2. Aux sources de la notion de « milieu social »

Ceci étant posé, on veut à présent s’intéresser plus spécifiquement à cette fameuse notion de « milieu social », qui est semble-t-il la clé de compréhension de l’originalité de la pensée d’Alexandre Lacassagne. Là encore, la complexité est au rendez-vous, quoique les principes généraux de l’école lyonnaise de criminologie soient le plus souvent résumés sous la forme de quelques aphorismes, énoncés en peu de mots. Le recours à de telles formules, qui semblent pêcher par excès de simplicité, interroge d’ailleurs.

‘« L’École de Lyon a souffert – souffre encore – de la facilité trompeuse qu’offrent ces aphorismes qui, tout à la fois, en recèlent la pensée et l’obscurcissent »2645.’

Arrêtons-nous un moment sur ce terme d’ « aphorisme », et sur cet étrange procédé choisi par le professeur pour diffuser sa pensée. Qu’est-ce donc qu’un aphorisme ? En linguistique, il s’agit d’un énoncé autosuffisant, qui peut par conséquent être lu, compris et interprété sans faire appel à un autre texte. C’est une pensée qui en autorise d’autres et suscite la réflexion, ouvrant la voie à de nouvelles perceptions et conceptions. Même si sa formulation paraît définitive, il ne prétend pas tout dire ni dire le tout d’une chose mais tient davantage de l’évocation sibylline que de l’axiome. Bien que ressemblant fort à d’autres formes déclamatoires comme le proverbe ou la maxime, il ne doit cependant pas être confondu avec elles : ce n’est ni un adage, ni un dicton, qui prétendent énoncer des vérités éprouvées ; ni une maxime, qui a une connotation morale. L’aphorisme est un trait d’esprit qui présente un caractère plus descriptif, spirituel voire paradoxal. Péremptoire, il se présente comme un énoncé autoritaire et fermé. Sans doute, c’est le type de formulation idéal pour porter la contradiction « en quelques paroles incisives, quelques-unes décisives »2646, et c’est justement pour s’opposer à l’École italienne lors du premier congrès d’anthropologie criminelle qui se tient à Rome en 1885 que Lacassagne formule les premiers. Stylistiquement, un aphorisme se caractérise par le recours à divers procédés gnomiques : formules impersonnelles (recours à l’usage des infinitifs, pronoms indéterminés et troisième personne par exemple), et présent de vérité générale, qui donnent à l’énoncé aphoristique une portée universelle. Rappelons les quatre sentences2647 auxquelles on résume souvent la criminologie d’Alexandre Lacassagne :

‘1. « Tout acte nuisible à l’existence d’une collectivité est un crime ».
2. « Tout crime est un obstacle au progrès ».
3. « Le milieu social est le bouillon de culture de la criminalité ; le microbe, c’est le criminel, un élément qui n’a d’importance que le jour où il trouve le bouillon qui le fait fermenter ».
4. « Les sociétés ont les criminels qu’elles méritent ».’

Chacun de ces énoncés mérite bien d’être qualifié d’aphorisme : on y retrouve l’usage systématique du présent, et les groupes sujets – « le milieu social », « le microbe », « nous », « la justice » ou « la société » – sont marqués par une commune indétermination. En les prononçant, Lacassagne s’inscrit à la suite d’autres grands médecins qui, bien avant lui, ont recouru à ce type d’énoncé. Depuis Hippocrate qui formule ce qu’on peut considérer comme le premier recueil d’aphorismes dans l’ouvrage éponyme2648, c’est un mode d’expression cher au monde médical2649. L’histoire du mot2650 nous apprend d’ailleurs que c’est sous la plume d’un médecin, dans les Chirurgies de Henri de Mondeville, que le terme apparaît pour la première fois en 1314. C’est un autre médecin, Rabelais, qui consacre son orthographe moderne, transformant l’ancien « aforisme » en « aphorisme » dans Le Cinquième Livre 2651. On comprend aisément le succès d’un tel mode d’énonciation auprès de scientifiques, désireux d’asseoir leur légitimité en proférant des principes aussi définitifs que possible, ne fusse qu’en apparence. Formule concise, résumant une théorie et sonnant comme une prescription, facile à retenir et faisant presque figure de credo, tenant à la fois de la définition et du précepte, conciliant « la proposition dogmatique et la proposition pratique, la science et l’idéologie »2652, l’aphorisme est à la fois un « résumé de la théorie et [un] guide moral »2653. Énoncé autosuffisant, qui se comprend de soi-même et rappelle la loi, il peut donner lieu à force commentaires : parole du maître, il autorise toutes les gloses, toutes les exégèses. Il n’est donc autoritaire que dans sa formulation, puisqu’il autorise une diversité d’interprétations. C’est tout l’avantage de ce type d’énoncé, en même temps que son défaut majeur, entre simplicité apparente et paradoxe fécond en interprétations, d’autant qu’il est fait pour être médité hors de toute référence à l’ensemble de l’œuvre, s’exposant à toutes les déformations et à toutes les mésinterprétations. C’est donc méconnaître le sens même du mot « aphorisme », par lequel Lacassagne lui-même désigne ces formules qui résument sa pensée, que de dire que leur simplicité ne rend pas justice à la complexité de sa réflexion. Car si la pensée de Lacassagne est exprimée sous forme aphoristique, c’est au contraire qu’elle est complexe, volontiers paradoxale, autorisant une diversité d’interprétations. Henri Souchon le montre bien, qui précise qu’entre 1885, date du premier congrès d’anthropologie criminelle à l’occasion duquel Alexandre Lacassagne s’élève pour la première fois contre Lombroso, et 1913, lorsqu’il fait le bilan de trois décennies d’enseignement et de travaux en anthropologie criminelle, la liste de ces aphorismes a connu bien des variations, leur formulation même étant d’ailleurs très instable.

