Verset 7 : La confusion des langues

Dans ce verset Dieu décide de passer maintenant à l’acte, en même temps qu'il propose une réflexion sur le langage et sa diversité. « Allons », comme dans le verset 3, marque la progression dans le récit et fait écho à ce qu'ont eux-mêmes dit les hommes lorsqu'ils ont décidé la fabrication des briques.

La diversité des langues qui s'institue par cet acte marque évidemment la naissance de la diversité culturelle : 

‘La diversitéculturelle est un fruit après Babel. Il est permis de dire, en effet, que son irréductibilité s’identifie à l’irréductible diversité des langues humaines, comme elle s’établit chez de Saussure. Il faut même dire que l’analyse saussurienne de la langue, comme institution sociale, oriente d’abord vers la diversité des cultures, la diversité des univers de langage des individus n’en étant qu’une conséquence.117

Et on a vu que, dans le souci qu'a Butor d'actualiser en termes contemporains le récit de la tour de Babel, cette invalidation divine de la langue unique garde une portée très actuelle : la condamnation de la tentation qu'éprouve « le peuple de la langue et de la traduction » 118 à s’enfermer sur lui-même en décidant d’évacuer de sa langue les mots étrangers pour les remplacer par d'autres de racine exclusivement hébraïque. Nulle langue ne peut, au nom de sa pureté, vivre à l’écart des autres.

Notes
117.

MARTY, François. La Bénédiction de Babel. Paris : Cerf, 1990. P. 174.

118.

« Voyage à l’intérieur d’une langue ». Aleph, littérature juive, 1967.