A. Lecture des signes

À Bleston, la lecture des signes illustre la richesse des connotations que peut suggérer une cité. Jacques Revel n’hésite pas à les déchiffrer. Mais comment y procéder dans une ville qui se multiplie sans fin, telle une cellule cancéreuse dont la logique est bien connue : elle ne cesse de se reproduire et de s’étendre à travers tel ou tel organe et se renouvelle rapidement. La ville, de même, dans sa capacité à se multiplier, assume l’image d’un texte qui change de signification à chaque lecteur ou chaque lecture :

‘virus perdu dans ces filaments, tel un homme de laboratoire, armé de son microscope, je pouvais examiner cette énorme cellule cancéreuse dont chaque encre d’imprimerie, comme un colorant approprié, faisait ressortir un système d’organes (P. 54). ’

Cette image d'une prolifération cancéreuse correspond bien à la structure d’une agglomération, dont le plan montre déjà que tout y est multiple : le canal divise le bleu des eaux de la Slee en deux rives inégales, le côté gauche deux fois plus grand que le côté droit ; puis la Slee qui fait un large coude vers l’est est traversée par six ponts : « South Bridge, New Bridge, Old Bridge, Brandy Bridge, Railway Bridge et Port Bridge » (P. 54). Jacques Revel n'en connaît d’abord qu’un, celui de Railway Bridge, « sur lequel j’avais vu passer le bus 27, le samedi précédent, lors de ma première rencontre avec Horace Buck dont je ne savais pas encore le nom, Railway Bridge… » (E. T. P. 54), et il découvrira avec étonnement leur multiplication.