7.3.2.1.Harmonisation des données et coopération technique alpine

La mise en oeuvre d’Alpinfo représente une tentative importante d’harmonisation des données et constitue en même temps une première étape de coopération technique à l’échelle alpine. En effet, même si ce dispositif statistique a été conçu et géré par la Suisse, il s’agit d’un travail de récolte et de coordination à échelle internationale, qui témoigne de l’effort mené par un certain nombre de pays pour construire un dispositif d’observation le plus cohérent possible concernant l’ensemble de l’arc alpin. L’alimentation du bulletin Alpinfo est faite grâce à la collaboration de trois pays alpins : la France, la Suisse et l’Autriche, qui fournissent à travers des organismes différents (le Service Economie Statistique et Perspective - SESP - en France, le ministère de transport autrichien, le département des transports suisse et les compagnies de chemin de fer nationales) leurs données relatives essentiellement aux flux des poids lourds et au fret ferroviaire, comptés de différentes manières (des compteurs automatiques, données issues des péages,....). Les données ainsi rassemblées sont ensuite synthétisées et harmonisées par l’Office Fédéral des Transports suisse (OFT).

Cet effort d’harmonisation soulève néanmoins un certain nombre de critiques. Par exemple, A. Rathery (2001) remarque qu’il n’existe pas de méthodologie unique dans la constitution des fichiers selon les pays. Les données collectées par l’OFT proviennent d’organismes qui adoptent des méthodes différentes pour la collecte de leurs informations. Cela ne peut donc qu’induire de sensibles différences et, par conséquent, de nombreux biais au niveau du processus d’agrégation. Pour Rathery,

‘« Dans ces conditions il n’est pas surprenant que des voix de plus en plus nombreuses, y compris en Suisse, s’élèvent pour émettre des doutes quant à la pertinence des données ainsi publiées. Les problèmes méthodologiques que soulève leur élaboration ne peuvent que susciter une telle mise en cause et exigent à tout le moins une certaine prudence dans leur utilisation ». ’

Le Secrétaire Général Adjoint de la CEMT exprime par rapport au dispositif Alpinfo des critiques sur une base technique, auxquelles le dispositif des enquêtes CAFT qui sera étudié ci-dessous tente d’apporter des éléments de réponse. Mais ces critiques révèlent aussi une certaine réticence à accepter un outil issu d’une coopération bilatérale entre trois États, se situant en dehors des instances officielles de la coopération internationale. Alpinfo se révèle, en effet, un instrument « alpin ». Issu de la coopération entre services techniques, son exploitation va permettre à ces trois pays aux problématiques de transit différentes de trouver un point d’accord sur une définition partagée de la question du trafic alpin. En effet, comme nous allons le détailler ci-dessous, la reconstruction des évolutions de trafic à travers la chaîne alpine s’avère utile, d’un côté, pour mettre en évidence les spécificités de chaque pays, et de l’autre pour découvrir les spécificités de ces trafics qui permettent de définir une question alpine aux caractéristiques communes pour les trois pays situés au nord de la chaine montagneuse.