Chapitre 1. 1927, l’APCA : naissance(s) d’une institution

De la Monarchie de Juillet, où il commence à être question des chambres d’agriculture, au vote de la loi du 3 janvier 1924, charte originelle des structures actuelles, qui prévoit la création de chambres d’agriculture départementales, se déroule tout un parcours semé de nombreuses initiatives législatives. Les chambres d’agriculture existent ainsi déjà, comme un horizon ou un possible pour ceux qui en souhaitent l’avènement comme pour ceux qui le redoutent. Aux lendemains de la Première Guerre mondiale, les choses se précisent et des textes importants sont votés. Cependant, ce n’est qu’en 1927 que des élections sont organisées et que les chambres d’agriculture commencent à exister.

Pourquoi et comment cela se concrétise-t-il dans les années 1920 ? Marquées par les terribles répercussions de la Première Guerre mondiale, cette décennie est celle de la question des Réparations, de la crise des finances publiques et de la dévalorisation de la monnaie. Cette décennie est aussi celle d’une formidable croissance économique, des investissements productifs et de la mécanisation, même si la plupart des exploitations agricoles restent en retrait de cette évolution. Le phénomène de la création des chambres d’agriculture, s’il est disjoint de celui des chambres de commerce, s’inscrit à la fois dans et contre la tendance de plus en plus interventionniste de l’État dans l’économie. Entre tentatives de réactivation du consensus politique de la période de guerre et résurrection de l’antagonisme gauche-droite 282, c’est à l’ombre de Raymond Poincaré que le projet des chambres d’agriculture éclot finalement. Étudiant les conditions de la création du Conseil national économique, Alain Chatriot note combien « la campagne électorale qui aboutit à la victoire du Cartel des gauches aux élections du 11 mai 1924 est un moment de cristallisation de la question politique de la représentation professionnelle » 283 : c’est dans ce contexte que les chambres d’agriculture voient le jour, « voient enfin le jour » pour certains.

Notes
282.

Jean-Jacques BECKER et Serge BERSTEIN, Victoire et frustrations, 1914-1929, Nouvelle histoire de la France contemporaine, Paris, Éditions du Seuil, 1990, 459 p.

283.

Alain CHATRIOT, La démocratie sociale à la française : l’expérience du Conseil National Économique, 1924-1940, Paris, La Découverte, 2003, 419 p., p. 33.