Topographies locales

Tandis que le raccordement des organisations régionales et départementales au clivage matérialisé par la répartition des organisations entre la rue d’Athènes et le boulevard Saint-Germain est constamment effectué dans les études, par-delà les contradictions internes, les brouillages et les recoupements 867, la topographie locale des immeubles dans les villes-préfectures est encore moins souvent évoquée 868. Ou alors elle l’est lorsqu’il s’agit de pointer des exceptions, celles des départements où les organisations professionnelles agricoles sont divisées en pôles départementaux, comme dans la Marne autour du « clivage Reims-Châlons », entre la Fédération des syndicats agricoles de la Champagne et la Ligue agricole de la Marne 869, en Eure-et-Loir, entre l’ex-Syndicat de Chartres et le Syndicat agricole du Dunois 870.

Ce qui frappe d’emblée est la proximité des chambres d’agriculture avec les directions des services agricoles (DSA). À la date pour laquelle les données sont accessibles, soit en 1938-1939, il apparaît qu’une chambre d’agriculture sur deux est installée à la même adresse que la DSA, dans le même immeuble, dont quinze y voisinent également avec une union de syndicats agricoles du département 871. Dans une douzaine de cas au moins, la proximité vaut cohabitation, puisque le secrétaire administratif de la chambre d’agriculture est le directeur des services agricoles 872. Dans l’éventail des situations connues, on repère ainsi quatre cas. Dans 23 départements, la chambre d’agriculture dispose d’une adresse distincte de la DSA et des unions de syndicats agricoles, et ce relatif isolement semble durer depuis le début des années 1930 873. Ces situations paraissent souvent tenir au caractère provisoire de l’installation de chambre d’agriculture caractérisées, particulièrement dans l’entre-deux-guerres, par « une certaine difficulté d’être » 874 : en Seine-Inférieure, en Haute-Saône, dans les Bouches-du-Rhône, la chambre d’agriculture est logée par la préfecture, et dans le Rhône, c’est au sein du Palais du commerce, place de la Bourse, qu’elle a son siège. Mais cette éternisation dans le provisoire ne se retrouve pas dans tous les départements, loin s’en faut.

L’importante proximité entre DSA et chambre d’agriculture ne saurait masquer les 24 départements où la chambre d’agriculture voisine avec une union de syndicats agricoles, même si dans quinze cas, la DSA est également logée à la même adresse. De façon assez évidente, cela se fait d’autant plus facilement avec la DSA quand les dirigeants de ces unions sont considérés comme proches des organisations relevant du « boulevard Saint-Germain » et des pouvoirs publics. L’exemple des organisations appartenant à la Fédération du Centre-Sud du sénateur Joseph Faure en fait foi : dans la Creuse, la Dordogne, la Corrèze, la chambre d’agriculture est installée au même endroit que la DSA et l’Union départementale de syndicats agricoles, et à Limoges, au sein de la Maison de l’agriculture, au numéro 52 de l’avenue de Juillet, elle côtoie à la fois la DSA, la Fédération agricole régionale du Centre-Sud, l’Union fédérale des syndicats et associations professionnelles agricoles de la Haute-Vienne, la Société d’agriculture, sciences et arts de la Haute-Vienne, le Herd-book de la race bovine limousine, la Caisse régionale de crédit agricole et la Société d’encouragement à l’agriculture de la Haute-Vienne 875. À l’inverse, chambres d’agriculture et unions de syndicats agricoles occupent ici et là un même immeuble, mais alors que la DSA est localisée ailleurs dans la ville. C’est le cas en Finistère, en Ille-et-Vilaine, dans l’Aisne et les Alpes-Maritimes, notamment : sans que cela soit systématique, il apparaît tout de même que la présence d’une puissante union régionale, liée à la Société des agriculteurs de France, telle l’Office central de Landerneau ou Union des syndicats agricoles du Finistère et des Côtes-du-Nord, conduise à éloigner la chambre d’agriculture des « services extérieurs » du ministère de l’Agriculture que sont les DSA, en l’entraînant dans l’orbite d’une union de syndicat attractive notamment par les moyens qu’elle fournit en matière de locaux, autrement dit, d’infrastructures.

Dans les pages du répertoire de Luce Prault, 18 adresses font allusion à une « Maison de l’Agriculture ». Cette expression désigne alors un immeuble de bureaux dans lesquels peuvent cohabiter et collaborer services publics et organisations professionnelles agricoles, dont le but avoué est « d’affirmer devant l’opinion tant agricole que non-agricole l’existence matérialisée par un immeuble commun d’un front professionnel unique » 876. En 1934, sept chambres disposent d’une « Maison de l’Agriculture » – ce sont : Allier, Creuse, Loiret, Lot-et-Garonne, Manche, Marne et Vendée –, une autre loue un immeuble à cet effet et trois ont projeté d’en créer une. L’APCA encourage alors les chambres à ces créations situées à la jonction de l’administration publique et des organisations agricoles de droit privé, considérant que « les chambres d’agriculture [sont] destinées, par le caractère officiel qu’elles confèrent à leurs membres, qui sont précisément le plus souvent les dirigeants de ces associations, à opérer ce désirable rapprochement » 877. Entre 1934 et 1939, la progression est donc forte avec la constitution, apparemment, d’une dizaine de ces « Maisons de l’agriculture » : à l’examen des pages des annuaires, même lacunaires, la plus grande concentration des organisations dans ces immeubles et leur voisinage atteste de leur vocation centripète. Ainsi, à Amiens, aux numéros 9 et 11 du boulevard Maignan-Larivière, la Maison de l’agriculture accueille la DSA, la chambre d’agriculture, la Société des agriculteurs de la Somme et le Syndicat d’élevage et de contrôle laitier-beurrier de la Somme, présidés par Adolphe Pointier, membre de la chambre d’agriculture et assidu suppléant-délégué à l’APPCA, la Fédération des syndicats agricoles de la Somme et la Fédération départementale de réassurance contre la mortalité du bétail, présidées par Georges Jourdain, autre membre de la chambre, l’Union départementale des syndicats de défense, dont le président, Eugène Hourdequin, a été élu membre de la chambre d’agriculture en 1933, et enfin, la Caisse régionale de crédit agricole mutuel d’Amiens, à la tête de laquelle, on ne s’étonnera pas de trouver un membre de la chambre d’agriculture, l’ancien député radical-socialiste Paul Dubois. Notons que le cas amiénois est loin d’être exceptionnel.

