Encart biographique : l’ubiquité du défenseur du gruyère de Comté, Henri Léculier

Henri Léculier naît le 23 juillet 1874 à Champrougier (Jura), où il passe son enfance. Il est le fils cadet de Cyrille Léculier, né en 1830, lequel est à la tête d’une exploitation agricole et piscicole parmi les plus importantes de la Bresse comtoise, exploitation constituée notamment par rachat de plusieurs dizaines d’hectares d’étangs au cours des années 1850-1875 – laquelle surface en étangs atteint environ 200 hectares dans les années 1880. Deuxième fournisseur de la fromagerie de Champrougier, Cyrille Léculier, qui en était le président dans les années 1880, a également été adjoint au maire, puis conseiller général, membre de la Société hippique départementale, président du Syndicat agricole du département du Jura, dans les années 1890 – et fondateur à ce titre de nombreuses caisses locales de crédit agricole –, président d’honneur de la Caisse régionale de crédit agricole nouvellement constituée, président de comices, candidat battu aux législatives en 1898 au côté des « républicains modérés soutenant le ministère Méline », enfin membre de la chambre de commerce de Lons-le-Saunier, de 1897 à 1915, et président du Syndicat des marchands de bois du Jura et du Doubs après 1899 981.

Henri Léculier effectue ses études secondaires au lycée de Dijon, rue Condorcet : c’est dans cette ville qu’il fait sa première année de médecine, avant d’accomplir en 1893-1894 son année de volontariat au 44e régiment d’infanterie à Lons-le-Saunier, selon une disposition qui permettait aux étudiants d’échapper aux trois ans de service militaire en vigueur. Il poursuit ensuite ses études de médecine à Paris, est reçu, après un premier échec, à l’Internat et opte pour la chirurgie. En 1901, il soutient sa thèse sur « les syphilis d’emblée ». La même année, il ouvre son cabinet à Louhans, profitant du départ d’un médecin de cette petite ville. Il exerce alors la médecine générale, intervient lors des accouchements et pratique la petite chirurgie, surtout auprès de patients ruraux, venus pour le marché du lundi ou visités à vélo ou en automobile. En mai 1903, il épouse Madeleine Collet, nièce d’un notaire chez qui le propre notaire de son père avait été clerc 982 et fille d’un directeur de succursale du Crédit foncier 983. Quatre enfants naissent de cette union entre 1904 et 1910 : années au cours desquelles sa clientèle s’étoffe progressivement pour devenir très importante. Des distractions émaillent la vie du médecin de Louhans : « quatre ou cinq jours sur la Côte d’azur au cours de l’hiver », mais surtout chasse au canard à Champrougier, en barque sur les étangs, ou « au chien courant » dans des bois loués à cet effet aux alentours de Louhans 984.

Le 2 août 1914, il est mobilisé comme « médecin-chef du train sanitaire improvisé n° 3 du 8 e  corps d’armée », puis affecté en décembre 1915 à un dépôt de munitions à Barbery dans l’Oise. En 1917, après des séjours dans des hôpitaux complémentaires de la Nièvre, il est envoyé au sanatorium de Pignelin (Nièvre) puis en février 1918 dans celui de La Meynardie (Dordogne). Démobilisé en février 1919, il rouvre son cabinet à Louhans : en 1921, ses recettes professionnelles atteignent 80 000 francs, « chiffre très important à l’époque pour un médecin de campagne » 985. Mais bientôt, affaibli par des « crises douloureuses d’aspect angineux » dues « à un surmenage intense » 986, il prend un associé et lui laisse sa clientèle dès le 1er septembre 1922.

Henri Léculier quitte alors Louhans pour se réinstaller à Champrougier, où il a hérité de la maison familiale et d’une part des 458 hectares qu’a laissés son père, mort en 1915. Il prend la direction d’une exploitation composée de 180 hectares d’étangs et de 25 hectares de prés. Il remet en état des étangs négligés pendant la guerre et en sélectionne les empoissonnements. S’intéressant spécialement à l’élevage, il adopte la race normande pour ses vaches laitières, à contre-courant de la spécialisation régionale, fait construire une écurie d’élevage et des silos métalliques en vue d’accroître le nombre de têtes de bétail 987. Malgré le maintien d’une petite clientèle médicale, la « présence d’un chef de culture, de deux chauffeurs, d’un vacher et de journaliers » lui permet de mener la vie « d’un gentilhomme campagnard d’autrefois » : ce lieutenant de louveterie chasse notamment sangliers et chevreuils, mais surtout canards et bécasses 988.