C’est plus particulièrement sur le troisième de ces aphorismes « canoniques » qu’on veut s’arrêter ici :

‘« Le milieu social est le bouillon de culture de la criminalité ; le microbe, c’est le criminel, un élément qui n’a d’importance que le jour où il trouve le bouillon qui le fait fermenter ».’

Consacrant le rapprochement du naturel et du social, Alexandre Lacassagne file une métaphore, désormais bien connue, envisageant d’appliquer à la société les lois de la biologie et considérant donc qu’elle a, « comme la plupart des corps vivants […] ses parasites et ses microbes. Ce sont les criminels » :

‘« Sur ce terrain, les comparaisons sont faciles. Vous avez entendu parler de microbes aérobies ou vivant en présence de l’air, de microbes anaérobies ou se multipliant dans les milieux privés d’oxygène. N’avez-vous pas de même les criminels exerçant leur profession au grand jour et ceux qui ne la pratiquent que nuitamment, vivant dans l’ombre épaisse et grouillante des bouges. […] De même le milieu social est le bouillon de culture de la criminalité. Le microbe est le criminel, un élément qui n’a d’importance que le jour où il trouve le bouillon qui le fait fermenter »2654.’

Quoique largement rebattue, la comparaison n’est pas sans intérêt ni conséquence. D’une part, elle dénie au criminel le statut d’humain. On peut difficilement envisager une conception de la criminalité qui soit moins « sociologique » : faire du criminel un « germe » c’est s’enfermer résolument dans une conception médicale, biologisante et naturaliste de la question. Le voilà « abaissé au rang ontologique d’une maladie, d’un microbe, en bref : d’une chose […], nuisance à éradiquer au même titre que le choléra ou la peste »2655. L’attitude des criminologues qui, à la suite de Lacassagne, adoptent une telle conception du phénomène criminel est donc sans équivoque : considérer le crime comme une maladie ne conduit certainement pas à se montrer plus indulgent à l’égard des criminels, au contraire. C’est d’ailleurs cette intransigeance qui suscite l’opposition de certains juristes, partisans du libre arbitre et de la responsabilité, défenseurs de l’idée d’amendement. D’autre part, on peut déduire d’une telle assimilation du criminel à un bacille nuisible que Lacassagne développe une conception organiciste de la société, assez caractéristique de son adhésion au positivisme :

‘« il ne faut […] pas considérer les hommes comme des individus particuliers, des êtres isolés, écrit-il, mais bien comme les parties d’un même organisme »2656.’

En conséquence, dans sa criminogenèse, les déterminants de la criminalité ne doivent pas être circonscrits au seul corps individuel, mais bien être envisagés dans leur rapport au milieu. Dans l’étiologie du crime, le facteur individuel lui paraît négligeable par rapport au facteur social, même s’il admet l’existence de particularités physiques chez les criminels :

‘« Sans doute, dans l’organisation psychique et physique du criminel il y a des anomalies, mais celles-ci proviennent de l’état social défectueux dont il a subi l’influence. […] Il ne faut tenir compte que des influences sociales, parce que le milieu modifie l’organisme et crée ainsi certaines anomalies »2657.’

Pour prendre une image phrénologique, il n’y a donc pas de « bosse du crime », mais une bosse induite par la misère, laquelle conduit au crime : le signe physique n’est pas un symptôme de criminalité, c’est le signe de conditions de vie susceptibles de conduire au crime2658. Dès lors, l’analyse doit porter sur le corps social tout entier et c’est à ce titre que l’on peut dire que l’anthropologie que développe le Lyonnais est bien, pour une part, une anthropologie sociale 2659 : il n’envisage pas seulement l’étude physique de l’homme, mais bien aussi celle de ses mœurs et de ses comportements en société. Pour mener à bien l’entreprise qu’il appelle de ses vœux, « il faut la compréhension parfaite du milieu social et l’appréhension exacte de la réaction de ce milieu sur l’homme lui-même »2660. Comme au début du XIXe siècle Philippe Pinel envisage une causalité psycho-somatique autant que somato-psychique de la folie, accordant une place équivalente aux causes physiologiques prédisposantes et aux causes environnementales occasionnelles, de même, c’est comme « une causalité en boucle »2661 qu’est pensée la liaison du physique et du moral telle qu’elle est envisagée par les anthropologues de la fin du XIXe siècle, vie organique, vie mentale et vie sociale étant inextricablement liées par des rapports étroits de réciprocité. Dès lors, il paraît complexe, et même peu pertinent, de distinguer ce qui relève de l’organisme individuel de ce qui incombe au milieu. D’autant que ce dernier concept, central dans la pensée d’Alexandre Lacassagne et de l’école anthropologique « française », n’a pas grand chose de commun avec la définition qu’en donne aujourd’hui un dictionnaire de sociologie.