Car la topographie locale dans laquelle s’inscrivent les chambres d’agriculture n’est pas seulement jalonnée d’immeubles, elle se structure autour de réseaux d’hommes, enchevêtrés à l’extrême. Institutions nouvelles dans un paysage relativement récent mais déjà touffu, elles sont constituées de membres appartenant en majorité aux organisations préexistantes, et sont par ce biais dès leurs débuts immergées dans ce que certains qualifient de « système agricole départemental », modèle d’interprétation conçu au sujet des organisations des années 1970 et que l’on ne saurait seulement plaquer à la période de l’entre-deux-guerres, caractérisée par une grande hétérogénéité d’un département à l’autre, résultat d’une structuration lente et décalée, débutée en 1884.

L’un des éléments les plus comparables est le niveau d’intrication des mandats entre chambres d’agriculture et offices agricoles départementaux. La comparaison des listes des membres des chambres d’agriculture au lendemain des élections partielles de février 1930 et de celles des membres des offices agricoles départementaux publiées dans l’annuaire national de l’agriculture en 1930 permet de constater une augmentation de l’incidence des doubles appartenances par rapport à la situation de 1927 878. Ainsi, désormais, toutes les chambres d’agriculture comptent parmi leurs membres un membre de l’office agricole départemental et dans les trois quarts des cas ce sont trois membres de l’office ou plus qui siègent à la chambre d’agriculture. Surtout, le rapport s’inverse entre la part des chambres qui rassemblent plus de la moitié des membres de l’office agricole départemental et de celles qui en réunissent moins de la moitié : en 1930, 62 % des chambres ont parmi leurs membres plus de la moitié de ceux de l’office. L’entrisme à double sens constaté en 1927 est toujours d’actualité, mais en faveur des chambres d’agriculture. En effet, le poids relatif des membres des offices dans les chambres est forcément moindre puisque les effectifs des chambres sont amplement supérieurs à ceux des offices – dans un rapport de 1 à 3 environ – : dans l’écrasante majorité des chambres d’agriculture, les membres de l’office représentent un dixième à un tiers de l’assemblée. Est-ce à dire pour autant que la chambre d’agriculture a la haute main sur les orientations de l’office agricole départemental ?

Ce serait sans compter sur des divergences au sein des chambres et sur la possibilité d’un maintien de certains membres par le conseil général pour y contrer les représentants des grandes organisations agricoles de droit privé, dont les plus puissantes sont largement hostiles aux offices. Cependant, depuis les premières élections aux chambres d’agriculture, le processus de nomination des membres a changé : dorénavant, « il existe dans chaque département un office agricole dirigé par un conseil comprenant six membres élus : trois par le conseil général et trois par les chambres d’agriculture » 879. Dès lors, la proximité des deux organisations semble assurée : cette présupposition n’est pas invalidée par les chiffres, puisqu’il apparaît que dans un nombre croissant de départements, les chambres d’agriculture sont présidées par un membre de l’office, voire par son président ; de même, la part des chambres qui comprennent parmi leurs membres le président de l’office agricole départemental a augmenté depuis 1927, passant de 47 % à 59 %. Les rédacteurs de l’Annuaire national agricole en prennent acte ainsi : « le gouvernement de M. Tardieu, qui veut instaurer "la politique de prospérité" […] se doit, en effet, pour réaliser son vaste programme, de protéger les agriculteurs qui, sous l’impulsion des offices, sont parvenus à intensifier leurs productions, dans le but de concourir au rétablissement des finances nationales. Il y parviendra, s’il veut bien tenir compte, dans la mesure du possible, des vœux et délibérations émis par les chambres d’agriculture, en vue d’enrayer la crise grave dont nous menace une surproduction mal équilibrée » 880. Vues comme devant prendre le relais des offices agricoles 881, les chambres d’agriculture coexistent dans la contiguïté avec ces organismes dont elles devaient prendre la place. Les offices comptent ainsi parmi les nombreux lieux où se côtoient des membres des chambres d’agriculture.