Dès 1923, l’année qui suit « son retour au pays », il est élu maire et président de la fromagerie de Champrougier. Certes, « sans passé professionnel agricole ni politique », mais marchant dans les pas de son père Cyrille, Henri Léculier est « introduit dans les milieux dirigeants du Jura » : le préfet Jules Guillemaut et le maire conseiller général Henri Petitjean – dont il a d’abord été le médecin – le présentent à Charles Cencelme et Henri Friant, « tous deux radicaux-socialistes et francs-maçons comme leur ami Petitjean » 989. Ces derniers, respectivement président de la Société d’horticulture et de viticulture du Jura et directeur de l’École de laiterie de Poligny 990, élus en même temps que lui membres de la chambre d’agriculture du Jura en février 1927, auraient eu « l’initiative de la candidature » d’Henri Léculier à la présidence de cette institution naissante, qualifiée quelques décennies plus tard par son fils d’« entrée dans la vie publique » 991. La même année, en juillet 1927, il est à l’origine de la fondation du Syndicat des pisciculteurs de Franche-Comté et de Bourgogne.

En 1928, les radicaux, puissants dans le Jura, dont le président de la fédération était Charles Cencelme, membre de la chambre d’agriculture, proposent à Henri Léculier d’être candidat aux législatives sur le nouveau siège attribué à l’arrondissement de Poligny : il est alors battu par le marquis Jacobé du Haut de Sigy. Au début de l’année 1930, il fonde le Syndicat national de la production française de gruyère, en réaction à la décision d’accorder aux Suisses le monopole de cette dénomination, prise à Rome en mai 1929 992. Rapporteur sur ce sujet au congrès de Bourg le 1er mars 1930, il s’oppose de façon argumentée aux prétentions suisses à l’exclusivité, et représente son pays à la conférence de Rome, le 10 juin 1930, lors de laquelle le droit à la dénomination est accordé à la France, à charge pour elle de délimiter la zone française du Jura et des Alpes qui pouvait être considérée comme le berceau d’origine du gruyère 993. L’intérêt du syndicat est également de défendre les intérêts des producteurs contre l’organisation des affineurs. En tant que président de la chambre d’agriculture, il tente sans succès d’encourager le remembrement 994.

Quatre ans après sa première candidature, aux élections législatives de mai 1932, Henri Léculier l’emporte face au député sortant par 6389 voix contre 6334 995. Il siège alors au groupe de la « gauche démocratique » et s’intéresse aux questions économiques, agricoles et douanières. Il appartient à la commission des douanes et des conventions commerciales et à celle de l’agriculture, ainsi qu’à celles des postes, télégraphes et téléphones et de l’hygiène et de la prévoyance sociale 996. Sa volonté de défense des producteurs de fromage de gruyère n’est pas entamée : en 1932, il encourage la recherche des textes les plus anciens concernant les fruitières comtoises 997. Assidu aux sessions de l’APCA depuis 1927, il y présente en mars 1935 un rapport sur la « défense du marché laitier », où il reprend le texte déposé par la commission d’agriculture de la chambre des députés, pointant le financement insuffisant prévu dans le projet gouvernemental de loi sur le lait, proposant une taxe sur les oléagineux étrangers et une autre sur les licences d’importation de certains produits laitiers, beurres exclus. Sur cet aspect il conclut en demandant à ses pairs de l’APCA de décider s’ils acceptent de lui « donner le mandat de [s’]en tenir à ces dispositions et de [se] battre sur ce terrain » 998. Cette requête exaucée, il s’agit bien pour Henri Léculier de « faire état tant à la commission de l’agriculture que devant la chambre des députés elle-même de l’opinion de l’APCA » 999 : opinion que le rapporteur à l’assemblée de la loi du 2 juillet 1935 sur l’organisation et l’assainissement du marché du lait 1000 juxtapose à celles du Syndicat national de la production française de gruyère, qu’il préside toujours, et de la puissante Confédération générale des producteurs de lait (CGPL) dont les avis sont de beaucoup de poids à l’APCA.

