1.3. Une fatigue usante et un isolement

L’engagement ne va pas non plus sans coûts physiques. Les trajets pour se rendre au parloir sont particulièrement épuisants. La saturation du temps quotidien engendre également beaucoup de fatigue. Enfin, l’affaiblissement physique n’est pas sans lien avec les atteintes psychologiques supportées et les angoisses évoquées dans le chapitre 5.

‘C’est très fatiguant, moralement et physiquement, c’est épuisant, je suis épuisée de monter à Paris, je ne peux plus voir Paris, c’est épuisant Paris, cela me fatigue, cela me fatigue. Je me lève très tôt le matin pour prendre l’avion, je me lève à 4H30 le matin pour prendre l’avion de 7H et il faut tenir jusqu’au soir…et ça se répète comme ça toutes les semaines. [Cassandra, 48 ans, épouse d’un détenu écroué en MA, prévenu, 2e année.]’

Enfin, l’engagement comporte un coût relationnel. Le temps libre propice à la sociabilité est considérablement restreint. Par ailleurs, nous avons vu dans le chapitre 5 que certains proches sont mis à l’écart par certains membres de leur famille ou par des amis n’acceptant le soutien qu’ils réalisent auprès du détenu. Quelques parents cessent ainsi de voir certains de leurs enfants qui rejettent leur frère incarcéré et ne tolèrent pas le soutien que leurs parents lui offrent.

Les transferts des détenus engendrent systématiquement une redéfinition de ces coûts puisqu’ils modifient le temps nécessaire pour se rendre au parloir. Ils peuvent limiter les coûts financiers et physiques du soutien ou à l’inverse les accroître.