Les données de l’Annuaire national agricole de 1930 sont lacunaires : seuls les membres des chambres et des offices sont énumérés en totalité, les autres organisations ne font l’objet que d’une présentation succincte et, en général, ne sont cités que les membres du bureau, voire seulement le président. Cette imparfaite source permet toutefois de repérer 115 organisations – en dehors des offices agricoles –, réparties dans quarante départements, où l’on dénombre au moins deux membres de la chambre d’agriculture. Au moins 527 des 1870 membres de chambre d’agriculture en fonction en 1930, soit 28 %, se fréquentent en dehors du cénacle de la chambre et de ses sessions bisannuelles. 46 comices sont ainsi dirigés par deux membres de la chambre d’agriculture et bien souvent, cette situation se retrouve dans plusieurs cantons ou arrondissement du département. Ainsi, en Savoie, les comices d’Albertville et de Moûtiers rassemblent chacun trois membres de la chambre d’agriculture. La quasi-absence des coopératives – on n’en compte que quatre – tient surtout au biais des sources : seules quelques unions de coopératives liées à des organisations dominantes sont largement présentées dans les pages de l’annuaire, comme dans le Nord et le Pas-de-Calais, ou en Finistère autour de l’Office de Landerneau. Il en va de même pour les sociétés de secours mutuel et les caisses de crédit : les pages consacrées aux organisations du département du Nord, qui ouvrent l’annuaire, sont infiniment plus fournies que les autres et on y voit bien que les membres des chambres d’agriculture y sont très présents.

29 syndicats départementaux ou unions de syndicats et 26 organisations qualifiées d’« associations et sociétés agricoles » accueillent de deux à onze membres de la chambre d’agriculture. Le Syndicat des agriculteurs de l’Orne compte ainsi huit des vingt membres de la chambre d’agriculture parmi les 37 membres cité. À noter que dans cinquante cas sur 55, le président de l’organisation en question est un membre de la chambre, comme si celui-ci avait entraîné certains de ses homologues d’une organisation à l’autre – il faudrait avoir bâti une série de jalons chronologiques très serrés pour espérer en percevoir le sens, mais l’antériorité des syndicats sur les chambres d’agriculture laisse penser qu’il s’agit plutôt d’un mouvement qui voit les dirigeants syndicaux investir les chambres que l’inverse. Là encore, il ne s’agit pas de pointer des différences régionales qui seraient vides de sens, mais bien de profiter de l’éclairage donné par l’hasardeuse prolixité des sources pour déterminer le niveau d’enchevêtrement des réseaux possiblement observable dans les organisations départementales en 1930.

Dans le département du Nord, en 1930, la chambre d’agriculture compte 33 membres : 29 d’entre eux ont été identifiés dans les organisations citées par l’Annuaire national de l’agriculture, dont 25 s’y côtoient. Les membres de la chambre sont présents dans les bureaux d’au moins 39 organisations. Si la chambre d’agriculture, sise au 60 de la rue de l’Hôpital militaire, n’y voisine directement avec aucune organisation publique ou privée, ses liens avec l’environnement syndical et politique départemental sont cependant évidents. Onze de ses membres appartiennent aux instances dirigeantes de la Fédération agricole du Nord de la France – dont les locaux se trouvent au 44 rue Jean-Sans-Peur, dans le centre ville de Lille, à 300 mètres de la chambre d’agriculture – dont un en tant que président, un autre comme secrétaire et neuf comme vice-présidents. Regroupant 854 syndicats et 30500 syndiqués, cette prééminente union de syndicats agricoles 882 – qui a pour buts « la fondation et l’extension de syndicats, la défense des intérêts agricoles, la fondation des mutualités et des caisses rurales et l’organisation des achats et ventes en commun par ses coopératives » 883 – est fortement structurée. L’annuaire liste l’ensemble des membres des bureaux des unions agricoles d’arrondissement rattachées à la Fédération agricole du Nord de la France : fédérant chacune plusieurs centaines d’adhérents et des dizaines de syndicats locaux, les unions de Lille, Cambrai et Douai sont présidées par un membre de la chambre d’agriculture, comme celles de Dunkerque, Hazebrouck et Valenciennes comptent en plus un à deux membres de la chambre au sein de leur bureau.

Au 44 rue Jean-Sans-Peur se trouvent également au moins neuf autres organisations qui toutes, ou presque, accueillent au sein de leur bureau un ou plusieurs membres de la chambre d’agriculture. Nous avons déjà cité l’Union agricole de Lille. La coopérative du Nord de la France, organisme d’achat et de vente de la Fédération agricole du Nord de la France, « ne comprend comme coopérateurs que ses seuls porteurs de parts et ne peuvent être admis comme porteurs de parts que les syndicats agricoles, leurs coopératives et les membres des syndicats agricoles affiliés à la Fédération agricole du Nord de la France [et] a pour but d’acheter pour les louer, prêter ou répartir, exclusivement entre ses membres, les denrées, marchandises ou autres objets destinés à l’exercice de leur profession, de prêter son entremise pour la vente de leurs produits et accessoirement de traiter toutes opérations non commerciales pouvant être utiles à la Société ou servir à son objet [et qui enfin] achète surtout pour le compte des syndicats agricoles, afin de leur assurer les prix les moins élevés et les produits les meilleurs » 884. Trois de ses onze administrateurs sont des membres de la chambre d’agriculture, dont deux membres de son bureau. Le vice-président de la chambre d’agriculture est vice-directeur de la Caisse centrale du Nord, société à capital variable, organisée par la Fédération agricole du Nord de la France dont le but est « d’aider les caisses rurales associées qui sont les caisses locales de crédit, système Raiffeissein-Durand [en leur procurant] des capitaux quand elles en manquent et toutes les opérations nécessaires pour faciliter leur fonctionnement » et qui groupe alors 163 caisses rurales et ouvrières réparties dans le département 885. Un autre membre de la chambre est membre du comité de surveillance de cette caisse. La présence des membres de la chambre d’agriculture est encore plus forte au sein de la Caisse régionale de crédit agricole mutuel de la Fédération agricole du Nord de la France. Octave d’Hespel, vice-président de la chambre d’agriculture, en est le vice-directeur, tandis que trois de ses homologues de la chambre y ont été désignés pour faire partie du bureau ou du conseil de surveillance. Le même homme 886, président de la Fédération agricole du Nord de la France, règne ainsi sur l’ensemble des filiales de la dite fédération : caisses incendie, accidents, bétail, secours mutuel.

