’existence des demi-responsables »2274. Laurence Guignard2275 a mené une étude minutieuse du traitement des aliénés par la justice pénale, du point de vue théorique comme de celui de la pratique judiciaire. Conséquence directe de l’invention de formes d’aliénation graduée, la notion de responsabilité se trouve également passible d’une multitude de nuances sur lesquelles le médecin doit se prononcer. Qu’est-ce que la responsabilité au sens médical du terme ? « On peut appeler responsable, au point de vue biologique et médical, l’homme qui a des centres nerveux sains, en état de juger sainement la valeur comparée des divers mobiles et motifs »2276. Comme quand il s’agit de tracer les frontières de la pathologie mentale, la question de la responsabilité fait débat. On distingue à ce sujet deux grandes théories : celle de la responsabilité partielle, et celle de la responsabilité atténuée. La première est une « théorie ancienne, qui n’est plus guère acceptée par les médecins criminalistes contemporains »2277, et dont Legrand Du Saulle est le plus ardent défenseur. Dans ce premier cas, on n’admet l’irresponsabilité totale qu’en cas de folie générale :

‘« Si l’accusé ne présente qu’une aliénation partielle, un délire restreint à un certain nombre d’idées, il ne sera pas responsable quand il aura agi sous l’influence de son délire, mais il devra être considéré comme tel toutes les fois que le mobile auquel il aura obéi sera étranger à la sphère de ses conceptions maladives »2278. ’

Quant à la seconde, plus récemment énoncée, elle « est plus scientifique, [mais] fortement combattue par un certain nombre de psychiatres et de juristes »2279. En vertu de cette dernière, la responsabilité d’un individu criminel peut se trouver atténuée par un certain nombre de circonstances, et notamment par son état psychique. Mais cette nuance pose problème :

« Nous ne nous risquerons pas à donner une définition de la responsabilité atténuée. Bien des esprits, et des plus éminents, ont déjà fait pour cela de vaines recherches et tous se sont déclarés incapables d’en établir une sur des bases solides et scientifiques »2280 déclare ainsi Maurice Michelon, qui emploie pourtant cette indéfinissable notion dans le titre même de sa thèse.

Malgré ces incertitudes et les contestations dont elle fait l’objet, l’expression est largement usitée : elle « a envahi les prétoires […et] les revues spéciales de droit et de médecine légale ne craignent pas d’y consacrer de longs et fréquent articles »2281, les congrès internationaux mettant même la question à l’ordre du jour régulièrement. Mais malgré ce bouillonnement de réflexions sur le sujet, responsabilité et irresponsabilité restent deux états bien difficiles à définir :

‘« Ce sont là deux mots sur lesquels on ne s’entend pas toujours, et cela se conçoit, si l’on songe à la difficulté que l’on rencontre, dans l’état actuel de la science, à connaître les motifs et les mobiles des actes, les influences exogènes ou endogènes qui ont pu les modifier chez chaque individu pris en particulier »2282.’

On tente pourtant d’établir l’inventaire des facteurs qui ont pu rendre anormal un cerveau humain, et par conséquent diminuer la responsabilité de l’individu. C’est principalement et en premier lieu le milieu, car « il n’est pas douteux que l’homme est capable de s’adapter merveilleusement au milieu dans lequel vit »2283. Si donc son influence est déplorable, l’individu qui y évolue sera durablement perverti. Il faut y ajouter l’éducation et l’exemple, qui sont « la conséquence logique du milieu »2284 encore qu’un contact étranger puisse s’y ingérer avec bénéfice : c’est tout l’intérêt de la mise en place de l’école ou de sociétés de sauvetage de l’enfance par exemple. Le docteur Rebierre y ajoute l’âge, « facteur d’irresponsabilité qui a une grande importance »2285 car le discernement des enfants n’est pas aussi éclairé que celui des adultes. Enfin, « des facteurs pathologiques, conséquences, le plus souvent, de l’hérédité »2286 peuvent oblitérer la responsabilité d’un individu.

