4.3.La remise en cause du paradigme de la relation transports-économie

L’axiome de la croissance des trafics en fonction de la croissance économique n’a pas fait l’objet d’une réflexion spécifique au sein de la growth machine. On s’en est tenu au mieux au constat de la stagnation des flux aux franchissements français des Alpes du nord. Cet axiome connaissait néanmoins une remise en cause d’un point de vue théorique. Au milieu des années 1990, en effet, l’existence et la persistance de la relation économie-transports commencent à être questionnées et cela dans les deux sens de cette relation, tant pour ce qui concerne les effets que les transports sont censés induire sur les systèmes économiques que pour ce qui concerne, à l’inverse, les effets des systèmes économiques sur l’évolution des transports. De nombreux auteurs se sont consacrés à étudier l’existence d’effets positifs induits par les infrastructures de transport sur les systèmes économico-productifs des territoires traversés ou desservis (Plassard, 1976, 1987, 1989 ; Offner, 1985, 1993 ; Klein, 1998). Une attention croissante a été également dédiée à la question des facteurs qui génèrent la demande de transport, afin de tester et expliquer l’impact des évolutions économiques sur les comportements de cette demande. Nombre d’auteurs et de programmes de recherche ont travaillé à ce sujet (Bennathan, Fraser et Thompson, 1992 ; Baum, 2000 ; Banister et Stead, 2002 ; Fosgerau et Kveiborg, 2004 ; voir en outre les nombreux programmes de recherche européens : POSSUM, 1998 ; REDEFINE, 1999). Ainsi, le postulat sur lequel s’appuient les différentes argumentations du projet faites par les chemins de fer, la Région Rhône-Alpes, l’Europe et les deux États, à savoir l’apport du projet en termes de développement économique et la confiance dans le prolongement des tendances observées par le passé qui justifieraient la mise en place d’une nouvelle infrastructure, rentre en crise.