À ses côtés dans ces organisations, on retrouve souvent l’abbé Tobbie Outters, secrétaire de la chambre d’agriculture et suppléant-délégué du président à l’APCA, où il est présent à de très nombreuses reprises en 1927 et 1935. Lors de la première session de celle-ci en 1928, il intervient pour apporter aux présidents une précision, voici ses termes exacts : « Je dois dire qu’actuellement M. d’Hespel n’est pas président de la chambre d’agriculture du Nord. Nous avons décidé de désigner alternativement comme président un représentant du groupe des associations d’agriculteurs, et un représentant du groupe des syndicats agricoles. Il est très probable qu’à la session de mai, c’est M. d’Hespel qui prendra la présidence de la chambre d’agriculture du Nord » 887. En effet, au fil des années 1927 à 1933, on voit pas moins de six changements à la présidence de la chambre d’agriculture 888. Le premier président, élu en mai 1927, est Achille Hadou, qui en 1923 était vice-président de la Société des agriculteurs du Nord. Vient ensuite Octave d’Hespel, président en 1928 et 1929, puis en 1932. C’est Florimond Desprez qui est président en 1930 : il est également le président de la Société des agriculteurs du Nord, située au 15 rue des Vieux-Murs, à 800 mètres de la chambre, qui compte en son sein huit membres de la chambre d’agriculture.

Plus proche des pouvoirs publics avec lesquels elle coopère, la Société des agriculteurs du Nord compte 4000 membres et rassemble une dizaine de sociétés d’agriculture d’arrondissement, fréquemment présidées ou vice-présidées par un membre de la chambre d’agriculture. Un seul d’entre eux appartient à la fois à une Union agricole affiliée à la Fédération agricole du Nord de la France et à la Société des agriculteurs du Nord : en dehors de ce cas, la chambre est clairement scindée en deux, avec un groupe de dirigeants d’unions agricoles et de filiales coopératives ou mutualistes de la Fédération agricole du Nord, et un groupe plus restreint de dirigeants de la Société des agriculteurs du Nord, présidant une société d’agriculture, ainsi que souvent un herd-book, un syndicat d’élevage ou de contrôle laitier, et que l’on ne s’étonnera guère de trouver à l’office agricole départemental, dont l’un à la présidence de celui-ci, aux côtés de l’omniprésent Octave d’Hespel. Le schéma qui voudrait que s’opposent les tenants de la grande culture, à la Fédération agricole du Nord de la France, et les éleveurs, autour de la Société des agriculteurs du Nord, est invalidée par ce que l’on sait de Florimond Desprez, président de cette dernière et de la chambre d’agriculture en 1930 : ce « créateur de nombreuses variétés de blé, d’avoine et de betteraves » 889, dont l’exploitation a été érigée en 1888 en station expérimentale d’État 890, est président de l’Union syndicale des producteurs de graines de semences de la région du Nord, est également correspondant national dans la section de Grande culture de l’Académie d’agriculture et membre du Comité de contrôle des semences à la direction de l’Agriculture du ministère du même nom et membre du bureau confédéral de la Confédération nationale des associations agricoles (CNAA).

Son successeur à la tête de la chambre d’agriculture, Jules Carlier-Caffiéri, est, de 1926 à 1932, député siégeant dans le groupe de la « gauche radicale ». Ancien président de l’Union des coopératives de reconstruction de l’arrondissement d’Avesnes, il est vice-président de la Société des agriculteurs du Nord et président du Syndicat de contrôle laitier de Le Quesnoy. En 1933, c’est Emmanuel Lanthiez qui est élu président de la chambre : autre vice-président de la Société des agriculteurs du Nord, il l’est également de la Société nationale d’agriculture, sciences et arts de l’arrondissement de Valenciennes. Après cet intermède, Octave d’Hespel reprend la présidence, et la garde jusqu’en 1939. Au vu de la stabilité des présidences des autres chambres d’agriculture, il semble que cet équilibre interne issu de négociations entre deux organisations opposées et prédominantes soit l’exception et non la norme. Ce cas témoigne cependant, à l’extrême, des modalités par lesquelles la chambre d’agriculture s’introduit dans les réseaux départementaux et en renforce l’armature, mais également du champ de forces mouvant qui existe entre organisations publiques, privées et chambres d’agricultures, organismes parapublics balbutiants.

La situation dans le Rhône est très différente, ou du moins les sources ne nous permettent-elles pas d’appréhender pareille intrication des organisations. Les informations laconiques de l’annuaire de 1930 ne recèlent les noms que de six des dix membres de la chambre d’agriculture. En apparence, ceux-ci ne se côtoieraient qu’au sein de l’office agricole départemental, où ils occupent trois sièges sur six. La source tait cependant l’appartenance de nombreux membres de la chambre d’agriculture aux organisations gravitant dans l’orbite de l’Union du Sud-Est des syndicats agricoles (USESA). Ainsi le président de la chambre, Julien Riboud, également président du comice du Haut-Beaujolais a-t-il des liens très fort avec cette organisation 891. Né en 1887, cet avocat à la Cour d’appel de Lyon a été nommé auditeur au conseil de l’USESA en 1909 892, est devenu administrateur provisoire de celle-ci en 1919 893, comme suppléant de Claude Silvestre, puis administrateur délégué l’année suivante 894. Outre qu’il a présenté, notamment en 1921, de nombreux rapports sur les chambres d’agriculture et leur mode d’élection 895, il est fréquemment, au cours des années 1920, le représentant de l’USESA dans les grands congrès agricoles, tel celui de la CNAA, tenu à Toulouse en juin 1924 896. En 1927, il figure, dans les pages du Tout-Lyon l’Annuaire de la haute société de la région lyonnaise, aux côtés de Philippe Verzier, son prédécesseur à la tête de la chambre, et d’Henry Lagardette, président du Syndicat agricole du canton de Belleville 897. Marqueurs de notabilité 898, ces mentions sont le fait de ceux des membres de la chambre d’agriculture qui résident entre la commune où se trouvent leur(s) exploitation(s) agricole et Lyon, où ils ont une adresse entre les quais de la Presqu’île et les Brotteaux.