Toutefois, l’idée d’une gradation dans l’irresponsabilité et de l’existence d’une responsabilité atténuée ne fait pas l’unanimité, et paraît à beaucoup « une invention des médecins embarrassés, qui dissimulent mal, sous ce mot, leur ignorance ou leur lâcheté ; […] la conclusion des experts qui ne savent pas ou ne veulent pas se compromettre et conclure franchement »2287. Les médecins commis dans ce genre d’affaire le reconnaissent volontiers : « l’évaluation exacte de la responsabilité est une tâche ardue pour un médecin expert »2288. Car pour conclure avec fermeté, « il faut d’abord que les lois scientifiques auxquelles l’expert rapporte son opinion ne soient pas contestées »2289. Et on a vu que ça n’est pas le cas. « En deuxième lieu, [il faut] que l’application de ces lois à l’espèce soit rationnelle »2290, ce qui suppose que la méthode de l’expertise soit définie. On a souligné combien Lacassagne s’attache à ce dernier aspect des choses, de même qu’il insiste sur la prudence absolue dont l’expert doit faire preuve au cours des opérations d’expertise, relayé sur ce dernier point par nombre de ses confrères :

‘« Le scepticisme vaudrait mieux, en semblable occurrence, scepticisme basé, toutefois, sur un désir de justice toujours plus complète et plus utile. Il faut reconnaître, du reste, que les théoriciens [de la responsabilité atténuée] ne poursuivent pas d’autre but et qu’ils veulent surtout arriver à une législation à la fois plus juste et plus propre à assurer la sécurité sociale. Les uns et les autres présentent, vraisemblablement, dans leurs expertises, des conclusions analogues. Il en est peu sans doute dont la conclusion est toujours : responsabilité ou irresponsabilité »2291.’

Une telle prudence paraît d’autant plus nécessaire qu’« à la responsabilité atténuée ne correspond pas un type clinique bien défini »2292, c’est-à-dire qu’il est impossible d’en définir les caractéristiques physiques, les symptômes, même au prix d’observations multiples, alors même que les médecins prétendent fonder la certitude de leurs diagnostics sur le recours strict et exclusifs à ces éléments positifs. Mais les experts réaffirment nettement leur engagement au service de la société, et leur désir d’en assurer la protection, afin de faire pièce aux accusations récurrentes dont ils sont l’objet et qui les dénoncent comme suppôts de la défense. Toutefois ces atermoiements et les difficultés de diagnostic que pose la théorie de la responsabilité atténuée semblent finir par la frapper d’impuissance. On en déplore les conséquences « qui présentent les plus graves dangers au point de vue social et qui sont certainement un des facteurs de l’extension toujours croissante de la criminalité récidiviste »2293. Pour Alexandre Lacassagne, cette expression de responsabilité atténuée est « une demi-mesure » qui ne sert qu’à montrer que de tels criminels « ne sont pas totalement impropres à la vie sociale »2294. Il la condamne même fermement, considérant que « c’est un passeport de protection contre la justice pour le reste de la vie »2295. Conséquence du feu nourri des critiques, Gabriel Tarde propose de redéfinir de fond en comble la notion même de responsabilité. Dans La philosophie pénale 2296 et Les lois de l’imitation 2297, qui paraissent en 1890, il procède même à « une tentative de refondation de la théorie de la responsabilité »2298 pour faire pièce au positivisme de l’école criminologique italienne, partisane d’un déterminisme susceptible d’induire un risque systématique d’irresponsabilité. Alors qu’on associe précédemment responsabilité et libre-arbitre, la première résultant de l’exercice du second, Tarde remplace ce dernier « par un double élément : d’un côté l’identité personnelle » qui est « la permanence de la personne, […] la personnalité envisagée dans le rapport de la durée », une notion de psychologie purement individuelle, et d’autre part « la similitude sociale »2299, notion issue de la psychologie sociale, et qui est « la communauté de mœurs et d’idées qui existe entre gens vivant ensemble, […] le sentiment que l’on fait partie du même groupe et que l’être que l’on qualifie de responsable nous est similaire par sa formation psychologique et par ses rapports d’existence ». Quand l’identité personnelle et la similitude sociale sont intègres, l’individu est considéré comme responsable. Quand elles font défaut, il est irresponsable. Mais il y a place dans cette conception pour la responsabilité atténuée : « L’une et l’autre de ces deux notions sont [en effet] de quantités variables, susceptibles de plus ou de moins. Et aux variations dans ces deux éléments correspondent nécessairement des variations de responsabilité  »2300. Pour novatrice qu’elle soit, la théorie de Tarde n’emporte pas non plus tous les suffrages :

‘« l’identité personnelle n’est pas une notion qui correspond à quelque chose de réel. Quel est l’homme le plus sain physiologiquement et psychologiquement parlant, dont on puisse dire qu’il est toujours identique à lui-même ? »2301 lui objecte-t-on. ’

De plus, la similitude sociale est systématiquement mise en question par les criminologues positivistes qui considèrent le criminel comme essentiellement différent de l’homme honnête, et ils sont nombreux en cette fin de siècle :

‘« Que devient […] la similitude sociale en face de cette observation de plus en plus incontestée que la plupart des criminels, soit au point de vue physiologique, soit au point de vue psychologique, sont des anormaux, par conséquent différents de leurs compatriotes »2302, autant que le seraient quelques spécimens de tribus exotiques et lointaines.’

