1.1 Orientation.
‘« Je commencerai par affirmer clairement que seront déçus tous ceux qui espèrent me voir adopter une position sans équivoque en faveur de l’un ou de l’autre instrument. Pour un musicien familier aussi bien des instruments à clavier du XVIIIe siècle que du XXe siècle, ce n’est pas une question de " ou bien ou bien " mais de " l’un et l’autre". »5

Nous nous autorisons de cette remarque de Paul Badura-Skoda, pour éclaircir certains points de notre propre démarche : celle-ci s’inscrit dans le cadre d’une étude spécifique de l’interprétation pianistique des œuvres baroques. Nous écartons donc l’étude d’interprétations nouvelles sur instruments anciens, qui peuvent se révéler également d’un grand intérêt. Mais si nous avons quelques réserves concernant certains des propos des « baroquistes » dans le domaine de l’interprétation, il faut dire et répéter que leur démarche a apporté énormément à une connaissance approfondie et soutenue du répertoire du XVIIIesiècle.

La question de la censure d’un instrument, ne se pose plus pour nous, puisque nous avons défendu l’idée d’une interprétation ouverte en pensée et en pratique : les œuvres anciennes elles-mêmes témoignent au fond de cette ouverture et suscitent en permanence chez tous les musiciens pratiquant un instrument, qu’il soit ancien ou moderne. Nous pensons que la question de l’authenticité, à laquelle nous avons consacré une grande partie de cette étude, doit être abordée sans jugement de valeur attaché à des considérations parfois discriminatoires, qui ne font pas toujours unanimité. Nous évitons donc de rentrer dans les méandres d’un conflit qui commence à s’épuiser. En revanche, nous souhaitons commenter certaines réflexions, étudier certains enregistrements qui constituent dans l’ensemble, la manifestation d’une autre forme d’authenticité, découlant de recherches personnelles, avec tout ce que cela suppose de différences et de paradoxes éventuels.

Notes
5.

BADURA-SKODA, Paul, L’art de jouer Bach au clavier, Paris, Buchet/ Chastel, 1999 pour la traduction française, p. 202.