Introduction

Un besoin urgent de discours critique

Il nous a fallu vaincre un triple obstacle pour entreprendre cette recherche. Le premier est lié à l’envie toujours irrépressible chez nous de consacrer encore des études à Senghor1 ; le deuxième au peu d’intérêt que suscite la littérature comorienne dans la communauté des spécialistes des littératures francophones en général et des spécialistes de l’Océan Indien en particulier ; le dernier au vide documentaire qui entoure cette littérature – ceci s’expliquant par cela.

Nous y avons trouvé cependant, et très rapidement, notre compte pour au moins trois raisons : le sentiment (certes naïf !) d’apporter quelque chose de véritablement nouveau2, la promotion d’une littérature émergente et la proposition aux enseignants comoriens – du secondaire comme du supérieur à qui on demande d’enseigner cette littérature3 mais sans leur offrir des outils pédagogiques d’accompagnement – d’un certain nombre de connaissances très modestes mais fort utiles pour leurs cours4.

Notes
1.

Nous lui avons consacré un essai intitulé Un métis nommé Senghor, Paris, L’Harmattan, 2010.

2.

Et c’est l’occasion de remercier chaleureusement trois grands maîtres : Jean-François Louette qui nous a orientés vers les études littéraires africaines francophones en nous garantissant qu’elles avaient de l’avenir (conseil fort généreux), nous, qui, obligés par le complexe du postcolonisé, n’avions d’yeux que pour les auteurs français du vingtième siècle ; Cécile Van Den Avenne qui, dans le cadre de son séminaire intitulé « Approche sociolinguistique des littératures francophones » de l’ENS de Lyon, nous a faits intervenir sur la langue du roman toihirien : C’est de là qu’est né notre intérêt pour la littérature comorienne ; et enfin, le dernier et non le moindre, Michel-P. Schmitt d’avoir bien voulu diriger cette recherche. Nous sommes sûrs que toutes les études littéraires comoriennes qui succèderont à celle-ci lui sauront éternellement gré.

3.

Mohamed Toihiri est au programme de français de troisième (Brevet qui n’est pas dévalué comme en France) et du Baccalauréat depuis plus d’une quinzaine d’année.

4.

Expérience difficile que nous avons connue personnellement puisqu’en charge du cours de   « Littérature Comparée de l’Océan Indien » à l’Université des Comores durant l’année universitaire 2007-2008, on nous a demandé d’enseigner la littérature comorienne. Heureusement que nous avions alors déjà entrepris cette recherche, faute de quoi – il faut l’avouer – le désarroi aurait été total.