De 1927 à la fin de l’année 1929, l’APCA a son siège provisoire au 39 de la rue d’Amsterdam 814, dans le 8ème arrondissement de Paris, dans l’immeuble où est localisée la CNAA depuis le début des années 1920 815. Au début de l’année 1930, elle rejoint la CNAA dans ses nouveaux locaux, au 33 de la rue d’Amsterdam, et y tient désormais ses sessions, quittant le Musée social qui accueillait les réunions des présidents depuis les débuts. On sait le rôle joué par la CNAA dès avant 1924 et pour l’organisation des premières élections aux chambres d’agriculture en 1927 816, rôle incarné par Joseph Faure 817 et par Luce Prault, qui en est le secrétaire général adjoint depuis 1926 818. Il faut aussi préciser que 21 des 44 membres du bureau de la CNAA en 1930, soit 48 %, sont des membres d’une chambre d’agriculture. Douze d’entre eux sont présidents de chambre d’agriculture et représentent 27 % des dirigeants de la CNAA. La symétrie n’est pas complète, certes, mais la configuration implique une intrication des histoires et une possible surveillance réciproque. Jusqu’en 1934, Luce Prault cumule des fonctions administratives dans les deux organisations. Un seul numéro de téléphone pour joindre le siège, toujours provisoire, de l’APCA et celui de la CNAA : Gutemberg 18-76 819. Pour comparaison, on observera la proximité de l’APCA avec la Confédération générale agricole, Union nationale des paysans de France (CGA-UNPF), située 18 rue Duphot, dans le 1er arrondissement. Fondée par le journaliste Pallu de La Barrière, elle n’obtint qu’une « audience très restreinte » : les six présidents de chambre d’agriculture qui y appartiennent cumulent ces fonctions avec d’autres à la CNAA, à la SAF ou à l’UCSA, ce qui minimise l’impact de cette association créée en 1919, comme la CNAA. Au 33 rue d’Amsterdam, les locaux sont assez spacieux pour accueillir également la Confédération générale des producteurs de fruits à cidre et dérivés 820, créée en 1926 par Luce Prault 821, qui en est toujours le secrétaire général 822. Cette organisation compte parmi les membres de son conseil d’administration trois présidents de chambre d’agriculture en fonctions, ceux du Finistère, du Morbihan et de la Manche ; cinq autres membres d’une chambre départementale se dénombrent parmi ses dirigeants, dont un à la présidence et deux comme vice-présidents.
À quelques 300 mètres de là, au 8 de la rue d’Athènes se trouve la Société des agriculteurs de France (SAF) : sept présidents de chambre d’agriculture appartiennent à ses instances dirigeantes, dont cinq qui sont présents au sein de la CNAA également. Parmi eux, on compte Louis de Vogüé, président, Olivier de Rougé, du Maine-et-Loire, et Jean de Nicolaÿ, de la Sarthe, vice-présidents. L’hôtel particulier du 8 rue d’Athènes, baptisé « Maison des Agriculteurs » accueille dès la fin du 19e siècle l’UCSAF, Union centrale des syndicats des agriculteurs de France. Les quelques lignes qui l’évoquent dans l’édition de 1930 de l’annuaire national de l’agriculture disent bien l’ambivalence de cette « hospitalité » : « dès la création de l’Union Centrale, la Société des Agriculteurs de France se rendit compte de l’activité féconde que représentait cette force nouvelle, et après une étude approfondie des avantages et des difficultés d’une juxtaposition, elle résolut de participer largement à ce puissant moyen de défense agricole : elle offrit l’hospitalité à l’Union centrale » 823. Les services de la Maison des agriculteurs sont nombreux en 1930 : services d’études, office de documentation, service d’entomologie et de biologie végétale, service du génie rural, service des contributions directes et taxes assimilées, office central de comptabilité, service d’expertises foncières et culturales, comité de jurisconsultes, office central des stages et service des chemins de fer sont à la disposition de la SAF et de l’UCSA. Ce sont autant d’expertises de spécialistes et de compétences mises aux services des agriculteurs, pour les protéger des nombreuses menaces qui pèsent sur eux, des « maladies cryptogamiques », aux « exagérations fiscales ». Quoique les deux organisations soient présentées comme distinctes par leur composition – « l’une, formée de toux ceux que leurs affinités rattachent à la terre, représente la science, l’industrie, le capital, le droit dans leurs rapports immédiats avec l’agriculture ; l’autre est la force paysanne professionnelle, le travail manuel qui remue la terre, associé au travail intellectuel qui enseigne à la fertiliser et à en diriger la production » 824 –, leurs dirigeants sont largement les mêmes. Cinq des sept présidents qui dirigent l’UCSAF ont une position dominante au sein de la SAF en 1930. Au sein du bureau et de la chambre syndicale de l’UCSAF, on compte alors 29 membres de chambre d’agriculture, sur 51 membres, soit 57 %. La moitié d’entre eux appartient également aux instances dirigeantes de la SAF.
