Verset 2 : Le génie du lieu

Dans ce verset ce sont les hommes qui prennent l’initiative, décident et mènent l’action. L’événement se déroule en trois phases : le déplacement des hommes, la découverte d’un endroit, puis leur installation sur une terre. D’où viennent-ils ? De l’est. Cela signifie-t-il qu’ils venaient de l’Eden ou qu’ils le cherchaient ? La diversité des traductions reflète le mouvement variable du sens du mot. Certaines l’ont traduit par « de l’Orient » : choix qui s’accorde, comme l’explique bien Bost, avec le sens de la préposition min, qui signifie l’origine, le lieu d’où sort quelque chose ou quelqu’un. Mais comme min peut également marquer le sens qui indique la direction vers laquelle on va, d’autres ont choisi le sens « vers l’Orient » ou « à l’Orient ». Les tenants de cette traduction la justifient en rappelant que min est employé quelquefois, dans la Bible, pour localiser un lieu par rapport à un autre : « Puis l’Éternel Dieu planta un jardin en Eden, du côté de l’orient »55 - « Il se transporta de là vers la montagne, à l’orient de Béthel… »56. La traduction « à l’Orient » est donc une solution convenable, d’autant que B. Jacob, « pense aussi qu’il faut considérer qu’ils marchent à l’Est, ceci en vue de la Palestine57 ».

L’essentiel pour nous est qu’ils voulaient quitter un état et un lieu qu’ils jugeaient insupportables. Le déplacement des hommes signifie l’exil et, s’exiler, dit Michel Butor, est « une donné essentielle de la littérature moderne, un aspect, un monde fondamental de notre génie du lieu »58.

Notes
55.

Genèse Verset 2, 8.

56.

Ibid., Verset 12, 8.

57.

JACOB, B. « Das erste Buch der Torah : Genesis ». Berlin : Shoken Verlag, 1934, cité in BOST, Hubert. Babel. Du texte au symbole. Genève : Labor et Fides, 1985. P. 43

58.

BUTOR, Michel. Répertoire V. Paris : édition de Minuit, 1982. P. 217.