4.4.5.1.Le cadre des acteurs

Cependant, l’objectif affiché par le gouvernement de renouer le dialogue avec les populations locales, que selon plusieurs observateurs le manque de communication avait exaspéré (Bobbio, 2006 ; COWI/AS, 2006 ; Vittadini, 2006), se pose en contradiction avec la composition de l’assemblée d’acteurs appelés à participer aux travaux de l’Osservatorio. Cet organisme est, en effet, composé par les experts et les techniciens directement choisis par tous les acteurs institutionnels concernés par le projet : les élus locaux de la Région Piémont, de la Provincia et de la ville de Turin, des deux Communautés de montagne (Haut et Bas Val de Suse), les représentants du gouvernement et les représentants de LTF et RFI. Les deux seuls techniciens appelés à participer en tant que représentants de la partie contestataire du territoire ont été nommés par les communautés de montagne. Ces derniers restent donc l’expression d’un organisme institutionnel. Ainsi, encore une fois, la participation directe des citoyens à une procédure d’information et d’évaluation technique, comme elle existe dans le cadre du débat public français par exemple, est niée. Face à une contestation populaire, le gouvernement rouvre le dialogue à travers un dispositif technique et institutionnel. En redéfinissant les frontières du processus décisionnel, il réaffirme ainsi une vision qui ne s’éloigne fondamentalement pas beaucoup du processus fermé de concertation qui a jusque-là caractérisé le fonctionnement de la growth machine.

La composition de l’Osservatorio suggère que l’objectif de ce dispositif de négociation n’est pas la reconstruction d’un consensus avec les riverains, les mouvements collectifs et les associations du territoire, mais plutôt la recherche d’une nouvelle entente à l’intérieur de la growth machine italienne du projet.