La superstition

Trois faits à observer. Le premier : un coq aurait chanté à minuit, « […] un chant toujours annonciateur d’un événement inhabituel » : « Alors des deux choses l’une : ou quelqu’un allait mourir au village, ou un mmanga [un immigré venant de France] allait revenir au pays198. » Foundi Almas, après avoir vu son ancien élève Mavuna venu de France – et c’est là le deuxième fait – lui lit des versets coraniques pour bénir son retour et le préserver du mauvais œil199. Troisième fait : Mavuna, de retour après un séjour de huit ans en France, appela Maécha par son ancien nom Moussa Zark’ach dont il s’était fait débarrasser par un sorcier depuis que, très malade, il était tombé dans un coma végétatif. Et l’on craignait que cet incident ne lui occasionne encore une malédiction200.

Ces trois situations ont en commun d’être superstitieux : un chant du coq, un mauvais œil et un ancien nom ressuscité involontairement entraîneraient des conséquences, d’une manière occulte, bonnes ou mauvaises. Car le superstitieux, affirme Freud, « […] est porté à attribuer au hasard extérieur une importance qui se manifestera dans la réalité à venir, et à voir dans le hasard un moyen par lequel s’expriment certaines choses extérieures qui lui sont cachées201. »

Notes
198.

Mohamed Toihiri, Le Kafir, op. cit., p. 143.

199.

Ibid., p. 146-147.

200.

Ibid., p. 148

201.

Sigmund Freud, Psychopathologie de la vie quotidienne [1923], traduction de Serge Jankélévitch, Paris, Payot, 2001, p. 323.