5.1 La popularité du piano dans l’exécution des œuvres baroques.

Les interprétations pianistiques de certaines œuvres, restent ancrées dans la mémoire collective. Fischer, Richter, Gould, Meyer, Haskil et d’autres, font partie des interprètes qui ont participé à donner « goût » au répertoire baroque. Ils ont même développé ce goût, en donnant des versions différentes de la même œuvre, comme Glenn Gould ou Rosalyne Tureck. L’esprit « expérimental » avec lequel les grands pianistes de notre époque ont abordé la musique baroque, a fait que ce répertoire a gagné une grande vitalité. Les interprétations pianistiques n’appartiennent pas peut-être à une idée formalisée de la définition du « goût » pour la musique baroque. En revanche, elles ont apporté une multitude de visions, ce qui fait que cette musique nous parle toujours et nous suggère en permanence une liberté qui est le fondement même de l’esprit baroque.

Par ailleurs, répétons –le, pour l’auditeur moderne, la sonorité du piano et la vision pianistique ont joué sur le plan psychologique un rôle foncièrement important dans l’acceptation et la compréhension de l’œuvre baroque. La volonté de supprimer cette influence semble impossible, malgré la présence des versions extrêmement intéressantes sur les instruments d’époque.

D’un point de vue sociale, il faut dire que le piano participe socialement à la diffusion de ce répertoire : en dehors des grandes salles de concert et en dehors des milieux spécialisés, le piano reste l’instrument social par excellence. On peut donc penser que censurer le piano, par prétextes « historiques » semble avoir plus d’inconvénients que d’avantages car cela prive l’auditeur et le musicien actuel d’avoir un rapport simple et pratique avec un répertoire qui lui tient à cœur.