2.2.1 Facture et mécanisme.

La forme du clavecin rappelle celle d’une aile d’oiseau, ce qui résulte de la disposition des cordes. Ces dernières sont situées en prolongement des touches et sont d’autant plus courtes que les notes sont plus élevées. Ces cordes métalliques, fines et non filées (contrairement à celles du piano), sont d’une longueur décroissante et correspondent à chaque note de la gamme. Elles sont tendues, au moyen de chevilles d’accord, entre deux points fixes. L’un de ces points transmet et amplifie la vibration des cordes. Le second point est placé sur une partie non résonnante.

Le mécanisme de mise en vibration de chaque corde est constitué d’une mince réglette de bois armée d’un plectre dans sa partie supérieure : le sautereau. Le plectre, fabriqué jadis en plume de corbeau, est lié à une languette de bois dur susceptible de tourner autour d’une minuscule axe métallique. La languette se maintient en position verticale de repos grâce à un ressort. Lorsqu’on enfonce une touche, le sautereau qui repose sur l’arrière de la touche se soulève d’autant, guidé par une réglette de bois percés de mortaises : le registre. Le plectre qui se trouve sous la corde pince celle-ci dans son mouvement ascendant, la mettant en vibration. Le sautereau retombe par son propre poids, son plectre rencontre à nouveau la corde, dans un mouvement inverse qui oblige la languette à basculer autour de son axe, laissant échapper la corde sans émission de son. Toute vibration parasite est évitée grâce à un étouffoir de feutre qui couvre le sautereau. Les vibrations des cordes sont transmises à la table d’harmonie qui joue le rôle d’amplificateur. Les premiers clavecins avaient une seule corde par note, mais on a ajouté ensuite une ou deux cordes, accordées soit à l’unisson soit à l’octave de la première. Le clavecin, comme l’orgue, dispose de plusieurs registres. Chaque registre correspond un jeu de sautereaux, un jeu de cordes permettant de produire des sons différents. Chaque registre peut être poussé ou tiré afin d’utiliser ou pas le jeu de sautereaux correspondant, ce qui fait du clavecin un instrument très adapté au contrepoint. Le clavecin avait un registre de quatre octaves au XVIe siècle et il atteint à la fin du XVIIIeun registre de cinq octaves grâce à la technique du ravalement 2 8. Le changement des nuances n’est possible ; mais l’utilisation des différents jeux (différents rangs de cordes), l’accouplement éventuel des claviers, permettent d’obtenir des modifications par degré du timbre et de l’intensité (dynamique par palier).

Pour pouvoir jouer dans le registre médium, à l’octave aiguë, ou à l’octave grave, on a ajouté un second, voir un troisième clavier. Ces combinaisons qui offrent à l’instrument de larges variétés de timbres, entraîne au XVIIIe siècle la mise en place des dispositifs destinés aux changements automatiques. Certains clavecins, comme les clavecins anglais, peuvent comporter des pédales qui servent aux changements de registre. Le grand clavecin ancien mesure environ 2,50 mètres de long et un mètre de large et son étendue couvre, comme on l’a déjà signalé, environ cinq octaves.

Avec ce mécanisme assez complexe et très abouti, le clavecin atteint une grande perfection qui lui permet de répondre à différents aspects techniques :

‘«  Le clavecin permet des finesses de demi-teinte, des arpégements légers et fluides qui s’évanouissent comme des rêves, des bruissements mystérieux…»2 9

Notes
2.

8 Voir p. 30.

2.

9 LANDOWSKA, Wanda, op. cit., p. 181.