Les pages de l’Annuaire national agricole de 1930 comptent 1095 organisations, en dehors des offices agricoles, dont un des membres listés est un membre d’une chambre d’agriculture. Au total, si l’on considère les organisations du local au national, y compris les offices, les membres des chambres d’agriculture seraient présents dans les appareils dirigeants de 1300 organisations, dont, pour exemple, 276 comices et 600 syndicats ou unions de syndicats. Cette situation concerne tous les départements : malgré les failles de l’annuaire, la chambre d’agriculture ne semble jamais isolée des autres organisations et ses élus semblent avoir été choisis parmi les dirigeants chevronnés du département. Il existe cependant des différences qui ne paraissent pas découler du seul effet de source 899. Si dans une chambre sur deux, plus de la moitié des membres ont été identifiés dans des organisations régionales, départementales ou locales, cela est plus souvent le cas dans le Nord et l’Est du pays. Il est encore plus flagrant que le nombre d’organisations professionnelles agricoles où ont été identifiés un ou plusieurs membres de chambre d’agriculture sont plus nombreuses dans les départements du Nord, du Nord-Est, du Centre-Est et de Normandie 900. Ainsi, dans plus de la moitié des départements, au moins une douzaine d’organisations sont liées à la chambre d’agriculture par le biais de l’un de ses membres et dans une vingtaine de cas, plus de vingt organisations apparaissent directement connectées à la chambre.

Comme en 1927, les présidents de chambre d’agriculture sont présents dans tous les types d’organisations. Nettement plus présents qu’alors dans les offices agricoles 901, ils sont également plus souvent repérés dans les comices agricoles, un peu moins dans les sociétés d’agriculture, sans que cela soit significatif. La prédominance des mandats syndicaux reste évidente parmi les présidents : elle l’est également pour les membres des chambres, car un membre de chambre d’agriculture sur quatre, ou un sur deux si l’on retient seulement ceux qui ont étés identifiés dans l’annuaire de 1930, appartient à un syndicat agricole. Les mandats dans les organisations coopératives, mutualistes et de crédit restent peu connus, du fait du silence des sources. L’examen des échelons spatiaux auxquels s’exercent ces mandats fait apparaître que les présidents de chambre d’agriculture sont plus souvent repérables à l’échelon départemental que les membres qui les ont élus, mais tout en étant également plus présents aux niveaux communal et national 902. Le questionnement en termes d’« envergure » montre bien cette convergence départementale commune aux présidents et aux membres de chambre d’agriculture, mais l’atout local et supralocal des présidents demeurent 903. Enfin si à l’évidence les fonctions de présidents ressortent mieux, cet inévitable effet de source ne masque pas tout à fait la plus grande propension des membres à exercer des mandats de second plan dans les organisations du département ou de la région, sauf dans les syndicats dont le siège de président semble le seul digne d’être mentionné 904. Qu’une source aussi biaisée dévoile une intrication aussi dense, et l’on peut sans peine présumer d’un enchevêtrement encore plus touffu des mandats et des organisations. En cela, les chambres d’agriculture, quoiqu’elles ne relèvent pas du même statut que les organisations citées, leurs sont liées et sont même immergées dans leur univers.

L’interdépendance est également financière, puisque le subventionnement des organisations privées par les chambres d’agriculture joue le rôle d’adjuvant du système. À notre connaissance peu étudié, mentionné ça et là, ce phénomène constitue sans doute un sujet en soi : il est toutefois possible d’en éclairer quelques-uns des caractères. À côté des dépenses de fonctionnement et de celles liées aux actions entreprises par la chambre d’agriculture, figurent les subventions à des organisations professionnelles. Dans cette catégorie, le poste de dépense le plus récurrent est sans aucun doute celui des subventions aux « producteurs de blé », c’est-à-dire à une organisation qui, comme les chambres d’agriculture, compte parmi les 650 groupements professionnels affiliés à l’AGPB 905. En 1934, le total des subventions mentionnées par 37 chambres sur 90 atteint 69 659 francs 906, ce qui semble corroborer les dires de Denis Pesche qui signale que « l’AGPB développe des relations étroites avec les chambres d’agriculture qui apportent une contribution majoritaire à son financement (près des deux tiers à la fin des années 1930) » 907. Puisqu’Henry Roussillon évoque un budget de l’AGPB de seulement 70 000 francs en 1927, même en considérant que ce budget a fortement cru jusqu’en 1934, la somme atteinte par les subventions des seules chambres qui informent l’APCA sur leurs postes de dépenses 908 semble pouvoir effectivement constituer un apport important au budget de l’AGPB, directement ou par le truchement de ses organisations affiliées.

