4.1.2.1.La construction d’un argumentaire territorial : le lien entre croissance des trafics et développement des régions à l’origine d’une dimension régionale dans l’histoire du Lyon-Turin

L’acceptation des résultats de cette première étude de prévision a permis à la SNCF et aux FS de présenter le problème du trafic alpin en termes de risque de saturation des capacités disponibles : « à l’horizon 2002 aucune autre grande percée alpine n’aura encore été réalisée. La croissance des échanges de marchandises se portera donc intégralement sur les itinéraires existants. Cependant le tunnel actuel et surtout les lignes d’accès y conduisant, ne pourront absorber l’intégralité de la croissance. En effet les contraintes d’exploitation réduisent la capacité disponible dans de bonnes conditions pour le fret. Le trafic de référence est donc limité, ce qui conduit à une affectation de la capacité résiduelle pour chaque groupe de marchandises » (SNCF/FS, 1993). Cette conclusion représente une base pour la construction d’un « argumentaire territorial » du projet. À partir de ce moment, en effet, le problème de la fluidité des flux sur ces axes commence à être posé dans cette forme par les acteurs locaux : la Région Rhône-Alpes, les associations regroupant les principales collectivités territoriales et organisations économiques des deux régions (comités de promotion Transpadana, en Italie, et Transalpine en France), la ville et la région de Turin argumentent sur la nécessité du projet en démontrant comment les risques de saturation des infrastructures existantes pourraient affecter négativement les systèmes économiques régionaux et déterminer un enclavement des territoires. C’est sur la base de cette argumentation faisant le lien entre le projet et les avantages en termes de développement économique et de rayonnement des territoires que s’est fondée la construction de la dimension régionale du projet dans la première partie des années 1990.