2. Les Comores : une République malgré tout

L’Etat comorien a sans doute déçu comme du reste la plupart des Etats africains. Il est incontestablement mal gouverné, très endetté, corrompu et spolié en permanence. Mais il n’est pas que cela : il a offert à la population plus de routes bitumées que pendant la colonisation, il a assuré un service minimum aussi bien sur le plan de la santé – les Comoriens doivent payer l’hôpital (la sécurité sociale n’existe pas aux Comores) mais sont mieux soignés aujourd’hui que pendant la colonisation : on ne meurt plus aujourd’hui comme des rats aux Comores ! – que de l’éducation675 – l’école comorienne (privée comme publique) tout comme l’université sont assurées aujourd’hui essentiellement par des enseignants comoriens quand dans les années 1980 encore, on avait recours à des enseignants étrangers pour faire fonctionner le lycée et qu’on demandait aux bacheliers fraîchement reçus d’assurer l’enseignement du collège. La jeunesse est mieux formée, diplômée même si elle connaît le chômage. Tout cela n’est pas négligeable.

Les Comoriens sont pauvres mais relativement libres depuis une vingtaine d’années (depuis 1990). La population n’est plus surveillée comme au temps des deux dictatures qui ont suivi l’indépendance. Des organes de presse, des radios et télévisions indépendants existent. L’Etat comorien reste globalement une démocratie. Certes, ceux qui accèdent au pouvoir tergiversent quand il s’agit de le rendre au terme de leurs mandats mais ils finissent par le redonner. Et puis, il y a quand même de temps à autre des élections contradictoires qui sont organisées et qui peuvent conduire les adversaires du régime en place au pouvoir. Tout cela est suffisant mais notable.

Notes
675.

Sur cette question, se porter à Henri Bouvet, Les Problèmes de formation dans un pays en voie de développement : le cas des Comores, Paris, Paris III, 1984 et Mohamed Ibrahim, Histoire de l’enseignement aux Comores, CRDP de la Réunion, 1994.