2. …A sa valorisation

Deux travaux récents apportent un peu de chaleur dans la réception du roman toihirien. On doit le premier à Abdou Ali Mdahoma566. Il rassemble dans son étude les deux romans de Mohamed Toihiri et le premier roman d’un autre romancier comorien nommé Aboubacar Said Salim. Disons-le d’emblée : cette étude nous paraît à la fois confuse et superficielle car elle a voulu, dans un cadre restreint (un master), commenter plusieurs ouvrages d’auteurs différents en même temps. Il n’empêche que son auteur a rangé ces deux romanciers comoriens dans la prestigieuse catégorie des « écrivains engagés » : pour lui, Toihiri (car c’est lui qui nous concerne ici) est un écrivain courageux ayant toujours combattu les régimes répressifs qui se sont succédés aux Comores depuis l’indépendance. Une lecture certes valorisant pour le romancier mais fort contestable. Car Toihiri a toujours eu le génie de contester, dans ses romans, des régimes déjà tombés ! En cela, lui attribuer l’étiquette d’« écrivain engagé » nous paraît, pour le moins, hasardeux.

Autre lecture récente qui rompt avec l’accueil défavorable qui avait été réservé au premier roman de Toihiri : celle d’Abdoulatuf Bacar567. C’est dans un cadre de master (qui sera publié après) qu’il étudie dans un même mouvement le premier roman de Toihiri et le second d’Aboubacar Said Salim dans une approche historique. A ses yeux, ces deux romanciers méritent une attention particulière dans la mesure où ils ont transcrit dans leurs œuvres l’histoire comorienne. Là encore, le résultat de cette étude nous paraît franchement léger et déconcertant par sa platitude.

Notes
566.

Abdou Ali Mdahoma, Littérature comorienne : l’esthétique du combat dans La République des Imberbes, Le Kafir du Karthala de Mohamed Toihiri et dans Et la graine… d’Aboubacar Said Salim, Paris, Paris XII, 2006.

567.

Abdoulatuf Bacar, Comment se lit le roman postcolonial ? Cas des îles Comores : La République des Imberbes et Le Bal des Mercenaires, Paris, Ed. de la Lune, 2009.