Organisation du travail

Le premier chapitre est destiné à préciser l’objet de nos questionnements (6). La notion d’ « espace » est éclairée et détaillée à travers une revue bibliographique des définitions utilisées en géographie et dans le domaine de la géopolitique (6.1). Une fois l’objet de l’analyse défini d’un point de vue théorique, le chapitre s’attache à présenter les définitions existantes de l’espace alpin, dans le but de repérer les dynamiques à l’œuvre dans la représentation de ce territoire et dans la structuration des modalités de l’action politique (6.2 et 6.3). Nous verrons alors qu’il est possible de distinguer deux dynamiques différentes, selon les acteurs et les territoires qui sont intervenus dans le travail de construction d’une image de l’espace alpin et qui envisagent de légitimer ainsi des actions spécifiques ou leur rôle dans la gestion de ces actions. A une première dynamique européenne (6.3.1), inscrite dans le cadre de la politique de cohésion territoriale que la Communauté européenne a engagée au lendemain de l’Acte Unique, s’ajoute ainsi une dynamique interne, plus proprement alpine (6.3.2), où les débats sont particulièrement axés sur le thème des transports, de la gestion des flux de trafic et sur les enjeux environnementaux. Cette dimension alpine de l’élaboration politique et de la négociation des actions fera l’objet d’une analyse spécifique dans les chapitres suivants, focalisés sur les processus d’élaboration des politiques de transport de marchandises alpines.

Les deuxième et troisième chapitres (7 et 8) ont pour but de repérer les conditions et les éléments de l’émergence d’un espace alpin des transports sur l’initiative des États des pays alpins. Ils s’attachent donc à étudier l’ensemble des acteurs et des territoires concernés par les problématiques relatives aux transports et à la mobilité dans les Alpes et à définir leurs positions respectives sur ce sujet. La connaissance des intérêts que chaque acteur attache aux différents types de trafics alpins est indispensable afin d’interroger les outils techniques de mesure et d’observation des trafics, dans le but de pouvoir éventuellement lire dans leurs évolutions les arguments et les facteurs qui ont façonné (ou que les acteurs ont utilisés afin de façonner) ce parcours de convergence technique qui serait à la base de la construction d’un espace de coordination politique. L’analyse des dispositifs techniques et d’observation alpins, développée dans le chapitre 7, s’accompagne ensuite d’une analyse des politiques de transport mises en place au cours des dernières années ou envisagées à l’avenir dans la région (chapitre 8). Le but est de comprendre si les évolutions qui se sont produites concernant la mesure des trafics alpins peuvent être mises en relation avec l’évolution que le cadre politique alpin a connue dans le domaine des transports. Finalement, il s’agira d’expliquer dans quelle mesure les aspects techniques liés aux différents dispositifs mis en place dans le temps ont exercé un impact ou ont servi d’appui et de justification à la mise en place dans la région alpine de mesures politiques de transport innovantes tant en ce qui concerne leur contenu (les objectifs visés et le type de politiques) qu’en ce qui concerne les modalités de concertation et négociation dans l’élaboration politique.

Le dernier chapitre expose les conclusions que nous tirons des réflexions menées dans cette partie finale de la thèse. L’observation des évolutions techniques et politiques s’étant produites à l’échelle alpine autour de la problématique des transports nous permet de formuler en conclusion une évaluation des opportunités de réussite et d’évolution future de ce parcours entrepris par les États alpins en direction de l’affirmation d’un espace géopolitique dans les Alpes, qui nécessite, en raison de ses particularités, d’interventions spécifiques et originales par rapport à d’autres régions du continent.