L’hôtel de la rue d’Athènes loge aussi les sociétés filiales des « Agriculteurs de France ». Parmi elles, figure la Coopérative agricole de l’Union centrale des syndicats des agriculteurs de France, présidée par André Courtin, membre de la chambre d’agriculture de Seine-et-Oise. La Caisse de crédit des Agriculteurs de France avance des fonds aux caisses de crédit locales tandis que l’Office central du crédit agricole est « un bureau d’études et d’informations sur toutes les questions touchant au crédit agricole ». L’Office central de la mutualité réunit les branches allocations familiales, assurances contre l’incendie, la mortalité du bétail, les accidents, la grêle : il est loué comme « l’organe central par lequel se réalisent les efforts des mutualités régionales qui elles-mêmes donnent la force aux faiblesses dispersées des caisses locales » 825. La Revue des agriculteurs de France compte enfin parmi ces sociétés filiales hébergées : elle concilie visibilité de l’organisation et de ses actions et contenu informatif et technique et est pour la SAF et l’UCSAF l’« expression commune de leur œuvre et de leur pensée ».
Au 8 rue d’Athènes, se trouvent d’autres organisations, distinctes des deux précédentes du point de vue statutaire, mais indiscutablement liées à elles par des relations d’interconnaissance et de fréquentation. C’est d’abord l’Office central de la main-d’oeuvre agricole, présidé par Édouard de Warren, alors député de l’Union républicaine démocratique (URD) de la Meurthe-et-Moselle, président de la section Relations internationales et colonies de la SAF, qui dirige, à la même adresse, l’Office central agricole de produits et de vente (OCAPV). C’est ensuite et surtout la Confédération générale des associations agricoles des régions dévastées (CARD) : créée en 1920, cette organisation « a pour but de défendre les intérêts agricoles dans les régions dévastées par la guerre et de participer aux travaux et études de la CNAA (confédération nationale des associations agricoles) et de la Société des Agriculteurs de France » 826. Spécifique 827, l’organisation professionnelle agricole des départements les plus touchés par la Première Guerre mondiale n’en est pas moins intimement liée aux plus grandes organisations de la capitale. Le président de la CARD, Lucien Barbeaux, éleveur de moutons à Séchault, dans l’arrondissement de Vouziers (Ardennes), préside la chambre d’agriculture depuis 1927 : s’il n’est pas présent dans les grandes organisations professionnelles agricoles nationales et généralistes, peut-on considérer sa présence, même épisodique, dans les murs de l’hôtel du 8 rue d’Athènes, comme l’indice d’une insertion certaine dans les réseaux parisiens ? Son secrétaire général est Henri Landowski, ingénieur agronome, chimiste-expert près les tribunaux, expert en douane et membre de la chambre d’agriculture de l’Aisne depuis le début. Son évocation nous conduit à aborder un réseau discrètement greffé sur les précédents.
