4.3.2.1.L’origine militante du découplage : des théories de la croissance zéro au concept de développement durable

Dans certains milieux militants écologistes, le concept de découplage s’est affirmé concernant uniquement la relation entre la croissance économique et celle des consommations d’énergie et il représentait la vision « réformiste » du concept de décroissance. Ce dernier s’était développé pendant les années 1970. En partant du constat que la croissance économique engendre toujours plus de consommations énergétiques et plus de transports et que ces derniers sont responsables de nuisances croissantes sur l’environnement, la croissance était alors identifiée comme le coupable ultime. La solution proposée pour réduire les atteintes environnementales consistait dans l’arrêt du coupable et, donc, dans l’arrêt de la croissance. La solution proposée pour réduire les atteintes environnementales consistait en l’arrêt du coupable et, donc, en l’arrêt de la croissance. La solution de la « croissance zéro » était supportée par des études et des modèles développés à l’époque. Des économistes avaient notamment essayé de montrer comment le processus d’accumulation se heurterait à la pénurie des ressources naturelles. Les conclusions de certaines études, comme les modèles systémiques du club de Rome et du MIT (Meadows, 1977), amenaient à s’interroger sur les conséquences de la contradiction entre un mode de développement basé sur la croissance économique et un monde aux ressources naturelles finies. La seule évolution acceptable, dans cette perspective, était l’arrêt de la croissance, la « croissance zéro ». La crise économique a cependant réduit la prise de cette pensée. La relance économique est ainsi redevenue le principal objectif politique, ce qui n’a pas empêché le retour, quelques années plus tard, des mêmes problématiques et questionnements sur les effets de la croissance et sur la soutenabilité de ces effets dans le long terme. Ces questions se sont traduites alors par l’affirmation de l’approche plus souple du développement durable. L’idée à la base de ce concept est qu’il faut envisager les moyens pour garantir une croissance au moindre coût possible en termes de nuisances environnementales et de consommation des ressources. Autrement dit, il faut trouver comment découpler la croissance économique de la croissance des facteurs nuisibles avec lesquels elle est corrélée, dans cette optique de solidarité globale et intergénérationnelle qui s’est affirmée dans les débats successifs au sommet de la Terre à Rio en 1992.