Les nuances et les subtilités tortueuses de ces théories qui donnent le sentiment que médecins et juristes tendent à excuser trop systématiquement le criminel en lui accordant le bénéfice de l’irresponsabilité n’agréent guère le public. L’incompréhension entre la sphère médico-judiciaire et ce dernier semble alors s’installer :

« un anthropophage, qui viendrait chez nous manger un petit Parisien aurait beau dire, par l’organe de son avocat, qu’il n’appartient pas à la même société que ses accusateurs et que sa victime, je ne sais comment agiraient les hommes de loi, mais je suis certain que l’indignation publique serait vive et qu’elle se traduirait par des actes violents »2303 , plaisante, ironiquement, LéonceManouvrier.

Il faut cependant reconnaître que l’entreprise théorique de Tarde constitue une réelle tentative de mieux distinguer le criminel et le fou, contre la naturalisation systématique, conséquence du positivisme criminologique, qui tend inévitablement à les confondre2304. Pourtant, la notion de « responsabilité » paraît si contestable à certains qu’ils lui en préfèrent d’autres et suggèrent de « la remplacer par celle de nocuité ou de témibilité »2305. C’est alors un complet déplacement du regard et des questions posées par le juge au médecin qui est espéré. « On ne demandera plus au médecin : “Tel individu est-il responsable ?” mais “Est-il nuisible ?” »2306. On développe aussi la notion de « dangerosité »2307. Alexandre Lacassagne est membre du jury d’une thèse qui examine plus particulièrement cet « état dangereux au point de vue pénal »2308 et s’avère particulièrement compétent sur le sujet2309.

‘« Quel est l’individu dont la société doit se garder ? C’est l’être socialement dangereux ? Quel est cet être ? Peut-on le reconnaître, s’en défendre, l’amender, voire même [sic.] l’arrêter avant la chute ? »2310.’

De nouveau, c’est toute une taxinomie des individus ainsi considérés2311 que propose le corps médical, distinguant les « défectueux (aliénés-criminels, toxicomanes, faibles moralement, abouliques, défectueux moraux) », auxquels Lacassagne propose d’ajouter « les malfaits, les intoxiqués, les abandonnés et les inadaptés, c'est-à-dire les mal élevés »2312 ; « les récidivistes » ; et enfin « les êtres socialement dangereux par leur manière de vivre (vagabonds, apaches, alcooliques, souteneurs ». Mais de nouveau, la confusion des genres médical et moral laisse présager les dérapages que peut autoriser une telle conception.

L’évolution2313 de la doctrine psychiatrique sur la question de la responsabilité est particulièrement intéressante. Elle conduit à une appréciation de la folie de plus en plus fragmentaire : elle n’est plus une entité globale et univoque, une et indivisible. D’abord, les médecins commis par les juges distinguent nettement le fou du raisonnable. Dans ce premier moment de l’histoire de la psychiatrie, c’est l’intelligence du malade qui est touchée et qu’il convient d’évaluer. On distingue les idiots, les imbéciles, les débiles, qui présentent la caractéristique commune de ne pas jouir de capacités intellectuelles satisfaisantes, c’est-à-dire correspondant à une norme qui est en fait une moyenne. Ce sont les facultés intellectuelles dans leur ensemble dont on diagnostique alors la défaillance. Puis les aliénistes précisent leurs vues : ils envisagent désormais de déclarer comme malades mentaux tous les individus qui présentent une atteinte de quelques fonctions intellectuelles seulement. Ce second moment de la définition du fou repose sur la théorie des monomanies, élaborée aux environs de 1810 par Esquirol : ces troubles consistent en une idée fixe, une préoccupation pathologique unique dans un esprit par ailleurs sain. La folie homicide relève de ce groupe des monomanies. Par la suite, les médecins en viennent à considérer comme folie toute atteinte à la volonté, toute pathologie qui en empêche la libre expression2314. Le malade est alors le jouet d’une impulsion dont la survenue réduit à néant les efforts de sa volonté, laquelle n’est le plus souvent que temporaire, bien sûr. Enfin, dans un dernier temps, les « troubles du sentiment » sont considérés comme relevant de la folie. Cette fois ce n’est plus l’intelligence, toute entière ou partiellement, ce n’est plus la volonté, mais ce sont les penchants de l’individu qui sont pervertis. À la « théorie des deux blocs », selon laquelle on est fou ou on ne l’est pas, les recherches multiples menées par les pionniers de la psychiatrie substituent finalement une « théorie du bloc unique », selon laquelle « il y a série et continuité du plus raisonnable au plus fou. La frontière qui sépare l’état de santé de l’état de maladie est vague ; tous nous présentons quelques tares, quelques points faibles…. Il ne faut donc pas diviser les hommes en responsables et irresponsables »2315. Plus encore qu’un brouillage, c’est un continuum qu’instaure une telle théorie. On imagine les inquiétudes que cela peut générer dans le public :