Les diplômés de l’Institut national agronomique de Paris (INA) sont au moins 42 parmi les membres des chambres d’agriculture en fonctions en 1930. La grande majorité d’entre eux sont des membres actifs de l’Association amicale des anciens élèves de l’Institut national agronomique. Alexandre Guibert, membre de la chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine, et Prosper Minvielle, de celle des Basses-Pyrénées, sont des membres perpétuels de cette association. Henri Landowski, « membre bienfaiteur de l’association amicale des anciens élèves de l’Institut national agronomique » 828, a, depuis sa création en 1923, fait don de quatre actions de la société immobilière « La Maison des Ingénieurs Agronomes » à l’association amicale 829. D’abord outil de soutien et d’encouragement aux élèves de l’Institut national agronomique, l’association publie un bulletin périodique et un annuaire, distribue des secours et des bourses, organise des « groupes régionaux ou professionnels de propagande rattachés à l’Association » 830, ces groupes ayant pour but « de resserrer les liens de camaraderie qui doivent unir les membres de l’Association en province et à l’étranger » 831. La Caisse de secours mutuel fondée par l’Association amicale des anciens élèves de l’INA corrobore ce rôle, pendant que l’incessante « défense du titre d’Ingénieur Agronome contre les usurpations » ajoute un facteur de cohésion. Face aux ingénieurs agricoles, il s’agit de marquer sa différence, tandis que les ingénieurs agronomes veulent égaler élèves des grandes écoles les plus prestigieuses dans les ordres de la « noblesse d’État » 832. La création de la « Maison des Ingénieurs agronomes », au début des années 1920, répond à ce vœu de promotion des Agros vis-à-vis de l’extérieur. Initiée par Pierre Caziot – de la promotion 1893, entré au Crédit foncier en 1897 et passé par le cabinet de Victor Boret, ministre de l’Agriculture en novembre 1917 – la recherche d’un immeuble approprié s’engage en partant de l’exemple de l’« Hôtel des Ingénieurs des Arts et Manufactures », qui accueille l’Association des anciens élèves de l’École centrale. Les recherches d’un immeuble situé sur la rive droite, dans le quadrilatère formé par la Madeleine, l’Opéra, la gare Saint-Lazare et la Bourse du commerce, soit à proximité des sièges de la SAF et de la CNAA, échouent au début de l’année 1924, à l’heure de la stabilisation du franc. Déjà alors, le projet prévoyait l’acquisition d’un immeuble à la situation stratégique et assez vaste pour que des bureaux puissent être loués à des associations et syndicats agricoles, dans le but affirmé de créer « a sort of Maison de l’Agriculture » 833.
L’immeuble finalement acheté, quoique campé sur la rive gauche, tire cependant de sa situation un certain prestige, selon les impressions rapportées par Mary C. Benedict : « ideally situated between the Académie d’Agriculture and the Institut de France, (which housed the Académie des Sciences), both of which were only minutes away on foot, as was the Agriculture Ministry, on the rue de Varennes. The ingenieurs agronomes would have great difficulty finding a location more suited to their aim of increasing the visibility of the group » 834. L’Amicale des anciens élèves de l’INA emménage au 5 quai Voltaire au printemps 1925 : les bureaux adjacents accueillent un temps l’Association générale des producteurs de blé et une maison d’édition, La librairie de la maison rustique 835. Les efforts pour trouver d’autres locataires sont poursuivis par Émile Saillard, directeur du laboratoire du Syndicat des fabricants de sucre de France et membre titulaire de la section « cultures spéciales » de l’Académie d’agriculture de France 836, qui justifie ainsi sa quête obstinée : « Il faut que chacun de nous s’emploie à trouver des locataires pour la mettre en valeur et surtout des locataires pris dans le monde de l’agriculture ou des industries qui gravitent autour de l’agriculture. Non seulement la location de la salle nous procurera des ressources, mais elle fera connaître avantageusement notre Association dans les milieux que nous avons intérêt à connaître » 837. Présidé par Pierre Caziot, le conseil d’administration des ingénieurs agronomes compte également parmi ses membres Hervé de Guébriant, président de la chambre d’agriculture du Finistère et trésorier de l’APCA depuis mars 1928. À ses côtés, on trouve l’influent Pierre de Monicault, membre et suppléant-délégué de la chambre d’agriculture de l’Ain, député siégeant au groupe de « l’Entente républicaine et démocratique », très volubile tant au palais Bourbon qu’à l’APCA. Jules-Édouard Lucas, Léon Lauvray, Charles Genin et Jean de Nicolaÿ, présidents respectifs des chambres d’agriculture de Seine-et-Oise, de l’Eure, de l’Isère et de la Sarthe, sont en tant qu’ingénieurs agronomes et membres de l’Amicale des anciens élèves de l’INA, susceptibles de fréquenter la Maison des agronomes du 5 quai Voltaire. Les connexions qui s’opèrent par leur intermédiaire avec d’autres lieux sont peu nombreuses mais très diverses. Jean de Nicolaÿ est membre titulaire de la section « sylviculture » de l’Académie d’agriculture, au 18 rue de Bellechasse, tandis que trois des autres ingénieurs agronomes présidents de chambre d’agriculture cités en sont les correspondants nationaux. Au total, 31 des 253 membres de l’Académie d’agriculture de 1930 sont des membres de chambre d’agriculture en fonctions, dont onze en sont les présidents. Quatre en sont des correspondants nationaux : Jules-Édouard Lucas dans la section « économie des animaux », Hervé de Guébriant, Charles Genin et Florimond Desprez dans la section dite « de grande culture ». Ce dernier, Florimond Desprez est le président de la chambre d’agriculture du Nord et de l’Union syndicale des producteurs de graines de semences de la région du Nord : il est également membre du comité de contrôle des semences, ressortissant aux services du ministère de l’Agriculture 838.
