A. Guigoz : le communiste

Il est très facile de montrer que Guigoz est un communiste. Tout nous l’indique : son verbe comme son action. Dans ses discours, il s’en prend essentiellement, et de façon invariable, à l’impérialisme, à la bourgeoisie et aux intellectuels (incarnés, pour lui, par les fonctionnaires528) ont ils éprouve une véritable haine529. Rhétorique très connue. Lisons son premier discours livré à la nouvelle nation comorienne :

‘« Croyez-vous que les ventrus, les bouffis, les triples mentons allaient se laisser dépouiller de leur indécente richesse sans souffler mot ?…[…] Non ! Ne soyez pas incrédules, les intellectuels bourgeois, les conformistes, l’oligarchie religieuse, les rapaces déguisés en bons pères de famille ont la peau dure. […] Nous ne serons réellement nous-mêmes, nous n’acquerrons vraiment notre dignité, notre identité, notre spécificité, notre personnalité que si nous coupons le cordon ombilical qui nous relie encore à l’impérialisme.
Vous vous demandez comment couper le pont avec ce père abusif, possessif, tyrannique et sangsue ? Tout simplement en dissolvant l’administration […].
Aussi, moi le Frère, j’ordonne, je décrète, bien sûr avec l’assentiment de tout le peuple :
Article 1er : […] est dissoute l’administration au sens large, à compter de demain 6 janvier. […]
Article 3 : Ne sont pas dissous :
- L’armée populaire
- La police populaire
- La gendarmerie populaire
- La milice populaire530.’

L’administration, bras armé de l’Etat, doit disparaître sauf ses outils de répression : dorénavant l’Etat, c’est Guigoz avec les forces de l’ordre. Le pouvoir pourquoi ? Au service bien sûr de l’homme. Et Comment l’exercer ? Par la répression. Vouloir le bien-être de l’homme en commençant par lui offrir généreusement son mal-être, voilà l’une des particularités des pouvoirs communistes531. L’actualité ne cesse de nous le rappeler.

On aurait pu penser que tout cela ne représente que la figure publique de l’homme mais qu’en privé, Guigoz est quelqu’un d’autre. Eh bien non : c’est un mégalomane532, un pervers qui n’hésite pas un instant à abuser de son pouvoir533, un machiavélique534, un cruel sadique535, un redoutable manipulateur536…Il réunit autour de sa personne tous les qualificatifs laudateurs !

Notes
528.

Pour l’analyse du discours totalitaire, on pourra lire avec un très grand intérêt Jean-Pierre Faye, Introduction aux langages totalitaires. Théorie et transformation du récit [2003], Paris, Le Livre de Poche, « Biblio Essais », 2009.

529.

Lire la thèse séduisante selon laquelle le ressentiment reste le moteur de l’histoire développée par Marc Ferro, Le Ressentiment dans l’histoire. Comprendre notre temps, Paris, Odile Jacob, 2007.

530.

Mohamed Toihiri, La République, op. cit., p. 55-57.

531.

Voir sur cette question Alexandre Adler, Le Communisme, Paris, PUF, « Que sais-je », 2001 et Tzvetan Todorov, Mémoire du mal, tentation du bien : enquête sur le siècle, Paris, Robert Laffont, 2000. Pour ce qui est des pouvoirs africains, voir Robert Dussey, L’Afrique malade de ses hommes politiques, Paris, Jean Picollec, 2008.

532.

Mohamed Toihiri, La République, op. cit., p. 18.

533.

Ibid., p. 22 et 30.

534.

Ibid., p. 51.

535.

Ibid., p. 105-106

536.

Ibid., p. 113.