I. L’expérience carcérale élargie dévastatrice

L’expérience dévastatrice relate le vécu de proches dont les identités sont brisées par l’épreuve. Elle marque souvent les premiers temps de l’expérience vécue. Les cassures identitaires découlent et engendrent un sentiment de honte et de chute, l’événement marquant un véritable changement dans leur histoire de vie. Partant de là, les acteurs ne parviennent pas à mettre en sens l’expérience vécue uniquement sur le registre de la destruction. Face à l’institution, ils adoptent une attitude d’obéissance apathique et craintive : ils se soumettent au règlement et aux exigences des surveillants redoutant qu’une attitude protestataire ait des répercussions sur leur droit de visite et ses conditions d’exercice, ou qu’elle ait des conséquences néfastes sur les conditions de détention du détenu. Honteux et en situation de chute, les enquêtés soutiennent qu’ils appartiennent à un autre monde et s’attachent à se distancier des autres familles de détenus souvent décrites à partir des images stéréotypées accolées au statut de proches.