L’analyse de la composition des comités, conseils et commissions du ministère de l’Agriculture révèle en effet que ceux-ci sont fréquentés par bon nombre des présidents de chambre d’agriculture qui appartiennent aussi aux instances dirigeantes de la CNAA, de la SAF, de l’UCSA, de l’UNPF, de la FNMCA ou de l’Académie d’agriculture de France. Onze présidents de chambre d’agriculture y ont été nommés et y côtoient 79 autres membres de chambre départementale. Dix comités, conseils ou commissions accueillent des présidents. C’est d’abord le Conseil supérieur des haras qui ne compte pas moins de quatre présidents de chambre d’agriculture en fonctions parmi ses vingt membres. Formé des inspecteurs généraux des haras et de l’agent général des remontes, assistés d’un secrétaire, ce conseil donne son avis sur le budget, sur les règlements généraux des courses et concours, sur la nature et l’importance des encouragements qui se rapportent à la production et à l’élevage hippique 839. Henri Chéron cumule l’appartenance à ce conseil avec la fonction de membre de la commission consultative de répartition des subventions destinées aux offices agricoles régionaux et départementaux. Il y siège avec Louis de Vogüé mais également avec René Berge, le vice-président de la 4ème section « associations d’assurances et de prévoyance mutuelles agricoles » de la FNMCA sise boulevard Saint-Germain, qui vient de quitter la présidence de la chambre d’agriculture de la Seine-Maritime. Eugène Rouart appartient également à cette commission : ce membre de la chambre d’agriculture de Haute-Garonne, « fils du directeur, peintre lui-même, de la célèbre galerie de tableaux Rouart » 840, ingénieur agricole issu de l’École de Grignon 841, vice-président du conseil général de Haute-Garonne, est comme Louis de Vogüé et René Berge, membre d’un office agricole départemental.
On compte encore trois présidents et cinq membres de chambre d’agriculture en fonctions parmi les membres du comité supérieur des livres généalogiques des races françaises d’animaux. Deux présidents côtoient quatre membres de chambre départementale dans la commission plénière de la Caisse nationale de crédit agricole. Deux présidents siègent avec sept membres de chambre départementale dans la commission de répartition des subventions aux sociétés d’assurance et de réassurance mutuelles agricoles. Il faut préciser que quatre présidents de chambre d’agriculture cumulent des fonctions dans deux, voire trois de ces conseils attachés aux services du ministère de l’Agriculture. Ce sont Henry Chéron, ancien ministre de l’Agriculture, Louis de Vogüé, l’omniprésent président de la SAF, Charles Egasse, vice-président de la 1ère section « Caisse de crédit mutuelle agricole » de la FNMCA et le vibrionnant Olivier de Rougé, dont nous traiterons le cas plus avant. On peut encore compter un président de chambre d’agriculture parmi les membres de la commission prévue par l’article 3 de la loi du 2 août 1923 et facilitant par des avances de l’État la distribution de l’énergie électrique dans les campagnes, de la commission des allocations familiales en agriculture, du comité de contrôle des semences, de la commission consultative interministérielle de la viticulture et enfin du conseil d’administration de l’Institut des recherches agronomiques 842. Trois sénateurs font partie de ces commissions : Olivier de Rougé est notamment le représentant du Parlement à la commission consultative interministérielle de la viticulture. L’évidence s’impose cependant : la fréquentation des instances qui dépendent du ministère et dont les membres sont nommés par le ministre de l’Agriculture n’est pas le seul fait des dirigeants du boulevard Saint-Germain et des parlementaires 843 : parmi les membres des chambres d’agriculture qui appartiennent aux divers conseils et commissions ministérielles se trouvent 23 dirigeants de la SAF et 32 dirigeants de l’UCSAF, dont trois présidents de chambre qui font partie des bureaux de la SAF et de l’UCSA. Parmi eux, est-il besoin de citer encore Louis de Vogüé ? Félix Garcin est quant à lui un membre nommé par le ministre au titre de représentants des caisses d’assurances ou de réassurances mutuelles agricoles au sein de la commission de répartition des subventions aux sociétés d’assurance et de réassurance mutuelles agricoles. Enfin, si les présidents de chambre d’agriculture qui siègent dans ces commissions y forgent potentiellement la même expérience – celle de la fréquentation des hauts fonctionnaires et des modalités de l’application des lois –, on ne peut négliger le fait qu’ils y sont dispersés et toujours minoritaires, malgré les enchevêtrements des rôles professionnels et politiques.