Trois autres subventions à des organisations spécialisées sont assez fréquemment mentionnées 909. Une douzaine de chambres disent en 1934 subventionner les « producteurs de betteraves », soit vraisemblablement la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) : cette subvention pèse lourd dans les dépenses des chambres de la Somme, de la Seine-et-Marne et du Nord, mais elle n’est pas négligeable en Bas-Rhin, Côte-d’Or, Seine-Inférieure et Puy-de-Dôme, département où cette culture est moins dominante. Un tiers des chambres apportent leur contribution aux « producteurs de lait », soit sans doute à la Confédération générale des producteurs de lait (CGPL), sise au 34 rue Taitbout, dans le 9e arrondissement de Paris, comme la CGB suscitée. Le secrétaire général de la CGPL, René Robineau, membre et suppléant-délégué de la chambre d’agriculture de l’Yonne, exprimait d’ailleurs clairement en 1931 combien son organisation avait besoin du soutien financier des chambres d’agriculture 910. Les chambres d’agriculture de l’Eure, de la Seine-et-Marne et surtout de la Haute-Savoie en sont les grosses contributrices, en valeur absolue comme en valeur relative. Pesant moins lourd dans leur budget, sans toutefois être négligeables, les apports aux « producteurs de viande », soit à l’Association générale des producteurs de viande, sont le fait de 36 chambres, dans l’Ouest, le Nord, le Massif central et la zone de production du charolais. Mais le soutien aux organisations des producteurs de betteraves, de lait et de viande pèse moins que celui à l’AGPB : globalement, les sommes sont moins élevées – 20 000 francs contre les 68 000 apportés par les chambres à l’AGPB – et au niveau de chaque chambre départementale, dans un cas sur deux, le total des subventions aux producteurs de betteraves, lait et viande n’excède pas la seule contribution au budget de la puissante association spécialisée. Ainsi, dans le Jura, si 200 francs sont versés aux producteurs de lait et la même somme aux producteurs de viande, mille francs sont consacrés aux « producteurs de blé » ; cependant cet exemple permet de pointer l’existence de subventions à d’autres organisations : la chambre d’agriculture du Jura consacre ainsi 3 600 francs aux « producteurs de Gruyère » – vraisemblablement le Syndicat national des producteurs français de gruyère, sis à Lons-le-Saunier –, et 500 francs aux producteurs de fromage bleu du Haut-Jura 911. Les cas sont fréquents de fractionnement de la part du budget consacrée aux subvention entre plusieurs organisations liées à des productions locales spécifiques.

Mais les chambres d’agriculture soutiennent également d’autres organisations. Les cas les plus récurrents sont des subventions consistant en la création de prix et de primes dans des concours agricoles locaux organisés par les sociétés d’agriculture ou les comices. Ce sont également des bourses attribuées aux élèves des écoles d’agriculture, ou des soutiens financiers assurés aux établissements d’enseignement agricole – école d’agriculture d’hiver, enseignement agricole post-scolaire, cours par correspondance. Or ce type de participation financière des chambres d’agriculture semble moins susciter l’enthousiasme à l’APCA. Ainsi, lorsque la chambre d’agriculture de la Côte-d’Or subventionne à hauteur de 3 000 francs (soit 0,8 % de ses dépenses) le laboratoire de recherches de l’École vétérinaire d’Alfort, cela est vivement critiqué. Roger de La Bourdonnaye s’en indigne en ces termes : « certaines compagnies emportées par leur zèle ne dépassent-elles par le but lorsqu’elles subventionnent l’École d’Alfort ou les services vétérinaires départementaux. N’appartient-il pas à l’État d’assurer le fonctionnement des établissements ou services officiels et n’est-ce pas créer de fâcheux précédents que d’habituer les institutions à compter sur la générosité des chambres d’agriculture ? » 912. Est-ce la preuve que pour certains présidents, les chambres d’agriculture se rangent bien dans le camp du privé face à celui des organisations publiques ou gravitant dans l’orbite du ministère de l’Agriculture et/ou de l’État ? Or les chambres d’agriculture, comme l’École vétérinaire d’Alfort, sont sous tutelle du ministère de l’Agriculture. De fait, tout l’enjeu des années 1930 tient à l’équilibre des chambres d’agriculture et de l’APPCA sur le fil entre public et privé, dans les limbes d’un parapublic mal défini, comme improvisé, et alors que de vives volontés de les attirer d’un côté ou de l’autre s’expriment incidemment. De cette position à l’intersection des organisations de droit privé et des pouvoirs publics découle pour l’APPCA sa légitimité de corps intermédiaire à vocation consultative. Véritable raison d’être des chambres d’agriculture et de l’APPCA, la consultation ne s’y opère pas sans obstacles et sans détournements, dont on peut explorer certains aspects.

Notes
867.

Jean-Luc MAYAUD, « Pour une communalisation de l’histoire rurale », article cité ; Ronald HUBSCHER, « Syndicalisme agricole et politisation paysanne », article cité, p. 150.

868.

Jean-Pierre PROD’HOMME, Agriculteurs organisés… ouvrage cité.

869.

Ibidem, p. 47.

870.

Rémy LEVEAU, « Le syndicat de Chartres (1885-1914) », dans Pierre BARRAL [dir.], Aspects régionaux de l’agrarisme français avant 1930.– Le Mouvement social, n° 67, avril-juin 1969, pp. 61-78. D’autres cas de semblables clivages n’ont été étudiés à notre connaissance, tels les ceux des Bouches-du-Rhône, entre Marseille et Arles, ou du Calvados, entre les organisations du Pays d’Auge, autour de Lisieux, et celles implantées à Caen.

871.

Voir Annexes. Dossier n° 3. Tableau 4 et carte 1.

872.

Arch. APCA, Répertoire des chambres d’agriculture établi par Luce Prault, secrétaire de l’APPCA, 1938-1940.