Élu conseiller général du canton de Poligny en octobre 1934, il est, en novembre de la même année, élu président de la section de Lons-le-Saunier de la Ligue des droits de l’homme 1001. Aux élections législatives de 1936, il est battu par l’officier de marine Baud, candidat des adversaires du Front populaire 1002. Élu sénateur le 7 novembre 1937, au deuxième tour, battant alors Edmond Grandmottet, industriel, vice-président de la Chambre de commerce du Jura et maire de Moirans, il le demeure jusqu’en 1940 1003. Au cours de ces deux mandats d’élu national, il aurait été « surtout le défenseur parlementaire du gruyère et plus largement de l’industrie laitière » 1004, en déposant de nombreux textes visant « à faciliter l’organisation corporative et les ententes professionnelles des marchés du lait, à réglementer la vente du lait écrémé », « à inviter le gouvernement à prendre d’urgence les mesures nécessaires à la sauvegarde des intérêts de la production fromagère et, en particulier, de la production française de gruyère » 1005 – ce qui revenait à exiger la délimitation des régions françaises productrices et, partant, la définition de l’appellation « gruyère ».

Ainsi, Henri Léculier doit d’avoir été rapporteur à sa position de député et à son statut de spécialiste du fromage de gruyère de Comté. Si à l’Assemblée nationale, ses propositions dépassent ces sujets pour aborder la vaccination antidiphtérique obligatoire, la réforme de la loi de 1838 sur les « aliénés » 1006, le marché de la viande, et enfin celui des produits résineux 1007, il n’est guère sollicité sur ces questions à l’AP(P)CA, où d’autres spécialistes ont pris le relais. Sans que ce soit le cas systématiquement, l’Assemblée permanente des années 1930 a semble-t-il su concilier appel aux compétences et appel aux appuis politiques, qui se conjuguent ici dans le cas du « défenseur parlementaire du gruyère » 1008.

Quelles sont les caractéristiques récurrentes des présidents rapporteurs ? Sur 179 présidents en fonctions pendant au moins une année au cours des années 1927-1940, seuls 48 ont été rapporteurs au moins une fois. 88 % d’entre eux sont présidents d’un syndicat, contre 69 % parmi les non rapporteurs 1009. Sur 48, 18 ont un mandat au niveau d’une organisation syndicale agricole nationale, cinq au niveau régional et quinze au niveau départemental. Au vu des portraits collectifs déjà esquissés, ce constat peut sembler une lapalissade : de fait, aucun autre critère distinctif ne détonne. C’est en déplaçant le regard, et en considérant la part de ceux qui deviennent rapporteurs parmi plusieurs groupes, que quelques éléments se dessinent. Les plus âgés des présidents, ceux qui ont dépassé 55 ans au moment de leur accession à la présidence, sont plus souvent rapporteurs que les plus jeunes. De même que ceux qui sont parlementaires, mais cela s’observe surtout parmi ceux d’entre eux qui appartiennent aux groupes considérés comme les plus à droite de l’échiquier politique – soit les Indépendants, l’ARD et l’URD. Ce constat seul montre l’infléchissement opéré depuis 1927, quand les présidents rassemblés pour la première fois affirmaient leur volonté de maintenir en retrait les parlementaires. Nobles et personnes figurant dans les pages du Bottin mondain sont plus souvent rapporteurs que leurs homologues sans titre et exclus de ces pages très exclusives : mais surtout, c’est le fait de disposer d’une résidence parisienne qui semble l’emporter. Cela va dans le sens d’un avantage aux personnalités proches du siège de l’AP(P)CA plus qu’à celles qui sont exclusivement présentes dans leur département.