Pour mémoire, rappelons ici que cette notion, sociologique par excellence, est d’abord, comme nombre de notions de cette discipline d’ailleurs, un emprunt à la biologie2662. C’est Émile Durkheim qui finalise en effet le transfert dans le social de la notion bernardienne de « milieu intérieur ». Claude Bernard la définit dans son livre posthume : Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux 2663. Le « milieu intérieur » est la condition de possibilité de « la vie constante ou libre [qui] est la troisième forme de la vie, [… celle des] animaux les plus élevés en organisation », dont l’homme bien sûr. Il est décrit comme un liquide qui entoure les cellules et permet leur survie ainsi que leur fonctionnement. Le physiologiste précise également que, grâce à l’homéostasie, cette fonction de l’organisme qui consiste à maintenir le milieu intérieur constant (température, concentration du glucose, etc.), ce dernier ne change pas : « les variations atmosphériques s’arrêtent à lui de sorte qu’il est vrai de dire que les “conditions physiques du milieu” sont constantes pour l’animal supérieur ; il est enveloppé dans un milieu invariable qui lui fait comme une atmosphère propre dans le milieu cosmique toujours changeant... »2664. Il y a donc pour l’animal réellement deux milieux : un milieu extérieur dans lequel est placé l’organisme, et un milieu intérieur dans lequel vivent les éléments des tissus. L’existence de l’être se passe, non pas dans le milieu extérieur (air atmosphérique pour l’être aérien, eau douce ou salée pour les animaux aquatiques), mais dans le milieu liquide intérieur formé par le liquide organique circulant qui entoure et où baignent tous les éléments anatomiques des tissus. Si l’on transfère cette notion de « milieu intérieur » de la physiologie à la sociologie, on considère que les cellules sont les individus, et qu’ils baignent pas conséquent dans un milieu qui les isole des variations extérieures. Pour le physiologiste, la fixité du milieu intérieur est la condition de la vie libre et indépendante. Pour le sociologue, l’admettre c’est rompre avec tout déterminisme climatique ou social. Dans la vie constante, l’être vivant paraît libre et les manifestations vitales semblent produites et dirigées par un principe vital intérieur affranchi des conditions physiques ou chimiques extérieures. Si l’on pousse jusqu’au bout l’adaptation de la théorie bernardienne à l’analyse de la vie en société, il ne paraît donc plus pertinent, par exemple, de construire des graphiques saisonniers rendant compte des variations d’un phénomène, la criminalité par exemple [Fig.56], sauf à considérer que les individus qui y sont impliqués n’appartiennent pas à la catégorie des « animaux supérieurs », seuls concernés par la théorie précédemment énoncée.

Fig.56  : Évolution saisonnière de la criminalité à la Guadeloupe, in Archives d’anthropologie criminelle, 1889, p.164.

Ce graphique établit une corrélation entre la criminalité et la température ambiante : on peut y lire parallèlement la courbe des températures mensuelles moyennes, celle des températures maximales et minimales et, en regard, celle des crimes en général, des crimes contre les personnes et contre la propriété.

Mais l’apparente liberté de l’être vivant supérieur, affranchi des contingences du milieu extérieur grâce à la barrière protectrice que constitue son milieu intérieur, est une illusion. Tout au contraire, c’est particulièrement dans le mécanisme de la vie constante ou libre que ces relations étroites se montrent dans leur pleine évidence. On comprend mieux, dès lors, l’intérêt pour Durkheim de recourir à cette notion de « milieu intérieur » : il précise dans Les règles de la méthode sociologique 2665 que « l’origine de tout processus social doit être recherchée dans la constitution du milieu social interne »2666, suivant presque pas à pas le schème de raisonnement bernardien pour fonder la sociologie. Dans les écrits du sociologue, le « milieu interne » de Bernard, c’est la « conscience collective », qui est formée des représentations qui constituent un groupe social en attribuant aux individus qui le composent une identité : les diverses consciences collectives – une par groupe social – sont autant d’espaces aménagés et construits de manière à permettre aux individus de faire face aux contraintes toujours plus fortes de leur existence. Les relations établies entre la société et l’individu font penser à celles qui relient les cellules et l’édifice organique – autonomie des parties et subordination à la totalité, puisque les éléments en question ne peuvent exister qu’en tant que parties du tout – à ceci près que, pour Durkheim, l’État est le régulateur, alors selon Claude Bernard c’est le système nerveux qui joue ce rôle. Un tel rapprochement explique l’intérêt marqué des médecins pour la discipline sociologique dès ses débuts2667, puisqu’elle se situe d’emblée à la frontière entre le naturel et le social, empruntant largement à la biologie pour construire ses propres concepts et outils de réflexion ; ainsi qu’à l’anthropologie, qui présente au moins deux facettes, l’une physique et l’autre sociale.

Dans un tel contexte intellectuel, on comprend que Lacassagne en vienne à développer sa théorie du milieu social, conçu comme « une agrégation d’individus ». Mais pour autant, Lacassagne n’est pas véritablement un sociologue : il ne suit pas strictement les pas de Durkheim, mais développe une conception originale du « milieu social » qui emprunte également à Franz-Joseph Gall, le fondateur de la phrénologie. Or cette importance essentielle de la phrénologie dans la pensée d’Alexandre Lacassagne a longtemps été sous-évaluée2668, jusqu’aux récents travaux de Marc Renneville. Le Lyonnais possède les écrits de Gall2669, et il les a lus. Dans l’autobiographie intellectuelle qui préface le catalogue de sa bibliothèque, il précise même à quelle date : entre 22 et 28 ans, pendant ses années de jeunesse et de formation intellectuelle donc. Mais sa fidélité aux idées phrénologiques est persistante. En 1906, il écrit :

‘« Je m’intéresse à Gall, et je suis convaincu que l’on n’a pas rendu à ce grand génie la justice qu’il mérite. »2670

Cette même année, il fait soutenir à l’un de ses élèves une thèse consacrée à l’évaluation de la portée historique de la phrénologie2671. À cette occasion, l’élève rend hommage au maître dont il confirme l’intérêt pour ces théories :

‘« Nous savons combien ce sujet lui était cher, avec quelle persévérance il avait accumulé ses documents ».

