3.3.1.L’inscription du projet Lyon-Turin à l’agenda européen

Le projet Lyon-Turin est évoqué pour la première fois dans le cadre européen en 1990, lorsque la Commission publie des propositions pour aider au développement du RTE-T (Réseau Transeuropéen des Transports). L’idée des réseaux transeuropéens est née dans les années 1980, en même temps que le marché unique. Le lien entre la création d’un réseau d’infrastructures européen et le développement d’un marché européen est primordial. Dans l’optique européenne, la création d’infrastructures de liaison modernes et efficaces représentait le moyen indispensable pour garantir la libre circulation des marchandises, des personnes et des services, elle-même condition nécessaire au développement du marché unique.

Le projet est mentionné dans le rapport de 1990 sur les projets RTE-T parmi les principaux itinéraires européens et tant que « liaison européenne Sud passant par Lyon et Turin ». Ensuite, le Lyon-Turin est inséré en tant que « maillon manquant Est » dans le Schéma directeur du réseau européen de lignes à grande vitesse, approuvé par le Conseil des ministres de la Communauté européenne le 17 décembre 1990. En 1993, les instances européennes créent une ligne budgétaire pour les études de faisabilité du projet. Il est ensuite inscrit, lors du Conseil européen de Corfou de juin 1994, au nombre des 11 projets hautement prioritaires dont les travaux sont en mesure de commencer dans les deux ans suivants. Le Lyon-Turin devient officiellement un projet européen en décembre 1994, lors de l’établissement de la liste d’Essen des 14 projets RTE-T.

A partir de ce moment, le projet suivra un parcours d’affirmation croissante de son rôle au sein de la politique des transports européenne. En retour, il sera largement influencé par les évolutions de l’Europe, acteur politique en cours de construction, et de sa politique des transports, qui constitue un champ d’intervention naissant et en formation. Au cours de l’histoire du projet Lyon-Turin, de nouveaux éléments institutionnels européens, de nouvelles orientations de la politique commune, de nouveaux projets et réalisations modifient l’environnement des projets européens et se répercutent sur les modalités de leurs définition et réalisation. Étudier la dimension européenne du Lyon-Turin, signifie replacer le projet dans les stratégies et les enjeux des acteurs européens et comprendre ses relations réciproques avec des éléments tels que la construction de l’espace économique européen, l’élaboration des RTE-T, les corridors paneuropéens et le problème identifié du « goulot d’étranglement » alpin.

Au milieu des années 2000, l’Europe réaffirme son engagement sur ce projet. Le Lyon-Turin est confirmé en avril 2004, lors de la révision de la liste des RTE-T, qui compte désormais les trente projets illustrés dans la carte de la figure 11. Depuis 2005, la liaison Lyon Turin est devenue l’un des six axes européens disposant d'un coordinateur désigné par la Commission européenne. Après Loyola de Palacio, décédée en 2006, c'est aujourd'hui Laurens Jan Brinkhorst qui est en charge de suivre dans ce contexte l'axe Lyon-Turin-Budapest.

Fig. 11 – Les projets du Réseau Transeuropéen des Transports
Fig. 11 – Les projets du Réseau Transeuropéen des Transports

Source : DG-TREN