Les connections de l’APCA avec la Fédération nationale de la mutualité et de la coopération agricole sont relativement discrètes. Six présidents de chambre d’agriculture y jouent tout de même un rôle au niveau national, mais ils sont peu présents dans les organisations hors les murs du 129 boulevard Saint-Germain. Fondée par des ministres, ayant pour présidents d’honneur les anciens ministres de l’Agriculture, la FNMCA « est, auprès du Gouvernement et des Pouvoirs publics, l’organe naturel et attitré des groupements agricoles affiliés ; elle reçoit leurs vœux, transmet leurs revendications aux pouvoirs compétents » 844 : Pierre Barral parle à son propos de « symbiose avec l’administration » 845 et de subordination de l’association à la « souveraineté de la République » 846. C’est la deuxième section de la FNMCA, consacrée aux « syndicats agricoles et institutions similaires », qui rassemblent le plus de présidents de chambre d’agriculture : Augustin David-Gastu, Joseph Faure en sont deux des trois vice-présidents, tandis qu’Étienne Poisson, de l’Indre, préside la section. Charles Egasse vice-préside la première section, vouée au crédit agricole. La troisième section, celle des sociétés coopératives agricoles de production et de vente, ne compte parmi ses dirigeants aucun membre de chambre d’agriculture. La quatrième, celle des associations d’assurances et de prévoyance mutuelles agricoles, compte en revanche deux vice-présidents et un secrétaire qui sont membres de chambre d’agriculture. Enfin, deux autres présidents sont membres de la Caisse nationale de réassurance des mutuelles agricoles « Accidents », chapeautée par la FNMCA : Alexandre Goré et Olivier de Rougé.
L’immeuble du 129 boulevard Saint-Germain accueille également la Fédération nationale des ingénieurs agricoles, qui groupe les associations amicales d’anciens élèves des écoles nationales d’agriculture de Grignon, Montpellier et Grandjouan-Rennes, notamment dans le but de « faciliter, entre les trois associations, l’échange de leurs vues touchant les intérêts communs aux écoles nationales d’agriculture ou à leurs anciens élèves » 847. Au moins seize membres de chambre d’agriculture en fonctions en 1930 sont diplômés d’une de ces trois écoles. Parmi eux, se repèrent six présidents de chambre, dont trois sont membres titulaires et trois membres perpétuels de la fédération. Leur implication dans l’association reste cependant peu lisible et aucun d’entre eux n’appartient à l’équipe dirigeante de la FNMCA. L’existence d’un comité parlementaire au sein de la Fédération suggère qu’un nombre important d’ingénieurs agricoles sont devenus députés ou sénateurs : parmi ceux qui sont présidents de chambre d’agriculture, n’apparaissent que deux députés et aucun sénateur. Tous deux ont été élus en avril 1928. Du premier, Paul Dumaine, président de la chambre d’agriculture de la Haute-Marne, il est dit : « partisan de la politique suivie par Raymond Poincaré, il avait soumis à ses électeurs un programme d’union nationale, résolument anti-cartelliste, dans lequel il glissait, sur le plan purement local, la défense des bouilleurs de cru et celle des vignerons haut-marnais. Il siégea à la Chambre dans les rangs de l’Union républicaine démocratique. Ses compétences professionnelles le firent entrer à la Commission de l’agriculture, au sein de laquelle son activité s’exerça surtout » 848. Le second, Louis Marteau, président de la chambre d’agriculture de l’Yonne, « inscrit au groupe des républicains de gauche, devient membre de la commission de l’agriculture », déposa notamment « une proposition tendant à simplifier le règlement des différends entre les agriculteurs et leurs ouvriers » 849. Leurs compétences agricoles forgées au cours de leurs études d’ingénieur ne sont à aucun moment évoquées au fil de leurs notices de parlementaires, on ne leur connaît pas de résidence parisienne, enfin ils n’appartiennent pas aux appareils dirigeants des organisations généralistes parisiennes évoquées 850 : autant d’indices qui stigmatisent leur faible insertion dans les réseaux parisiens. Mentionnons cependant parmi les ingénieurs agricoles présidents de chambre d’agriculture Georges Rémond, président de l’Association générale des producteurs de blé (AGPB) depuis 1927 851.