Pour Gall, « les facultés ou dispositions […] innées […] sont seulement modifiées par les circonstances extérieures, milieu social, éducation, conditions climatériques »2672. Presque toute la théorie criminologique de Lacassagne tient dans cette assertion : l’homme criminel présente un certain nombre de prédispositions au crime, mais ce sont les circonstances extérieures, le « milieu » qui vont le conduire, ou non, à commettre un acte délictueux. Mais le Lyonnais ne s’en tient pas à cette seule idée. Du reste, si l’on accorde quelque crédit à l’existence d’un « esprit des lieux », une telle filiation n’est pas pour nous surprendre. Lyon est en effet une place essentielle pour le développement de la phrénologie dans la première moitié du XIXe siècle2673, autour de la figure de Fleury Imbert (1796-1851). Le musée d’histoire de la médecine de la faculté de Lyon, dont Lacassagne amende très largement les collections, possède quelques crânes issus des collections phrénologiques de la première moitié du siècle. Le professeur y ajoute d’ailleurs un certain nombre de pièces sur le maître viennois :

‘« j’ai collectionné […] à Lyon de nombreuses pièces ayant appartenu à Gall ou le concernant »2674.’

Et quand il accède à la chaire de médecine légale de la Faculté de Lyon, Lacassagne prend la suite d’Émile Gromier (1811-1878), également adepte de la science des crânes. Mais lui-même ne suit pas Gall dans ses excès cranioscopiques :

‘« Il est en effet impossible de croire à l’influence du cerveau, mou et dépressible, sur le crâne, substance dure et résistante » 2675 .

Alexandre Lacassagne n’ajoute donc pas foi à la théorie du relief crânien, il ne verse pas dans la recherche effrénée des dépressions et autres proéminences sur le crâne de ses patients. Mais il admet l’existence d’une relation de proportionnalité entre le volume de l’encéphale et le développement mental. C’est l’idée qu’il défend, avec Cliquet, en 1878 dans les colonnes des Annales d’hygiène publique et de médecine légale 2676, ce qui revient à défendre l’idée d’un lien entre l’ostéogenèse crânienne et le travail cérébral :

‘« la tête grossit pendant la période d’activité psychique et la circonférence maxima présente de vingt-cinq à soixante ans un écart plus grand chez les individus dont le cerveau travaille que chez les manouvriers par exemple »2677.’

En dépit des critiques nombreuses dont Gall fait l’objet dès le début du XIXe siècle, Lacassagne reste convaincu qu’il vaut mieux que ne l’avaient laissé entendre Maine de Biran, Flourens, Lélut et les métaphysiciens du siècle précédent.

C’est surtout comme physiologiste que Franz-Joseph Gall intéresse Lacassagne. On ne peut nier, en effet, qu’il ait fait faire de grands progrès à l’anatomie du cerveau dont il décrit « le premier […] la structure générale […] en distinguant la substance blanche et la substance grise »2678, y différenciant « des ganglions et des fibres »2679 et en donnant « par là une notion exacte, presque histologique, de la structure de la moelle et de l’encéphale »2680. Lacassagne s’inspire très largement de cette description dans ses propres écrits, considérant que « le cerveau n’est qu’un agglomérat, une colonie de ganglions »2681. Il emprunte également au médecin viennois le principe des localisations cérébrales. Gall affirme que le siège de la joie, du délire et de l’imbécillité est, comme pour l’intelligence, l’encéphale, faisant pièce aux théories de Cabanis et Bichat pour lesquels les passions étaient des phénomènes de la vie organique se manifestant dans les viscères thoraciques ou abdominaux et relevant de leur physiologie. Pour lui « les passions, les penchants, les instincts, sont de même nature que l’intelligence, tous ces phénomènes sont des manifestations du même ordre, relèvent des mêmes causes, appartiennent également à la vie mentale »2682. L’idée est reprise et développée par Broca, qui localise « la faculté du langage à un point très limité, le pied de la troisième circonvolution frontale gauche »2683. Après lui, nombreux sont les physiologistes qui cherchent d’autres régions ayant une fonction déterminée, la zone sensitivomotrice par exemple, ou encore le centre de la mémoire des sons et de la parole. C’est encore un principe auquel Lacassagne adhère nettement :

‘« Tous [les instincts, penchants et facultés] sont localisés dans des ganglions ou organes spéciaux [du cerveau] qui président à des fonctions isolées »2684.’

C’est d’ailleurs sur ce principe qu’il prétend fonder une nouvelle anthropologie, qui ferait le lien entre la physiologie de l’individu et la physiologie sociale. Il expose son programme lors de son élection à la présidence de la Société d’anthropologie de Lyon en 1884, critiquant de l’approche de Broca, trop « anthropométrique », reposant sur l’accumulation frénétique de mesures algébriques :

‘« Je déplore pour ma part cette analyse germanique 2685 et cette invasion mathématique. Les mathématiques sont comme le cheval d’Attila : où elles ont passé, rien ne pousse plus »2686.’

