Résumé

Le contexte du transport de marchandises en transit à travers les Alpes est d’abord marqué par plusieurs décennies de croissance importante des flux. Cette croissance est cependant inégale dans le temps et selon les passages considérés. Un second élément de contexte tient à la fragilité particulière des territoires alpins vis-à-vis des impacts de la circulation : plus qu’ailleurs, on y constate une montée des préoccupations environnementales. Cette thèse vise à comprendre l’élaboration des politiques publiques de transport concernant le trafic transalpin. Elle s’attache d’abord à évaluer la mesure dans laquelle ce processus d’élaboration participe de l’émergence d’un espace géopolitique alpin. Elle cherche ensuite à préciser le rôle des outils technico-économique au sein de ce processus. La question sera abordée à deux échelles différentes, à travers deux études de cas : une histoire de l’évolution des objectifs assignés au projet Lyon-Turin depuis sa naissance ; une analyse des dispositifs de la concertation autour des questions de transport menée à l’échelle de l’arc alpin dans son ensemble. Un premier résultat apparait sous la forme d’une « alpinisation » progressive de la question du transit alpin. Elle se traduit en premier lieu par une représentation de l’arc alpin comme un système de passages interconnectés et, en second lieu, par la mise en place de structures de concertation rassemblant les acteurs concernés à l’échelle du massif. Un second ensemble de résultats montre d’abord comment les outils technico-économiques utilisés et leurs usages sont complètement insérés dans ce processus d’ « alpinisation ». Il fait apparaitre ensuite le glissement d’un usage déterministe de ces outils, où les résultats ont davantage vocation à justifier des décisions antérieures à un usage procédural, où les outils sont utilisés de façon de plus en plus partagée par les différents acteurs, pour simuler les différentes options politiques et participer à l’élaboration de mesures précises.