Parmi les présidents les plus diplômés, il semble que les rapporteurs soient également nombreux. C’est particulièrement vrai des présidents agronomes, très sollicités : sur onze, sept ont été rapporteurs, tous à plusieurs reprises. Joseph Lefèvre, président de la chambre d’agriculture du Vaucluse et professeur d’agriculture à l’Institut national agronomique 1010, rapporte les questions législatives autour des chambres d’agriculture, des chambres de commerce et du Conseil national économique (CNE). Le comte Jean de Nicolaÿ, vice-président de la Société des agriculteurs de France (SAF) 1011 et président de la chambre d’agriculture de la Sarthe, rapporte les questions forestière et celles qui concerne la culture du chanvre. Georges Guillemot, président du groupe des ingénieurs agronomes de l’Aisne 1012, secrétaire-adjoint de l’Union des syndicats agricoles et président de la chambre d’agriculture de l’Aisne, est rapporteur des questions relatives à « la coordination des transports ». Tous ces ingénieurs agronomes fréquentent-ils la Maison des agronomes du 5 quai Voltaire ? On a vu que celle-ci était une pièce du réseau de sociabilité et professionnel auquel appartenaient un certain nombre de présidents de chambre d’agriculture, dont le trésorier et le secrétaire de l’AP(P)CA, Hervé de Guébriant et Jules-Édouard Lucas, mais également celui qui assure la permanence de l’institution, son secrétaire administratif Luce Prault, initiateur de la veille consultative et législative mise en place à l’AP(P)CA et lisible dans les pages de Travaux des chambres d’agriculture. Cette revue s’ouvre sur une « chronique de l’Assemblée permanente des présidents », avant d’aborder « la Vie des Chambres d’Agriculture », « les Travaux des chambres d’agriculture », « les Pouvoirs publics » et enfin la section concernant les « Lois, décrets, arrêtés, circulaires, documents officiels » 1013, classés par thèmes, agrémentée de résumés ou extraits des textes, avec les références dans le Journal officiel  1014.

Car c’est bien l’évidence, à l’examen de la répartition des rapports parmi les présidents : la position dans l’organigramme semble déterminante. 75 % des membres suppléants et 61 % des membres titulaires du Comité permanent général (CPG), et enfin tous les membres du bureau, sont rapporteurs au moins une fois au cours de la période. Ils totalisent à eux-seuls 148 rapports, soit 50 % des 292 rapports recensés. En moyenne, chaque membre du CPG ou du bureau a été rapporteur cinq fois. Mis à part quelques présidents qui sont devenus membres suppléants du CPG après avoir présenté un premier rapport, c’est en général après leur accession au CPG ou au bureau que les présidents deviennent rapporteurs 1015. Ainsi, le processus à l’œuvre serait celui de l’accession à une position de pouvoir et de potentielle prise de décision dans lequel le fait de présenter un premier rapport ne constituerait pas une étape préliminaire. Il eût toutefois fallu considérer les appartenances aux commissions, pour déceler une éventuelle première cooptation à ce niveau, mais malheureusement, les sources sont trop lacunaires sur ce sujet pour permettre une analyse.

49 des 292 rapports, soit 17 %, sont présentés comme découlant des résultats d’une enquête commanditée par l’AP(P)CA. Cela débute au printemps 1931 et les premiers rapports issus de cette consultation formelle des chambres d’agriculture sont datés de novembre 1931. Ce sont surtout les questions économiques et les questions sociales que l’on cherche à étayer d’une enquête. Christiane Mora, dans son étude, établit une généalogie de ce mode de consultation, en rappelant l’existence des enquêtes agricoles décennales effectuées au 19e siècle et de l’enquête de 1929 à laquelle l’APCA a pris part. Elle note la volonté des chambres de participer à l’enquête de 1929 et d’en infléchir le déroulement : « leur échec les incite à développer leurs propres enquêtes et questionnaires auprès des chambres départementales ». Dès leur mise en place, en 1931, « les questionnaires sont mis au point, soit par le bureau national avec l’aide des rapporteurs des commissions spécialisées, soit directement par les commissions elles-mêmes ; ils concernent une question précise de l’actualité agricole, sur laquelle on demande aux Chambres départementales soit des renseignements, soit leur avis : leur intérêt objectif est donc souvent assez limité [et] leur usage est plus spécialement interne » 1016. Les résultats de l’enquête de 1929 sont publiés en annexe du compte rendu de la session de l’APCA de mars 1933 : intitulé « La vérité sur la crise paysanne », ce document de près de 150 pages reprend, contrairement aux habitudes de l’assemblée permanente, la quasi intégralité des réponses brutes des chambres d’agriculture. Il s’agit alors d’offrir au lecteur « le tableau le plus complet, le plus véridique et le plus saisissant de la France agricole actuelle, de ses travaux, de ses souffrances et de ses besoins » et à « faire mieux connaître le mal dont souffre la terre de France, et peut-être aussi à en faire découvrir les remèdes pour la sauvegarde et de l’agriculture et du pays tout entier » 1017. De même, à propos de l’enquête sur le statut de la coopération agricole, enquête menée auprès des chambres d’agriculture et des coopératives agricoles, Christiane Mora observe que « cette consultation apparemment technique constitue en fait un sondage d’opinion » 1018.