Pour Lacassagne, ce qui manque à Broca, c’est une « théorie cérébrale » permettant de synthétiser les nombreuses mesures accumulées. Mais cette contestation de l’hégémonie naturaliste n’est qu’en demi-teinte : dans le fonds, le médecin adhère presque sans condition aux thèses de Broca, même s’il prétend les amender. Il insiste ainsi auprès de ses élèves du laboratoire de médecine légale pour qu’ils connaissent parfaitement tout ce qui peut être tiré d’un étude ostéologique. En 1900, lors de sa seconde investiture à la présidence de la Société d’anthropologie de Lyon, il insiste sur les liens importants qui existent selon lui entre l’anthropologie et la médecine légale, dont les méthodes d’observation lui semblent comparables :

‘« Il y a tant de rapprochements et d’affinités entre l’anthropologie et la médecine légale qu’il me paraît que tout ce qui a été dit pour l’une peut s’appliquer à l’autre »2687.’

Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit bien de faire parler les corps, et notamment les crânes.

Dans le programme alternatif qu’il propose pour l’anthropologie, alors redéfinie comme « l’étude de l’évolution de l’humanité d’après l’examen des faits sociaux, biologiques »2688, ce qui montre bien l’ampleur de ses vues tout en soulignant l’importance des liens qui existent sous sa plume entre faits de culture et faits de nature, Alexandre Lacassagne se montre particulièrement ambitieux. C’est en fait une « anthroposociologie » qu’il définit ainsi, s’opposant aux conceptions purement morphologiques de Broca et de Topinard, sans renoncer définitivement à des considérations biologiques. Les ouvrages de Georges Vacher de Lapouge, l’auteur essentiel de ce courant de la sociologie sont présents dans la bibliothèque du médecin lyonnais. Outre ce dernier2689, il a lu René Worms, créateur en 1893 de la Revue internationale de sociologie et principal adversaire d’Émile Durkheim, et Otto Amon2690. Son ami Gabriel Tarde confirme cette persistante confusion des genres :

‘« Qu’est-ce que la Sociologie ? Puisque, après tout, les faits sociaux ne sont qu’une rallonge des faits vitaux, il est loisible de la définir comme une biologie supérieure. C’est un peu vague, malheureusement, un peu banal, et il ne sort pas grand’chose de cette définition, si on la presse. La Sociologie me paraît être plutôt, avec plus de précision à coup sûr, une psychologie collective.
Des anthropologistes veulent que la Sociologie ne soit qu’une branche de leur science, l’Anthropologie sociologique, puisque l’étude de la sociabilité humaine n’est qu’une partie de l’étude de l’homme. Les sociologistes, s’il leur prenait la fantaisie d’être aussi entreprenants, pourraient prétendre, avec la même apparence de raison, que l’anthropologie est une simple dépendance de la Sociologie, la Sociologie anthropologique, car l’homme n’est pas le seul animal sociable, et il serait aisé de montrer que certaines lois de la Sociologie humaine (je pense en particulier, qu’on me le pardonne, aux lois de l’imitation) sont communes aux sociétés animales »2691.’

Pour mener à bien l’entreprise anthropologique telle qu’il la conçoit, il faut selon Alexandre Lacassagne faire appel à « toutes les manifestations de la pensée ou de l’activité humaine », en conciliant le social avec le biologique. Cette alliance, qui peut nous paraître contre nature, est pourtant centrale dans la réflexion du légiste lyonnais, pour lequel côté biologique et côté social sont étroitement liés « comme les deux aspects fondamentaux de la criminalité »2692. En dehors même du strict domaine de la criminologie, l’un et l’autre sont liés. Ainsi l’aptitude à la sociabilité, compétence sociale par excellence, diffère d’une race à l’autre selon Lacassagne, c’est-à-dire pour des raisons biologiques. C’est, sans surprise, la race blanche qui remporte la palme. De même, civilisation et progrès sont « en partie une disposition ou une éducabilité organique accumulées par l’hérédité »2693. On peut établir une étroite correspondance entre les conceptions phrénologiques du médecin lyonnais, et ses conceptions raciologiques2694 et sociologiques2695. La classification des criminels qu’il élabore repose ainsi sur une typologie raciale empruntée aux conceptions phrénologiques. On peut établir le tableau suivant pour rendre compte, de façon synthétique, de ces correspondances :

Craniologie Raciologie Sociologie
Faculté la plus développée
Criminologie
Individu occipital Races nègres Couche inférieure
Instincts
Criminel d’instinct,
« les vrais criminels, les incorrigibles » 2696
Individu pariétal Races mongoliques Couche intermédiaire
activité
Criminel d’acte,
« par passion ou par occasion »
Individu frontal Races blanches Couche supérieure
Intelligence
Criminel de pensée, « les vrais aliénés »

