B. Le sens de la consultation : sessions et intercessions

Les organisations consultatives ont peu été étudiées pour elles-mêmes 913. Récemment, certains chercheur ont toutefois souligné l’importance de se pencher sur leurs travaux et sur la genèse de ceux-ci : « en considérant que les pratiques administratives sont aussi des faits politiques » 914, en étudiant l’organisation interne de la consultation dans une perspective diachronique, avec les tâtonnements inévitables d’une organisation débutante, il est possible de préciser la place de l’institution, vis-à-vis des chambres d’agriculture comme des pouvoirs publics. La pratique des questionnaires et des enquêtes ne peut qu’être soulignée, tout en en montrant les limites. Il est encore question de la légitimité de l’assemblée, qui se fonde à la fois sur sa représentativité et sur les compétences et savoirs qu’elle mobilise, donc sur l’identité des rapporteurs. Il s’agit enfin de positionner l’AP(P)CA et ses acteurs dans les débats sur la place de l’État dans l’économie, très vifs au cours des années 1930 : revenus du libéralisme, partisans obstinés de la protection douanière des productions agricoles, les présidents de chambre d’agriculture oscillent entre adhésion aux thèses corporatistes en vogue, notamment dans les organisations agricoles de la rue d’Athènes 915, et ralliement à une intervention de l’État politiquement marquée.

Notes
913.

Alain CHATRIOT et Claire LEMERCIER, « Une histoire des pratiques consultatives de l’État », article cité.

914.

Alain CHATRIOT, La démocratie sociale à la française… ouvrage cité, p. 344. Voir aussi : Françoise DREYFUS, L’invention de la bureaucratie. Servir l’État en France, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis (18 e -20 e  siècle), Paris, La Découverte, 2000, 289 p.

915.

Suzanne BERGER [dir.], Organizing Interests in Western Europe : Pluralism, Corporatism and the Transformation of Politics, Cambridge University Press, 1981, X-426 p.