Conclusion : une identité métisse

Métissage harmonieux ou désordre ? Bien que fort métissé, l’archipel des Comores conserve une incontestable unité culturelle : elle est fondée essentiellement sur des éléments africains bouleversés et modifiés par des apports arabo-islamiques si bien que chaque facette de la culture comorienne présente une association indissoluble de ces deux composantes299. C’est une culture fondamentalement orale qui offre une quantité de contes, de légendes et de traditions communs aux quatre îles, de la musique et de la danse présentes dans toute la vie sociale avec une cuisine très variée300.

Unité culturelle mais aussi unité linguistique : le comorien étant une langue dont la base lexicale bantoue et qui emprunte plus de trente cinq pour cent de son vocabulaire à l’arabe. L’intercompréhension entre les quatre îles reste avérée même si quelques difficultés peuvent apparaître. Soyons précis : le parler grand-comorien (shingazidja) se distingue relativement des trois autres par sa morphologie compliquée qui semble indiquer une immigration bantoue fort ancienne. Les trois autres parlers, anjouanais (shindzuwani), mohélien (shimwali) et mahorais (shimaore), sont beaucoup plus proches les uns des autres et évoquent surtout certains dialectes insulaires du groupe swahili.

A l’unité culturelle et linguistique s’ajoute une unité religieuse : les Comoriens sont musulmans et cette religion imbibe complètement leur vie. Ils sont sunnites et shâffiites. Comme tous les musulmans, les Comoriens doivent respecter les cinq obligations de l’Islam issues du Coran : la profession de foi, la prière cinq fois par jour, l’aumône, le ramadan et le pèlerinage à la Mecque. L’islam enfin constitue un lien très fort entre les Comoriens.

Difficile après tout ceci de ne pas reconnaître que ce pays dispose d’une identité propre dont la végétation n’est que le témoignage puisque qu’on retrouve à Anjouan comme à la Grande Comore les mêmes arbres et les mêmes fruits : d’une colline anjouanaise, ce qui saute immédiatement aux yeux, ce sont « […] des girofliers, des bananiers, des arbres à pain, des manguiers, des jacquiers et des badamiers 301 » ; Haïdar, lui, de Ntsoudjini (Grande Comore), voit « […] arbres à pain, des litchis, des manguiers offrant des fruits verts, pourpres, jaunes, des cocotiers, des girofliers à l’élégance frivole302 » ; Quant à Mazamba, de sa fenêtre à Mitsandzalé (Grande Comore), il voit certainement des manguiers mais aussi un badamier, des bananiers, des girofliers303 »

Notes
299.

Hervé Chagnoux, Ali Haribou, Les Comores, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 1980, p. 45.

300.

Ibid., p. 45-48.

301.

Mohamed Toihiri, La République, op. cit., p. 81-82.

302.

Ibid., p. 171.

303.

Mohamed Toihiri, Le Kafir, op. cit., p. 54-55.