‘« C’est toujours un grand étonnement mêlé de désillusion que ressentent les gens du monde après une visite dans une maison d’aliénés. “Où sont les fous ? semblent-ils se dire. La plupart des gens que nous avons vus vont, viennent, parlent, sont habillés comme tout le monde.” Tous ils s’imaginent que chaque habitant de ce séjour doit porter sur lui l’empreinte de la folie, et que le seuil de l’Asile est la limite réelle, tangible de la raison et de la déraison.
Ils en sont encore aux fous de la légende, que leurs lectures leur font entrevoir échevelés et grimaçants à travers les barreaux d’un cabanon dans un lointain ténébreux et horrible. Ils ne se doutent pas des mille et un aspects que peuvent revêtir les troubles de l’esprit. Là où il n’y a qu’une ligne imperceptible aux yeux les plus exercés, ils s’imaginent voir un fossé profond »2316.’

Voilà qui devrait invalider définitivement toute possibilité pour les médecins de définir le degré de responsabilité d’un individu. C’est la raison pour laquelle de telles conceptions suscitent une vive opposition. Ainsi, pour le docteur Grasset, « malgré la sériation continue et le nombre des intermédiaires, il faut distinguer les raisonnables, les demi-fous et les fous »2317.

‘« L’entière édification de cette doctrine repose sur le développement de cette idée que je crois fausse et anti-scientifique : l’existence d’un grand nombre d’intermédiaires entre deux êtres ou deux phénomènes prouve l’identité de ces deux êtres ou de ces deux phénomènes. Ou encore : deux termes d’une série sont identiques, quand on peut les relier l’un à l’autre par une série continue d’autres termes.
Ceci est vrai des nombres : entre neuf et trois cents, il n’y a qu’une différence de quantité ; c’est encore vrai des grandeurs ou des poids, ou d’une manière générale des termes qui varient dans un seul sens, de l’un à l’autre ; mais le principe n’est plus du tout applicable aux êtres vivants et aux phénomènes de la vie. Entre un être inférieur et une colonie de ce même être inférieur, il n’y a qu’une différence de nombre et de degré ; mais entre l’amibe et l’homme, on aura beau accumuler les termes de transition, on n’établira pas leur identité. Il ne suffit pas d’ajouter l’amibe à lui-même, de le multiplier par un nombre quelconque pour en faire un homme. Entre l’amibe et l’homme, il n’y a pas seulement une différence de quantité, mais une différence de qualité, qui exclut tout identification »2318.’

Pour le dernier tiers du XIXe siècle, il faut donc réévaluer « le discours conquérant faisant de la psychiatrie un dispositif de savoir et une technique de contrôle toujours en expansion »2319 tel qu’il a pu être décrit Michel Foucault 2320 ou Robert Castel 2321. Outre les défauts de la loi de 1838 et l’incapacité des aliénistes à proposer aux malades des thérapeutiques efficaces, l’entreprise de définition et de délimitation de la folie échoue, les taxinomies multiples élaborées par les psychiatres induisant un irrémédiable émiettement de l’objet « folie » et générant, finalement, un flou et une indifférenciation inquiétants. L’étiquetage proposé par les médecins est ambigu, variable, « le symptôme, le mal et ses manifestations se confondent »2322. On constate en conséquence « l’émiettement du pouvoir d’un monarque absolu »2323, le médecin-expert, non seulement parce que le monde médical n’accepte pas vraiment d’aller à la rencontre de la maladie mentale, dégradante, et n’entretient donc avec elle qu’une relation médiatisée dans laquelle les employés subalternes monopolisent en fait toute la réalité du pouvoir, pour le meilleur et pour le pire2324 ; non seulement du fait de l’impuissance thérapeutique de la médecine aliéniste qui se traduit par une hausse continue du nombre d’aliénés enfermés au cours du siècle alors que les espérances de rémission et de libération sont terriblement ténues, décrédibilisant la dimension technique du pouvoir psychiatrique ; mais aussi parce que cette incapacité à dire ce qu’est finalement la folie décrédibilise aussi les aliénistes sur le terrain des savoirs. Or la grande affaire du XIXe siècle, c’est bien de tracer des limites, entre homme et femme, mort ou vivant, fou ou raisonnable2325, fou ou criminel2326. Mais délimiter ces entités « suppose tout d’abord comme admis et hors de conteste qu’il y a une différence entre [elles], et que cette différence est assez caractérisée pour que l’on puisse, dans la pratique, ne pas confondre [les] une[s] avec [les] autre[s]. Or, il faut bien reconnaître que ce sont encore là des questions qui n’ont pas reçu de solution définitive »2327 conclut le docteur Dubuisson.

