3.3.La dimension européenne du Lyon-Turin

Nous pouvons situer le début d’une dimension européenne du projet au milieu des années 1990. Cette dimension perdure jusqu’à nos jours, même si ses caractéristiques se sont modifiées au fil du temps. Le début de cette dimension correspond à l’entrée sur le dossier d’un nouvel acteur, la Commission européenne, qui inscrit le projet au cœur de sa politique des transports, en le dotant d’un intérêt plus vaste que l’intérêt régional l’ayant jusque là caractérisé en France ou que l’intérêt limité au franchissement d’une barrière physique aux échanges commerciaux internationaux de l’Italie. A partir de ce moment, l’Europe restera présente tout au long de l’histoire du Lyon-Turin. Même sans avoir de pouvoirs d’initiative directe sur le projet, la Commission lui fournit un soutien politique important, en raison du fort intérêt européen qu’il présente en tant que projet alpin à caractère binational. Le Lyon-Turin vue de l’Europe est, surtout au début, un instrument pour intervenir sur un problème identifié de longue date, c'est-à-dire l’existence d’un « goulot d’étranglement » alpin. Il représente alors un moyen pour répondre à l’objectif prioritaire de la politique des transports européenne, à savoir le principe de libre circulation des biens et des personnesétabli lors du Traité de Rome en 1957. Les mesures qui ont accompagné l’élargissement de l’Union européenne depuis cette date ont, en effet, constamment été dans le sens du respect de l’objectif d’assurer le bon fonctionnement du marché européen, en mettant en avant le rôle prépondérant des transports à cet égard.