Si au moins 49 questionnaires ont été adressés aux chambres d’agriculture par l’AP(P)CA entre 1928 et 1940, 32 rapports appuyés sur une enquête aboutissent à un vœu au cours de la même session. Il est parfois fait mention des autres origines des vœux de l’assemblée : les travaux des commissions sont le plus souvent mentionnés, surtout après 1935, alors que cette organisation se précise et s’étoffe, sans que toutefois des archives en subsistent qui permettraient d’analyser le type de travail réalisé. Sont également parfois évoquées des associations spécialisées par production, soulignant la partie visible de l’iceberg des relations qui existent entre les organisations qui ont leur siège à Paris.

La pratique de l’enquête et du questionnaire, courante dans d’autres cénacles contemporains comme les chambres de commerce ou le Conseil national économique 1019, ne doit pas être vue comme banale au sein de l’AP(P)CA. Nœud gordien où se lit la question centrale et inextricable du ou des sens de la consultation, cette expérience observée sur le moyen terme de la décennie révèle une évolution majeure et significative de l’ascendant de l’assemblée permanente. Au début des années 1930, l’utilité de l’action de l’APCA est d’abord celle de la veille consultative, dont des bribes apparaissent dans Travaux des chambres d’agriculture, qui publie à longueur de pages les avis et vœux des chambres départementales d’agriculture, et s’y réfère souvent dans ses rapports et vœux propres. On peut arguer qu’il s’agit peut-être alors d’une forme de justification a posteriori et d’instrumentalisation d’une part soigneusement choisie des aspirations locales. Mais les chambres d’agriculture ont, au moins en apparence, l’antériorité consultative qui sied à leur antériorité d’existence et à la mission de coordination qui justifiait en 1927 la création d’une APCA qui devait être l’émanation des chambres départementales. Par la généralisation de la pratique de l’enquête et l’envoi de questionnaires de plus en plus détaillés, le sens de la consultation s’inverse partiellement et se lit la volonté de l’APPCA d’orienter l’activité des chambres d’agriculture, d’en contrôler et canaliser les manifestations publiques. Dans la seconde partie des années 1930, toutefois, coexistent les deux sens de la consultation, celle ascendante de la profusion, et celle descendante de la canalisation. Cela ne manque pas de susciter des conflits, à peine décelables dans la prose lissée des comptes-rendus, comme lorsque le rapporteur mentionne le fait que « certains, et en particulier la chambre d’agriculture de l’Isère, ont pu trouver que le questionnaire était trop général et tellement complexe qu’il était difficile d’y répondre par des renseignements utiles et précis : ceci est certain, mais il était difficile de ne pas essayer d’obtenir des renseignements généraux afin d’envisager clairement une question aussi importante que celle de[s] exportations agricoles » 1020. L’activité consultative qui se déploie autour du rôle de l’État dans le secteur économique agricole est une illustration de cette tendance à une utilitarisation des aspirations des chambres d’agriculture et à un habillage des divergences politiques en désaccords techniques.

Notes
981.

Bernard BICHON, Paul-André et Frédéric BISCARRAT et Pierre LÉCULIER, « Les Léculier de Champrougier », dans Travaux présentés par les membres de la Société d’émulation du Jura 2004, 2006, pp. 67-121, p. 94.