On a analysé ici longuement trois grandes figures d’altérité : celle de l’hermaphrodite qui trouble la différence des sexes, celles de l’enterré vivant et du nécrophile qui enfreignent la frontière qui sépare les morts des vivants, et enfin celle du demi-fou qui perturbe dangereusement la bipartition entre individus sains d’esprit et malades mentaux. En dépit des tentatives multiples de classification, si caractéristiques du discours médical de cette fin de siècle, la volonté de poser des limites claires semble donc finalement ne conduire qu’à les troubler davantage. Cette impression se trouve encore renforcée par la cumulation, par certains patients examinés, de ces indifférenciations. C’est le cas d’un jeune cuisinier, examiné par le docteur Legrand du Saulle qui doit se prononcer sur son état mental : « imberbe, exalté, étrange et impulsif, non alcoolisé et non épileptique, [il] avait commis […] des actes semi-délirants. […]. Je songeai à le faire déshabiller : il était hypospade »2328. Et voilà que la folie rencontre l’indifférenciation sexuelle. Du reste, c’est une loi du genre : « les organes génitaux des imbéciles, des idiots et des êtres les plus dégénérés sont incomplets ou imparfaits, et l’on observe fréquemment l’exiguïté pénienne, le phimosis, la microrchidie, la monorchidie ou l’anorchidie »2329. Quand un individu présente des troubles mentaux, il est nécessairement dysfonctionnel au niveau sexuel, soit par un problème de conformation physique, soit en raison de ses pratiques (excitation excessive ou au contraire frigidité). Et même si le fonctionnement génital est normal et l’activité sexuelle régulière, alors elle est pervertie. L’étiologie de ces anormalités troublantes présente également un certain nombre de caractères communs et emprunte aux théories scientifiques les plus modernes. C’est essentiellement à un problème d’évolution que l’on attribue ces étrangetés : les femmes sont moins évoluées que les hommes, quand aux génies c’est a contrario d’une espèce d’hypertrophie évolutive qu’ils semblent frappés. La détention peut quant à elle conduire les prisonniers à être stoppés dans ce processus, à l’instar des hermaphrodites qui, eux, le sont au stade embryonnaire. Enfin, les théories de la dégénérescence, qui s’imposent progressivement comme schéma explicatif pour l’ensemble de ces tares permettent même d’envisager une évolution à rebours. Au-delà même de leur étiologie, la difficulté des médecins à s’accorder sur la définition même de ces anormalités donne finalement l’impression qu’elles se multiplient : homosexuels, alcooliques et autres malades mentaux semblent partout présents, et les déviances en tous genres paraissent ne pas avoir de bornes. Les médecins de la fin du XIXe siècle semblent bien avoir ouvert la boîte de Pandore, et désormais «  l’imprévu n’a plus du tout de limites »2330. Les voici lancés dans la recherche de subtilités toujours plus raffinées dans la classification des individus, socle sur lequel ils entendent fonder leurs revendications de reconnaissance de leur expertise. Mais dans le même temps, c’est cette invalidation définitive de toute possibilité holiste d’appréhension des phénomènes, matrice de l’hyperspécialisation qui s’amorce alors, qui en est la meilleure contestation. Ce que l’on pensait autrefois sur le mode binaire, opposant l’homme à la femme, le mort au vivant, et le fou ou raisonnable, doit désormais être envisagé sur le mode du continuum. La multiplication des états de transition trouble durablement les limites, obligeant constamment à repenser des taxinomies toujours plus complexes. Mais en même temps que cela génère l’émergence de catégories intermédiaires, cela interdit de considérer les deux pôles extrêmes comme irrémédiablement irréductibles l’un à l’autre : de même qu’en chaque homme sain d’esprit sommeille un malade mental potentiel, de même chaque vivant est un mort en sursis. On envisage de jeter des ponts entre les différents états, il est possible de penser une communication avec le fou par le traitement moral, et avec l’au-delà grâce au spiritisme. De même la classique distinction entre l’inné et l’acquis souffre quelques mises en question tant il est vrai que, « s’il y a des tares pathologiques héréditaires […] il y a aussi des tares pathologiques individuelles chez les individus nés de parents sains, tares qui conduisent au même résultat […] et font de ceux qui en furent atteints des dégénérés “qui ont hérité d’eux-mêmes” (Lasègue) »2331. Le discours médical du temps semble marqué par une dynamique double et contradictoire : à la fois classer coûte que coûte, c’est-à-dire différencier définitivement, et en même temps nuancer à l’infini ces classifications et fondre finalement les différences en une multitude de subtiles nuances. Seule la bicatégorisation des sexes reste quasi-incontestée, et fait même l’objet de réaffirmations régulières, comme si elle demeurait le dernier bastion sans lequel c’est l’organisation même de la société tout entière qui se trouvait mise en cause. Pour remettre de l’ordre dans ces troubles multiples qu’il a d’ailleurs lui-même induit, le médecin de la fin du XIXe siècle est explicitement invité à statuer : c’est lui qui assigne en dernière instance un sexe à l’hermaphrodite ou qui conseille l’homosexuel soucieux de se soigner, qui délivre le permis d’inhumer et éloigne les morts, qui décide de la responsabilité ou de l’irresponsabilité des criminels ou des femmes.

