Piètre noblesse, illusoire continuité : Louis Fernex de Mongex

Louis Fernex de Mongex est président de la chambre d’agriculture de mai 1930 à la suppression effective des chambres d’agriculture en 1943 : il a été élu en 1927 au suffrage universel et est suppléant délégué à l’APCA en 1929. Dans les faits il exerce les fonctions de président depuis la mort de son prédécesseur : le 7 décembre 1929, devant les membres de la chambre rassemblés en session, il « expose que depuis la mort si soudaine de M. Girard-Madoux, survenue le 5 octobre dernier, il a cru devoir, pour ne point laisser la correspondance et les diverses autres affaires en souffrance, assumer les fonctions de Président, sous réserve de l’approbation de la Chambre, qui sera appelée à en délibérer en séance de session, cette après-midi » 1073. Ses confrères lui permettent le jour même « d’exercer les fonctions de Président et d’ordonnateur jusqu’à l’élection d’un nouveau président » 1074 et l’élisent à 18 voix sur 19 le 24 mai suivant.

Louis Fernex de Mongex est le descendant d’une famille de bourgeois de Thonon, « adonnée au notariat et à la magistrature » 1075 : un de ses ancêtres aurait reçu le titre de comte à la fin du 17e siècle, celui de baron de Montgex, pouvant être transmis par les femmes, viendrait de l’épouse de celui-ci, et aurait été conforté par un autre mariage, celui de son petit-fils avec une fille du baron de Montgex. Selon l’armorial du comte E.-Amédée de Foras l’ascendance de Louis Fernex de Mongex se compose uniquement de notaires, d’avocats et d’intendants, qui s’allient systématiquement à des femmes issues elles-mêmes de la noblesse 1076. Le père de Louis lui-même exerce comme avocat à la cour de Chambéry pendant les dernières décennies du 19e siècle 1077. En 1910, Louis Fernex de Mongex est membre de la commission exécutive de la Fédération catholique savoyarde 1078, organe de défense religieuse face aux menées de la République laïque.

Lorsqu’il est élu en 1927, au suffrage universel, Louis Fernex de Mongex a 57 ans. Ce propriétaire-agriculteur 1079 vit à Villard-d’Héry, commune située à une trentaine de kilomètres de Chambéry, dans la Combe de Savoie où coule l’Isère. Il y est propriétaire de 38 hectares en 1920, dont 13 en prés, huit en terres, cinq en bois et trois en châtaigneraie et noyeraie. Il ne possède plus que quelques ares de vigne, ce qui est peu comparativement à ce dont il était propriétaire en 1913 1080. Le château de Montchabod, qu’il habite, est la propriété de la famille de son épouse, Marguerite d’Alexandry : il s’agit d’une maison carrée à trois niveaux, une tour ronde subsiste alentour, et une chapelle y a été reconstruite en 1880 1081.

À son entrée en fonction, il est dit président du Syndicat des agriculteurs de la Savoie, de la Société centrale d’agriculture et vice-président de l’Office départemental agricole 1082. Il accède en 1932 à la présidence du Comice agricole de Chambéry. Il semble ainsi tenir les rênes des organisations généralistes les plus influentes au niveau départemental, d’inspirations politiques divergentes, et ce jusqu’à la guerre. Rien d’étonnant alors à ce que ses services à l’agriculture lui valent de recevoir, en 1938, la médaille du Mérite agricole, au grade de chevalier 1083. Rien de surprenant sans doute à ce qu’il apparaisse à ces acolytes comme le successeur naturel de Jean Girard-Madoux, quoique leurs figures diffèrent radicalement.

Notes
1073.

Arch. CA Savoie, Procès-verbaux des sessions de la chambre d’agriculture, 1927-1940.

1074.

Ibidem.

1075.

Cte E.-Amédée de FORAS, Armorial et nobiliaire de l’ancien Duché de Savoie, volume II : Chevelu-Forestier, Grenoble, Édouard Allier éditeur, 1878, 462 p., p. 376.

1076.

Ibidem.

1077.

Ibidem.

1078.

Christian SORREL, Les catholiques savoyards : histoire du diocèse de Chambéry, 1890-1940, Les Marches, La Fontaine de Siloé, 1995, 444 p., p. 236.

1079.

Archives Chambre d’agriculture de la Savoie, Procès-verbaux des sessions de la chambre d’agriculture, 1927-1940.

1080.

Arch. dép. Savoie, 3 P 837-838, Villard-d’Héry, Matrice cadastrale des propriétés non bâties, 1913-1937, folii 196 à 199.

1081.

Michèle BROCARD-PLAUT, Élisabeth SIROT-CHALMIN, Henri BAUD et Jean-Yves MARIOTTE, Châteaux et maisons fortes savoyards, Le Coteau, Éditions Horvath, [1988], 589 p., pp. 552-553.

1082.

Archives Chambre d’agriculture de la Savoie, Procès-verbaux des sessions de la chambre d’agriculture, 1927-1940.

1083.

Ibidem.