982.

Ibidem, p. 104.

983.

Qui est-ce ? Ceux dont on parle, Paris, Éditions de la Vie moderne, 1934, 611 p., p. 383.

984.

Bernard BICHON, Paul-André et Frédéric BISCARRAT et Pierre LÉCULIER, « Les Léculier de Champrougier », article cité, p. 106.

985.

Ibidem.

986.

Ibidem.

987.

Ibidem.

988.

Voir Annexes. Dossier n° 4. 3. Dossier documentaire : Henri Léculier

989.

Bernard BICHON, Paul-André et Frédéric BISCARRAT et Pierre LÉCULIER, « Les Léculier de Champrougier », article cité, p. 108.

990.

Annuaire Silvestre 1923, p. 567.

991.

Bernard BICHON, Paul-André et Frédéric BISCARRAT et Pierre LÉCULIER, « Les Léculier de Champrougier », article cité, p. 108.

992.

Ibidem.

993.

Ibidem.

994.

Ibidem.

995.

Jean JOLLY, Dictionnaire des parlementaires français : notices biographiques sur les ministres, députés et sénateurs français de 1889 à 1940, Tome VI, Paris, Presses universitaires de France, 1970, pp. 1931-2322, pp. 2198-2199.

996.

Ibidem.

997.

Max ROCHE et Michel VERNUS, Dictionnaire biographique du département du Jura, Lons-le-Saunier, Arts et Littérature, 1996, 522 p., p. 315.

998.

Henri LÉCULIER, « Défense du Marché Laitier », dans Compte rendu des séances des 18 et 19 mars 1935, pp. 153-156.

999.

Ibidem.

1000.

Bernard BICHON, Paul-André et Frédéric BISCARRAT et Pierre LÉCULIER, « Les Léculier de Champrougier », article cité, p. 110.

1001.

Ibidem.

1002.

Jean JOLLY, Dictionnaire des parlementaires français, ouvrage cité, p. 492.

1003.

Max ROCHE et Michel VERNUS, Dictionnaire biographique du département du Jura, ouvrage cité, p. 315.

1004.

Ibidem.

1005.

Jean JOLLY, Dictionnaire des parlementaires français, ouvrage cité, pp. 2198-2199.)

1006.

Bernard BICHON, Paul-André et Frédéric BISCARRAT et Pierre LÉCULIER, « Les Léculier de Champrougier », article cité, p. 110.

1007.

Ibidem.

1008.

Max ROCHE et Michel VERNUS, Dictionnaire biographique du département du Jura, ouvrage cité, p. 315.

1009.

Voir Annexes. Dossier n° 4. Tableau 4.

1010.

Le Sélectionneur français…, ouvrage cité, volume 2, mars 1933, p. 5-10 : liste des membres de l’Association française des sélectionneurs de plantes.

1011.

Annuaire national agricole 1930.

1012.

Jacques THUET, « Georges Guillemot », dans L’Agriculteur de l’Aisne, 10 janvier 1953.

1013.

Travaux des chambres d’agriculture, 10 janvier 1937 à 31 décembre 1937. Voir Annexes. Dossier Méthodologie. Autres sources. Autour des procès-verbaux de session.

1014.

La collection du Journal officiel conservée à l’APCA débute en 1921 – année de l’élection de Joseph Faure comme sénateur – et couvre toutes les années suivantes. Elle semble avoir été annotée de la main de Luce Prault, notamment.

1015.

Voir Annexes. Dossier n° 4. Tableau 2.

1016.

Christiane MORA, Les chambres d’agriculture… ouvrage cité, pp. 334-335.

1017.

APCA, Compte rendu des 14 et 15 mars 1933, pp. 259-392.

1018.

Christiane MORA, Les chambres d’agriculture… ouvrage cité, p. 351.

1019.

Alain CHATRIOT, La démocratie sociale à la française… ouvrage cité ; Claire LEMERCIER, Un si discret pouvoir… ouvrage cité.

1020.

Jean DE MONTGOLFIER, « Rapport de l’enquête sur les produits agricoles exportables », dans Comte rendu des séances des 12-13-14 novembre 1936, pp. 294-322.