7.3.1.2.Les trafics mesurés

Pour chaque passage alpin compris dans les trois segments, Alpinfo restitue les informations concernant les tonnages routiers (et le nombre de poids lourds) et ferroviaires en distinguant entre « trafic de transit » et « trafic d’échange ».

En réalité, cette distinction ne rend pas compte de la globalité de trafics existants et certains types de flux (que nous avons présentés dans le paragraphe 7.1.3) sont invisibles dans les séries historiques Alpinfo. Les trafics internes des pays, par exemple, figurent dans les trafics totaux, mais ils ne peuvent pas être dissociés de cette donnée globale, qui se limite à distinguer entre trafic totaux et trafics de transit, alors que ces flux internes ont un poids conséquent sur certains passages, notamment en Autriche. A ce propos, nous avons vu plus haut dans ce chapitre (toujours dans la partie 7.1.3), que la Convention alpine a proposé d’adopter les définitions de trafic intra-alpin et de trafic trans-alpin91 pour décrire les types de flux traversant les franchissements alpin. Cependant, il convient de remarquer que cette distinction ne trouve pas de traduction concrète, puisque la plupart des données de trafics distinguent entre transit et échange, ce qui ne correspond que très imparfaitement – et dans une mesure variable selon le pays – aux trafics intra-alpins et trans-alpins.

En effet, la répartition des flux entre trafics de transit et trafics d’échange est géographiquement déterminée, les proportions des deux types de trafic variant en fonction du segment pris en compte. La part du trafic de transit est inversement proportionnelle à la dimension du segment considéré : elle est beaucoup plus importante sur le segment alpin A que sur le segment C, correspondant à la globalité de la région alpine. Ainsi, on peut remarquer sur les dernières données Alpinfo disponibles (2006) qu’à peine plus de la moitié (55%) du fret transalpin sur le segment C correspond au trafic de transit, soit 112 sur 199 millions de tonnes en 2006, alors que cette proportion s’élève aux deux tiers (66%) si l’on excepte les passages autrichiens essentiellement utilisées pour du trafic national et que l’on considère le seul segment B, de Vintimille au Tarvisio (105 millions de tonnes en transit sur un total de 160). La proportion passe à 70% en ne prenant en compte que le segment A (soit 79 millions de tonnes en transit sur un trafic total de 113). On peut voir dans les deux tableaux suivants comment se présentent les données Alpinfo.

Les séries historiques de cette base permettent de reconstruire les évolutions des flux transalpins à chaque passage ou chaque pays alpins et de comparer entre elles les tendances au fil du temps, la répartition modale et la composition entre transit et échange à chaque point de franchissement alpin. Concernant ce dernier point, il faut néanmoins constater que des critiques s’élèvent au sujet de cette répartition. Selon J. Brunel, en effet, il existe une certaine incertitude dans la ventilation des flux de transport entre le transport d’échange et le transport de transit. La répartition entre ces deux types de trafic est réalisée (depuis 1994) en s’appuyant sur des enquêtes réalisées par les trois pays alpins tous les cinq ans. On peut dès lors remarquer que, en cas de changement dans la répartition des flux, ces changements entrainent de brusques ruptures dans les séries statistiques tous les cinq ans, alors qu’en réalité ces évolutions statistiques sont moins brusques (Brunel, 2007).

Fig. 46
Fig. 46– La base de données Alpinfo a) Trafics totaux
Fig. 46
Fig. 46– La base de données Alpinfo b) Trafics de transit
Notes
91.

Rappel: l’expression « trafic intra-alpin » désigne les trajets ayant leur point de départ et/ou d’arrivée à l’intérieur de l’espace alpin ; l’expression « trafic trans-alpin » désigne les trajets ayant leur point de départ et/ou d’arrivée à l’extérieur de l’espace alpin.