Tout en persistant à admettre un fondement biologique au comportement criminel, Alexandre Lacassagne refuse l’exclusivisme italien et la réalité statistique des stigmates anthropométriques. C’est notamment là que réside la complexité de sa pensée : l’homme sain, à quel que point de vue que ce soit, n’est pas sans défaut. Mais comment différencier les variations normales par rapport à la norme des variations pathologiques ? Lorsqu’on constate, comme Jules Dallemagne, que les stigmates que l’on relève comme autant de signes de déviance sont en réalité « très répandus »2697, au point par exemple que seul un très faible pourcentage d’individus considérés comme normaux en sont épargnés, il devient difficile de s’accorder sur leur valeur significative. Du reste, ces différences, même considérées comme éloquentes, ne sont pas toujours vues comme pathologiques. Van Hamel écrit ainsi en 1903, dans son étude sur les Causes économiques de la criminalité que l’on peut relever « chez le criminel, [d]es modifications des fonctions, sans [qu’elles soient] pour autant des anomalies »2698. Ces particularités physiques comme les « penchants » sont, selon les circonstances, positifs ou négatifs : l’audace, qualité pour un soldat, est un défaut chez le criminel ; l’instinct d’accumulation se trouve chez le capitaliste comme chez le cambrioleur. C’est donc davantage l’usage qui est fait de l’instinct qui est problématique, plutôt que l’instinct en soi.

On le voit, il semble possible de faire dire bien des choses à Alexandre Lacassagne. Son approche de la criminalité est multifactorielle.

‘« En substance, l’École de Lyon recense plusieurs “facteurs”, naturels – climatiques, biologiques –, culturels – sociaux et interindividuels –, intégrés dans le concept de milieu social »2699. ’

Le comportement criminel est la réaction de l’individu à une dysfonction de la relation organique qui l’unit à la société. Cet aspect organique de la relation qu’entretiennent l’individu et la société apparaît très clairement dans l’analogie établie par le médecin entre le milieu social et un bouillon de culture, le criminel et un microbe. Et la réaction ainsi induite est à étiologie mixte, à la fois interne et externe, biologique et sociale.

Les interprétations de sa pensée, elle-même éclectique sont multiples. Ses aphorismes relèvent de l’idéologie autant que de la théorie scientifique. Les principes de Lacassagne ne sont-ils pas qualifiés successivement, sous la plume de divers commentateurs postérieurs, de « théorie du milieu ambiant »2700 selon Van Kan, d’« hypothèse du Milieu »2701 pour Bonger, ou encore de « doctrine du Milieu social »2702 chez Pinatel ? On hésite entre science (théorie, hypothèse) et idéologie (doctrine). La société entretient des causes d’inadaptation chronique, d’exclusion progressive pour les plus faibles, les plus malchanceux2703, mais ces causes ne sont efficientes qu’en raison du rôle joué par certains individus « qui sollicitent, tentent, éprouvent la volonté d’autres individus rendus plus vulnérables par leurs conditions matérielles et morales d’existence »2704. Impossible de céder à un déterminisme fataliste. Pour Lacassagne, il est donc possible, en bon républicain radical convaincu qu’il est, de prôner une régénération morale laïque et collective fondée sur le principe de l’effort individuel. Commettre un crime alors que l’on est formé par l’école et soutenu par l’exemple implique que l’on doive porter toute la responsabilité de son acte. C’est pourquoi Lacassagne paraît si peu indulgent à l’égard du criminel. Le criminel porte atteinte à lui-même, n’ayant pas su faire preuve d’assez de force de caractère. Il porte surtout atteinte à la société, dont il freine l’essor malgré la formation qu’il a reçue. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’affirmation du légiste pour lequel « tout crime est un obstacle au progrès ».

Plus qu’un théoricien véritablement rigoureux, le Lyonnais est un inspirateur : il donne à penser, il fédère hommes et énergies, à la fois maître et militant, montrant la voie et orientant les recherches. À cheval sur plusieurs domaines scientifiques, à un moment de l’histoire des sciences où le bouillonnement intellectuel est intense, la pensée d’Alexandre Lacassagne peut être lue à différentes aunes. Ainsi quand il écrit que « les sociétés ont les criminels qu’elles méritent », s’inscrit-il dans la perspective sociologique de l’école classique de la responsabilité ? ou se pose-t-il en précurseur de Durkheim ? Faut-il entendre par là que la société porte la responsabilité de la criminalité qu’elle subit puisqu’il existe un rapport constant et nécessaire entre son état et un certain taux de criminalité ? ou bien faut-il comprendre que le crime est un fait social normal pour une société donnée, à un moment donné de son développement ? Quoi qu’il en soit, et même s’il ne faut pas prendre le concept de « milieu social » tel que défini par Alexandre Lacassagne au sens où on l’entend aujourd’hui, il n’en demeure pas moins que le Lyonnais peut être compté parmi les précurseurs de la sociologie. S’il continue d’accorder foi à une anthropologie encore largement naturaliste, demeurant tributaire d’un cadre paradigmatique aux soubassements raciologiques, héréditaristes et craniométriques, il participe également au mouvement qui bouleverse cet ordre de pensée. En cette fin de XIXe siècle, ce changement de paradigme voit le succès grandissant de l’idée que le devenir de l’homme n’est pas tout entier inscrit dans son organisme et que la réunion des hommes en société produit des phénomènes d’un genre nouveau, des phénomènes proprement sociaux. À défaut de prendre pleinement la mesure de ce changement, en abandonnant ses anciens cadres de réflexion Lacassagne, comme nombre de médecins de son temps d’ailleurs, participe à cette évolution en jouant le rôle indispensable d’observateur, un observateur qui prétend porter sur l’homme un regard englobant unique, car « nul mieux que le médecin n’est en situation de posséder tous les éléments nécessaires pour embrasser l’ensemble du problème »2705. Mais si une « première grande réaction antinaturaliste » est bien en cours, surtout depuis Lacassagne et Tarde collaborent au sein des Archives d’anthropologie criminelle, le premier demeure médecin. Il ne saurait se résoudre à dénoncer, comme son collaborateur de Sarlat, l’emprise de la biologie sur les sciences humaines2706. Pour Lacassagne, on ne saurait s’affranchir de « la connaissance de l’homme physique, sans laquelle l’homme actif, pensant et aimant reste insaisissable ».