On a ainsi défini différentes figures de l’altérité que le discours médical de la fin du XIXe siècle contribue largement à forger, en soulignant conjointement leurs spécificités et le trouble commun qu’elles génèrent. C’est maintenant sur les modalités d’élaboration de ce discours qu’on veut revenir plus largement.

Notes
2251.

Voir sur ce point notamment J.-M. Charcot, Leçons sur les maladies du système nerveux faites à la Salpêtrière, Paris, A. Delahaye, 1877 (3e édition), p.321. BML FA 429318

2252.

Archives parlementaires, 2e série, vol.115, p.325-326. Cité par Jan Goldstein, Consoler et classifier. L’essor de la psychiatrie française, Le Plessis-Robinson, Synthélabo, 1997, p.422. Le ministre s’exprime en ces termes au cours des débats à propos de la loi de 1838.

2253.

Alexandre Cullerre, op.cit., 1888, p.5-8 et 23-24. BML FA 390820

2254.

Jacques Moreau, op.cit., 1840, p.5. BML FA 138826

2255.

« Cette région que l’on croit habituellement déserte et qui renferme non pas six cent mille, mais plusieurs millions d’habitants » déclare-t-il pour désigner cet état intermédiaire entre folie et raison (Docteur Ball, « Les frontières de la folie », in L’Encéphale, 1882, p.6). Cette anecdote est rappelée par Jan Goldstein, op.cit., 1997, p.423.

2256.

Legrand du Saulle, Signes physiques des Folies raisonnantes, Paris, 1879, p.10. [BML FA 138825]

2257.

Dans la littérature médicale de langue française, le terme apparaît pour la première fois en 1903 sous la plume de Marius Gabion (« Les aliénés en liberté. Les demi-fous », in Annales médico-psychologiques, n°17, 1903, p.171-174).

2258.

Alexandre Cullerre, op.cit., 1888, p.23. BML FA 390820

2259.

Maurice Michelon, op.cit., 1906, 113 p. BML FA 135668

2260.

M. Grasset, « Demi-fous et demi-responsables », in Revue des Deux Mondes, 15 février 1906, p.887-921.

2261.

À la veille de la Grande Guerre, la Revue des Deux Mondes atteint le chiffre de 28 000 exemplaires, si l’on en croit Michel Leymarie, « Introduction : la belle époque des revues ? », in Jacqueline Pluet-Despatin, Michel Leymarie et Jean-Yves Mollier (dir.), La belle époque des revues (1880-1914), Paris, Éditions de l’IMEC, 2002, p.11.

2262.

La catégorie des demi-fous est ainsi elle-même plurielle : on y rencontre des hommes de génie aussi bien de des aliénés nuisibles. La demi-folie est donc compatible avec une intelligence remarquable.

2263.

M. Grasset,  Demi-fous et demi-responsables,  Paris, Alcan, 1907, p.47. [BML 434484]

2264.

Dr Rouby, Une observation de Manie raisonnante, Dôle, Imprimerie Armand Flussin, 1887, p.4. [BML FA 138827]

2265.

M. Grasset, op.cit., 15 février 1906, p.93.

2266.

Maurice Michelon, op.cit., 1906, p.2.