D’une façon générale, les huit présidents d’agriculture qui sont sénateurs sont beaucoup plus impliqués dans les organisations professionnelles agricoles que leurs homologues députés. Six d’entre eux sont très présents dans les organisations parisiennes, au sein des conseils d’administration et bureaux de la CNAA, de l’UCSAF, de la CGA-UNPF, de la FNMCA, et surtout dans les commissions ressortissant des services du ministère de l’Agriculture. Le plus actif d’entre eux, dont le nom émaille notre propos au fil des pages mérite sans doute quelques lignes.
Comptes rendus des séances de l’APCA de 1927 à novembre 1929.
Annuaire Silvestre 1923.
Voir supra. Chapitre 1. A. Préhistoire de l’APCA, 1840-1927, p. 69.
Confédération nationale des Associations agricoles, Guide des Associations Agricoles pour les Élections aux Chambres d’Agriculture, Paris, CNAA, janvier 1927, 24 p.
François HOUILLIER, « À la mémoire de Luce Prault (P. 14/20) (1899-1991) », dans Ingénieurs de la vie, n° 432-janvier/février 1994, pp. 91-93.
Annuaire national agricole 1930, p. 122 et Comptes rendus des séances de l’APCA de novembre 1929 à octobre 1934.
Annuaire national agricole 1930, p. 127.
Informations communiquées par Jean-Louis Prault (fils de Luce Prault) en mars 2008.
Annuaire national agricole 1930, p. 127.
Annuaire national agricole 1930, p. 110.
Ibidem.
Ibidem, p. 111.
Ibidem, p. 127.
Guy MARIVAL, « Reconstruction et syndicalisme dans l’Aisne », dans Reconstructions en Picardie après 1918, Paris/Blérancourt, Réunion des musées nationaux/Les amis du musée de Blérancourt, 2000, pp. 126-137.
Annuaire INA 1935, pp. 146-152.
Ibidem, p. 37.
Ibidem, p. 18.
Ibidem, p. 22.
Pierre BOURDIEU, La noblesse d’État : grandes écoles et esprit de corps, Paris, Éditions de Minuit, 1989, 568 p.
Marie C. BENEDICT, Agriculture and administrative Elites... ouvrage cité, f° 190.
Ibidem, f° 191.
Marion DUVIGNEAU, « Naissance de l’édition agricole en France au 19e siècle : des Huzard à "La Librairie agricole de la Maison rustique" », dans Marie-Claire AMOURETTI et François SIGAULT [dir.], Traditions agronomiques européennes. Élaboration et transmission depuis l’Antiquité. Actes du 120e Congrès national des Sociétés historiques et scientifiques, Aix-en-Provence, 23-25 octobre 1995 : Section d’histoire des sciences, Paris, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1998, 279 p., pp. 65-83.
Annuaire national agricole 1930, p. 103.
Extrait de discours daté de 1925 et cité par Marie C. BENEDICT, Agriculture and administrative Elites... ouvrage cité, f° 191.
Annuaire national agricole 1930, p. 16.
http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/fonds/edi/sm/sm_pdf/F10_haras.pdf
Jean JOLLY, Dictionnaire des parlementaires français… ouvrage cité, p. 2 903.
Annuaire des ingénieurs agricoles1935, p. 416.
Gilles DENIS, « De l’Institut des recherches agronomiques au premier Institut national de la recherche agronomique (1916-1946) », dans Christophe BONNEUIL, Gilles DENIS et Jean-Luc MAYAUD [dir.], Sciences, chercheurs et agriculture… ouvrage cité, pp. 85-111 ; Christophe BONNEUIL, Gilles DENIS et Jean-Luc MAYAUD, « Pour une histoire des acteurs et des institutions des sciences et techniques de l’agriculture et de l’alimentation », article cité.
Voir Annexes. Dossier n° 3. Tableau 1 et schéma 1.
Annuaire national agricole 1930, p. 125.
Pierre BARRAL, Les agrariens français de Méline à Pisani, ouvrage cité, p. 115.
Ibidem, p. 138.
Annuaire des ingénieurs agricoles1935, p. 47.
Jean JOLLY, Dictionnaire des parlementaires français… ouvrage cité, pp. 1 542-1 543.
Ibidem, pp. 2 381-2 382.
Voir Annexes. Dossier n° 3. Tableau 1 et schéma 1.
Annuaire national agricole 1930, p. 112.