Notes
2645.

Henri Souchon, op.cit., 1974, p.535-536.

2646.

Gabriel Tarde, Mémoires divers, 1880-1889, p.7.

2647.

Marc Renneville en retient trois, Martine Kaluszynski six. Mais c’est à la liste précise qu’en dresse Lacassagne lui-même en 1913 qu’on préfère s’en tenir ici.

Alexandre Lacassagne, « Les transformations du droit pénal et les progrès de la médecine légale, de 1810 à 1912 », in Archives d’anthropologie criminelle, 1913, p.364.

2648.

Hippocrate, Aphorismes, Paris, Cie générale de publicité et d’édition, 1957, CX-199 p.

2649.

Plus contemporain d’Alexandre Lacassagne, on connaît les Aphorismes sur l’amour et la mort d’Arthur Schopenhauer, d’abord inscrit à la faculté de médecine de Gœttingen. Même une fois sa carrière philosophique commencée, il continue de fréquenter davantage le laboratoire des naturalistes que les leçons des philosophes, et manie même le scalpel.

2650.

À ce sujet, on renvoie au Dictionnaire international des termes littéraires. En ligne : http://www.ditl.info [Consulté le 30 mars 2009]

2651.

« Pour lors tenoit une mappemonde et la leur exposoit sommairement par petits aphorismes, et y devenoient clerz et sçavants en peu d’heure, et parloient de choses prodigieuses élégamment et par bonne mémoyre, pour la centiesme partie desquelles sçabvoir ne suffiroit la vye de l’homme ». (François Rabelais, Le Cinquième Livre, 1564).

2652.

Martine Kaluszynski, op.cit., 1988, p.180.

2653.

Henri Souchon, op.cit., 1974, p.537.

2654.

Alexandre Lacassagne, Discours prononcé à la séance d’ouverture du IIe Congrès du patronage des libérés. Session de Lyon, Juin 1894, Lyon, Storck, 1894, p.4-5.

2655.

Laurent Mucchielli, op.cit., 2000, 3, p.66.

2656.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1894, p.3. C’est moi qui souligne.

2657.

Gerard Van Hamel, Les causes économiques de la criminalité. Etude historique et critique d'étiologie criminelle, Paris, Maloine, 1903, p.153. [BML FA 140852]

2658.

Sur ce point, on renvoie aux démonstrations d’Alexandre Lacassagne.

« Actes du Ie Congrès d’Anthropologie criminelle », in Archives d’anthropologie criminelle, 1886, p.176-sq.

« Actes du IIe Congrès d’Anthropologie criminelle », in Archives d’anthropologie criminelle, p.517-sq.

2659.

L’analyse de l’étude d’André Constantin permet bien de cerner l’aspect « mosaïque » d’une telle science, qui convoque des données strictement sur l’origine sociale (« les officiers de cavalerie »), des éléments de raciologie (« race gauloise », « type alpinus »), de crâniologie (« dolichocéphale », « bracycéphale ») et de démographie (évaluations des taux de nuptialité, de fécondité) assez indifféremment pour mener à bien son office.

2660.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 22 mars 1884, p.402. [BML FA 135407]

2661.

Laurent Mucchielli, op.cit., 1995, p.10.

2662.

Cela n’est guère pour nous surprendre, quand on sait que les médecins sont initialement très nombreux dans les rangs des sociologues, et ce alors que la discipline n’est encore qu’en construction.

2663.

Claude Bernard, Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux : cours de physiologie générale du Muséum d’histoire naturelle, Paris, Baillière, 1878-1879, 2 vol. [BML SJ 013/7 et 013/8]

2664.

Claude Bernard, op.cit., 1878-1879, p.112-113.

2665.

Émile Durkheim, Les règles de la méthode sociologique, Paris, Alcan, 1895, 186 p. [BML FA 434987]

2666.

Émile Durkheim, op.cit., 1895, p.111. Cité par Jacques Michel, « Émile Durkheim et la naissance de la science sociale dans le milieu bernardien », in Jacques Michel (dir.), La nécessité de Claude Bernard. Actes du colloque de Saint-Julien-en-Beaujolais des 8, 9 et 10 décembre 1989, Paris, Klincksieck, 1991, p.238.

2667.

Soulignons ici qu’il reste toujours difficile de dater unanimement la naissance d’une science, la question étant lourde d’enjeux et de pouvoirs. Si, considérant le projet cognitif de la sociologie, on peut en faire remonter l’émergence au siècle de Lumières, voire à la Renaissance et à la Réforme, il semble toutefois admis que la sociologie se concrétise véritablement dans les vastes enquêtes statistiques officielles qui sont mises en œuvre en France sous la monarchie de Juillet et la Seconde République.

2668.

Il faut signaler une exception à cette règle, l’ouvrage de Jaap van Ginneken, Crowds, Psychology, and Politics. 1871-1899, Cambridge, Cambridge University Press, 1992, p.114-115.