2267.

A. Antheaume, Les psychoses périodiques, Genève, Société Générale d’imprimerie, 1907, p.1. BML FA 138798

2268.

Jacques Moreau, op.cit., 1840, p.8. BML FA 138826

2269.

Idem.

2270.

Dr Rouby, op.cit., 1887, p.3. [BML FA 138827] C’est moi qui souligne.

2271.

A. Antheaume, op.cit., 1907, p.112. BML FA 138798 Souligné par Lacassagne dans son exemplaire de l’ouvrage en question.

2272.

Legrand du Saulle, op.cit., 1879, p.5. [BML FA 138825]

2273.

Legrand du Saulle, op.cit., 1879, p.8. [BML FA 138825]

2274.

M. Grasset, op.cit., 15 février 1906, p.895.

2275.

On renvoie donc à ses travaux, notamment à sa thèse :

Laurence Guignard, Juger la folie. La justice pénale et la folie des criminels à l’âge de l’aliénisme (1791-1865), thèse sous la direction d’Alain Corbin, s.l., s.n., 2006, 712 f.

Voir aussi : Laurence Guignard, « Aliénation mentale, irresponsabilité pénale et dangerosité sociale face à la justice du XIXe siècle. Étude d’un cas de fureur », in Crime, Histoire et Société, 2006, vol.10, n°2, p.83-100.

Laurence Guignard, « Un “réquisit de rationalité” : responsabilité pénale et aliénation mentale au XIXe siècle », in Marco Cicchini et Michel Porret (dir.), Les sphères du pénal avec Michel Foucault : histoire et sociologie du droit de punir, Lausanne, Antipodes, 2007,p.155-167.

Laurence Guignard, « Les lectures de l’intériorité devant la justice pénale au XIXe siècle », in Romantisme. Revue d’histoire du XIXe siècle, n°181, septembre 2008, p.23-35.

2276.

M. Grasset, op.cit., 15 février 1906, p.896.

2277.

Paul Rebierre, op.cit., 1909, p.138. BML FA 428210

2278.

Paul Rebierre, op.cit., 1909, p.139. BML FA 428210 C’est moi qui souligne.

2279.

Idem.

2280.

Maurice Michelon, op.cit., 1906, p.1. BML FA 135668

2281.

Maurice Michelon, op.cit., 1906, p.2. BML FA 135668

2282.

Paul Rebierre, op.cit., 1909, p.128-129. BML FA 428210

2283.

Paul Rebierre, op.cit., 1909, p.131. BML FA 428210

2284.

Paul Rebierre, op.cit., 1909, p.133. BML FA 428210

2285.

Paul Rebierre, op.cit., 1909, p.134. BML FA 428210

2286.

Paul Rebierre, op.cit., 1909, p.136. BML FA 428210

2287.

M. Grasset, op.cit., 15 février 1906, p.892.

2288.

Paul Rebierre, op.cit., 1909, p.143. BML FA 428210

2289.

Maurice Michelon, op.cit., 1906, p.96. BML FA 135668 C’est lui qui souligne.

2290.

Idem.

2291.

Paul Rebierre, op.cit., 1909, p.144. BML FA 428210

2292.

Maurice Michelon, op.cit., 1906, p.72. BML FA 135668

2293.

Maurice Michelon, op.cit., 1906, p.72. BML FA 135668.

2294.

Alexandre Lacassagne, « Séance de la Société générale des prisons du samedi 25 mars 1905 », in Revue pénitentiaire, 1905, p.493. BML FA 135282

2295.

Mention manuscrite, de la main d’Alexandre Lacassagne, in Maurice Michelon, op.cit., 1906, p.78. BML FA 135668

2296.

Gabriel Tarde, La philosophie pénale, Lyon, Storck, 1890, V-566 p. [BML FA 135193]

2297.

Gabriel Tarde, Les lois de l’imitation : étude sociologique, Paris, Alcan, 1890, VIII-431 p. [BML FA 433803]

2298.

Hélène L’Heuillet, « La question de la responsabilité chez Gabriel Tarde », in Champ pénal : nouvelle revue française de criminologie, Tome I : Les criminologiques de Tarde, septembre 2005.

Article en ligne : http://champpenal.revues.org/document291.html. [Consulté le 23 janvier 2009]

2299.

Maurice Michelon, op.cit., 1906, p.61. BML FA 135668

2300.

Maurice Michelon, op.cit., 1906, p.62. BML FA 135668

2301.

Idem.

2302.

Maurice Michelon, op.cit., 1906, p.63. BML FA 135668

2303.

