I.1.2.4.1. Soi comme structure cognitive

La constitution de cette structure est élaborée à partir d’unités d’informations reliées les unes aux autres par des interconnexions stables. Grâce à cette idée, les concepts du soi sont considérés comme un « prototype cognitif », selon T. B. Rogers, N. A. Kruper…, activé lorsque les individus ont à traiter des informations les concernant. Cette idée se retrouve également dans la notion de « schéma de soi » (self-schemas de H. R. Markus…) d’après S. Moscovici (1994), ensemble de connaissances génériques sur soi organisant le traitement des informations relatives à soi ; ou encore, dans ce que G. H. Power, & S. G. Gillyan… appelleraient conception du soi comme « réseau associatif en mémoire », reliant à la fois « connaissances sémantiques » (relatives aux attributs que le sujet considère comme auto-descriptifs).

Ces différentes notions, à l’instar de E. Marc (2005, p. 55), tendent à concevoir le soi comme une structure cognitive, ramenant généralement celle-ci à un ensemble de traits auto-descriptifs, à une sorte de « structure de liste » énumérant les traits considérés comme caractéristiques de soi. Cela débouche sur une conception « substantialiste » et « fixiste » du soi à laquelle est opposée une conception processuelle et dynamique permettant à la fois de rendre compte des aspects de stabilité mais aussi de changement (Moscovici, 1994).

Cependant, cette thèse est contestée par d’autres recherches qui, en utilisant des tâches expérimentales différentes, considèrent qu’il n’y a pas de spécificité de traitement des informations relatives à soi (ce qui semble pourtant être en contradiction avec l’expérience quotidienne, hors laboratoire). D’où le second postulat qui stipule que le traitement cognitif des informations sur soi ne diffère pas fondamentalement du traitement cognitif des autres informations sur d’autres objets.

On pourrait spécifier ici que le sujet ne se comporte pas seulement une structure cognitive, stricto sensu, mais bien une structure conative/cognitive (intentionnelle, émotionnelle et cognitive), dans la mesure où l’on peut distinguer, au moins d’un point de vue méthodologique, ce qui relève intrinsèquement des connaissances acquises/apprises, y compris sur soi, et de la psyché du sujet dont la volonté (volition), l’intentionnalité, soumises aussi aux émotions, plus ou moins contrôlables, va colorer ses comportements ; ce qui nuance la pensée de J.P. Codol (1980).