2669.

Dans le fonds Lacassagne, on trouve le Discours d’ouverture de son cours public [prononcé] le 15 janvier 1808, Paris, F. Didot, 1808, 13 p. [BML FA 138682]

Mais Lacassagne constitue également un dossier de pièces manuscrites sur le viennois [BML FA Ms 5214], et rassemble 14 ouvrages ayant trait à sa pensée.

2670.

Lettre manuscrite d’Alexandre Lacassagne, à un destinataire non identifié, pour le remercier de lui avoir fait parvenir « la copie d’une lettre de Broussais sur l’autopsie de Gall », le 24 mai 1906. Courrier conservé dans la collection de manuscrits autographes rassemblée pendant la première moitié du XXe siècle par le Docteur Erik Waller et acquise en 1955 par la Bibliothèque de l’Université d’Uppsala, numérisé et en ligne.

http://waller.ub.uu.se/images/Waller_Ms_fr2/04946/f_001a.jpg [Consulté le 1e avril 2009]

2671.

Jean Létang, Gall et son œuvre, Lyon, Maloine, 1906, 123 p. [BML FA 132284]

2672.

Jean Létang, op.cit., 1906, p.117. [BML FA 132284]

2673.

Sur ce point, on renvoie à Marc Renneville, op.cit., 1998, chapitre VIII : L’essor de la phrénologie, p.358-418.

2674.

Lettre manuscrite d’Alexandre Lacassagne, le 24 mai 1906, op.cit. En ligne.

2675.

Jean Létang, op.cit., 1906, p.98. [BML FA 132284]

L’élève développe ici une critique de la science phrénologique qu’il emprunte à Lacassagne.

2676.

Alexandre Lacassagne et Cliquet, op.cit., juillet 1878, 18 p. BML FA 427564

2677.

Jean Létang, op.cit., 1906, p.113. [BML FA 132284]

2678.

Jean Létang, op.cit., 1906, p.116. [BML FA 132284]

2679.

Idem.

2680.

Jean Létang, op.cit., 1906, p.100. [BML FA 132284]

2681.

Alexandre Lacassagne, Préface à Émile Laurent, op.cit., 1890, p.4. [BML FA 135466]

2682.

Jean Létang, op.cit., 1906, p.102. [BML FA 132284]

2683.

Jean Létang, op.cit., 1906, p.110. [BML FA 132284]

2684.

Idem.

2685.

On appréciera ce trait d’antigermanisme…

2686.

Alexandre Lacassagne, « Méthodes et tendances de l’anthropologie contemporaine », in op.cit., 1884, p.402. [BML FA 135407]

2687.

Alexandre Lacassagne, « Discours prononcé à la Société d’anthropologie de Lyon, discours du 13 janvier 1900 », in op.cit., 1900, p.92.

2688.

Alexandre Lacassagne, « Méthodes et tendances de l’anthropologie contemporaine », in op.cit., 1884, p.409. [BML FA 135407]

2689.

Lacassagne possède : Georges Vacher de Lapouge, Race et milieu social : essais d’anthroposociologie, Paris, Rivière, 1909, 396 p. [BML FA 42312]

2690.

Otto Ammon, L’ordre social et ses bases naturelles : esquisse d’une anthroposociologie, Paris, Fontemoing, 1900, 38 p. [BML FA 428962]

2691.

Gabriel Tarde, « Rapport de M.G. Tarde à Sarlat (Dordogne) », in Bulletin de l’Union internationale de droit pénal, 1893, 14 p.80-81. BML FA 136772

2692.

Alexandre Lacassagne, « IIe congrès d’anthropologie criminelle », in Archives d’anthropologie criminelle, 1889, p.537.

2693.

Alexandre Lacassagne, Précis d’hygiène privée et sociale, Paris, Masson, 1895 (4e édition), p.591. [BML FA 427886]

2694.

Alexandre Lacassagne, op.cit., 1895, p.605. [BML FA 427886]

2695.

Alexandre Lacassagne, Préface à Émile Laurent, op.cit., 1890, p.3. [BML FA 135466]

2696.

Alexandre Lacassagne, op.cit., in Revue scientifique, 1881, p.683-684. [BML FA 135835]

2697.

Jules Dallemagne, op.cit., s.d., p.168-169. BML FA 727782

2698.

Gerard Van Hamel, op.cit., 1903, p.153. [BML FA 140852]

2699.

Henri Souchon, op.cit., 1974, p.536.

2700.

Joseph Van Kan, Préface à Gerard Van Hamel, op.cit., Paris, Maloine, 1903, p.IV [BML FA 140852]

2701.

W.-A. Bonger, Criminalité et conditions économiques, Amsterdam, Tierie, 1905, 751 p. [BML FA 135216]

2702.

Jean Pinatel, « De Lacassagne à la nouvelle école de Lyon », in Revue de science criminelle et de droit pénal comparé, 1961, p. 151.

2703.

Alexandre Lacassagne, « Deuxième congrès d’anthropologie criminelle » in op.cit., 1889, p.535.

2704.

Henri Souchon, op.cit., 1974, p.544.

2705.

Jean Létang, op.cit., 1906, p.2. [BML FA 132284]

2706.

Gabriel Tarde procède à cette dénonciation dès son tout premier article : Gabriel Tarde, « La croyance et le désir. La possibilité de leur mesure », in La Revue philosophique, tome X, 1880, p.150-180. [BML FA 136150]