873.

D’après les données, fragmentaires, fournies par l’Annuaire national de l’agriculture publié en 1930, seule la chambre d’agriculture des Ardennes, parmi celles-ci, semble voisiner avec la Caisse syndicale départementale de réassurance contre la mortalité du bétail des Ardennes.

874.

Marcel LALIGANT, L’intervention de l’État dans le secteur agricole, Paris, Librairie générale de Droit et de Jurisprudence, Pichon et Durand Auzias, 1970, 341 p., p. 77.

875.

Annuaire national agricole 1939, pp. 418-420.

876.

Roger de LA BOURDONNAYE, « Attributions autres que consultatives des Chambres d’Agriculture », dans APCA, Comte rendu des séances des 16 et 17 mars 1934, pp. 145-162.

877.

Ibidem.

878.

Voir Annexes. Dossier n° 3. Tableau 5. Comparer avec Dossier n° 1. 1. Tableau 2.

879.

Annuaire national agricole 1930, p. 39.

880.

Ibidem, p. 41.

881.

Comme le stipulait l’article 2 de la loi du 6 janvier 1919.

882.

Raphaël FAUCON, « Les origines du syndicalisme agricole dans la région du Nord (1884-1914) », dans Revue du Nord, n° 188, janvier-mars 1966.

883.

Annuaire national agricole 1930, p. 138.

884.

Annuaire national agricole 1930, p. 141.

885.

Annuaire national agricole 1930, p. 142.

886.

Le comte Octave d’Hespel est né à Fournes, en 1876, dans une famille qui « a obtenu des lettres de confirmation d’ancienne noblesse par le roi d’Espagne en 1663 [et à qui le] titre de comte héréditaire fut accordé pour la branche de Lestoquois en 1818 » et qui a plus récemment fait ses preuves de noblesse. Il obtient sa licence de droit à la faculté libre de Lille où il « participe aux oeuvres d’apostolat de la "Catho" ». Ce « grand propriétaire foncier » fonde en 1901 le syndicat agricole de Fournes et participe en 1902 à la création de la Fédération des associations agricoles du Nord de la France, à Lille, dont il devient aussitôt le président. À l’origine de la création de l’armature syndicale, coopérative, mutualiste et de crédit de ce qui devient ensuite la Fédération agricole du nord de la France, il est également maire de Fournes depuis 1904 et président de la coopérative des églises dévastées du diocèse de Lille. Sources : Jean-Marie MAYEUR et Yves-Marie HILAIRE [dir.], Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, volume 4 : Lille-Flandres, Paris/Lille, Beauchesne Editeur/Centre d’histoire de la région du Nord et de l’Europe du Nord-Ouest, 1990, 497 p. (ouvrage dirigé par André Caudron), pp. 276-277 ; Association de la noblesse de France, Recueil des personnes ayant fait leurs preuves de noblesse devant les Assemblées générales de l’Association d’entraide de la noblesse française (depuis sa fondation en 1932 jusqu’au 31 décembre 1949), Paris, SGAF, 1950, 375 p., p. 168 ; Nath IMBERT, Dictionnaire national des contemporains, Paris, Lajeunesse, 1938, 531 p., p. 270.

887.

APCA, Compte rendu de la séance des 22 et 23 mars 1928.

888.

Voir Annexes. Dossier n° 13. Tableau 15.

889.

Henri TEMERSON, Biographies des principales personnalités françaises décédées au cours de l’année 1961, Paris, l’Auteur, 1962, 224 p., pp. 68-69. On trouve dans les annuaires et la presse agricole les encarts publicitaires suivants : « Il y a des graines de betteraves ordinaires, mais il y a aussi des graines de betteraves provenant de Cultures Sélectionnées . N’employez que la semence de betterave SELECTIONNÉE provenant de la Maison FLORIMOND-DESPREZ spécialisée depuis longtemps dans la sélection des Betteraves, à CAPELLE, par TEMPLEUVE (Nord) » . Le Soc. Organe d’éducation et de défense professionnelle des associations agricoles du Plateau central, n° 3, 29 janvier 1933, p. 3.

890.

Jean JOLLY, Dictionnaire des parlementaires français…, ouvrage cité, tome IV, p. 1425 (notice de Desprez Victor, dit Desprez-Potié, fils de Florimond Desprez).

891.

C’est le cas également de Jean-Marie Parrel, vice-président de la chambre, et de Jean-Baptiste Reynaud, par le biais des affiliations.

892.

« USE. Communications. Réunion du Conseil », dans Bulletin de l’Union du Sud-Est, n° 12, décembre 1909, p. 229. (Informations communiquées par Pierre Chamard).

893.

« USE. Communications », dans Bulletin de l’USESA, avril 1919, pp. 45-46. (Informations communiquées par Pierre Chamard).

894.

Arch. nat., L 2314033, dossier de Légion d’honneur de Julien Antoine Marie Riboud. (Informations communiquées par Pierre Chamard).

895.

« Communications de l’Union », dans Bulletin de l’USESA, février 1921, pp. 37-39 ; « Informations », dans Bulletin de l’USESA, mai 1921, pp. 140-143 (Informations communiquées par Pierre Chamard).

896.

VIe congrès national de l’agriculture française, dans Bulletin de l’USESA, juillet 1924, pp. 206-208. (Informations communiquées par Pierre Chamard).

897.

Arch. dép. Rhône, 7 M 33, Sessions de la chambre : comptes rendus et procès-verbaux, circulaires ministérielles, correspondance, fascicules imprimés, 1853 ; 1856 ; 1927-1931.

898.

