Chapitre I : Dialogue avec le monde méditerranéen

La première partie du Génie du Lieu, évoque plusieurs villes : Cordoue, Istanbul, Salonique, Delphes, Mallia, Mantoue et Ferrare. Butor veut montrer comment elles sont liées à l’histoire culturelle de la Méditerranée, comment l’Occident, Byzance et le monde islamique ont pour souche commune ce monde méditerranéen, et comment, l’Orient et l’Occident ont, par là, laissé leurs traces sur les mêmes monuments architecturaux263. La Méditerranée a, par exemple, connu au Moyen-âge l’Espagne méditerranéenne, l'Andalousie multiconfessionnelle et tolérante, terre du dialogue entre les trois monothéismes 264.

Puis le Génie du lieu évoque l’Egypte et son mystère, que Michel Butor essaye de percer en s’interrogeant sur l’étonnement de ses habitants devant leur propre passé. C’est qu’il cherche à offrir des modèles de référence pour une culture du présent : invitée à cheminer vers le futur, mais à partir d’un passé qui a des racines lointaines dans l’Histoire, la civilisation et la culture. Pour lui ce que nous cherchons dans l’archéologie n’est pas tant notre passé que notre avenir, une capacité à maintenir la mémoire collective, et donc à vivre le présent comme une réflexion de l’hier trouvé vers le demain.

Cette spirale de la réconciliation des espaces, des cultures, des religions et des temps, c’est d’abord et avant tout dans l’architecture que Butor apprend à la lire et à la faire lire.

Notes
263.

Dans l’introduction de L’Art du Moyen Age, Jean-Pierre Caillet confirme que « la Méditerranée demeure le centre de gravité de ces civilisations et, concrètement parlant, le principal théâtre de leurs échanges ». CAILLET, Jean-Pierre (dir.). L’Art du Moyen Age, Occident, Byzance, Islam. Paris : Gallimard, 1995. p. 15.

264.

« À l’origine "al-Andalus" désignait toutes l’Espagne islamique, c’est-à-dire, du VIIIe au Xe siècle, la plus grande partie de la péninsule ibérique ; sa frontière septentrionale suivait approximativement la cours du Douros, sa frontière orientale les Pyrénées. Il doit donc pouvoir se trouver des vestiges matériels de la culture islamique dans toute cette région », BARRUCAND, Marianne, BEDNOZ Achim. Architecture maure en Andalousie. Cologne: Taschen, 1992. P.12.