Léonce Manouvrier, Actes du 2e Congrès d'anthropologie criminelle, Paris, 1890, p. 371.

2304.

Sur ce point, voir Marc Renneville, op.cit., 2003, p.200.

2305.

Note manuscrite de Lacassagne : est témibile « ce qu’on doit craindre ». Maurice Michelon, op.cit., 1906, p.96. BML FA 135668

2306.

Maurice Michelon, op.cit., 1906, p.97. BML FA 135668

2307.

Jean Danet, op.cit., octobre 2008. http://champpenal.revues.org/document6013.html. Consulté le 23 janvier 2009 [Consulté le 23 janvier 2009]

2308.

André Faure, L’état dangereux au point de vue pénal. Les êtres socialement dangereux et les asiles de sûreté, Lyon, Impr. Valette, 1913, 106 p. BML FA 135769

2309.

C’est du moins de que laisse à penser le courrier que lui adresse le professeur Garraud le 22 février 1913 « « Mon cher ami, Pourriez-vous nous donner votre collaboration dans la soutenance d’une thèse de M. A. Faure sur les “Dangereux”. Il s’agit de questions que vous connaissez encore mieux que nous » (courrier glissé dans le volume en question. BML FA 135769

2310.

André Faure, op.cit., 1913, p.3. BML FA 135769

2311.

On se réfère à la table des matière de André Faure, op.cit., 1913, p.104-106. BML FA 135769

2312.

Note manuscrite en marge de Lacassagne dans André Faure, op.cit., 1913, p.104. BML FA 135769

2313.

Bien sûr, la distinction de différentes phases du discours psychiatrique est ici un peu forcée pour des riasons de lisibilité : en réalité, ces différentes conceptions coexistent largement plus qu’elles ne succèdent les unes aux autres. Il n’en demeure pas moins que ces théories sont énoncées successivement et dans l’ordre qu’on a retenu ici.

2314.

Étienne Georget, Nouvelle discussion médico-légale sur la folie ou aliénation mentale suivie de l'examen de plusieurs procès criminels dans lesquels cette maladie a été alléguée comme moyen de défense, Paris, Migneret, 1828, 13 p. [BML FA 138847]

2315.

Paul Rebierre, op.cit., 1909, p.141-142. BML FA 428210

2316.

Alexandre Cullerre, op.cit., 1888, p.6-7. et 23-24. BML FA 390820

2317.

M. Grasset, op.cit., 15 février 1906, p.903.

2318.

M. Grasset, op.cit., 15 février 1906, p.901-902.

2319.

Aude Fauvel, op.cit., 2002, p.215.

2320.

Michel Foucault, op.cit., 1972, 583 p.

2321.

Robert Castel, op.cit., 1976, 334 p.

2322.

Yannick Ripa, op.cit., 1986, p.13.

2323.

Yannick Ripa, op.cit., 1986, p.170.

2324.

Aude Fauvel l’a montré avec une grande efficacité (op.cit., 2002, p.195-216).

2325.

C’est le but avoué d’Alexandre Cullerre : « analyser avec les plus savants aliénistes, les innombrables désordres de l’esprit et de la sensibilité morale qui procèdent de l’aliénation mentale ou qui y conduisent ; exposer clairement les principes sur lesquels s’appuie la science pour en faire le diagnostic et leur assigner leur véritable place dans la pathologie mentale, et montrer par quel fil conducteur elle se dirige dans ce dédale d’étrangetés et de bizarreries qui paraissent au premier abord si peu susceptibles d’une explication rationnelle » (Alexandre Cullerre, op.cit., 1888, p.8. BML FA 390820)

2326.

Paul Dubuisson, op.cit., 1904, 61 p. BML FA 137023

Les difficultés apparaissent dès les premiers mots de cette leçon d’ouverture d’un cours de médecine légale fait à la Faculté de Droit de Paris en 1892 : « En prenant pour sujet de mon cours de cette année la criminalité chez les aliénés, ou, pour parler plus exactement, l’aliénation chez les criminels, je ne me suis pas dissimulé les difficultés que j’allais avoir à surmonter » (p.7).

2327.

Paul Dubuisson, op.cit., 1904, p.7-8. BML FA 137023

2328.

Legrand du Saulle, op.cit., 1879, p.13-14. [BML FA 138825]

2329.

Legrand du Saulle, op.cit., 1879, p.14. [BML FA 138825]

2330.

Dr Legrand du Saulle, op.cit., 1879, p.19. [BML FA 138825]

2331.

Paul Rebierre, op.cit., 1909, p.137. BML FA 428210