3.5.1.Les éléments de la dimension alpine : une nouvelle forme pour une nouvelle argumentation 

Le retour à la primauté du transport de marchandises dans la représentation du projet se fonde désormais sur une argumentation nouvelle par rapport à la phase initiale. Aujourd’hui tout projet de fret est normalement présenté en tant que solution à un problème environnemental, mais nous savons que cela n’a pas toujours été le cas pour le Lyon-Turin. Au début, en effet, la SNCF avait envisagé une nouvelle infrastructure entre la France et l’Italie essentiellement dans le but d’améliorer les conditions économiques du transport de marchandises. Jusqu’alors, il n’y avait aucune trace dans la justification du projet d’un recours à des discours environnementaux et cela à un moment historique où la demande sociale et politique pour des transports plus écologiques dans les Alpes n’était pas très affirmée, ni en France, ni en Italie. Au contraire, la réaffirmation de la composante fret au début des années 2000 s’accompagne par un virage assez marqué du discours des promoteurs en direction des enjeux environnementaux. Ce virage correspond à un changement de la demande sociale et politique, qui a connu une sensibilisation croissante aux thèmes de l’environnement et de la sécurité au fil des années 1990. Désormais, la réduction des temps de parcours pour les voyageurs n’est plus présentée comme le premier bénéfice à atteindre à travers le projet. D’autres considérations sont mises en avant, notamment la capacité de la ligne nouvelle à rendre le transport de marchandises plus fiable, plus sûr et plus écologique en même temps.