2.3.2 Mécanique, facture, développement et le passage au piano.

Le pianoforte a une étendue de cinq octaves, de fa1 à fa5. Pour supporter la tension des cordes, le corps sonore est formé d’une charpente en bois, appelée barrage, sur laquelle est posée la table d’harmonie, qui a comme rôle, d’amplifier le son. Les cordes sont fabriquées en différents matériaux selon leur emplacement. Les cordes aiguës sont souvent faites d’acier, les médianes de laiton et les graves de cuivre, ou de cuivre filé sur acier. Pour chaque note, il y a généralement deux cordes. Les cordes sont tendues entre les extrémités de deux sommiers, le sommier d’accroche et le sommier de chevilles. Le sommier d’accroche prend la forme de la caisse dans lequel sont enfoncées des pointes, autour desquelles on passe les boucles pratiquées à l’extrémité des cordes. Le sommier de chevilles se fixe au fond du clavier et au-dessus de la table d’harmonie. Dans ce sommier sont vissées des chevilles en acier, ce qui permet l’accordage. Le plan des cordes est surélevé au-dessus de la table d’harmonie par un sillet côté cheville, et par un chevalet côté accroche, vissé sur la table d’harmonie à laquelle il transmet les vibrations des cordes.

Les cordes sont frappées par des marteaux. Chaque marteau possède un manche court à petit angle de rotation, la force percussive de ces marteaux est relativement faible. On a fixé à l’extrémité de la touche une pièce appelée pilote, qui a comme rôle d’envoyer le marteau contre la corde. La sonorité du pianoforte est délicate, claire, d’une grande légèreté.

L’instrument, à ses débuts, avait tout de même des inconvénients, ce qui a poussé les facteurs, avec la croissance et l’élargissement du répertoire destiné au piano-forte, à introduire des améliorations en cherchant une plus grande satisfaction pour la sonorité et le toucher.

Au niveau sonorité, le son était sans grande ampleur, il manquait de puissance et de force. Le pianoforte était incapable de supporter la grande tension des cordes, c’est pourquoi, pour jouer les nuances forte il fallait être prudent, afin de ne pas causer de dégâts à l’instrument ! Ce n’est qu’à la fin du XVIIIe siècle que la révolution industrielle offrit enfin de réelles possibilités pour améliorer la facture de l’instrument. À ce moment là, l’écriture pianistique devint plus étoffée, avec des œuvres exigeant de l’interprète un plus grand engagement physique et émotionnel, et un grand contrôle de la qualité sonore produite. En proposant de nouveaux traitements musicaux, faisant appel à la dimension orchestrale, les Sonates op.31, n°2, op. 53 en ut majeur de Beethoven, ou encore les sonates de Schubert, posèrent les bases d’une nouvelle technique, la technique pianistique. Ceci va de pair avec les changements des conditions du concert : les grandes salles se multiplient alors avec des dimensions de plus en plus importantes. Le concert se déplace des salons aristocratiques à des salles conçues spécialement pour l’événement. Le piano s’impose, il fascine, il répond aux besoins des compositeurs, des interprètes et du public. Le répertoire pianistique commence à prendre une place considérable, le pianoforte s’écarte à jamais.