Yves Grafmeyer ne considère-t-il pas que « comme l’ancienneté et la notoriété de la famille jouent souvent un rôle au moins aussi décisif que les réussites individuelles dans les critères d’inscription, un annuaire tel que le Tout-Lyon fournit aussi, plus largement, des bases précieuses pour l’étude de milieux que l’on aurait guère de chances de repérer comme tels en partant d’une nomenclature de catégories professionnelles ». Yves GRAFMEYER, Quand le Tout-Lyon se compte : lignées, alliances, territoires, ouvrage cité, p. 12.

899.

En effet, si l’on considère le ratio nombre de membres identifiés/nombre de fiches individuelles constituées à partir de l’Annuaire national agricole 1930 (catégorie "organismes régionaux, départementaux et locaux"), on constate que celui-ci varie de 0,01 à 0,1 (rapport de 1 à 10) suivant les départements. De la même façon, le ratio nombre de membres identifiés/nombre de "structures" différentes recensées dans les pages de l’Annuaire national agricole 1930, catégorie "organismes régionaux, départementaux et locaux" oscille entre 0,017 et 0,22 (rapport de 1 à 13) et le ratio nombre de mandats détenus par des membres de la chambre d’agriculture dans les organisations présentées dans les pages de l’Annuaire national agricole 1930, catégorie "organismes régionaux, départementaux et locaux"/nombre de fiches individuelles varie de 0,023 à 2,2 (rapport de 1 à 8). Si la propension à identifier des membres de chambre d’agriculture dans les organisations était strictement corrélée à l’abondance des informations fournies par l’annuaire, ces amplitudes seraient moindres.

900.

Voir Annexes. Dossier n° 3. Cartes 2 et 3.

901.

Voir Annexes. Dossier n° 3. Tableau 6. et Dossier n° 1. 1. Tableau 1.

902.

Voir Annexes. Dossier n° 3. Tableau 7.

903.

Voir Annexes. Dossier n° 3. Tableau 9.

904.

Les notices individuelles corroborent ce phénomène, comme en écho : il semblerait que plus l’organisation est grande et reconnue, plus le nombre de mandats et de fonctions citées et citables sont importantes, tandis que dans les petites organisations, par la taille de la circonscription comme par le niveau de spécialisation ou le nombre d’adhérents, ne sont généralement mentionnés que les mandats de président.

905.

Henry ROUSSILLON, L’association générale des producteurs de blé, Paris, Librairie Armand Colin, 1970, 181 p., p. 65.

906.

Travaux des chambres d’agriculture, 16 mars 1934, pp. 99-107.

907.

Denis PESCHE, « Fondement et mécanismes de l’influence des céréalier au sein du syndicalisme agricole en France », dans Le syndicalisme agricole.– Économie rurale. Agricultures, alimentations, territoires, n° 312, juillet-août 2009, pp. 66-79, p. 71. Ce faisant, Denis Pesche reprend une information donnée par Henry Roussillon qui montre que « le gros des ressources de l’AGPB était constitué, et ce jusqu’en 1940, par des subventions (différentes des cotisations) des coopératives et des chambres d’agriculture » tout en rappelant « les difficultés rencontrées par l’AGPB quant au versement, avant 1940, des subventions par les chambres d’agriculture ; après la création de l’ONIB et l’hostilité marquée par l’AGPB contre cette institution, le gouvernement de l’époque décida de brimer l’AGPB ; pour cela une circulaire n° 1915 du 21 octobre 1937 du ministre de l’Agriculture interdit aux chambres d’agriculture de "subventionner les associations agricoles à caractère national". Or les cotisations des chambres à l’AGPB représentaient environ 65 % du budget de celles-ci. Une réaction énergique de l’AGPB devant les tribunaux amenait le Conseil d’État le 21 juillet 1939 à annuler la circulaire en question ». Henry ROUSSILLON, L’association générale des producteurs de blé... ouvrage cité, p. 67.

908.

En effet le flou de la source tient au fait qu’il n’existe aucune obligation pour les chambres d’agriculture de renseigner l’ensemble de leurs postes de dépense, notamment à l’attention de l’APPCA, qui n’est en aucun cas leur supérieure hiérarchique ou leur administration de tutelle.

909.

Voir Annexes. Dossier n° 3. Dossier cartographique « Subventionnement »

910.

Le 4 novembre 1931, devant les présidents de chambre d’agriculture réunis en session, il s’exprime ainsi : « Demain, à la Confédération générale des producteurs de lait ont été conviés les représentants de certaines régions laitières. Nous leur donnerons des explications sur l’organisation nationale que nous prévoyons, et, en même temps, je ne le cache pas, nous frapperons à leur porte-monnaie. Il est indispensable que, pour favoriser la vente des grands produits agricoles, les chambres d’agriculture donnent des moyens d’action aux associations générale professionnelles, qui essaient d’obtenir des résultats pour les agriculteurs. Si les paysans, verbalement, individuellement, nous approuvent, mais si, quand il s’agit de faire le geste de mettre la main à la poche pour fournir leur contribution, ils se dérobent, il est nécessaire que leurs associations fassent le geste opposé lorsqu’il s’agit d’obtenir des résultats susceptibles de profiter aux cultivateurs eux-mêmes ». APCA, Séances des 4 et 5 novembre 1931, Compte rendu, p. 285.

911.

Travaux des chambres d’agriculture, 16 mars 1934, pp. 99-107.

912.

Roger de LA BOURDONNAYE, « Attributions autres que consultatives des Chambres d’Agriculture », dans APCA, Comte rendu des séances des 16 et 17 mars 1934, pp. 145-162.