7.3.2.2.La question du trafic alpin lue à travers Alpinfo

Trois pays aux évolutions différentes…

Les données Alpinfo décrivent un espace alpin composé par trois pays aux exigences de gestion des trafics différentes. Sur le plan de la caractérisation des trafics alpins, dans une étude précédente, nous avions constaté la présence de trois problématiques différentes (Sutto, 2004).

La France se présente, du point de vue du franchissement alpin, comme pays d’échange routier. La part du mode routier y était en effet de 76% en 2003 (78% en 2006) et le trafic routier de transit est minoritaire, particulièrement depuis 1994. Vintimille se singularise quelque peu, puisque ses trafics de transit sont prioritaires par rapport aux trafics d’échange, avec une répartition qui s’accroit constamment en faveur du transit (65% et 35% en 2006 respectivement, ce qui explique en partie la croissance enregistrée à ce point de passage sur la période 1994-2003).

La Suisse est un pays de transit à vocation ferroviaire. Elle est un pays de transit, tout d’abord, puisque 78% des tonnes transportées, tous modes confondues, en 2003 étaient constituées de marchandises en transit (80% en 2006). La Suisse affirme ainsi subir les conséquences de sa situation géographique de plus court chemin entre l’Italie et l’Allemagne/Pays-Bas. Elle est ensuite un pays ferroviaire, puisqu’en 2003 63% des tonnes transportées l’étaient par le mode ferroviaire (66% en 2006). La Suisse est ainsi le seul pays de l’arc alpin à posséder un trafic de marchandises favorable au fer, même si sa part modale s’est érodée graduellement au cours des deux dernières décennies, passant de 86% en 1984 à 66% en 2006. Ces évolutions, la position géographique du pays ainsi qu’une forte sensibilité de l’opinion publique aux questions environnementales sont autant d’éléments explicatifs de la politique très volontariste entreprise par la confédération helvétique en vue de promouvoir le transport des marchandises en transit par le mode ferroviaire (RPLP, réalisation des NLFA…).

Le cas de l’Autriche est plus subtil. L’Autriche est à la fois un pays de transit et d’échange routier. Si le mode routier est le mode majoritaire sur tout le territoire, le partage modal (67% pour la route, 33% pour le fer en 2003) est moins extrême qu’en France. Mais surtout, la localisation des passages joue beaucoup sur leur rôle. Les passages occidentaux sont principalement utilisés pour des motifs de transit (90% des poids lourds au Brenner sont en transit, la principale liaison étant Allemagne/Italie) tandis que ce motif est minoritaire voire très minoritaire dans les passages orientaux. Précisons que ces passages ne sont pas situés à proximité d’une frontière mais au centre du territoire autrichien : ils présentent donc la particularité de posséder une part de transport domestique forte (souvent plus de 50%, parfois 80%) et répondent donc principalement à des enjeux de déplacements à l’intérieur de l’Autriche. L’adhésion des pays d’Europe centrale et orientale en 2004 est néanmoins en train de faire évoluer la situation avec une tendance de croissance du trafic de transit observable dès 2003.

Les données Alpinfo mettent en évidence des situations contrastées selon les pays, mais également au niveau de chaque passage alpin, tant pour ce qui concerne les tendances de croissance que pour ce qui concerne la répartition des différents types de trafic. Ainsi, comme le montre le graphique de la fig. 47, une croissance inégale caractérise les trois pays, ainsi qu’un enjeu de report modal d’importance différente (fig. 48) et une composition différente entre trafics de transit et trafics d’échange (fig. 49).

Fig. 47 – Une croissance inégale entre les trois pays des trafics fret (route + fer) aux passages alpins (Millions de tonnes)

Source : élaboration propre ; données Alpinfo (2006)

Fig. 48 – Des enjeux de report modal du transport de marchandises différents selon les pays (répartition modale aux passages alpins par pays)

Source : élaboration propre ; données Alpinfo (2006)

Fig. 49 – Une répartition Transit / Echange différente selon les pays (données aux passages alpins en 2006. Millions de tonnes)

Source : élaboration propre ; données Alpinfo (2006)